Les Episodes


Novembre 1938, dans un petit village de la banlieue londonienne.

Lorsque vous entrez dans le bureau du colonel Nicholas Hampton, un parfum de tabac assaille vos narines. L'homme à la fenêtre, le visage tourné vers l'extérieur, arbore une chevelure épaisse, rousse et bouclée, qui contraste avec la sobriété de son uniforme. Il se tient près d'une fenêtre entrebaillée par où s'infiltre le froid mordant de l'hiver.
La pièce est équipée de meubles simples : un bureau de chêne sans fioriture, une chaise dont le dossier de cuir noir est défraîchi, reposant sur une moquette bleu clair aux motifs floraux. Au mur, le tableau d'un personnage royal, célèbre inconnu, complète l'ornementation. Dans un coin de la salle, des cartons en partie ouverts signale l'arrivée récente de l'occupant des lieux.

Le colonel se tourne vers vous. Au premier coup d'oeil, vous évaluez son âge à la cinquantaine débutante. Les traits de son visage, joviaux et francs, paraissent ceux d'un gentleman farmer. Autour de ses lèvres ourlées, une moustache de cavalerie marque son goût pour la tradition. Enfin, ses yeux clairs sont amicaux et pénétrants.

« J'espère que l'odeur du cigare ne vous incommode pas », dit-il en l'écrasant, « une mauvaise habitude ».

Sur son appel, un soldat venu de la pièce d'à-côté dépose des chaises supplémentaires. Comme le reste, elles sont dépouillées mais fonctionnelles.

« Bienvenue au ministère de l'Economie » annonce Hampton.

CHAPITRE 3: ILLUSIONS AND LIGHTNING (SEPTEMBRE 1939 TO JUNE 1940)


EPISODE 16: Interrogatoire sous contrainte. Le dimanche 24 avril 2022 de 14h à 17h. Engagés sur le terrain : les sergents Jean-Michel Limousin et Conan MacGregor, les soldats Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. Déserteurs : le sergent Riley Abbott et Tadeusz Rejewski.

A l'hôpital, Jeremy remet en cause la loyauté de Simon. Constatant comme la relation s'envenime, celui-ci réunit les membres de l'escouade dans une salle de réunion où flotte l'odeur des cafés sirotés le matin par le personnel soignant.
Il fait alors un récit plus détaillé de son entrevue avec Cain.

Ce dernier prétend être un visiteur du futur, issu de l'an 2124 précisément. Il aurait voyagé dans le temps pour accomplir une mission bien précise en Palestine mandataire. Il s'agit d'en hâter le départ des Britanniques, pour favoriser l'éclosion d'un nouvel Etat sur place. On l'appellera Israël et il donnera toute leur place aux Juifs qui en seront les fondateurs. L'objectif du visiteur n'a pas une visée purement sioniste. A son époque, un conglomérat d'Etats nord-africains forme le dernier rempart contre la tyrannie nazie. La Grande-Bretagne a embrassé la doctrine fasciste après sa défaite.
L'histoire paraît incroyable et Simon la rapporte avec toute la distance nécessaire, n'y accordant lui-même que peu de crédit. Malgré cette confession, Jeremy ne désarme pas. Il cherche à démontrer des liens entre Simon et Cain. L'un d'entre eux serait que le premier est l'ancêtre du second.

Le sergent Limousin s'agace de l'insistance de son subalterne. Il repousse l'interrogatoire de Cain à leur retour en Grande-Bretagne.
Après trois jours passés en convalescence, le médecin signe l'autorisation de sortie. Cain, son acolyte blessé et le troisième prisonnier sont entravés, bâillonnés et leur vue est oblitérée par un foulard dans la fourgonnette. Heureusement pour eux, le trajet jusqu'à Haïfa ne dure que quatre heures.

Dans la ville portuaire en plein boom industriel, nos héros sont présentés à Theodore Frank, leur contact de confiance. L'homme dirige la Naval Intelligence Division dans son périmètre géographique. C'est un ancien collègue d'Hampton et celui-ci lui a demandé, en raison des tracas administratifs entourant la naissance de la Section F, de mener un interrogatoire sous contrainte hors de la métropole. Il peut l'organiser ou laisser cela à nos héros. Ceux-ci prennent une option intermédiaire en requérant l'aide du warrant officer Eugene Highway qui est rompu à ce genre d'exercice.
L'embarquement a lieu le soir-même à bord d'une frégate, le HMS Python. Le trajet sera direct jusqu'à Portsmouth hormis un arrêt à Gibraltar pour y faire le plein de carburant.

Cain et ses compères sont retenus dans la cale. Ils sont maintenus dans leurs cellules respectives, souvent plongées dans l'obscurité, leur sommeil est volontairement interrompu et leur eau rationnée. Au bout de trois jours de ce traitement, ils glissent dans un état de délire léger et leur volonté flanche. Lorsqu'ils se montrent encore récalcitrants, le warrant officer Highway n'hésite pas à immerger leurs têtes dans l'eau glacée. Jeremy conduit l'interrogatoire.

Les noms et les localisations des membres du NOS, souvent liés à des groupes étudiants, sont révélés. Sur ses motivations, Cain ne change pas de refrain : il est un envoyé du futur. Les deux autres ne savent rien de cela, mais le considèrent avec une sorte de respect mystique. La preuve de ses moyens extraordinaires réside dans la présence du golem, Adam, qui ne mange ni ne dort. Rien ne l'explique sinon l'irruption d'une technologie inconnue de 1939. Cain s'attarde beaucoup sur le devenir de l'empire nazi, circonstances corroborant la prédiction de ben Yaacov, un rabbin du Moyen-Âge. L'Allemagne de 2124 s'étend des côtes atlantiques jusqu'à la région de Moscou. Hitler survit et la gouverne nominalement. Ses conseillers secrets sont les véritables décideurs. Ils se sont partiellement dévoilés, six hommes (ou créatures) qu'on appelle les Superviseurs (Aufsichten).
Le warrant officer met ces déclarations sur le compte d'un équivalent du delirium tremens. Privé de son sommeil dans ses phases paradoxales, la victime rêve tout éveillée.
Jeremy revient sur le sujet des liens entre Cain et Simon, via la banque Rothschild. Cain dit travailler, avec son frère Abel, non pour l'Etat hébreux, mais pour une fondation appelée « Bouclier de David » explorant le voyage temporel. Or, celle-ci existe déjà au XXe siècle, subventionnée par la célèbre banque.
Mis au défi de prouver ses connaissances des événements à venir, Cain fait deux prophéties. La première, c'est le retour de Churchill au gouvernement, en mai 1940, mois de l'invasion allemande de la France. La seconde est suscitée par Jeremy. Il s'agit d'une guerre entre l'URSS et la Finlande mais Cain la situe mal dans sa chronologie et en ignore l'issue. « Je suis biologiste, s'excuse-t-il, pas historien ».

Ces séances s'allongent sur une dizaine de jours. Après cela, nos héros n'espèrent rien apprendre de neuf.
Ils passent quelques heures sur le rocher de Gibraltar, pas fâchés de retrouver la côte et l'air libre en dégustant des mariscos. Puis la frégate reprend la mer.

Un jour et demi plus tard, ils se délassent sur le pont comme s'ils étaient en croisière dans la Méditerranée. Un bruit étrange les fait se dresser, un percement profond des eaux qui progresse en sifflant. Une voix hurle « Torpille ! » au moment où le sol se dérobe sous leurs pieds.


EPISODE 15: Le Golem. Le dimanche 8 mai 2022 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : les sergents Jean-Michel Limousin et Conan MacGregor, les soldats Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. Déserteurs : le sergent Riley Abbott et Tadeusz Rejewski.

Pendant que Jeremy veille sur l'étage, les mains vissées sur le détonateur, nos héros dévalent la pente rocailleuse jusqu'au niveau du sol. Ils emmènent avec eux la femme de ménage. En bas se déploient une toile de couleur ocre qui masque l'entrée de la caverne. Simon la soulève, maintenant la femme devant lui, tel un bouclier humain. Dans l'obscurité, il devine deux véhicules en enfilade : un pick-up provenant du kibboutz, suivi par une jeep de style militaire.
A l'étage, un coup de feu éclate. Puis, c'est une explosion phénoménale qui retentit dans le décor désertique. Pourquoi Jeremy a-t-il actionné la dynamite ? Nos héros refluent vers l'extérieur. Simon, toujours encombré de sa femme de ménage, mais exposant son dos à la caverne, est frappé par une balle qui le renverse et arrache la toile.
Jean-Michel n'hésite pas à revenir en arrière, arme au poing, alors que les ténèbres lui dissimulent le tireur. Il s'embusque derrière le pick-up et aperçoit des yeux luisants, comme des yeux de chat. Il se faufile alors entre les deux véhicules, échappant à un nouveau tir. Alors qu'il sent son adversaire proche, celui-ci tente de l'écraser en déplaçant la jeep qu'il propulse à la force des bras. Jean-Michel s'engouffre dans un espace entre le pare-choc et le sol poussiéreux. Il vise les chevilles de l'ennemi. En parallèle, Jeremy est apparu derrière lui, descendu à ce palier par une échelle métallique encastrée dans la roche. Il lui faut deux balles encore pour mettre hors de nuire le dangereux affilié du NOS.

