Dans les temps primordiaux, Cronos affronta son père, Ouranos, pour la maîtrise de l'Univers.
Se sachant opposé à plus forte partie, et malgré l'aide d'autres Titans de renom comme Hypérion ou Japet, il opta pour des alliés improbables, qu'il allait par la suite trahir sans vergogne. Des Enfers, il tira ces parias qui étaient ses aînés : les Cyclopes d'abord, géants dotés d'un unique oeil, puis les Hécatonchires, créatures malheureuses armées de cent bras et cinquante têtes. Ces abominations avaient été rejetées par leur géniteur dans la crevasse la plus profonde, qu'on nomme le Tartare, lorsqu'il avait contemplé avec horreur leur apparence.
Ouranos, qui était l'Univers autant qu'il le présidait, s'accouplait continuellement avec sa femme, Gaïa, la Terre. Les parricides le surprirent dans une de ses étreintes. Hypérion et Japet le saisirent chacun par un bras et une jambe. Cronos se glissa sous lui et émascula son père avec une faucille. Ils laissèrent se vider de son sang qui, en se répandant, engendrerait encore d'autres monstruosités comme les Erinyes.
Une fois vainqueur, Cronos devait songer à l'avenir. Il était « le dieu aux pensées fourbes » (Ankulomêtês) et aucune considération morale ne pouvait l'arrêter. Pourrait-il régner librement avec, à sa cour, cette cohorte difforme ? Il consulta alors ses frères les Titans et obtint d'eux un avis négatif. Dans la paix, ils se résignèrent à ne plus honorer l'alliance qui les avait servis dans la guerre. Cronos ressentait pour ses partenaires repoussants (et frères) la même haine irraisonnée, la même crainte justifiée, qui avait conduit Ouranos à se débarrasser d'eux la première fois. Alors, il l'imita : il les fit arrêter, un par un, et précipiter dans le Tartare.
Mais l'histoire devait se rejouer. Dans une deuxième phase, c'est Zeus, le fils de Cronos, qui se révolta contre son père. Il lui reprochait la même attitude délétère envers ses propres enfants, qu'il avait coutume d'avaler. Ceinturé, et castré pour faire bonne mesure, Cronos fut à son tour enfermé dans le Tartare.
Fidèle à sa parole, Zeus accorda pleine liberté aux Cyclopes et aux Hécatonchires. Les premiers lui demandèrent une planète où ils pourraient vivre entre eux. Les seconds, conscients de leur atroce laideur, se trouvèrent finalement mieux à occuper le Tartare. Ils s'y donnèrent pour tâche de veiller sur leurs prisonniers, Cronos et les Titans.
Les Cyclopes seuls eurent une place dans la nouvelle aventure des dieux. Plusieurs s'installèrent comme forgerons auprès d'Héphaïstos. Révélant une véritable aptitude pour ce travail, ils réalisèrent de grandes oeuvres sur commande : le Trident de Poséidon, l'Arc et les Flèches d'Artémis, la Kunée d'Hadès (casque rendant son porteur invisible).
Mais cette implication dans la vie « politique » de l'Olympe devait aussi causer un désastre chez ces créatures brutales et simples. Lorsque les dieux rivalisaient, les Cyclopes de leur faction faisaient de même. Zeus finissaient toujours par intervenir en tant qu'arbitre pour mettre fin aux hostilités entre parents. Personne, en revanche, ne jouait ce rôle pour les Cyclopes. Cette guerre fratricide et interminable prit un nom: « la Guerre des Géants ». Elle causa le déclin de toute la race.
Pyros et Circé se positionnent aux deux extrémités du grand salon.
Malgré sa prestance, le Zoran ne peut masquer qu'il est décontenancé. La plongée dans le Panthalassa a gravement affecté sa mémoire, il s'exprime en gardant ses notes près de lui, puis reprend confiance et préfère improviser.
Recouverte d'une cape de satin bleu indigo, Circé écoute patiemment. Le vêtement est agrafé au niveau de la gorge par une fibule portant l'insigne du Loup et du Lion (cf Episode 19). Une capuche voile partiellement son visage, et ses expressions sont impénétrables. De longs cheveux noirs de jais débordent le tissu. Un halo diaphane illumine sa peau déjà pâle.
Pyros : O puissante magicienne ! Ecoute la supplique d'un humble mortel, familier des arts occultes et admiratifs de tes ouvres. Je parle au nom du Dunixi à la voix mielleuse, qui règne en maître sur l'univers des hommes
Circé : J'écoute
Pyros : Ta magie peut seule nous délivrer de l'irruption des Eidolons qui transitent par des portails ouverts entre les mondes
Circé : Elle peut les oblitérer
Pyros : Le feras-tu ?
Circé : Qu'aurai-je en échange ?
Pyros : Demande et le grand Dunixi, si c'est dans les limites de son pouvoir, comblera tes désirs
Circé : Tu dis que Dunixi gouverne aux hommes. Je demande l'une de leurs planètes, Ithaque, pour qu'elle soit donnée en fief à mon fils qui descend d'une lignée royale
Pyros : Tu veux Ithaque ? Mais la planète est habitée !
Circé : Elle le sera par d'autres, les Eidolons, que mon fils aura pour sujets. A défaut des hommes, ils seront éternels
Pyros : J'accepte
Circé : Tu acceptes ! As-tu mandat pour offrir une planète à Circé ?
Pyros : Le pouvoir de Dunixi est sans limite, aussi mon mandat ne connaît-il pas de borne
Circé : L'eussé-je entendu de sa bouche que je l'eu encore mis en doute... Si Dunixi compte au nombre des puissants, il ne s'embarrasse pas de tenir sa parole
Pyros : Il la tiendra, je m'en porte garant. Je ne compte pas pour rien dans son statut actuel
Circé : Tu viens en messager, mais tu t'exprimes en roi. J'espère que ton ami ne tiendra pas un autre discours
Pyros : Dunixi ? Mais c'est ma marionnette ! [rires]
« Bravo !
Vous approchez du terme de votre quête.
J'aurais aimé être plus présente à vos côtés mais Zeus, mon père, m'a découragé de vous apporter aucune aide directe jusqu'ici. Le Maître des Cieux entend que la vengeance de son frère aîné, Hadès, soit entièrement consommée. Un déicide ne peut rester impuni !
Vous l'avez compris : le Panthalassa est une suite de couloirs qui relient entre eux les royaumes divins, l'Olympe étant situé vers le haut et les Enfers le bas. Le niveau intermédiaire est sillonné par des millions de vaisseaux qui méconnaissent le décor qui défile derrière eux.
Hermès vous a traîné dans ce même Panthalassa jusqu'aux portes d'une autre dimension. Cette dimension était en avance de quelques années sur vous dans son calendrier. A cette exception près, elle n'en contenait qu'une seule autre. Dunixi et ses compagnons avaient assassiné le tyran Gédéon, mais ils avaient ensuite refusé de se livrer au jeu d'Hadès. Ils n'avaient entrepris aucun effort pour rencontrer le Cocyte, fleuve qui marque l'entrée de son domaine. Ils ne s'étaient soumis à aucune Epreuve. Puisque les mortels osaient se soustraire à son jugement, Hadès a décidé que le Cocyte viendrait à eux !
C'est là que les Eidolons ont servi son dessein. Utilisant une technologie athénienne permettant de tracter des comètes, il a lancé Apophis contre Athènes, répandant mort et désolation, ouvrant une brèche vers les Enfers qui allait vomir une cohorte d'âmes en peine.
Dans cet Univers 2 - de votre point de vue -, vous avez pu constater les ravages causés par l'invasion. Le système stellaire athénien s'est effondré sous les coups des Flétrisseurs. Amphipolis a été déchirée par une guerre fratricide, et a laissé la contagion s'exacerber. Mais les remords des tyrannoctones sont apparus trop tard.
