« Nul ne parlera de changer de vie avant que la part de chacun ait atteint 1000 livres. Celui qui devient infirme ou perd un membre en service recevra 800 pièces de huit sur la caisse commune et, en cas de blessure moins grave, touchera une somme proportionnelle. »
Coordonnées temporelles : le jeudi 27 février 2014, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus le Noir, son second Naeesh le Couard et Nina la Rouge.
Baltus joue son va-tout.
Dans l'arène que forment les bords du cratère, tous les yeux sont rivés sur lui. Certains, tout en haut des gradins, cherchent à le reconnaître sans bien voir. Ceux qui sont plus proches le dévisagent avec une fébrilité sous contrôle : la rumeur a déjà porté les nouvelles.
Baltus salue les pirates en portant une attention particulière au capitaine Hardbutt, puis au Sacristain.
Il annonce alors qu'il va dénoncer, publiquement, l'homme qui a vendu l'emplacement secret de l'Armada à l'Empire de Sol. Les pirates piaffent d'impatience et Baltus doit citer le nom de Zuzo pour les satisfaire. Aussitôt, des cris se font entendre: de surprise, d'indignation, de colère. Ils sont suivis de discussions privées qui couvrent de leurs brouhahas le discours de Baltus.
Hardbutt intervient pour apaiser les débats. Sur la suggestion apparente du Sacristain, il requiert de Baltus qu'il produise des preuves matérielles ou d'autres témoignages.
Baltus appelle Nina la Rouge et Naeesh, qu'il surnomme "le Couard", et dont la réputation interstellaire ajoutera à sa légitimité.
Naeesh semble gêné quand il arrive sur scène. Hardbutt requiert de lui qu'il prête serment sur le Code des Pirates avant de s'exprimer. Il accepte et confirme en quelques mots bafouillés la version de Baltus. Prié d'en dire plus, il rend le micro à son capitaine.
Celui-ci ne prend l'objet que pour le passer à Nina. Il commente au passage: "vous comprenez pourquoi on l'appelle le Couard", ce qui provoque l'hilarité de l'assemblée.
Une fois le calme revenu, Nina prend la parole: "Camarades..." lance-t-elle, et d'attester encore une fois du récit fait par Baltus.
Nos héros témoignent avoir servi sous les ordres de Zuzo, qui se monte une nouvelle flotte, et avoir eu connaissance de projets de s'emparer du Gougnafier Noir. Refusant de prêter leur concours à la seconde félonie qu'il ourdissait, fort marris d'avoir été les confidents de la première - la trahison de l'Armada -, ils le quittent et viennent chercher du secours.
Le show n'est pas fini. Un couple demande la parole et l'animateur les enjoint de descendre par les escaliers taillés dans les parois du cratère.
L'homme et la jeune femme ne sont pas des inconnus pour les pirates dont ils croisent les regards. C'est Henryck le Fourbe et Zora la Douce.
Henryck, à ses risques et périls, se fait reconnaître des spectateurs qui ne l'ont pas vu de près. Il est accueilli par les huées de certains. Il rappelle son lien de filiation avec Jaan Erg, l'un des Grands Captaines, mais c'est avec une sincérité désarmante qu'il désigne Jaan comme son principal détracteur. Econduit par trois fois dans sa postulation à l'Armada, Henryck avoue avoir nourri des sentiments d'amertume vis-à-vis de ses membres haut placés. C'est en les partageant qu'il aurait été approché par un Zuzo avide de les exploiter.
La foule réagit par un soubresaut.
Il ne faut plus que "l'être innocent" qu'est Zora la Douce pour que l'émotion vive devienne hystérie. Certains ont connu Zora sur Zayub City, pour s'être placés sous la protection de son père, le gouverneur Tamerlock. L'adolescente au visage d'ange est devenue une jeune femme aux formes épanouies et aux lisses cheveux noirs. Elle vient rapporter la déloyauté de Jujo telle que mise à jour par les services secrets de son père ! A cette mention, Nina esquisse un sourire quand elle se rappelle avoir malmené ce vieux fou de Tamerlock.
La messe a été dite. Baltus réclame le verdict du capitaine Hardbutt.
Depuis son box, le Sacristain prodigue à celui-ci des conseils de prudence mais le public, lui, ne veut pas les entendre. Il se met en mouvement et les partisans de Jujo sont lynchés dans les tribunes. On crie au scandale.
Hardbutt fait évacuer nos héros par ses gardes du corps. La supercherie est complète et sa conclusion est fracassante : Zuzo doit payer.
Nos héros retrouvent un peu de sérénité hors du cratère. Dans le grondement lointain de la foule, ils se dirigent vers leurs véhicules.
Intégrant le convoi qui se compose des deux sièges-mobiles des Edifiants, des cinq jeeps de leur escorte, nos héros font le trajet du retour. Bien vite, le désert lunaire de la planète fait place aux façades oppressantes de la ville, réveillées par le vrombissement des tout-terrains. Puis nos héros entrent dans le cossu "Quartier Administratif", dont les avenues aérées et fleuries se payent le luxe d'un éclairage nocturne.