Le calme revient. Nos héros éclairent la pièce et auscultent le cadavre. Il ne présente aucun saignement, les projectiles ont enfoncé un épiderme qui a la rigidité du plastique. Conan, sans doute inspiré par ses lectures de Weird Tales, avance une hypothèse : « Un golem ! ». Alors que les airs de cyborg du personnage pourrait le contredire, nos héros découvrent l'inscription « EMETH » sur son torse qui la corrobore. Cette formule est utilisée, dans la mythologie juive, pour animer ces créatures qui sont normalement faites de glaise. Celle-ci a toutefois plus de ressemblance avec un robot.

C'est à ce moment que les soldats du Lieutenant-Général débarquent. Nos héros sont transportés au camp frontalier où ils sont soignés. Le golem (appelons-le ainsi) est inspecté par le médecin militaire. Son caractère de machine se confirme, mais la technologie qui la suppose paraît hors de portée de la science de l'époque.

Après une nuit sur place, nos héros retournent à l'hôtel King David de Jérusalem. Ils ne savent trop quoi dire à Corlander ; celui-ci ne leur en laisse pas le temps : le rabbin Yavin a cherché à les joindre au téléphone, Simon doit le rappeler de toute urgence. Le jeune homme revient plus tard en annonçant que Cain est toujours en vie et qu'il s'apprête à quitter le pays. Il possède une adresse : le 18 rue de Bethléem.

Nos héros s'y rendent en taxi, une nouvelle fois excluant l'intervention du commissariat. Le 18 se présente sous la forme d'une cage d'escalier sombre et réduite montant entre deux vitrines de magasins, sous des arcades de vieille pierre. Il y a trois étages en plus du rez-de-chaussée, et deux appartements par étage. Au début, nos héros font du porte-à-porte avec leurs badges de Scotland Yard. Ils ne savent toutefois pas derrière quel visage pourrait se dissimuler Cain. A une vieille dame qui paraît inoffensive, ils demandent alors de lister les habitants voisinage. En excluant les familles, l'étau se resserre. Parmi ceux vivant seuls, l'un particulier attire l'attention, un étudiant. Or, Jean-Michel se souvient que le NOS est à l'origine une organisation étudiante.

Face à la porte de l'appartement, nos héros se montrent plus prudents. Le trentenaire qui leur répond n'a plus l'âge d'être étudiant. Jean-Michel bloque la porte, un quart ouverte, avec son pied. La bataille commence. Il est seul à s'élancer dans la pièce. A peine entré, il est blessé par balle mais réussit à abattre le tireur. Deux hommes s'enfuient vers la cuisine. Ils espèrent se glisser par la fenêtre. Jean-Michel appréhende le second qui n'avait eu que le temps de se percher dans l'encadrement. Jeremy, qui vient d'arriver (il était posté dans la rue), se penche par la fenêtre du salon, qui donne elle aussi sur la rue. Il épaule son fusil de précision et fait s'effondrer la petite silhouette qui se croyait hors d'atteinte.

Les trois suspects sont arrêtés. Deux d'entre eux sont blessés. Nos héros ont particulièrement remarqué la présence d'un blond aux yeux bleus, de taille moyenne, de gabarit assez fin.
A l'hôpital, ils le visitent dans sa chambre.
« Je ne parlerai qu'à Simon » annonce le patient depuis son lit, dans un anglais parfait. L'entretien personnel dure une demi-heure. Simon en ressort bouleversé. « C'est bien Cain, affirme-t-il. » Cependant, le reste de ses explications est d'une banalité affligeante. D'ailleurs, il n'explique rien : ni le golem, ni les confessions à lui seul. Jeremy s'énerve et le presse de livrer ce qu'il sait. Jean-Michel perçoit la tension dans son équipe et propose de remettre l'interrogatoire à plus tard. Il joint par téléphone le colonel Hampton. Celui-ci s'inquiète pour la santé du groupe (trois des membres de l'équipe sont blessés) mais le félicite d'avoir mis la main sur Cain. Si leur convalescence le permet, il s'agit de poursuivre la mission jusqu'à Haïfa où un bateau les mènera en Angleterre.


EPISODE 14: Rififi au ouadi Qumran. Le dimanche 3 avril 2022 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. Déserteurs : le sergent Riley Abbott et Tadeusz Rejewski.

Au sein des diverses pistes qui leur sont ouvertes (Yonah, Zabulon Attias), nos héros décident de remonter celle qui est liée à l'approvisionnement en armes de guerre. Ils ont identifié une garnison britannique située en Irak comme la source d'une partie d'entre eux. De son expérience passée, Jeremy n'ignore pas que le trafic est organisé par les bédouins.
Nos héros se rendent à la limite orientale de la Palestine, qui jouxte la Jordanie et la connecte à l'Irak. Ils se présentent à une caserne commandée par le Lieutenant-Général, Sir Thomas Edwin Scott, qui s'avère une connaissance de Jeremy.
L'officier leur expose la situation locale, dépendant de la bonne volonté d'une trentaine de tribus. Parmi elles, une dizaine sont susceptibles de tirer profit du marché noir. La plus adéquate semble celle placée sous la férule du cheikh Ousmane, surnommé al-Iraqi (l'Irakien).

Le poste frontière dépassé, nos héros se retrouvent hors de leur juridiction. Ils pénètrent en Jordanie sans arme aucune, mais accompagnée par une interprète anglais-arabe prénommée Chahida. Dans l'après-midi, ils repèrent une harde de chameaux et une agglomération de tentes colorées, c'est le repaire des nomades.
Al-Iraqi les reçoit avec ses conseillers, assis sur des tapis réhaussés de coussins dorés. Si l'atmosphère est un peu tendue au départ, elle se transforme grâce à la vivacité d'esprit de Simon, qui semble rompu à l'étiquette des gens du désert. Après avoir moult fois appelé les bénédictions du Prophète (et loué Son nom) sur les bédouins, nos héros en viennent au fait. Ils ont l'intelligence de ne pas incriminer al-Iraqi mais disent rechercher l'un de ses clients pour exercer contre lui une vendetta personnelle. Ne sachant trop comment évoquer Cain et les séides du NOS, ils le décrivent comme l'occidental présenté par Haïm : très grand, crâne rasé, affublé de lunettes noires et emmitouflé dans une djellabah. Al-Iraqi semble peu motivé à la perspective de trahir un de ses clients.
Ses réticences ne sont toutefois pas invincibles. Le soir, Jean-Michel lui glisse une enveloppe de billets. La courtoisie veut qu'il l'empoche sans compter, ce qui serait insulter la générosité de son mécène. Après le dîner, un serviteur vient toutefois renseigner les Britanniques sur : « Des sédentaires juifs, campant au nord de la Mer Salée ».

Le lendemain, nos héros s'empressent de rejoindre la Palestine car ils craignent que le cheikh n'avertissent ses comparses.
Après être repassé par la caserne et pas Jérusalem, pour y chercher leurs armes et du matériel de survie, ils se mettent en quête de leur objectif. Deux kibboutzs peuvent y correspondre. Le plus évident est connu par son seul numéro : 93. Le second, plus loin du rivage, est baptisé Beit Olim.
Ils se postent en observation pendant plusieurs jours. Une activité rurale qualifiable de « normale » prévaut, mais le kibboutz 93 alimente une zone inhabitée en fruits et en viande.

C'est dans le Wadi Qumran que Jeremy et Simon suivent une de ses camionnettes jusqu'à ce qu'elle disparaisse mystérieusement. Jeremy est blessé par un tir de sniper.
Les deux hommes s'enfuient et reviennent une heure plus tard, l'équipe au complet. Cette fois, ils ont pris soin d'alerter le Lieutenant-Général (un renfort de 15 soldats est dépêché) et ils s'aventurent à pied dans la montagne, ayant laissé leur véhicule derrière eux. Ils ne tardent pas à croiser des sentinelles, dont la présence révèle une occupation troglodyte.
Nos héros piègent son entrée supérieure avec de la dynamite. Ils capturent une femme entre deux-âges, petite et boulotte, qui doit être la femme de ménage-cantinière. Elle leur transmet des informations précieuses. La première, c'est que l'effectif de l'endroit se monte à 33 pensionnaires ; la seconde, c'est que Cain est de sortie en ce moment ; la troisième, c'est qu'une entrée secondaire de la caverne se dissimule au niveau du plateau, sans doute là où la camionnette venue du kibboutz s'est évanouie.

EPISODE 13: Aliyah (retour au pays). Le dimanche 6 mars 2022 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. Déserteurs : le sergent Riley Abbott et Tadeusz Rejewski.

Fin novembre 1939, nos héros reçoivent l'ordre de se rendre en Palestine mandataire après avoir endossés des costumes de Scotland Yard. Une société secrète appelée NOS semble vouloir tirer profit de la faiblesse relative affichée par les Britanniques depuis leur entrée en guerre contre l'Allemagne. Cette ambition se traduit par l'assassinat de trois policiers à Jérusalem, dont un capitaine nommé Elijah Wilburt qui supervisait toutes les enquêtes criminelles dans la ville.