Le faux Dunixi, ainsi que ses compagnons, ont regretté d'avoir écarté les Epreuves imposées par Hadès. Quant au « faux » Pyros, il n'avait pas idée qu'il était possible de rejoindre le Cocyte jusqu'à ce que son voyage vers Circé lui fasse pressentir la proximité des fleuves infernaux.
Afin de se racheter, vos doubles ont financé un Mausolée sur Halicarnasse en l'honneur du tyran assassiné, mais la planète est tombée aux mains des Zorans avant l'achèvement de celui-ci, si bien que des étrangers ont pu s'arroger le bénéfice de sa construction !
L'alliance de Dunixi avec la magicienne Circé s'inscrit dans le prolongement de ces tentatives. L'archonte polémarque a été jusqu'à bafouer l'amour de son épouse et livrer Ithaque à la désolation pour obtenir son soutien. Finalement, il a demandé à Circé d'intercéder auprès de Chronos, le Dieu du Temps, afin de pouvoir revenir sur ses actes passés. Circé a feint de l'y aider. Elle avait compris que Dunixi se moquait d'elle et qu'une fois son vou exaucé, il l'oublierait, comme autrefois le divin Ulysse l'avait délaissée.
Elle a conduit le Dunixi de l'Univers 2 jusqu'à la maison de Chronos en s'arrangeant pour l'y enfermer. C'est ce qui est arrivé. En tentant de s'échapper, Dunixi a détraqué les ressorts du Temps. Seuls vous, provenant d'un autre Univers, êtes capables de vous en rendre compte.
Soyons clairs : vous n'avez aucun moyen de secourir le « faux » Dunixi. A l'époque vous vous trouvez, il vient tout juste de faire connaissance avec Circé. Elle l'a mis en demeure d'abandonner Ithaque à la férule de son fils, Télégonos. Il hésite encore. Cette trahison sera connue de ses acolytes et elle aura des répercussions sur leurs actes futurs. Le conflit entre Tantrum et Zélos naîtra d'un changement d'esprit parmi les amis de toujours. La trahison se fera jour via l'alliance avec Circé et elle ne cessera d'accroître son influence délétère et de grever la conscience d'autrefois valeureux soldats.
Vous ne pouvez sauver Dunixi ! En vous guidant vers Circé, j'ai tracé le chemin qui vous mènera en réalité jusqu'au fleuve Cocyte. C'était un moyen compliqué de vous aider sans le paraître. Mais la situation est elle-même compliquée, n'est-ce pas ?
L'itinéraire final est connu des Cyclopes qui vénèrent Hadès et sont parfois conviés dans son palais. Trouvez-les.
Laissez-moi encore vous mettre en garde. En route, vous devrez abandonner vos compagnons : contrairement à vous, ils sont dépourvus de l'aura des Flétrisseurs. Leur intrusion dans le territoire d'Hadès vous ferait aussitôt remarquer.
Débarrassez-vous d'eux, il serait utile de les échanger avec les Cyclopes contre leurs bonnes dispositions.
[Un signal est transmis sur l'écran indiquant la planète de ces derniers dans le format de coordonnées du Panthalassa]
Allez ! Un dernier effort couronnera de succès votre évasion. De l'autre côté, vos épouses, vos enfants et vos amis, à tort, désespèrent. »
« Nous tenons pour assuré, dans l'espace occupé par les Héllènes, qu'un séjour prolongé dans le Panthalassa s'accompagne d'effets amnésiques. Or, ce n'est pas la perception zoran. D'après elle, c'est un effet différent qui est constaté. Les équipages des vaisseaux sont pris de violents accès de rage et il est même arrivé qu'ils se sabordent dans de sanglants conflits.
Pyros a eu une intuition. Il a rapproché ces traditions du mythe des cinq fleuves infernaux. Voici quels sont les cinq cours d'eau réputés traverser l'Hadès :
- Le Léthé, ou Fleuve de l'Oubli
- Le Cocyte, ou Fleuve Né des Larmes, hanté par les Lamentations de Ceux qui sont dans le Repentir
- Le Phlégéton, ou Fleuve de Feu
- L'Achéron, Fleuve du Chagrin
- Le Styx, Fleuve de la Haine
De par sa double culture, Pyros avait accès à des études scientifiques des deux bords. Elles le convainquirent qu'il s'agissait d'ondes émises par certaines étoiles (ou d'autres phénomènes cosmiques) au sein du Panthalassa. Le tracé de ces constellations formait alors comme des fleuves virtuels. La légende était la clé d'une carte en 3 dimensions s'étalant sur tout l'univers, connu et au-delà ! Logiquement, plus le phénomène était intense et plus on était proche de la source. A l'inverse, la bénignité indiquait qu'on s'en éloignait.
Pyros compila de nombreux récits ou rapports d'expérience vécus dans le Panthalassa. Il en vain à cartographier l'Hadès et, en perspective, le domaine entier des Dieux car ceux-ci ont une frontière commune avec lui.
Ce travail, il l'entreprit tout d'abord à titre de passe-temps, sachant qu'il serait moqué par la communauté scientifique s'il s'en ouvrait à quelqu'un d'autre. Le cataclysme causé par la survenue d'Apophis et l'invasion des Flétrisseurs changea sa façon de voir. Il offrit à Dunixi de retrouver Circé, la plus grande des magiciennes, qui pourrait l'aider à refermer le portail géant du cratère. Cette tâche lui semblait à portée. Dans l'Odyssée, Ulysse quitte l'île d'Eéa habitée par Circé pour consulter, sur ses conseils, le devin Tirésias qui se trouve aux Enfers. Pyros avait en sa possession une sorte d'Odyssée apocryphe. Un ouvrage qui décrivait assez précisément le trajet fait par Ulysse. Dans cette version, rédigée par un Zoran de l'Ancien Temps, Ulysse côtoyait le Léthé pour atteindre son but. Il existait donc un passage vers Circé.
Je n'étais pas présent lors de la traversée. Afin de ne mettre aucune autre vie en danger, Pyros l'entreprit en solitaire. Il partit à bord du Logos que Philoétius lui avait confié pour ce voyage. Et puis, contre toute attente, il refit surface sur Ithaque un beau matin : Circé était auprès de lui.
Quelques années plus tard, Pyros reprit ses recherches sur les Fleuves Infernaux alors qu'il était de retour dans l'Empire Zoran. Cette fois, il se confronta au Styx et ce rapport devait le bouleverser à jamais. Il confirma toutefois son impression que les fleuves se croisaient. Pyros fit un bref retour sur Amphipolis pour partager sa découverte. Dunixi le reçut un peu froidement après des années de silence. Sans tarder, il s'emporta contre luiet « sa mollesse », comme il la qualifiait souvent. Dunixi avait déjà, à cette époque, l'idée de quémander l'aide des Spartiates. Pyros retrouva son calme dans la soirée. Il annonça qu'il devait partir, pour finir de se soigner, mais qu'il reviendrait.
Sur Amphipolis, la situation alla de mal en pis. Les mêmes événements se reproduisaient qui avaient conduit Athènes à sa ruine. Ayant perdu l'épée de Fiançailles, Dunixi ne savait plus contacter Circé ; après tant d'années, elle pouvait s'être désintéressée de lui.