Le voyage vers la cité trois fois sainte se déroule en avion militaire. Nos héros prennent un taxi qui les conduit à l'hôtel King David, siège de l'administration britannique. Le CID (Criminal Investigation Department) est abrité dans ses caves.
Dans l'ancien bureau de Wilburt, ils rencontrent James Corlander, tout juste promu, qui tenait le rôle d'adjoint-chef du CID à Tel-Aviv. L'homme paraît soulagé de voir arriver quatre inspecteurs de la prestigieuse agence. Il a débarqué il y a peu car il a fallu deux mois pour trouver un remplaçant à Wilburt, tous les candidats pressentis s'étant défilés. Le défunt était dans le viseur du NOS depuis la découverte d'une cache où il avait mis la main sur quarante fusils et mitrailleuses.

Au départ, pourtant, le NOS n'était qu'une association étudiante un peu turbulente. Un an et demi plus tôt, elle avait changé de visage avec l'irruption d'un personnage se faisant appeler « Cain ». Il semble l'avoir professionnalisée, radicalisée et lui avait apporté un véritable financement. D'après les dossiers de Wilburt, la banque Rothschild et la rue des diamantaires y auraient contribué, peut-être pas tout à fait volontairement. Le travail de Wilburt était compliqué par l'obsession qu'il nourrissait de ne pouvoir faire confiance à son équipe, qui aurait été infiltrée par le NOS.

Dans les deux jours qui suivent, nos héros reprennent l'enquête en essayant de solliciter le moins possible ses membres, bien que ceux-ci se soient dit prêt à coopérer.

D'une excursion dans la rue des diamantaires, Simon revient avec la nouvelle qu'Elijah Wilburt et ses deux hommes ont été placés dans un guet-apens par le rabbin Moïshe Yavin. Celui-ci fait partie des Haredim, les Juifs ultra-orthodoxes, et dirige une école confessionnelle. Pendant sa visite, Simon se laisse captiver par une ancienne prophétie d'un certain ben Yaacov, qui aurait vécu du temps d'Hérode. Le rabbin Yavin clame son innocence. Il n'a joué qu'un rôle d'intermédiaire pour couvrir l'un de ses « paroissiens », un certain Zabulon Attias, qu'il soupçonne d'avoir lui aussi été manipulé. Simon promet la plus grande délicatesse dans son interrogatoire et de ne pas inquiéter Yavin.

Jérémy, de son côté, fait deux découvertes. La première concerne la source des quarante armes saisies. Vingt ont été dérobées en Irak dans une garnison britannique. La seconde moitié est originaire de l'URSS. Elles sont toutes quasiment neuves. La deuxième découverte concerne la vie familiale de Wilburt. Réputé célibataire endurci, il aurait entretenu une liaison avec une certaine Yonah, laquelle serait mère de deux enfants. Jérémy aussi révèle à ses camarades un séjour en Palestine, où il se serait épris de la belle Shoshana, la fille de Yavin.

Nos héros suivent la piste de la cache d'armes, dont la perquisition signa l'arrêt de mort de l'ancien capitaine. Ils échangent avec un informateur nommé Haïm, petit trafiquant du marché noir, qui révèle que les acheteurs désiraient aussi fabriquer des bombes. Il surprit la conversation de deux d'entre eux avec une de ses relations appelée « le Laborantin ». Derrière cette façade, un Occidental musculeux et au crâne rasé, d'une tête plus grand que les autres, se camouflait dans un djellabah.
L'approvisionnement illégal en armes ne paraît pas une tâche insurmontable ici. Les nomades du désert sont traditionnellement armés et cet état de fait bénéficie d'une tolérance. Malheureusement, ils en font aussi le commerce, ce qui est proscrit. Les policiers connaissent ces pratiques mais ne parviennent pas à les stopper. Les méharistes se jouent des frontières administratives et basculent tantôt en Egypte tantôt en Jordanie.


EPISODE 12: Aux côtés de la Sorcière. Le dimanche 20 février 2022 de 14h à 17h. Engagés sur le terrain : les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor et Simon « Templar » Rothschild. Déserteurs : le sergent Riley Abbott, Tadeusz Rejewski et Jeremy Walter.

Alors que le rideau de la nuit est tombé sur Londres, Hutchinson Square s'anime du croisement des phares. Les voitures se pressent le long de son petit parc et les clients, en habits de soirée, s'introduisent dans le dancing Moscow's Lights. Nos héros sont de ceux-ci. Ils ont fait des frais pour se donner l'air de riches noceurs, désirant goûter l'exotisme des soirées moscovites.
Si le repas est exotique, la musique ne l'est pas, reprenant les refrains américains en vogue alors. A 20h30, les clients se dirigent vers la piste de danse. Celle qui impose sa voix sur le rythme de l'orchestre n'est autre que la rousse, Flaming Red.
Nos héros font la rencontre de trois jeunes femmes, les invitent à danser, puis s'attablent devant la scène. Elles regardent la chanteuse avec dédain et la surnomment « la Sorcière » (« Viédhma ») car on dit qu'elle mettrait les arts occultes au service de ses employeurs.

A la pause, Simon s'installe au comptoir et tente une approche. Bien qu'infructueuse, elle lui permet de surprendre un échange avec un certain « Vania » en russe. La discussion semble agacer Flaming Red et Simon y reconnaît la récurrence du mot « anglais ».

Le lendemain, nos héros estiment avoir assez d'informations, et surtout pas d'autre moyen d'en recueillir plus, pour enlever la chanteuse. Au matin, ils patientent à bord de leur voiture à quelques dizaines de mètres de son domicile. L'attente dure jusqu'à la voir marcher dans la rue, d'un pas décidé, armée de sacs de course, escortée par deux hommes, dont son père le vieil intendant.
Nos héros bondissent hors du véhicule, décourageant avec leurs armes de poings toute volonté de résister. Flaming Red et son père sont obligés de les accompagner. Conan s'assoie auprès d'eux, sur la banquette arrière. Simon connaît un peu la banlieue londonienne et les dépose à une gare ferroviaire désaffectée.
Jean-Michel conduit l'interrogatoire, se montrant intimidant mais jamais discourtois. Finalement, la chanteuse accepte de l'aider à retrouver la trace d'Harold Hampton. Ce dernier est retenu par Ivan Maritsin (« Vania ») dans la maison familiale du bord de mer, à Camber Sands dans l'East Sussex.

Cela représente un long trajet et nos héros y parviennent, fourbus, dans la nuit. La villa des Maritsin est perchée sur un promontoire, dans les dunes qui entourent la petite ville de Camber. Anastasya Algaritch, alias Flaming Red est dépêchée pour négocier la libération du fils de Nicholas Hampton. Dans la clarté lunaire, il est bientôt échangé contre le vieil intendant. Ivan et Anastasya gardent leur distance. Simon leur intime de faire une croix sur les 50 000 livres sterling qui, d'après eux, leur seraient dues par le colonel.

Nos héros reprennent la route et, parvenu à Calford-upon-Thames dans le Kent, remettent le fils entre les mains du père malgré l'heure tardive. Celui-ci, débordé par l'émotion, leur serre chaleureusement les mains après avoir embrassé l'otage qui y montre peu d'entrain. Le lendemain, il entend le récit de leurs aventures. A aucun moment il ne s'attarde sur les raisons du kidnapping et Jean-Michel, qui est le narrateur, a l'élégance de l'imiter.
Quelques jours plus tard, Simon annonce son retour à Londres pour « affaires personnelles ».


EPISODE 11: Le Barathon. Le dimanche 6 février 2022 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. Déserteurs : le sergent Riley Abbott et Tadeusz Rejewski.

Octobre 1939.

Suite à l'invasion de la Pologne le 1er septembre, la France et le Royaume-Uni ont déclaré de concert l'ouverture des hostilités avec l'Allemagne nazie.

Dans les rues de Londres, la mobilisation générale est placardée. Les esprits s'échauffent, affichant colère et anxiété face à ce gouvernement qui les entraîne une nouvelle fois dans une guerre continentale, après la « Der' des Ders ».

A rebours de cette agitation, un groupe de soldats fêtent l'événement, émoustillé par l'idée d'en découdre. Au nombre des toasts qu'il faudra porter, il faut compter avec le rétablissement de Conan qui a obtenu sa décharge du Queen Alexandra. Miles, son partenaire de chambrée, est l'initiateur d'un barathon.
Il s'agira pour les participants de boire au moins une pinte de bière en traversant chacun des pubs de Kin Street qui sont, dans l'ordre : (avec horaire d'arrivée effectif)
The Crazy Squirrel - 19h00
The Good Servant - 21h00
The Song of Love - 22h20
The First of Forth - 23h35
The Twelve Thirsty Knights - 00h45
The Labyrinth - 1h05

La soirée se déroule dans une bonne humeur presque euphorique, malgré les moments où la guerre surgit dans les discussions de plus en plus animées.
Outre nos héros, les invités comprennent :
Miles, simple recrue dans l'infanterie, blessé au cours d'un entraînement
Harold, un jeune diplômé qui refuse d'éventer son affectation (mais Miles s'en charge, ce sera la Naval Intelligence Division)
Bernie, un aviateur de la Royal Airforce, déjà capitaine, jovial et doté d'un certain embonpoint
Steward, médecin militaire, déjà capitaine lui aussi (il sort à peine de longues années d'étude avec ce grade)
Ben Sczlykowski, homme du rang dans l'infanterie, originaire d'une famille juive polonaise, qui s'avère un complotiste passionné, voyant partout la main du « complot juif international »

Conan est le véritable héros de la soirée, non seulement il boit sans montrer signe d'ébriété, mais en plus - lorsqu'une dispute avec des civils dégénère au cours de l'avant-dernière étape - il donne du poing pour libérer ses camarades qui n'étaient pas partis pour avoir le dessus.

Le lendemain matin, les militaires se réveillent à la caserne Duke of Wellington, où ils ont tous réservé une chambre pour un prix modique. Dès le début de la journée (qui s'amorce vers midi pour les plus résistants), l'évidence est là : « Harold, le timide Harry, a découché ».
Ce qui aurait pu être amusant vire à l'inquiétude quand s'approche l'heure à laquelle il aurait dû prendre le train et que ses bagages demeurent à la caserne.

Nos héros mettent leurs souvenirs bout à bout et obtiennent l'amorce d'un polar. Harold est le fils du colonel Nicholas Hampton, l'officier commandant la Section F dont ils relèvent. Le jeune intellectuel, brillant mais pas vraiment un séducteur, a été abordé par une jolie rousse. Outre sa cascade de cheveux dorée, elle était remarquable par ses épaules blanches comme le lait et chargées d'un manteau de fourrure. Cette trentenaire est apparue deux fois au cours de la soirée : la première au First of Forth où la rencontre a eu lieu, la seconde au Labyrinth. Lors de cette ultime rencontre, elle n'est pas apparue dans le pub. A quelques mètres de sa devanture, elle patientait dans la rue, à bord d'une Talbot 14-45 de couleur vert foncé. D'après la rumeur cette femme, surnommée « Flaming Red » est l'épouse d'un truand d'origine russe. Les deux logeraient à Hutchinson Square.

Sur place, Jeremy interroge les commerces voisins. Il est capable de l'identifier d'après leurs renseignements. Il s'agit d'Anastasya Algaritch, la fille du majordome d'un hôtel particulier.

Au téléphone, Jean-Michel fait ce récit au colonel Hampton. Celui-ci reconnaît le nom qui lui a été fourni. Après un silence éloquent, il s'exprime d'une voix amoindrie par l'angoisse. En dehors de toute procédure, il requiert l'aide de nos héros contre ces criminels qui ont dû enlever son fils pour faire pression sur lui.
Jean-Michel s'étant engagé à mener à bien cette mission informelle, Hampton fait livrer en quelques heures une valise par un inconnu. Elle recèle pour chacun de nos héros un pistolet Welrod, livré avec son embout silencieux, et un poignard. Au fond, une enveloppe contient 100 livres sterling découpées par billets de 10. « La situation est claire » annonce le français.

CHAPITRE 2: TO THE BRINK OF WAR (1939, TILL AUGUST)

10 points d'Expérience distribués à la fin dU Chapitre 2. En outre, chacun des participants se voient décerné une médaille.


EPISODE 10: Vol retour. Le dimanche 27 juin 2021 de 14h à 15h. Engagés sur le terrain : les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : le sergent Riley Abbott et Tadeusz Rejewski.

Jeremy réalise que les événements tournent mal pour son équipe : Conan est blessé, un captif réclame son attention, Chimere Antiche semble alerté par les coups de feu et les Allemands vont investir le palais des Doges.
Au petit matin, Jean-Michel et Tadeusz parviennent à la grille, en remontant le canal. Dans le canot des italiens, ils révèlent un dossier dans une sacoche en cuir. Ce dernier contient les fiches signalétiques de la délégation allemande.
Le retour est décrêté.
A peine débarqué à Londres, Conan est emmené sur une civière. Les autres prennent le train pour Calford-upon-Thames où ils débriefent le colonel Nicholas Hampton.


EPISODE 9: Coups de feu. Le dimanche 6 juin 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : Jean-Michel Limousin et Tadeusz Rejewski.

Le sergent Riley échafaude un plan. La partie de la mission consacrée à l'enquête semble terminée. Il visualise une embuscade qui sera tendue à Chimere Antiche, au sein des propres souterrains de la société secrète.

Le lendemain, Conan et Jeremy sont dépêchés pour acquérir des armes. Ils partent du principe que le propriétaire du bar irlandais, Kieran O'Mahony, pourrait leur servir d'intermédiaire avec des trafiquants. Ils n'ont pas tort ! La guerre d'indépendance irlandaise n'est pas close depuis 20 ans. La constitution du pays vient d'être adoptée en 1937. Kieran leur fournit six lügers.
Pendant ce temps, Riley, Simon et les autres se rendent à l'université Ca' Foscari pour ne pas éveiller les soupçons. Ils entrent dans le bureau de Gratia alors qu'elle est en grande conférence avec des allemands. Elle leur présente l'archéologue Ralf Boyarson et un « militaire » du nom de Kurt Drechsler (en fait, un Hauptsturmführer de la récemment créée Waffen-SS).
Après cette entrevue, Riley craint que les allemands n'interfèrent dans leurs opérations. Il désire les mettre sur une fausse piste et conçoit, pour cela, le leurre le plus indirect - et donc habile - qui soit. Il annonce à Gratia que des indices redirigent son équipe vers l'église Santa Maria dei Miracoli, sachant qu'ils vont bientôt disparaître et que cela en fera un lieu d'intérêt.

Le soir, la Section F a réuni de l'équipement de campeurs et s'est chargée de ce lourd bardat qu'elle s'achemine vers le souterrain de Chimere Antiche. Cela revient à dire qu'elle aborde le Palais des Doges par le petit canal annexe ; la grille protégeant la cache en est vite crochetée.
Riley note que la lumière du souterrain est éteinte alors qu'elle était allumée lors de leur premier passage. Celui-ci a-t-il été éventé ? Peut-être en raison des dégâts causés à la porte dissimulée qui donne sur les Plombs ? En tout cas, aucun interrupteur n'est visible à ce niveau.
Les hommes de Riley se postent dans la grande salle en attendant l'arrivée des membres de la société secrète, dont ils ignorent quand elle pourrait survenir.
Ils vivotent ainsi deux jours, dormant dans des sacs de couchage, montant la garde à tour de rôle, faisant leurs besoins où ils peuvent, quand la lumière s'allume brusquement durant la troisième nuit.

Des pièges ont été installés aux deux entrées mais, par malheur, les nouveaux venus repèrent celui qui est proche de la grille. Riley ordonne l'assaut. Il y a moins de dix mètres à couvrir. Conan passe devant lui en hurlant et brandissant une grande épée médiévale. Il reçoit une balle mais abat son adversaire. En fait, il a aussi trébuché en l'empalant, car il s'est pris les pieds dans le piège posé par ses compagnons ! Jeremy et Simon ouvrent le feu en comprenant que l'ennemi est armé. Ils blessent le deuxième italien. Riley aussi se trouve hors combat parce qu'il ne supporte pas le gaz lacrymogène libéré par le piège.

Le second italien a survécu à ses blessures. Quelques minutes plus tard, nos héros l'interrogent. Il se présente comme un simple serviteur, ignorant l'identité des « maîtres » de Chimere Antiche, lesquels vont et viennent masqués. Il était responsable de préparer leur table pour une réunion prévue à 1h du matin.
Nos héros reprennent leurs positions et patientent à nouveau : 1h, 1h15, 1h30... Les invités se sont-ils désistés au dernier moment ? C'est Simon qui en fournit l'explication : comme le professeur Carniolo le suggérait, certains travaillent dans l'administration du Palais des Doges, ils n'ont pas manqué d'entendre trois coups de feu et de donner l'alerte. Riley proposent de terminer la nuit sur place, attendu que Jean-Michel et Tadeusz, qui s'étaient prudemment tenus éloignés de ces péripéties, doivent venir les chercher en barque. La mission est-elle encore achevable à ce moment ? Conan est blessé, une balle s'est logée dans son bras. Il y a, côté vénitien, un mort et un blessé, dont nos héros ne savent que faire. Toute l'équipe a attiré l'attention de sa cible même si, devant le prisonnier, elle a pris soin de parler allemand !


EPISODE 8: Grazie mille ! Le dimanche 23 mai 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : le sergent Riley Abbott ainsi que Tadeusz Rejewski.

Nos héros entament le 13 juillet une revue de leurs indices. Pendant que Jeremy déjeune avec Gratia, les autres prolongent leur sommeil car ils prévoient une excursion pour le soir.