En dernier recours, il avait reçu quelques directives de Pyros pour rejoindre la magicienne par la voie la plus longue. Surtout, il disposait du Logos que Circé lui avait autrefois rendu après qu'il se soit égaré dans le Panthalassa. Cela demeurait un périple audacieux. Dunixi voulut le tenter. Il ne pouvait toutefois justifier auprès de ses électeurs une absence si longue. Alors il revint sur le thème de l'alliance avec Sparte. Ce n'était plus une stratégie crédible, à moins de se soumettre à l'arbitraire des Gérontes, mais il l'utilisa comme prétexte à son éloignement. J'étais dans le secret. Ma fille, Pénélope, et mes neveux furent laissés dans l'ignorance de ses motifs réels. Jusqu'au bout, il plaisantait avec eux sur les mours spartiates, sur leur séjour inattendu dans la rivale de toujours ! Il les abandonna ici pour se lancer à la recherche de Circé, sa future compagne. Avec elle, il espérait l'impossible. Peut-être lui ouvrirait-elle - qui sait ? - les Portes du Temps. Je sais qu'il ne l'aimait pas, mais il était prêt à tous les sacrifices pour son peuple, y compris celui de sa famille. »
[Dans les archives officielles de la Nouvelle Athènes, un documentaire fustige l'odieux montage qui, dans l'Hémisphère Nord, soutient que Tantrum est le seul héritier de l'archonte polémarque. La version du Départ pour Sparte qu'il présente recèle quelques minutes supplémentaires, prétendument coupées pour le public et qui font corps avec la bande :]
« En vertu de mon pouvoir d'Archonte Polémarque, je remets le commandement de l'armée entre les mains de Tantrum le Conciliateur. Par cette décision, je le fais Hêgemôn.
La première mission confiée à ce titre l'oblige à déposséder le Strategos Zélos de toutes ces prérogatives, puisqu'il en use d'une façon qui contrevient aux motifs pour lesquels je les lui ai attribuées.
A tous les membres de l'armée, officier, sous-officier ou homme du rang, rappelez-vous le serment éphébique ! Conformez-vous à l'ordre de ralliement sous peine d'être déshonorés et traduits en cours martial. Je n'ose parler que de la justice terrestre mais Athéna elle-même veille à l'application de ce décret.
[Silence embarrassé]
[Il reprend d'une voix étouffée :]
Et si, pour quelque raison je ne revenais pas de ma visite à Sparte, l'Hêgemôn organiserait, la situation le permettant, des élections visant à établir un gouvernement veillant à la fois aux droits des populations autochtones et à ceux des déportés athéniens. »
[Lors du premier dîner sur Arachnis, le « faux » Aneuretin narre la mise en oeuvre du Grand Exil et dédouane son frère de toutes responsabilités concernant le conflit actuel :]
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« Le Grand Exil a signifié pour nous une charge de travail accru, par-dessus les opérations militaires menées sur Athènes contre les Eidolons. Tantrum convainquit son cousin de le placer à la tête de ce projet. Ou était-ce l'idée de Dunixi comme il le clama plus tard ? En tout cas, il fut enlevé du front et rejoignit le confort de la zone sécurisée à l'arrière.
L'archonte polémarque avait confié la gestion des centres de tri et d'embarquement, sur Athènes, à d'autres hommes de confiance : moi-même, Pisistrate, Amphidamas, Lysimachus et d'autres.
Nous relevions tous hiérarchiquement du Conciliateur. A cette époque, Tantrum était déjà très lié avec Palamède et il nous déplaisait d'entendre parfois ses ordres transmis par la voix de ce mercenaire.
Quant à mon frère Zélos, il demeurait sur la ligne de front. Chaque matin, il dégustait son café au miel protégé par des barbelés qui devaient ralentir l'avancée des Flétrisseurs. Nous n'étions pas à plaindre.
L'archonte polémarque avait conclu un accord léonin avec Amphipolis. C'était une colonie athénienne ayant gardé de forts liens avec la métropole, à cinq jours de voyage à travers le Panthalassa. Elle disposait d'une faible population et d'une armée malingre entraînée par nos stratèges, d'infrastructures correctes et était dépendante financièrement de nous à l'origine.
Il y eu un total de 39 voyages impliquant de nombreux vaisseaux spécialisés ou convertis. 23,4 millions de citoyens furent déportés sur une période d'un an et demi (outre le trajet effectué, il fallait en général au moins 2 jours sur Amphipolis pour la maintenance des vaisseaux et 2 sur Athènes pour la procédure d'embarquement), soit 600 000 passagers par convoi en moyenne, plus au début et beaucoup moins à la fin.
Le 7e trajet marqua la plus grande catastrophe de l'histoire de la navigation.
Des Flétrisseurs avaient réussi - Athéna sait comment - à s'introduire dans le vaisseau-amiral, l'Argos, dirigé par Pisistrate. Pendant toute la durée de l'immersion dans le Panthalassa, ils se répandirent comme une peste. Serrées dans cette coque de métal fendant le vide dimensionnel, les familles n'eurent aucune chance de résister à leur progression.
Lorsque le convoi eu atterri, l'Argos n'étendit pas son pont de débarquement. Il fut contacté par radio, mais garda le silence. « Pisistrate ? Pisistrate, nous entends-tu ? ». Je m'acharnais sur la fréquence. 50 000 personnes devaient être à bord. Nous comprîmes qu'un drame horrible était survenu. Je décidais d'accélérer le processus. Avertis, les autres vaisseaux libérèrent d'un coup leurs résidents, qui se déversèrent dans la plaine et furent pris en charge, groupe par groupe, par des dizaines de bus sans plus de formalité. Notre empressement ne suffit pas.
Des flancs de l'Argos, surgirent des spectres vert-de-gris par milliers.
Les prédateurs éthérés bondirent sur leur proie qui se déplaçaient lentement sur un périmètre restreint, tels des requins dans un aquarium. De là où j'étais, je vis Amphidamas lui-même tenté de leur échapper, mais sa jambe traînante lui joua un dernier tour.
Sur les 732 000 personnes, 720 000 débarquées ce jour-là furent possédées. Les vaisseaux de l'arrière-train n'étaient pas encore arrivés et c'est ce qui les sauva.
Pour les autres, il n'y eu pas de répit. Le site d'atterrissage était bien choisi : les installations étaient éloignées de tout par mesure de sécurité. Les réfugiés qui avaient échappé aux pistes d'atterrissage se trouvaient dans des camps de transit à proximité ; ils furent asservis à leur tour.
C'est ainsi que nous perdîmes la quasi-totalité du 7e convoi, le contrôle de nos installations et vaisseaux. Les Eidolons avaient mis pied dans notre Nouveau Monde ; ce fut notre Cheval de Troie.
Il fallut six mois, et tout notre pécule, pour reconstituer la flotte et, bien sûr, élever de nouveaux aménagements de fortune. Un endroit avait été sélectionné sur la face opposée de la planète pour répartir les flux de migrants.
Le commandement suprême fut retiré à Tantrum le Conciliateur. Il avait perdu l'amitié et le soutien de Dunixi. Entre ces deux-là, il ne devait plus y avoir de paix. L'archonte polémarque honora mon frère Zélos de sa confiance renouvelée en le promouvant chef du projet.
Bientôt, les opérations purent redémarrer mais, malgré tous les efforts consentis, la capacité de transport était réduite à 480 000 places à cette date.
De plus, côté athénien, la situation avait empiré. Nous avions arrêté les transferts 6 mois durant. La rumeur s'était répandue que l'archonte polémarque n'avait secouru que les citoyens et abandonné les esclaves et les métèques à leur sort, malgré la caution que lui offrait Pyros. Les enclaves surveillées par l'armée, qui étaient autant de réservoirs à évacuer, étaient disséminées sur toute la planète. Parfois, le gouvernement militaire n'était que nominal : des gangs surarmés dirigeaient de fait. Avec certains territoires, la liaison était perdue ou alors nous la soupçonnions pervertie par des Flétrisseurs. Zélos ne recula pas devant les décisions terribles mais nécessaires. Du 13e convoi, il fit arracher un vaisseau qu'il estimait avoir été contaminé et l'abandonna, après l'avoir endommagé, dans l'espace. Lorsque le 21e convoi apparût au portail d'Amphipolis, il en fit détruire un autre par ses chasseurs Aurige IV.
Après la bravoure militaire, il sut démontrer son courage politique. C'est naturellement vers lui que Dunixi se tourna lorsque sonna le moment du départ pour Sparte. Il lui confia la moitié Sud de la planète, mais commis son ultime erreur la divisant en deux et remettant le Nord aux bons soins de Tantrum.