Le sergent Riley, qui est seul à maîtriser l'italien, consume son temps dans les archives. A la fin, il comprend mieux sur quoi les professeurs fondaient leur intuition :
Le comte de Bavière, Gottschalk von Kreuz, était arrivé à Venise vers la fin de l'année 1200, à la tête d'une large troupe d'Allemands. Lorsque les Vénitiens annoncèrent leur prix, à savoir la prise de Zara, une ville chrétienne de Dalmatie, Gottschalk pressa ses amis de renoncer à la croisade. Nombre d'entre eux se laissa convaincre, malgré tout le chemin accompli. Gottschalk repartit en Bavière, mais n'y parvint jamais ; sa trace se perd aux alentours de Venise.
Malgré ses exhortations, des Bavarois étaient partis en croisade sur les navires de la Sérénissime. Lorsqu'ils revinrent des années plus tard, l'inventaire de l'un d'entre eux affichait un « objet sacré » sans précision de sa nature. La même drame se reproduisit : une partie de l'équipage bavarois disparu peu après le débarquement. Cette fois, l'affaire connut une certaine publicité. Une enquête fut instruite qui n'aboutit à rien.
Entre ces deux événements, les professeurs voyaient un lien de cause à effet. Gottschalk aurait été kidnappé et échangé contre un objet de dévotion à certains de ses vassaux, au cours d'une entrevue qui aurait mal tourné. Cet objet n'aurait été autre que le Mandylion d'Edesse.

A l'imitation du professeur Jones, nos héros pensent que la cachette de cette relique (si c'est bien elle) ne se révélera qu'à la faveur de la nuit. Ils investissent le palais des Doges après sa fermeture, en passant par le toit d'un immeuble voisin.
Jeremy dirige l'équipe vers la prison des Plombs, puisque les Puits ont été construits tardivement, au cours de la Renaissance. C'est Simon qui aperçoit un filet de lumière courant le long du mur d'un cachot. Celui-ci marque la présence d'une porte sous la pierre grise. Jean-Michel en déclenche l'ouverture grâce à un coupe-papier qu'il introduit dans un conduit minuscule.

Elle s'ouvre sur un endroit profond et faiblement éclairé, où seule une personne peut avancer de front. La lumière vague y est produite par une lampe électrique assez lointaine.
Jeremy s'aventure dans le souterrain. Il contourne une fosse hérissée de pointes, rassasiées déjà par un cadavre, en transitant par une margelle assez large. Mais le piège est ici ! Une tige en métal vient le frapper aux côtes et il ne se rattrape que de justesse sur les bords de l'abîme.
Avertis, les soldats progressent pas à pas. Derrière la fosse, ils traversent un long couloir en évitant d'appuyer sur les dalles sensibles.

Leurs efforts sont payants puisqu'ils débouchent sur deux salles en enfilade.
La première est circulaire et accueillent huit gisants. Ils ne sont pas en armure, mais habillés en notables médiévaux. Des emblèmes livrent leur parenté : UNICORNO (la licorne), GRIFONE (le griffon), APE (l'abeille) et RATTO (le rat). Entre ces écus, plus discret, apparaît l'image d'une femme rouge à corps de lion, une chimère.
La seconde pièce est beaucoup plus large. Elle est occupée par une table ronde avec des siège pour vingt convives. Dans des armoires, on range de la vaisselle d'or et un peu de nourriture ; du vin, aussi. Dans des coffres, différents bijoux se laissent accaparer. Parmi eux, la bague d'un certain comte de Bavière ! Mais pas de Mandylion...
Une odeur nauséabonde et persistante incite Jeremy à retourner sur ses pas. Il découvre le professeur Carniolo, dans le sol en dessous des gisants, étalé sur un espace insalubre d'où il ne peut même pas se relever. Il est livide et à peine conscient.

Après cette visite, nos héros poursuivent jusqu'à la sortie. Elle se matérialise par une grille fermée et l'accès obturé à un canal de Venise, mais sans embarcation. Simon crochète les deux cadenas et Conan plonge dans l'eau saumâtre où il finit par rejoindre une barque avoisinante.

Une heure plus tard, nos héros sont de retour à l'hôtel Enrico Dandolo. Ils dînent en se remémorant leurs péripéties.
Riley et Tadeusz sont au chevet du professeur Carniolo pendant que les autres font, sur le lit, le partage des bijoux qu'ils ont dérobés à Chimere Antiche.
Le lendemain matin, 14 juillet, Jeremy joint au téléphone le colonel Hampton. Leur officier confirme que la mission se poursuit et que l'objectif est à présent de mettre la main sur le Mandylion, s'il existe. Nos héros devront éviter d'engager les Nazis mais n'hésiteront pas à « malmener » la société secrète italienne qui, dans son propre intérêt, dissimulera des pertes éventuelles.
Par où commencer ? D'après le colonel, leur cache peut servir pour une embuscade. Quant au professeur Carniolo, qui retrouve ses esprits, il se demande si l'Administration du palais peut ignorer tout ce manège.


EPISODE 7: Intrigues à Venise. Le dimanche 9 mai 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Tadeusz Rejewski, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : aucun.

Juillet 1939, le 12.

L'escouade transite par Londres où le sergent Riley, l'espace d'un seul dîner, retrouve la belle Polly Stroke, journaliste au Times.
Le lendemain matin, nos héros embarquent pour un vol commercial à destination de Venise. Il leur faut 6 heures avant d'entamer leur descente vers l'aéroport Marco Polo.

Le soir, ils visitent la place Saint Marc, bondée de touristes. Le palais des Doges, la basilique, le campanile, tout y révèle la splendeur de la ville pasése. Venise est ceinturée de canaux. On s'y déplace à pieds ou en bateaux. L'hôtel Enrico Dandolo accueille leur séjour.

Le 14 juillet, ils se présentent à l'université Ca' Foscari où ils cherchent à entrer en contact avec le professeur Pierluigi Carniolo, qui collaborait étroitement avec Jones. Au lieu de cela, ils sont mis en relation avec son assistante, Gratia Siegler.
Gratia est une blonde sculpturale, brillante et fraîchement diplômée. Nos héros se présentent comme envoyés par l'université de Cambridge dont relevait Albert Jones, à l'exception de Simon qui serait un parent lointain.

Gratia les reçoit dans le bureau du professeur Carniolo. Elle explique que les deux hommes ont disparu, pas seulement l'un d'entre eux ! Le premier, en 1936, est soupçonné d'avoir chuté dans un canal après avoir trop bu. Il avait 70 ans et venait de prendre sa retraite. Son précieux carnet en cuir s'est égaré avec lui. Le deuxième, plus jeune (58 ans), ne manque à l'appel que depuis une dizaine de jours.
La chargée d'études exhibe les volumineux dossiers qui constituent leur ouvre commune. Nos héros se promettent de les consulter, mais remettent à plus tard.
Gratia prend un congé exceptionnel. Elle quitte l'université avec eux, les conduit à travers les ruelles et les ponts de Venise, puis les fait pénétrer dans le palais des Doges. C'est là, dans une section du deuxième étage interdite au public, que les deux hommes retournaient sans relâche le sol dallé. Ils espéraient y mettre à jour, dans la salle Neptune dernièrement (mais ils en ont fouillé bien d'autres!), le célèbre Mandylion d'Edesse.

Gratia était l'assistante de Carniolo, mais elle ne participait pas à ses travaux. Son travail consistait à donner des cours en son nom pendant que le professeur s'escrimait avec sa pioche et son pinceau.

Lors de cette première journée, nos héros rassemblent toutefois quelques éléments prometteurs :
- Le palais des Doges est un formidable labyrinthe, avec des demi-étages pour tromper le tout-venant ; il est directement connecté à deux prisons, les Plombs (dans les toits, brûlants en été) et les Puits (sous la surface, toujours inondés).
- Les Doges y avaient dissimulé de nombreux trésors, à preuve la découverte, en 1934, d'un reliquaire de Saint Luc
- La recherche du Mandylion se fonde sur l'inventaire d'un bateau, révélant « une relique » indéterminée et sur la citation d'un scribe de l'époque, Emilio : « son aura irradie depuis sa cache fermée / seigneur Jésus, aime nous, qui sommes condamnés ». De fait, la liste des objets sacrés détenus et probablement dérobés à Byzance est connue. Seul le Mandylion, parmi les plus célèbres, n'a pas été localisé
- Les financements allaient être coupés, notamment par l'action d'un professeur rival de l'université, Valentino Acciari, responsable de la chaire d'Histoire Moderne et membre éminent du parti fasciste

Le sergent Riley nourrit le soupçon que Gratia dissimule certaines connaissances.
Le soir, la belle chargée d'études dîne avec Jeremy au centre-ville et partage sa couche avec lui. Il apprend peu de choses (hors leurs ébats), si ce n'est qu'elle est d'origine autrichienne par son père et attachée à cette seconde patrie.
Pendant ce temps :
Riley, Tadeusz et Simon se rendent au pub irlandais que fréquentait le professeur Jones. Ses clients partagent avec eux l'excitation de ce dernier, le jour de sa disparition. Le vieil homme, réputé pour ses insomnies, s'apprêtait retourner au palais tard dans la nuit car « on ne peut l'apercevoir qu'à ce moment » et « il se terre dans un endroit où je ne l'aurais jamais imaginé ».
En parallèle, Conan et Jean-Michel escaladent les murs de l'université. Parvenus dans le bureau de Gratia, ils mettent la main sur des télégrammes compromettants. Peu de temps après la disparition de Carniolo, Gratia a communiqué avec un célèbre archéologue de Berlin, Ralf Boyarson. Elle l'a pressé de venir prendre la suite, escortés par des hommes armés. Le professeur Carniolo avait découvert le couloir des « Chimères Antiques » (Chimere Antiche). Les allemands ont confirmé leur venue, sous la direction du SS-Sturmbannführer Kurt Drechsler.