Ce dernier n'avait plus accompli d'exploit mais su faire oublier. Avec le temps et le concours du fielleux Palamède, il avait instillé dans l'esprit éreinté de l'archonte polémarque l'idée qu'une seule erreur n'effaçait pas une vie de dévouement. Dunixi avait pardonné ; et, quant à Tantrum, il portait bien son épithète de « Conciliateur ».
On dit souvent que la Guerre des Mercenaires a éclaté à l'initiative de Zélos. C'est entièrement vrai.
Le territoire dit « du 7e Convoi » est le coeur du royaume des Flétrisseurs. Il se trouve dans l'hémisphère de Tantrum. Mon frère avait dû repousser un nombre délirant d'incursions en provenance de là-bas. Face aux tergiversations du Conciliateur qui cherchait à s'entendre avec l'ennemi, dont feu Amphidamas était le porte-parole, il choisit la manière forte. Bien lui en prit.
Nous ne menons pas une guerre contre Tantrum mais contre les Eidolons. Il se trouve que son incurie s'interpose entre eux, et nous. »
[Le visage de Dunixi apparaît dans les holotélévisions. Il affiche une mine calme et grave. Derrière lui se trouvent, en holoconférence, les généraux Tantrum et Zélos qui sont dans leurs bureaux respectifs sur leur ligne de front. Au centre de l'écran, au-dessus de l'archonte polémarque, apparaît une carte virtuelle affichant les principales batailles et les zones de défense prioritaires.]
[Alors que Dunixi s'adresse à son public, ses paroles s'affichent progressivement en trois lignes de sous-titres. La première ligne est en grec athénien pur, la deuxième et la troisième dans des parlers locaux dérivés du grec.]
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« Citoyens, citoyennes,
Je suis Dunixi, archonte polémarque et gouverneur intérimaire d'Amphipolis. Si je prends la parole aujourd'hui devant vous, c'est pour porter à votre connaissance notre situation critique.
Il y a un temps où il faut admettre notre impuissance à continuer le combat, lorsqu'éprouvée par des épreuves trop terribles, la nation est exsangue. Ce moment est arrivé.
Malgré notre courage indompté, malgré l'aide d'Athéna Victorieuse, malgré les sacrifices réitérés enfin, téméraires mais n'ayant servi qu'à retarder l'inévitable, nos armées ploient sous la poussée des Flétrisseurs. Pour un qui est abattu, dix se dressent encore car nous n'avons pas percé le secret de leur invulnérabilité. Je l'ai appris la nuit dernière: les garnisons du Golfe du Strymon viennent de tomber. Sur les 5 000 éphèbes qui s'y trouvaient stationnés, seul 2% ont pu être évacués par le pont aérien que nous avons mis en place. En ne corrigeant pas le cap immédiatement, nous nous vouons sans rémission possible à une catastrophe future. Nous nous reprocherons trop tard d'avoir laissé l'épidémie devenir incontrôlable.
Aussi j'ai pris la décision de remettre notre Destin entre les mains de la seule puissance capable de venir à bout de ce fléau : il s'agit de Sparte.
Ce que je m'apprête à faire ne sera peut-être pas compris. Il existe des forces négatives dans ce pays qui par ethnocentrisme le coupent de ses alliés naturels et le vouent au déclin de l'endogamie excessive.
Sparte n'a pas toujours été amicale envers nous ! Oh non ! Les anciens parmi vous le savent trop bien. Et pourtant c'est une planète hellénistique ; elle partage notre langue, nos dieux, certaines de nos coutumes.
Je sais que des rumeurs ont aussi circulé sur un certain projet Scylla* et une prétendue implication spartiate dans la survenue de la comète Apophis. Ces allégations sont sans fondement. Aucune technologie de l'univers grec, connue à ce jour, ne peut dévier le cours d'une comète, ni encore moins la diriger dans le Panthalassa. Le mythe de l'ennemi spartiate a la vie dure, la réalité est qu'ils sont aujourd'hui notre seul recours.
Demain à la première heure, je prendrai une navette pour Sparte. Il est entendu que je serai absent plusieurs mois, en raison de la distance qui nous sépare de ce secteur mais aussi parce que je dois y être entendu par le sénat local, la Gérousia. Je remets Amphipolis aux bons soins de mes loyaux généraux. Tantrum le Conciliateur, sera en charge de l'hémisphère Nord où sont déployées ses troupes. C'est à Zélos le Philanthrope, que répondra quant à lui l'hémisphère Sud, lequel est déjà quadrillé par ses soldats.
Souhaitez que mon voyage soit couronné de succès ! D'ici mon retour, soyez exemplaires dans vos devoirs civiques, montrez-vous pieux, honorez vos parents et vos ancêtres ; cette foi en nos coutumes et nos lois est ce qui nous fera triompher de la furie des âmes oubliées**. »
*Ce lien mène vers divers articles contenant des révélations sur un prétendu projet secret des Spartiates visant à modifier la trajectoire des comètes.
**Selon la doctrine officielle du gouvernement, toutes les âmes des défunts ne se retrouvent pas dans la population des Flétrisseurs. Elle ne recoupe que celles, négligées après leur mort, à qui leurs descendants ont échoué à rendre un culte véritable.
[Dunixi se trouve assis dans un large fauteuil de cuir. Un bureau s'interpose entre lui et la caméra, sur le bois duquel se trouve étendu un acte officiel. On ne peut en présager le contenu mais il porte, en coin droit, la Chouette symbole de Pallas Athéna. Derrière lui, deux statues de Périclès et de Socrate en pied, figées et impassibles. Enfin, sur les côtés dans le fond, on retrouve son entourage proche : Zélos, Pyros et Tantrum, bien que leurs visages soient à peine connu du grand public]
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« Citoyens, citoyennes,
Lorsqu'il y a six mois j'ai été nommé Archonte Polémarque, mon intention était de repousser l'ennemi hors des bornes sacrées de notre système.
Mais la mesure des Flétrisseurs a été prise trop tard. Leur présence insidieuse sème la confusion dans nos rangs ; il est devenu impossible de distinguer entre les alliés des adversaires. La technologie et le courage guerrier sont vain lorsque Métis (=Ruse) a fait son ouvre.
J'ordonne l'évacuation d'Athènes, d'Ithaque et du Laurion. Elle sera connue dans les livres d'Histoire sous le nom de Grand Exil, car ce n'est pas le coeur gai que nous nous effaçons, mais la rancune aux poings et les larmes aux yeux.
[Dunixi simule ce qu'il énonce]
Partout, aux abords des grandes villes, des transports seront organisés. Des centres de tri seront ouverts, pour notre sécurité. Nous partons pour Amphipolis.
L'ordre de départ sera déterminé par le tirage aux sorts des quartiers ; les nominations seront annoncées à l'holovision. Elles s'entendent « en fonction des listes recensement » et non du lieu physique d'habitation. Laissez derrière vous ce qui est inutile. Les consignes précises sur ce que vous pouvez emporter seront annoncées ultérieurement. En cas de litige sur les groupements de départ, vous pourrez vous adresser aux Démarques de votre communauté.
[Pause]
De la petite planète où je suis né, était parti Ulysse aux Mille Ruses pour un long voyage. Dix ans il combattit à Troie, et pendant dix encore il affronta les écueils du retour.
Alors qu'il était en séjour chez les Lotophages, lui et ses compagnons se virent si bien traités qu'ils ne pensaient plus à retrouver leurs logis. Mais Ulysse les secoua et les emmena de force.
Nous reviendrons en armes. Plus tôt que vous ne croyez.
C'était Dunixi, Archonte Polémarque.
Bon voyage !
Nos héros marchent vers Eleusis, et ses Mystères, en longeant un Lycée délabré, dont les statues muettes et les citations gravées leur rappelle la pensée des grands philosophes d'antan:
Protagoras : « L'homme est la mesure de toutes choses »
Euclide d'Alexandrie : « Ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve »
Pythagore : « Toute chose est nombre »
Thalès : « Rien n'est plus rare qu'un tyran qui vieillit »
Epictète : « Notre salut et notre perte sont en dedans de nous-mêmes »
Hippocrate : « Que ton aliment soit ta seule médecine ! »
Socrate : « Nous ne nous approchons de la vérité que dans la mesure où nous nous éloignons de la vie »
Aristote : « La politique est l'art de commander à des hommes libres »
Héraclite d'Ephèse : « La route qui monte et qui descend est une ; c'est la même »
Eschyle : « La violence engendre la violence »
Platon : « La perversion de la cité commence par la fraude des mots »
Epicure : « Seul celui qui peut se passer de la richesse est digne d'en jouir »
Sophocle : « Celui qui ne craint pas d'agir ne craint pas de parler »
Périclès : « Il n'est point de bonheur sans liberté, ni de liberté sans courage »
Anaxagore : « L'homme pense parce qu'il a des mains »
Démocrite : « La liaison fortuite des atomes est à l'origine de tout ce qui est »
"Je ne déshonorerai pas mes armes sacrées et n'abandonnerai pas mon voisin là où je serai en rang. Je ne remettrai pas à mes successeurs une patrie amoindrie, mais au contraire plus brillante et plus sage. J'affronterai les eidolons, selon les règles de la guerre, et même si mon salut est menacé.
J'en prends à témoin Hadès aux Nombreux Invités, Hermès le Psychopompe, Zeus qui Préside en Tout, les âmes de mes ancêtres, et si je faillis à ce serment que je sois enfoui au fin fond du Tartare, là où Titans et Géants purgent leur peine."
La pierre a été inaugurée par Dunixi à la Voix de Miel, archonte polémarque, au début de l'invasion des Flétrisseurs.
"Je ne déshonorerai pas mes armes sacrées et n'abandonnerai pas mon voisin là où je serai en rang. Je ne remettrai pas à mes descendants une patrie amoindrie, mais plus forte et plus belle. J'exposerai jusqu'à ma vie pour défendre les lois établies par ceux qui la gouvernent. J'honorerai les cultes ancestraux.
J'en prends à témoin Athéna, Zeus, les blés, les vignes et les olives, et les Bornes de ma Cité."
Vous avez toujours vécu sur Ithaque, la petite lune qui orbite, avec sa soeur de le Laurion, autour de la populeuse Athènes.
Agricole au départ, Ithaque est devenue une sphère d'influence politique, lorsque des mouvements démocratiques s'y sont épanouis et ont donné de grands noms aux gouvernements athéniens qui puisaient dans ce vivier.
La petite lune bénéficiait déjà d'une aura auparavant. Elle aurait été la patrie d'Ulysse, le héros penseur, dont les statues parsèment la ville. On dit qu'autrefois la verte Ithaque était même plus puissante qu'Athènes - c'était il y a bien longtemps. Elle participa alors à une coalition de planètes qui livrèrent une terrible guerre d'extermination contre les Troyens.
Il y a quatre ans et trois mois, votre vie a changé du tout au tout. Une comète d'environ 30 kilomètres de diamètre appelée Apophis a percuté Athènes. Les Athéniens avaient pourtant repéré ce projectile astral à déplacement rapide 8 heures avant et tenté de le détruire, en le bombardant depuis l'espace. La comète avait éclaté en milliers de fragments qu'ils furent impossible d'arrêter. Celui de trente kilomètres, rejeton de l'Apophis originel, porta le coup de grâce à la planète. Son heurt avec celle-ci souleva une marée de poussière, fit vibrer et se tordre la terre sans égard pour les frontières, invitant la mer sur les côtes, réveillant les volcans endormis.
Ce n'était pas tout. Sur Athènes, une mystérieuse malédiction, onde de choc de la catastrophe, vint chambouler jusqu'à vos conceptions théologiques. Des âmes en peine hantaient les rues des grandes villes et s'invitaient dans le corps des passants. Dans les catacombes d'Ithaque un peu plus tard, les morts se levèrent. Après s'être extirpés de la fange, ils déferlèrent dans les rues et, eux aussi, se mirent en quête d'enveloppes charnelles pour les leurs. Ils capturaient au hasard un individu isolé et celui-ci de rejoindre leur cohorte. On les nomma les Flétrisseurs car, de leurs doigts avides, ils gâtaient tout ce qu'ils touchaient. Comment les arrêter ? Sur Ithaque, un flot de cadavres sur pied fut éliminé par des murs de balles et de laser. Mais, bientôt, la contagion se répandit à des morts de fraîche date physiquement inséparables des vivants. Père, épouse, cousine, employé de guichet, ils avaient un visage connu. La vague des morts putréfiés s'aplatit alors qu'une autre, plus insidieuse, se soulevait.
Les planètes alliées fermèrent leurs portes aux migrants. Le Mal Athénien pouvait se répandre. Etait-ce une malédiction des dieux ? Une corruption de l'ancienne Atlantis dont les racines sont athéniennes ? C'est en tout cas ce qui fut annoncé par toutes les nations, sauf Athènes. Une partie du clergé athénien se rallia même à cette idée et cette tendance devint majoritaire parmi les prêtres : les Athéniens avaient offensé les dieux et subissaient leur juste courroux.
Le gouvernement athénien, lui, déclara officiellement la guerre. A qui ? On ne savait pas. A des terroristes. Certains songeaient aux Atlantes, d'autres à l'Empire Zoran qu'Athènes avaient longtemps défié et irritait par le maintien de certaines colonies, et enfin d'autres à la soeur rivale, Sparte la guerrière.
Un homme providentiel se manifesta sur la scène politique. C'était Dunixi, le chantre de la Ligue Démocratique Expansionniste. Cette branche dure et propagandiste de la liberté attira soudain les votes d'une population outrée par les incidents quotidiens avec les autres nations, qui l'accablaient au lieu de lui venir en aide. Dunixi à la Voix de Miel fut élu Archonte Polémarque, c'est-à-dire chef suprême des forces armées.
Mais il ne put rien faire que suivre le courant de l'Histoire.
Le destin d'Athènes était scellé.
Malgré l'interdit, les projets d'évacuation n'avaient jamais cessé de se concrétiser. De la sphère publique, ils étaient tombés dans la privée, parfois dans l'illégalité. Il était écrit que seuls les plus pauvres devaient rester.
Dunixi lui-même décréta le Grand Exil, un exil total qui devait permettre d'échapper à la menace insidieuse des Flétrisseurs. Il cita le fabuleux voyage d'Ulysse (il était originaire d'Ithaque) et comment, après des années d'errance, il revint dans sa patrie, l'arracha aux griffes de Prétendants auxquels sa femme avait su résister, puis réinstaura sa gouvernance.
Cette femme, Pénélope, c'était symboliquement le petit peuple que rien ne pourrait sauver sinon quelques tirages au sort. Combien sont restés en arrière ? Ils n'ont aujourd'hui plus aucun contact les uns avec les autres car Athènes, Ithaque et le Laurion ont perdu tout moyen de communiquer. Athènes a la réputation d'être le foyer des Flétrisseurs ; elle porte sur son visage la terrible cicatrice du rejeton d'Apophis.
Ceux qui n'ont pas évacué sont donc les indigents, les malades, les marginaux, mais il existe aussi parmi eux nombre d'idéalistes qui n'ont pas voulu abandonner leur patrie ni leurs concitoyens. Presque tous les prêtres ont délaissé le temple où ils avaient charge d'âme.
Sur Ithaque, les Flétrisseurs se sont installés à demeure. Un ancien athlète, Clythios, a rassemblé dans un stade le plus grand camp de réfugiés. Ces pauvres hères vénèrent encore Athéna. Ils ont célébré depuis, chaque année, les Panathénées en son honneur. Chaque année également, les Flétrisseurs les ont assiégés à cette date, ce qui les a renforcés dans la croyance qu'ils s'hérissaient devant leur foi. Cette année doivent être célébrées les Grandes Panathénées qui ne reviennent que tous les quatre ans. Outre Athéna, déesse tutélaire du système, les survivants se sont tournés vers Ulysse divinisé, dont le culte était presque tombé en désuétude avant le cataclysme.