EPISODE 6: Coup double. Le dimanche 25 avril 2021 de 14h à 17h30. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Tadeusz Rejewski, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : aucun.

Nos héros font leurs adieux aux résistants tchèques, dont ils veulent impliquer le minimum.
Seuls Frantisek et György, autrement dit le « Footeux » et le « Beau Gosse » poursuivent l'opération. Ils prendront une chambre à l'hôtel de la place Ottokar Ier pour surprendre l'échappée de Friedrich Kalt, la première cible, et la confirmer par un signal lumineux.

Quant à eux, nos héros logeront dans un petit appartement à l'autre bout d'une rue voisine, débouchant sur la place. Ils seront plus loin du château, mais plus à même d'agir sans attirer l'attention.

Le premier soir, la tension est à son comble. Le sergent Riley et Conan patientent en pleine rue, à proximité du side-car, prêts à se mettre en selle. Ils portent l'uniforme des soldats de la Wehrmacht. Les autres se relayent au balcon de l'appartement, d'où ils observent la place avec des jumelles, sous le couvert de plantes vertes monstrueuses.

Rien ne se passe.

Le lendemain matin, Frantisek se présente. De sa chambre, d'hôtel, il n'aperçoit pas l'appartement. Il grimpera donc sur le toit pour émettre son signal.

Le deuxième soir, seront-ils plus chanceux ? L'alerte doit venir d'un bruit de motocyclette, puisque Friedrich Kalt en utilise une.
Tout le monde est en position mais, à nouveau, l'attente s'avère stérile. Seuls deux poids-lourds ont animé la nuit.

Les soirs s'égrènent ainsi et la lassitude se change en doute : Kalt ne pourrait-il sortir sans sa moto ? Existe-t-il d'autres issues au château ?

Deux éléments jouent en faveur du moral : le premier est que le sergent a le bon sens de limiter la surveillance à une période courte : 18h à minuit. Le second est la possibilité de faire relâche en journée, ce dont Frantisek ne se prive pas en partageant sa vodka, fruit de l'artisanat local.

Le cinquième soir, tout s'accélère. Le pétaradement d'une motocyclette se fait entendre. Il n'est que 19h. Une minute plus tard, une lumière tangue sur le toit de l'hôtel. Riley et Conan bondissent sur leur véhicule mais, d'ici qu'ils fassent le tour de la place, les rues sont désertes.
Le sergent se fixe vite : ils feront le planton. Trois-quatre heures plus tard, une motocyclette laisse entendre son ronronnement. Riley l'arrête d'un geste de la main, à cent mètres de la place et de son check-point. La rue est sombre ; on approche des 23h. Kalt ralentit ; il met pied à terre. Sans doute est-il ridicule de contrôler un officier en uniforme pendant le couvre-feu, mais son visage est détendu, il va s'y prêter de bonnes grâces. Alors qu'il offre ses papiers à l'inspection, un Welrod est apparu dans les mains de Riley. L'allemand pâlit. Le sergent lui loge deux balles dans le thorax.

Le corps inerte déposé dans leur side-car, les deux anglais retournent à l'appartement. Il faut rejoindre Panenské Brezany où la deuxième cible dort d'un sommeil paisible. Cependant, rien ne presse, elle sera cueuillie à son réveil. Riley en profite pour se débarrasser du corps dans la Vltava, fleuve qui traverse la ville.

A Panenské Brezany, nos héros se postent le long de la route goudronnée qui mène à Prague. Ils se disposent en trois échelons : Jean-Michel actionnera une charge de dynamite avec Riley, Jeremy attaquera en sniper une centaine de mètres plus loin, puis le reste de la bande - si la cible y parvient - l'arrosera à la mitraillette.

A nouveau, l'attente use les nerfs. Peu avant 7h, plusieurs voitures se profilent, mais ce n'est jamais le bon modèle. Enfin, à 6h52, une Mercédès 320, cabriolet B, décapotable est en vue.
Jean-Michel déclenche l'explosion. La voiture est soufflée par la droite mais elle reprend son équilibre et disparaît dans la fumée.
Depuis son bosquet, Jeremy épaule son arme. La voiture arrive en trombe, Jeremy plonge dans la lunette de visée et décoche son tir entre les yeux du chauffeur. Le bolide dérape mais sans rien percuter, parce que le premier attentat avait déchiqueté ses pneus, puis perd de la vitesse. Le tireur se tient devant la carcasse immobile. Deux détonations retentissent. Le général von Gersinger, qui languissait sur la banquette arrière, laisse tomber son lüger alors que la silhouette de Jeremy vient constater sa mort.

Nos héros se regroupent ensuite sur l'autoroute. Ils croisent une patrouille allemande mais leurs allures et leur parler sans accent font illusion.
Ils regagnent ensuite la Pologne par des routes départementales.

Le soir-même, leur avion se pose près de Londres. Ils prennent le premier train pour le Kent et sont au rapport devant colonel Hampton dès le lendemain. Celui-ci les fécilite pour leur succès tout en compatissant avec l'émotion que certains peuvent ressentir.

Après trois semaines de vacances bien méritées, nos héros sont de retour à Calford-upon-Thames. Ils se dédient au travail d'analyse qui sert à les « occuper » entre deux missions. Heureusement le colonel leur en prévoie une nouvelle pour l'été : un voyage en Italie, tous frais payés. Il s'agit d'identifier la tombe d'un professeur britannique, décédé à Venise au cours de ses fouilles en 1936. Une affaire de villégiature à ce qu'il semble.


EPISODE 5: Entre Klow et Prague. Le dimanche 11 avril 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Tadeusz Rejewski, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : aucun.

A Klow, nos héros installent leur quartier général entre le restaurant et la basse-cour sur laquelle donne l'immeuble de Frantisek. Ils font la rencontre de son épouse, qui est polonaise, mais également de sa bande : Janos (« le Rigolo »), Benes (« le Prêtre »), Oszkar (« Mains d'Acier »), Bela (« l'Intello »), Gaspar (« Papy »), György (« le Beau Gosse »).

Rien ne presse et ils consacrent une semaine à reconnaître les conditions du double assassinat qu'ils vont perpétrer :
Otto von Gersinger est un prussien de souche. Superstitieux, il s'est attribué le sceptre d'Ottokar Ier Premsyl, dont il prétend être le successeur quasi-homonyme. Il vit avec sa femme et ses cinq enfants dans la banlieue chic : à Panenské Brezany, à 14km du centre-ville. Il habite un hôtel particulier. Chaque jour, son chauffeur l'y conduit au château de Prague avec une Mercedes 320, cabriolet B.
Friedrich Kalt est insaisissable. C'est un allemand des Sudètes qui ne quitte que rarement l'abri du château. Il s'y est installé dans les appartements dans l'ancien ministre de l'Economie. Nos héros apprennent qu'il fréquente plusieurs prostituées. Certaines le rejoignent dans sa suite mais, environ une fois par semaine, il visite au moins l'une d'elle avec sa motocyclette au début de la nuit. Sa mère et sa soeur résident à Nachod.

Cette phase exploratoire terminée, nos héros accomplissent deux petites missions qui doivent rendre possible la troisième, leur quête principale. D'abord, avec l'aide du Beau Gosse, ils volent quatre uniformes allemands dans un hôtel luxueux de la place Ottokar Ier. C'est l'occasion de noter que les trois rues qui y mènent sont opprimées de contrôles de sécurité. Ensuite, ils s'emparent d'une motocyclette avec side-car devant une gendarmerie tchèque. La réquisition est officielle, Simon se faisant passer pour un lieutenant.

A partir de ces faits, le plan est relativement simple à imaginer. Ce qui ne veut pas dire, bien sûr, que la mise en oeuvre n'en relèvera pas de la gageure.
Frantisek suggère de trouver un logement à proximité de la place Ottokar Ier. La difficulté sera d'y surprendre la sortie nocturne de Friedrich Kalt, dont la date n'est pas certaine. Celui-ci sera filé et abattu avant d'arriver chez sa compagne. Son corps sera dissimulé dans le side-car.
La seconde étape pourra s'enclencher. Au petit matin, Otto von Gersinger sera attendu sur son trajet habituel. La Mercedes 320 sera interceptée et détruite avec ses deux passagers. Nos héros évoquent plusieurs hypothèses, comme celle d'une bombe placée sur la route ou d'une fusillade, pourquoi pas les deux.

L'opération toute entière se termina par une fuite de la Section F vers le nord : Nachod, puis la forêt limitrophe. Pour cela, elle compte sur les deux voitures avec lesquelles elle est arrivée de Pologne. En cas de déconvenue, le train sera une option alternative, mais on sait qu'il est plus facile à juguler que le trafic routier.


EPISODE 4: Le Protectorat. Le dimanche 28 mars 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : Jean-Michel Limousin et Tadeusz Rejewski.

Nos héros passent quelques semaines à étudier le terrain, et le cadre de la mission, dans le confort relatif de Calford-upon-Thames. La mission s'enclenche fin mai 1939.

La première étape consiste à rejoindre l'équipe consulaire dépêchée en Pologne par le gouvernement britannique. L'embarquement a lieu depuis Heathrow qui n'est alors qu'un petit aérodrome. Une quinzaine de personnes s'attroupe sur le tarmac devant un De Havilland Albatross. Le sergent Abbott fait la connaissance de Polly Stroke, journaliste du Times, dont il remarque le charme timide. L'un de ses confrères, Edward Wittek, représente le Daily Telegraph et se montre plus inquisiteur avec nos héros en uniformes de la Royal Navy.

Après 5 heures de vol, l'avion se pose à Wroclaw dans le Sud de la Pologne. Ils y louent une voiture sous leurs faux noms. Le jour même, ils roulent vers la frontière bohémienne et passent la nuit dans un hôtel pittoresque.
Ils ne tardent pas à entendre que la zone est surveillée des deux côtés, les Polonais ayant un mauvais pressentiment. Ils se confient à l'aubergiste et à un certain Kazimierz de leur désir de traverser sans être aperçus.

Le soir, ils dissimulent leur voiture dans une friche, et poursuivent à pied. La forêt les avale et les fait reparaître de l'autre côté après des heures de randonnée. A nouveau, ils cheminent longuement jusqu'à la ville de Nachod où ils parviennent vers midi. Les Allemands sont présents mais la circulation est libre. Au fil des rues, ils repèrent des véhicules à emprunter. Vers 18h, peu avant le couvre-feu, ils tentent d'en démarrer deux à la fois. Conan ne s'avise que trop tard de la présence d'une piétonne qu'il faut capturer.

Les deux voitures prennent la direction de Prague, tout en donnant l'impression de viser Hradec Kralove pour leur passagère. Ils la déposent à mi-distance sur le bord de la route.
La banlieue est atteinte au début de la nuit. Sur une artère principale, nos héros font la rencontre d'une patrouille allemande. Lorsque les phares les éclairent, il est trop tard. Ils obéissent à l'injonction de s'arrêter. Les arrivants disposent de deux voitures, dont la seconde est surmontée d'une mitrailleuse impressionnante au clair de lune. Les Britanniques sont tenus en joue pendant que des soldats viennent les interroger. Ils se montrent autoritaires mais pas hostiles. Le couvre-feu a été violé et, pour cette fois, ce sera un simple rappel à la loi.
Après cette surprise agréable, nos héros s'enfoncent dans les environs de Prague. Ils y abandonnent les deux voitures dont ils ôtent les plaques d'immatriculation. Jérémy déniche une grange dans cette région qui est encore semi-rurale. Le sommeil les terrasse sur des bottes de paille.

Un nouveau jour lumineux se lève sur la Bohême occupée. Nos héros marchent une dizaine de kilomètres jusqu'au village de Klow. Ils n'ont pas de mal à repérer le restaurant éponyme près d'une église modeste.
Attablés dès potronminet, ils essaient de faire comprendre à un homme épais, à la moustache patibulaire, qu'ils sont là pour le petit-déjeuner. Son visage s'illumine lorsque Jérémy lui récite en tchèque : « Nous voulons parler à Frantisek ».
Leur hôte s'éclipse quelques instants et le pire est attendu. Il finit par revenir avec un deuxième moustachu, de plus petit gabarit cette fois, mais musculeux et habillé pour la pratique du sport : « Jsem Frantisek ! » lâche-t-il d'une voix rauque.
Avec un peu d'effort, la conversation finit par s'établir en polonais via Tadeusz. La cellule locale est composée d'anciens militaires et policiers, sept volontaires. Ils savaient que les Britanniques viendraient sans être avertis de leurs objectifs. Le sergent juge préférable de ne pas tout révéler d'entrée de jeu. Ils peuvent compter sur un petit stock d'armes et seront capables de falsifier des documents d'identité si besoin. Par contre, ils n'ont accès à aucun matériel sophistiqué comme des talkie walkies.


CHAPITRE 1: HOUSEKEEPING (END OF 1938)

4 points d'expérience distribués à la fin du Chapitre 1.


EPISODE 3: Au nom du père. Le dimanche 14 mars 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Tadeusz Rejewski, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission: aucun.

En une seule journée d'enquête nos héros ont strictement réduit la liste des suspects. Tout laisse à penser que le commander Milton Danheigh a gardé un lien avec les hommes de l'HMS Archer, qu'il a radicalisés ou simplement rassemblés à partir d'opinions anti-communiste existantes.

Le lendemain, l'attention se concentre sur le fils Winterbotham, Charles, qui officie au sein du prestigieux Service Projets & Développement. Cette structure autonome est pilotée par le commodore William Heart (contre-amiral), c'est dire l'importance qui lui est accordée et la position privilégiée de Charles. Ce haut responsable est assez gradé pour ne pas encombrer son discours de modération : on lui a imposé la présence de Charles Winterbotham. Au cours de son interrogatoire, l'intéressé lui-même se dit amer. Il se présente comme un homme d'action, cloîtré dans un bureau depuis qu'on l'a arraché à sa frégate. Ses fonctions se limitent d'ailleurs à du secrétariat, même si ce poste inclut un rôle de « référent sécurité » qui lui donne accès à tous les dossiers sensibles. Néanmoins, hormis un mécontentement partagé, rien ne vient incriminer Charles. L'enquête progresse à partir d'une idée de Tadeusz, qui jusqu'ici s'était montré discret : après avoir cherché parmi les personnes mal intentionnées de la base, pourquoi ne pas inverser le raisonnement en trouvant ce qui dans la base mérite d'être volé ? Le contre-amiral peut répondre à cette question : parmi les sujets les plus ambitieux se trouvent le Firebringer, un prototype de chasseur de sous-marins, et l'initiative Clearsky, une installation de missiles air-sol (version anti-aérienne et semi-fixe des célèbres lanceurs de roquettes Katyoucha dont l'URSS a entrepris en parallèle de développement). Charles a bien emprunté ces dossiers et il a même pris soin de préciser que c'était on behalf of (« au nom de ») de son père, l'amiral. Il serait facile de vérifier auprès de lui cet alibi mais nos héros estiment, non sans une certaine sagacité, qu'il vaut mieux ne pas l'obliger à choisir entre la Royal Navy et son propre fils.

Après cette visite, nos inspecteurs s'en vont déjeuner puis donnent le change en poursuivant leurs interrogatoires au service Finances. Ils ignorent que Charles Winterbotham cède à la panique. Se croyant piégé, il se rend au service Administration où il anticipe son congé de Noël d'un jour. A 14h, il monte à bord du ferry qui l'éloigne des Orcades. A 16h30, sa fuite est découverte car Jeremy, qui s'est introduit dans la chambre du suspect, y a découvert une valise toute prête et s'attendait à un départ imminent. Nos héros appellent leur supérieur hiérarchique, le colonel Nicholas Hampton. Il se laisse convaincre par leurs indices et réquisitionne un avion de la base. A 19h45, celui se pose à Inverness où nos héros filent vers la gare ferroviaire. Ils savent que Charles Winterbotham doit y transiter s'il veut se rendre à Londres, où se trouve Danheigh. Celui-ci descend du train avec son gros pull d'hiver, sa valise de cuir râpé et son appareil photo en bandoulière. Sans avoir le temps de traverser le quai, il est renversé au sol par nos héros, à commencer par Conan qui lui impose un placage « façon rugby ».

En conclusion, Charles Winterbotham est placé en détention provisoire et on ne tarde pas à découvrir qu'il photographiait des schémas confidentiels, notamment les plans de Clearsky et Firebringer. A l'autre bout du pays, Milton Danheigh, au ministère, laisse tomber sa pipe lorsque la police militaire envahit son bureau en lui notifiant son arrestation. L'amiral anticipe sa retraite de quelques mois. Son fils n'avait d'autre intention que de lui nuire en se jouant de sa sécurité et même en laissant planner le doute sur son implication. Toujours à Scapa Flow, Patrick Cooper, qui était chargé de mettre la pression sur lui, est également interné. Seul Lord Brunsfield est indemne de toute poursuite.

Nos héros passent quelques jours en famille puis reviennent dans leur pavillon de Calford-upon-Thames début 1939.
Sur le continent, Hitler avance ses pions. En avril, la guerre paraît inévitable. Il s'agit pour le Royaume de rattraper son retard mais, pour cela, tirer sur le concurrent est manoeuvre permise. La prochaine mission se déroulera dans les vestiges de la jeune Tchécoslovaquie, où deux « éliminations ciblées » sont programmées.


EPISODE 2: Scapa Flow. Le dimanche 28 février 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission : Tadeusz Rejewski.

Fin 1938, la mission « Housekeeping » est réactivée sous sa forme « extended ». Le sponsor de la Section F ayant validé une intervention à Scapa Flow, la base navale principale de la Royal Navy, une baie de 312 km² située dans les Orcades qui retient plus de 50% des navires de la flotte.
La mission s'appuira sur les minces découvertes faites auprès du Brentwick Set. Dans sa conversation avec Milton Danheigh, de la Royal Navy, Lord Brunsfield, évoquait un certain « Winterbotham » et le pressait de récupérer des plans. Nos héros ont toutefois reçu la recommendation de faire preuve de tact avec l'amiral qui fut maintes fois décorés, notamment de la Victoria Cross.
Leur avion se pose sur le petit aérodrome de la base. Ils en sortent sous un vent déchaîné et sont accueillis par l'aide de camp de l'amiral, le commander Harold Chapney (capitaine de frégate).