En côtoyant les Flétrisseurs, ils ont appris que ceux-ci pouvaient réfléchir et agir de manière concertée.
Ces créatures symbiotiques sont à l'origine des esprits qui s'emparent d'un corps et ils ont donc l'apparence de celui qu'ils ont dérobé. On les rencontre sous trois variantes :
Les Casaniers sont des Flétrisseurs qui se sont réincarnés dans l'enveloppe d'un cadavre déjà décomposé - on suppose que cette enveloppe charnelle était la leur au départ.
Les Emprunteurs, au contraire, sont ceux qui se sont emparés d'une personne bien vivante à l'instant de la possession. Ils peuvent à la longue passer pour des humains ordinaires, mais pendant quelques heures ou quelques semaines, ils vont souffrir de difficultés de coordination ou sensorielle, sorte de période d'ajustement. Ils représentent la majorité des leurs, justement parce qu'ils ne peuvent donc être éliminés massivement.
Enfin, les Ames en Peine se manifestent sous la forme de fantômes et ne semblent pas avoir besoin de bras ou de jambes tangibles pour interagir avec le monde. Cette catégorie semble la plus rare. Ces personnalités dominent toutes les autres.
Il suffit à un Flétrisseur de toucher l'épiderme exposé d'une victime récalcitrante pour prendre son contrôle, ce qui en fait de terribles opposants au corps-à-corps, surtout lorsqu'ils sont en nombre. Toutefois, lorsqu'ils se sentent menacés, ils sont tout aussi capables d'ouvrir le feu ou d'utiliser des armes blanches.
Les Flétrisseurs ont d'autres caractéristiques, qui ont fini par se révéler à l'étude des premières prises.
La première d'entre elles est qu'ils ne sont dépendants d'aucun besoin organique : ils ne mangent pas, ne dorment pas, ne se fatiguent jamais. Ils semblent participer à des banquets pour le plaisir.
La deuxième, très variable selon les individus, est la difficulté rencontré par eux à coordonner les membres de leur nouveau corps. Si la variété des cas est saisissante, il est une constante : les Flétrisseurs parlent peu, parce que les différentes articulations du langage sont trop complexes pour ne pas réclamer d'efforts démesurés.
La troisième laisse - le nom Athéna soit exalté ! - un peu de répit aux survivants : les Flétrisseurs craignent la lumière naturelle ; ils préfèrent agir de nuit et sont plutôt inactifs pendant le jour, sauf lorsqu'un nuage de poussière masque entièrement le ciel.
La guerre entre les survivants et les Flétrisseurs a ceci d'étrange qu'aucun des adversaires ne cherchent à éliminer l'autre. Les premiers reconnaissent dans les seconds l'enveloppe d'un être aimé ou en tout cas respecte ce semblant d'humanité. Les seconds veulent prendre possession des corps des premiers et désirent donc les capturer indemnes.
Sur Ithaque, les Flétrisseurs semblent tenir leur quartier-général sous la Vieille Autoroute. Un mémorial et le grand temple d'Ulysse la surplombent. Elle repose en effet sur un réseau de catacombes très anciennes, où furent inhumés les soldats d'Ithaque tués lors de la guerre contre Troie, il y a maintenant deux millénaires, dont les dépouilles purent être rapatriées.
Le maître de ces longs et obscurs tunnels suintant la mort, demeuré invisible mais redouté par ouï-dire, se fait appeler le Duc de Peaux.
Halicarnassiens de tous bords, sommes-nous les sujets d'une juste tyrannie ?
Laurentios Ravakos, ce milliardaire de la génération des neoploutoi, entrepreneur de l'entreprise de BTP Sipankis, devenue une holding financière opaque depuis une dizaine d'années, ne bénéficie-t-il pas de garanties exorbitantes accordées par le pouvoir?
Comme le révélait notre précèdent article, l'Etat lui a accordé 90% des droits de péage sur la nouvelle autoroute Pansubia, qui relie la capitale aux préfectures régionales. Outre ce taux inhabituel (la moyenne des concessions offrant des parts autour de 70%, le reste se partageant entre les régions traversées), l'Etat lui garantit une rente annuelle de 500 millions de drachmes, quelle que soit la réalité de la fréquentation de cette autoroute. Or, les études préliminaires à la construction de l'autoroute, dont nous avons retrouvé la trace, estimait le profit annuel à 380 millions de drachmes, soit une rente estimée sans proportion avec l'assurance accordée.
Cette garantie constituerait en réalité la dot d'Eizenia, fille de notre tyran, qui a convolé en juste noce avec le fils du milliardaire, le jeune Euthispher Razakos. Nous savons les frasques attribuées par certains tabloïds à Eizenia et il fallait bien cela pour la marier. Selon une source que nous tiendrons secrète, un contrat de mariage secret existe officialisant cette garantie. En exclusivité, le voici dévoilé pour nos lecteurs.
Si sa véracité était confirmée, ce document serait la preuve d'un détournement massif de fonds publics, visant à unir le pouvoir du plus grand fonctionnaire de l'Etat avec la fortune d'un de ses plus grands industriels.
[Suit un document confirmant l'existence de cette dot cachée, qui s'ajoute à la dot officielle de montant bien inférieur. Le document comporte les signatures des deux kyrioi.]
Par Nausicaa #aletheiacontrelaurentios
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De : nausicaahylas451@agora.com
A : dunxxx29@demosmail.ath
Heure : 06:25 / Hekatombaion, 18
Localisation : Phanos dans la banlieue de Tiphys, état de la Nouvelle-Aurore / Halicarnasse
Reçois-tu mes messages ? Es-tu déjà sur le chemin ?
J'ai été appelée hier par l'hôpital militaire de la Bienveillance d'Hadès. Ils m'ont annoncé qu'un homme, identifié comme étant Euphémos, avait été retrouvé, sans conscience, le 15 en pleine rue. Il est dans le coma. Je dois me rendre là-bas pour confirmer son identité.
Cet hôpital est sous le contrôle du navarque Polyctor. Est-ce un piège pour m'attirer hors de chez moi, sans forcer ma porte au vu et au su de tout le quartier ?
Je dois savoir.
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Nausicaa
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De : nausicaahylas451@agora.com
A : dunxxx29@demosmail.ath
Heure : 13:59 / Hekatombaion, 15
Localisation : Phanos dans la banlieue de Tiphys, état de la Nouvelle-Aurore / Halicarnasse
Cousin
Hier après-midi, Euphémos est retourné au Palais avec un quasi-étranger, l'écrivain Persès. Persès est un romancier et pamphlétaire d'ethnie zoran, comme le sont la majorité des citoyens des provinces. Apprécié par les adolescents et les jeunes adultes de la communauté pour ses positions radicales, il était pressenti pour être désigné Ministre de la Jeunesse par le gouvernement provisoire.
Aristoklès, qui a l'un des premiers à pénétrer dans l'enceinte du Palais, savait que Persès avait écrit quelques articles pour le journal. Il a recherché l'aide d'Euphémos pour entrer en contact avec lui.
Hier, Euphémos devait se rendre au Palais avec cet homme. Ils y sont allés ensemble puis, sur le chemin du retour, ont disparu.
Je suis terriblement inquiète pour le sort de mon mari. Je pense que je ne peux me fier à personne d'autre qu'à moi-même pour le retrouver.
Le navarque Polyctor, à la tête de la septième flotte, a pris d'assaut le Palais. Il ne lui a fallu que quelques heures pour s'en emparer. Les camarades ont été tués dans les combats ou capturés.
Quand tu arriveras, tout sera fini.
Si tu ne me trouves pas à ton arrivée, sache que la voisine détient la clé de chez nous. Méfies toi d'elle néanmoins, car elle est mariée à un agent administratif militaire. Elle croit que je ne le sais pas.
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Nausicaa
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De : nausicaahylas451@agora.com
A : dunxxx29@demosmail.ath
Heure : 18:02 / Hekatombaion, 13
Localisation : Phanos dans la banlieue de Tiphys, état de la Nouvelle-Aurore / Halicarnasse
Cher cousin
J'ai conscience que ces messages mettront peut-être plusieurs jours à te parvenir, mais je ne peux m'empêcher de partager avec toi l'enthousiasme de ces instants où la démocratie balbutiante s'affirme dans mon pays d'adoption.
La journée du 12 a été totalement perdue pour nous. Les lignes des trains de banlieue ont été coupées par la Polis de la capitale. Les autorités s'attendaient sans doute à voir affluer, par curiosité ou volonté de participer, des milliers de banlieusards. Nous avons cherché à rejoindre le centre-ville par la voie Euther (avec la voiture de Delphéa, dont je t'ai parlée) mais avons été refoulés à un checkpoint.
De nombreuses personnes célébraient l'évènement dans la rue, au pied de chez eux, sans autre ambition que de faire de ce jour le plus beau de leur vie. Ces démonstrations de liesse ne pouvaient cependant pas nous faire oublier notre mission. De-ci de-là, elles furent émaillées de bagarres provoquées par les agents du régime et les camarades sympathisants ont parfois été chargés par la Polis.
Ce matin, nouvelle étape, le Palais a proclamé la République. T'envoyer la vidéo via le réseau interplanétaire dépasserait sans doute mon budget ! :-D Je la visionnerai avec toi quand tu arriveras. On y voit, réunis, les camarades révolutionnaires et les gardes du Palais ralliés à eux. Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo a fait son ouvre libératrice. A 11h, l'archonte de la Polis a annoncé qu'il levait ses barrages et rappelé que l'institution policière n'existait que pour servir la nation, quel que soit son mode de gouvernement.
Delphéa et Euphémos m'attendent dans la voiture. Nous nous rendons au Palais pour la première fois. Je m'étais jurée de n'y jamais entrer qu'il n'ait revêtu les couleurs de l'appareil démocratique: ce moment est arrivé.
J'espère que tu es déjà sur le chemin.
Affectueusement,
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Nausicaa
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De : nausicaahylas451@agora.com
A : dunxxx29@demosmail.ath
Heure : 03:30 / Hekatombaion, 12
Localisation : Phanos dans la banlieue de Tiphys, état de la Nouvelle-Aurore / Halicarnasse
Cher cousin,
Grande nouvelle ici !
Le palais du tyran Gédéon vient d'être pris d'assaut par le peuple. Hormis quelques tirs essuyés, la garde a sympathisé avec les camarades révolutionnaires.
Cela faisait plusieurs semaines que la contestation grondait. Cependant, je n'imaginais pas que cette fois, ce serait différent, que ce soir serait le Grand Soir.
Malheureusement, moi et Euphémos étions au journal en train de travailler sur l'éditorial de demain. Si seulement j'avais su !
Nous nous rendons immédiatement au palais. Il est peut-être encore temps de prendre quelques photos.
Par où commencer ? Un gouvernement temporaire devra être mis en place. Il faut prendre des mesures pour garantir la sécurité de la capitale et pour étendre la révolution. Il n'est pas dit que les villes de province l'entérineront sans coup férir. Il va nous falloir des organisateurs, des guerriers, mais aussi des idéologues. Rejoins-nous au plus vite avec une délégation de la LDE, nous avons besoin de votre aide pour tout mettre en place ! La prise du palais n'était qu'une première semaison ; une nouvelle ère est devant nous, attendant nos soins, si nous savons d'abord la faire germer !
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Nausicaa et Euphémos
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- FIN DE TRANSMISSION -
C'est une cité neutre. Elle fait partie de la Confédération Béotienne dominée par Thèbes et, par loyauté, pourrait s'afficher contre la politique d'Athènes.
AmphipolisC'est une colonie athénienne.
ArgosC'est une importante cité neutre dans le conflit idéologique qui oppose Sparte et Athènes. Elle traverse à l'heure actuelle des turbulences économiques et politiques, qui pourraient finir par décider dans un sens ou dans l'autre de son alignement. La force démocratique qui tente de renverser son système tyrannique éclairé aurait été alimentée par des fonds athéniens.
AthènesPlanète la plus peuplée et la plus active diplomatiquement, elle représente la Démocratie et a pris la tête de la plupart des cités démocratiques ou géographiquement proches.
On lui reproche de renverser des Etats pour y instaurer un régime selon ses voux, soit par des actions directes soit via le financement de groupes radicaux.
Sparte, planète militariste sans goût pour le prosélytisme idéologique au départ, a pris sur elle de former une alliance anti-démocratique, donc anti-athénienne par essence. Elle entend contester ce qu'elle perçoit comme une ambition hégémonique chez sa rivale.
La planète Athènes possède, dans son orbite, deux lunes habitées. La première, c'est le Laurion, gigantesque mine exploitée pour ses métaux d'usage courant. La seconde, c'est Ithaque, une lune pour les riches citoyens d'Athènes qui, à un moment, connue son autonomie avant d'être à nouveau absorbée par l'Athènes démocratique.
Sur Ithaque s'étend le formidable Palais d'Ulysse, l'une des Dix Merveilles du Monde, où ce héros est vénéré comme un dieu.
C'est une fidèle alliée athénienne. Elle tente aussi de s'imposer géographiquement en fondant la Ligue Ionienne (du nom de la région), avec Rhodes et Mytilène, qui entretiennent avec elle de bonnes relations et son déjà sous une forme de sujétion morale vis-à-vis d'elle.
CnideC'est une colonie spartiate restée soumise ; elle se trouve dans les environs de Chios qui désespère de pouvoir former une Ligue Ionienne cohérente avec une planète aux convictions opposées dans les parages, d'autant plus que son appartenance à l'hégémonie spartiate ne la laissera pas adopter une position en retrait au cas où cette Ligue se concrétiserait.
CorcyreC'est une cité importante et qui a cru, jusqu'ici, qu'elle pouvait demeurer non-alignée. Menacée par Corinthe et Sparte, elle recherche à présence l'alliance d'Athènes mais la validation de celle-ci pourrait signifier la guerre. Elle possède la troisième flotte de vaisseaux derrière Corinthe, avec qui elle a régulièrement de brefs conflits militaires.
CorintheC'est une fidèle alliée spartiate. Elle a la flotte de vaisseaux la plus importante après Athènes. Pragmatique à l'extrême, elle a remis sa gestion entre les mains d'un super-ordinateur qui prend toutes les décisions importantes. Les partis politiques y sont bannis.
CumesC'est une colonie de Syracuse, très éloignée du coeur du territoire héllène.
DelphesCette cité est une alliée un peu réticente de Sparte mais elle en est trop proche pour lui échapper. C'est aussi un sanctuaire religieux qui attire les croyants de toute part.
EgineAncienne rivale d'Athènes, il y a bien longtemps, quand elle avait une véritable puissance économique et une flotte de vaisseaux conséquente, elle n'est aujourd'hui plus que l'ombre d'elle-même. Elle ne participe plus à la vie collective des planètes héllènes.
ElisC'est une fidèle alliée de Sparte et dont la puissance militaire est à redouter.
EphèseC'est une cité lointaine. Elle a bâti l'Artémision, temple dédiée à la gloire d'Artémis et comptant parmi les Dix Merveilles de l'Univers.
EpidaureC'est une alliée de Sparte par défaut ; proche géographiquement et culturellement de Corinthe et Mégare, elle ne veut pas se désolidariser mais ne souhaite pas engager non plus de forces militaires conséquentes dans le conflit.