Après avoir transmis leurs respects à l'amiral Arthur Winterbotham, Chapney les promène à travers la baie. Ils y apprennent l'histoire de la flotte allemande, capturée en 1918, qui s'est sabordée dans celle-ci pendant que ses gardiens avaient les yeux tournés ailleurs. Ils y découvrent aussi l'existence des blockships, ces navires volontairement coulés aux points d'entrée pour arrêter les sous-marins. Une paranoïa sécuritaire y règne depuis l'irruption d'un sous-marin U9 le 22 septembre 1914 qui y a fait un carnage.

Nos héros déjeunent ensuite au messe des officiers, comme le leur permettent leurs uniformes d'emprunt.
Ils visitent le Service Sécurité et s'enquièrent en détails de la protection des documents confidentiels. Ce qu'ils y apprennent leur révèle que la fraude est possible, soit en utilisant un officier, soit une personne habilitée pour s'emparer d'un document.
Il existe cinq catégories de confidentialité, la quatrième et la cinquième étant les plus sensibles. Ces documents à diffusion très restreinte se retrouvent surtout :
Au Service Stratégie Opérationnelle
Au Service Sécurité
Au Service Projets & Développement

Sous un prétexte fallacieux, nos héros demandent à inspecter l'HMS Archer. Celui-ci était commandé par le commander (donc, capitaine de frégate) Milton Danheigh mais il a quitté la base il y a 2,5 ans.
Danheigh est décrit par son successeur comme un personnage enthousiaste et discipliné. Malheureusement, il était aussi politisé, tyrannique, doué d'une intelligence médiocre et approximatif dans les aspects techniques de son travail.
Nos héros finissent par entendre de la bouche de Chapney que l'ancien équipage a été dissous parce que Danheigh y faisait régner une atmosphère « exécrable et politiquement orientée ». Deux individus ont été fichés pour leur comportement non réglementaire : Donald Tinley et Craig Stone. Mais nos héros ont également remarqué de fervents soutiens de Danheigh dans l'équipage : les warrant officers Patrick Cooper (classe 1) et William Bucks (classe 2). Enfin, découverte surprenante et utile, un certain Charles Winterbotham a fait partie de l'équipage !

Le soir, nos héros se scindent en deux groupes.
Jean-Michel, Conan et Simon arpentent la ville de Kerrstone qui jouxte la frontière grillagée de la base. Ils y fréquentent the Islander, un pub vivant surtout de sa clientèle militaire. L'équipage du HMS Archer avait l'habitude de s'y réunir. Les conversations étaient souvent à contenu anti-bolchévique et patriotique mais, pour la plupart de ses membres, sans élever la voix. Ce n'était pas le cas de Patrick Cooper, amateur de bière, parieur invétéré et perclu de dettes, qui donnait du poing tard dans la soirée. Il a fini par être exclu du lieu.
De leur côté, Riley et Jeremy dînent au messe des officiers supérieurs, où ils ont invités deux jeunes hommes, un lieutenant et un sous-lieutenant. Leur parole finit par se libérer sous l'emprise de l'alcool qui leur est servi par rasades. Ils partagent alors les rumeurs qui courrent sur Charles Winterbotham, qui n'est autre que le fils de l'amiral. Chassé de l'académie de Woolwich pour son attitude rebelle, il s'est retrouvé sans le sou. Son père l'a embrigadé de force dans la Navy. Par manque de chance (mais existe-t-il des coïncidences?), il a été subjugué par le charisme dominateur d'un certain commander Milton Danheigh. Avant que n'éclate le « scandale de l'HMS Archer », Charles avait déjà été retiré de la frégate. Son père l'avait placé, par devers lui et à sa grande fureur, dans un bureau à quai : le Service Projets & Développement. Charles n'est qu'un marin de 1ère classe mais ce Service est par lui-même une affectation prestigieuse.


EPISODE 1 : Les colombes du Buckinghamshire. Le dimanche 7 février 2021 de 14h à 18h. Engagés sur le terrain : le sergent Riley Abbott ainsi que les soldats Jean-Michel Limousin, Conan MacGregor, Tadeusz Rejewski, Simon « Templar » Rothschild et Jeremy Walter. En permission: aucun.

25 septembre 1938, à la West London Synagogue, Simon et Jeremy se retrouvent sans le savoir dans la même célébration. Le public s'est réuni pour la tenue de Roch Hachana, le nouvel an hébreu. Jeremy y repère le savant Albert Einstein, émigré aux Etats-Unis, de passage en Grande-Bretagne. Le sermon portait sur le droit au meurtre préventif et Einstein s'interroge, Hitler éliminé, si l'Allemagne renoncerait à sa surenchère martiale ? La nuit venue, Simon se croit visité par Dieu qui lui enjoint de prendre les armes pour frapper dans l'ombre.

18 novembre, dans le village de Calford-upon-Thames, au nord-ouest du Kent, une équipe se constitue sous le sobriquet de « Section F » pour la devise « Furtive, Focused, Fancy ». Autour du colonel Nicholas Hampton, les soldats intègrent les bases du renseignement, de la mystification et plus généralement des « opérations spéciales ». Soutenue par un mystérieux sponsor, la Section F est nouvellement créée et rattachée au Ministère de l'Economie. Elle démarre son existence dans un petit pavillon de banlieue, mis à disposition par les soeurs Hudson. Le mobilier est rudimentaire mais elle dispose déjà d'une salle d'écoute avec trois opératrices.

22 novembre. Pour leur première mission, nos héros demeureront sur leur sol national. Il s'agit de s'assurer de certains sujets de Sa Majesté en prévention de la guerre à venir.
Les recrues sont dépêchées dans le Buckinghamshire où elle se font passer pour de simples serveurs lors d'un repas caritatif. Le château de Brentwick rassemble, pour l'occasion, des représentants de l'aristocratie, de la politique, et les pensionnaires d'un orphelinat local jumelé avec une maison d'accueil pour mères isolées.
Derrière un pacifisme de façade, le Brentwick Set est suspecté de prôner des idées germanophiles, voire pro-Nazis. Plusieurs personnalités s'illustrent en ce sens. Dorothea Shatterling est l'hôtesse de ces lieux. Elle cautionne avec une certaine modération les propos fascistes qui y sont tenus. L'ambassadeur d'Allemagne est présent mais s'avère tout de cordialité. Le plus virulent des orateurs est un anglais, Mallory Burke, romancier auteur du best-seller « Régénération ». Porte-parole du BUF (British Union of Fascists), Sir Peter Huxley ne semble se passionner que pour de jeunes invités de sexe féminin. Pourtant, dans le jardin, cinq militants armés gardent sa voiture.
Au cours de la journée, nos héros sont capables d'affiner leur jugement. Ils s'intéressent au commandant Milton Danheigh de la Royal Navy qui dénonce la « menace rouge » dont le fascisme est le rempart. Le baron Hugh Brunsfield, sombre et discret, se révèle un chasseur sanguinaire lorsqu'on l'aborde. Il est le maître d'armes du BUF.
Nos héros se font apprécier par leur conversation et obtiennent de rester le soir pour un service prolongé. La « réunion secrète » qu'ils attendaient ne se produit pas mais Danheigh et Brunsfield se retirent pour discuter en privé. Simon s'approche assez pour surprendre leur conversation : « Winterbotham... avez-vous pu entrer en contact ? ... aurons-nous les plans ? ».

Quelques jours plus tard. La mission est l'objet d'un rapport circonstancié, accompagné de précieux clichés, que nos héros remettent au colonel Nick Hampton. Celui-ci reçoit avec prudence le nom de Winterbotham :
« L'amiral Winterbotham est un homme au-dessus de tout soupçon, en tout cas jusqu'à présent. C'est l'officier commandant la base navale de Scapa Flow dans les Orcades, celle qui abrite la quasi-intégralité de la flotte de guerre. »




Les oeuvres suivantes, relevant du domaine public, sont entrées dans la composition de cette page:
En début de page: le masque et les flammes stylisées sont tous deux extraits de tableaux de Charles Demuth, le premier de Love, Love, Love, Homage to Gerturde Stein (1918), la seconde d'Incense of a New Church (1921).
En début de page toujours: les volets à gauche et à droite, qui figurent des façades vitrées, sont extraits de Business (1921) par Charles Demuth (Art Institute of Chicago).
Fermant sur leur gauche toutes les sections de texte, le mur de briques est extrait d'une oeuvre de Johannes van der Mer ou Vermeer, La Ruelle peint autour de 1667-1668.
Concluant le paragraphe d'introduction, on trouve un tableau de Grant Wood The Birthplace of Herbert Hoover, West Branch, Iowa (1931).
Séparant entre elles les sections de texte, on trouve:
_ Death on Ridge Road de Grant Wood (1935)
_ Chimney and Water Tower de Charles Demuth (1931)
_ The Ironworkers' Noontime de Thomas Pollock Anshutz (1880)