HalicarnasseCité lointaine et sans obédience. Elle appartenait autrefois à l'Empire zoran qui, dans une période de faiblesse, a dû faire face à une de ses rebellions. Lorsque l'Empire a retrouvé sa vigueur, il n'a pas jugé utile d'annexé Halicarnasse qui est une planète vouée à la pauvreté en raison de l'infertilité de ses sols, résultat du manque de luminosité et de précipitations. Elle possède une majorité athénienne dans sa capitale confédérale Typhis, bien que dirigée depuis son indépendance par une dynastie autoritaire issue de Mantinée. Elle compte également des minorités importantes issues de Mantinée, Rhodes, Milet et Samos. La population est majoritairement zoran hors de la capitale.
LesbosAncienne planète de l'Empire zoran, elle a été conquise par Argos dont elle est devenue de fait une colonie. Aujourd'hui, elle subit les assauts réguliers de son ancien maître qui veut la reconquérir, et lance des appels à l'aide désespérés. Argos, qui serait sa protectrice naturelle, est trop enlisée dans des difficultés politiques et économiques pour lui venir en aide.
MantinéeC'est une fidèle alliée de Sparte. La famille d'un tyran y règne depuis des générations, qui serait de la filiation d'Hadès lui-même.
MégareLe Parti Démocratique de cette cité a fait l'objet de plusieurs attentats, ôtant la vie à successivement plusieurs de ses dirigeants. Outrée par ces méthodes bestiales, et l'indifférence coupable des policiers mégariens, l'opinion publique athénienne a exercé une pression si forte sur ces gouvernants qu'ils ont décidé un embargo sur Mégare. Cette forme d'action jouait le jeu de la Ligue Démocratique Expansionniste. Mais les éminences de Mégare ont requis la protection de Sparte, mettant à mal le processus de paix entre Athènes et Sparte. Finalement, une motion soumise par la Ligue Démocratique Conservatrice a fait lever l'embargo.
Certains y verront peut-être une preuve de faiblesse athénienne. En tout cas, l'escalade du conflit a été évitée, au prix d'un rapprochement entre Sparte et Mégare.
C'est une fidèle alliée spartiate.
MiletC'est une cité lointaine et neuve, absorbée par ses problèmes de colonisation. Les habitants en sont originaires de diverses cités sans qu'un groupe majoritaire se distingue. Il s'y trouve également des colons zorans.
MytilèneC'est une fidèle alliée d'Athènes. Sa nation dominante, Lesbos, pratique ouvertement un prosélytisme homosexuel.
OlympieC'est une alliée de Sparte peu empressée, obéissant surtout aux contraintes imposées par la proximité géographique de sa voisine. C'est un sanctuaire religieux-sportif qui cherche à se concilier les bonnes grâces de tous, sa ressource principale étant le tourisme qu'elle génère. Parmi ses monuments, on compte la statue chryséléphantine (faite d'or et d'ivoire) de Zeus qui est l'une des Dix Merveilles du Monde.
ParosC'est en théorie une alliée d'Athènes, mais qui ne se prétend telle que pour y avoir été soumise par la force des armes. Ancienne cité pirate, elle se veut aujourd'hui corsaire sous pavillon pro-athénien.
PergameCette cité est à la frontière de l'influence héllène et est disputée entre ceux-ci et les Zorans. Bien que ce ne soit pas une planète en guerre, ces deux cultures opposées s'affrontent socialement. Un tyran zoran a fini par y imposer sa loi alors que la cité avait été autrefois concédée par les Zorans aux Spartiates. Les Spartiates considèrent toujours Pergame comme l'une de leurs colonies, la population y est d'ailleurs majoritairement héllène.
PhocéeC'est une cité lointaine et autonome, fondée par des marchands. Elle souhaite rester indépendante mais Syracuse a des vues sur elle.
PlatéesPlanète faiblement peuplée, officiellement partie de la Confédération Béotienne, elle préfère néanmoins Athènes et l'appelle à son aide contre Thèbes. Il se joue là-bas un combat entre les factions athénienne et spartiate qui ne dit pas son nom. Aucun citoyen de ses deux nations n'y agit d'ailleurs officiellement, mais ils entraînent et financent les adversaires.
PotidéeC'est une colonie de Corinthe à l'origine, mais elle est tombée sous la sujétion d'Athènes suite à l'affrontement entre ces deux nations. Corinthe n'a pas digéré cette annexion et considère toujours Potidée comme partie de son territoire.
RhodesC'est une fidèle alliée athénienne. Elle en est toutefois la cité la plus éloignée parmi ses alliés, donc son aide pourrait s'avérer très lente à venir en cas de conflit. Elle a élevé une statue de bronze gigantesque en l'honneur d'Hélios, dieu du Soleil, considérée comme l'une des Dix Merveilles du Monde. C'est une théocratie à tendance libérale.
SamosDémocratique, c'est une alliée de fait d'Athènes mais elle en est trop éloignée et trop petite pour pouvoir lui apporter un soutien efficace en cas d'agression.
SparteInscrite sur l'échiquier politique à l'opposé d'Athènes, Sparte est le symbole de la tradition autoritaire. En apparence, son système politique est oligarchique. En réalité, il divise la population en trois classes correspondant aussi à des ethnies.
Les véritables spartiates sont des guerriers à l'entraînement constant, hommes ou femmes confondus.
Les Périèques sont un peuple d'hommes libres qui jouent le rôle d'interface entre les Spartiates et l'extérieur.
Les Hilotes sont un peuple entier tenu en esclavage. Ils disposent de plus de liberté que la plupart des esclaves sur les autres planètes, mais ils n'ont aussi aucune possibilité d'échapper à cette condition.
C'est paradoxalement une rivale d'Athènes, parce qu'elles exportent des produits similaires et se livrent une concurrence féroce, alors que Syracuse possède les institutions les plus démocratiques de toutes les cités après Athènes.
De ce fait, elle est neutre dans le conflit qui oppose Athènes à Sparte.
C'est une colonie corinthienne qui a grossi démesurément et fini par prendre son indépendance.
Cette colonie se situe en bordure du territoire héllène et subie les assauts des Atlantéens. Elle préfère concentrer ses efforts vers cette lutte que vers les dissensions de l'intérieur.
Très dynamique, elle a fondé la colonie de Cumes.
C'est une fidèle alliée de Sparte et, en cas de conflit, c'est la plus proche géographiquement d'Athènes. Les Spartiates y maintiennent des troupes et font dans son orbite de visibles « exercices » avec pour objectif de terroriser les Athéniens. Un conseil gérontocratique proche de celui connu à Sparte règne sur Thèbes. Elle a aussi comme particularité d'avoir formé sa propre alliance par ses diverses conquêtes, la Confédération Béotienne.
Les oeuvres suivantes, relevant du domaine public, sont entrées dans la composition de cette page: le personnage est tiré du tableau Icarus and Daedalus peint par Lord Frederic Leighton (vers 1869) ; il est placé de façon à regarder la nébuleuse du Crabe, photographiée par la NASA.
Le fond est une photographie prise par la NASA et représentant la constellation de la Carène, près de la Voie Lactée. Elle a été modifiée de façon à présenter un aspect uniforme.
La citation, qui commémore la bataille du défilé des Thermopyles, est attribuée à Simonide de Céos (-556, -467).
La bordure des sections de texte est faite à partir des serpents de Tête de Méduse par Pierre Paul Rubens (vers 1617-1618).
Pour séparer les sections de texte, trois éléments sont utilisés: une représentation de la gorgone Méduse par Le Caravage (1595-1596) ; un casque issu d'un portrait du général Jeffrey Amherst (1717-1797) par Joshua Reynolds (1765) ; la lutte entre un hoplite grec et un guerrier perse, figurée sur la coupe dite "d'Edimbourg" 187.213, attribuée au Peintre de Triptolème (vers 480 av. J.-C.).
Le menu est un élément annexe du tableau Icarus and Daedalus peint par Lord Frederic Leighton (vers 1869).
La page s'ouvre par un tableau de John William Waterhouse: Circe Offering the Cup to Odysseus (1891).