Le convoi disparaît derrière le portail securisé d'une grande villa. De l'extérieur, seuls se laissent voir des murs blindés de quatre mètres de hauteur et la ligne demi-circulaire d'une coupole.
A l'intérieur, nos héros sont installés dans un salon en plein air. Entre les colonnades beiges, des canapés, sofas et coussins colorés subliment l'ambiance orientale qui règne ici. Des hommes armés patrouillent en silence.
L'Edifiant John Hardbutt, ex-dirigeant de l'Armada, et l'Edifiant Jonathan Curdy, alias le Sacristain, se sont posés dans des fauteuils côte-à-côte. Ils demeurent silencieux un moment.
L'Edifiant John, retrouvant ses habitudes de capitaine, interpelle brusquement Baltus: "Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Qu'est-ce au juste que vous désirez, Baltus ?"
Ce dernier ne peut que réitérer sa profession de foi. Il est venu alerter les pirates contre le danger imminent que représente Zuzo. Mais Hardbutt est fin politique, tout comme l'était Cornélius Pock, et Baltus ne dissimule pas plus longtemps l'intérêt qu'il aurait dans l'affaire. Nos héros espèrent inciter à Hardbutt à reprendre les armes et former une nouvelle Armada dont le Gougnafier Noir sera le navire amiral et dont ils seraient les Grands Capitaines.
Pour l'Edifiant John, ce revirement signifierait l'abandon de toutes ses prétentions à une carrière dans la Perception. A la surprise générale - et l'imperturbable Sacristain le premier la marque -, il se dit intéressé.
Seulement voilà, peut-il vraiment se fier à nos héros ? Les services de la police aux frontières rapportent que les étrangers ont immigré avec l'aide d'agents de la DIAMS. Nos héros se justifient en parlant d'arrangement obligatoire et de tromperie, mais Hardbutt veut une démonstration de loyauté. Il exige de nos héros, s'ils ont été accompagnés malgré eux, d'éliminer physiquement les importuns militaires de la Ligue.
L'Edifiant Jonathan est secoué d'un hoquet de surprise.
Alors que Baltus demande les conditions du contrat, l'Edifiant Jonathan est prié de se retirer, "lui dont la vie spirituelle est si intense, que les détails pratiques ne pourraient que l'ennuyer".
Baltus a tout de suite compris que le Sacristain allait informer les agents de la DIAMS de ce projet d'attentat. Si des officiels de la Ligue venaient à être assassinés, l'incident diplomatique aurait à terrible retentissement.
Hardbutt a bien conscience de tout cela. Il est lassé de sa vie actuelle mais elle est confortable et il tergiverse. Joueur dans l'âme, il est prêt à tout parier sur un coup de poker. Si nos héros réussissent, ils seront les capitaines de sa future Armada et Hardbutt se débarrassera du Sacristain. S'ils échouent, il niera les avoir commandités et nos héros seront des fugitifs dans la Perception.
Nos héros passent par l'armurerie d'Hardbutt où ils récupèrent un peu d'équipement. L'explosif leur est interdit car le capitaine a été clair: il s'agit de tuer les agents de la DIAMS, pas de réduire en cendres les infrastructures de Psychopolis.
Lorsque nos héros mettent le pied hors de la villa, dans la fraîcheur de la nuit vanturienne, ils réalisent qu'ils arrivent au bout de leur périple. Ils sont à quelques heures seulement de tout réussir, ou de tout rater.
Ils se lancent alors à travers les rues de Psychopolis dans une folle et ultime équipée. Hardbutt leur a glissé que les soldats de la DIAMS logeaient à l'hôtel Grand Charisme. Baltus estime qu'ils sont probablement séparés malgré l'heure tardive car il doit y avoir quelques gardes postés dans le vaisseau, étant donné la vigilance insuffisante des autorités de l'astroport.
Avec les motos et la petite voiture citadine louée par Henryck, nos héros parviennent devant l'entrée de l'astroport. Il leur paraît alors plus judicieux de s'y introduire subrepticement. Ils garent les véhicules et marchent dans une rue parallèle, l'astroport étant encastré dans les quartiers depuis l'extension de la ville loin de ses limites initiales.
Nos héros s'infiltrent dans un immeuble de rapport attenant à leur objectif. Une cour intérieure, murée, donne directement sur les voies de garage. Ils grimpent sur le rempart, puis se laisse tomber dans les eaux qui bordent les quais. C'est un composé synthétique qui ne comporte en fait que 20% d'eau. Ayant sauté nus, leurs vêtements en boule sur la tête, nos héros se hissent noirs et huileux sur le béton.
Ils cherchent dans l'obscurité l'endroit où est stationnée la corvette de la DIAMS. Elle se signale par une lumière devant deux hublots. Naeesh tente de couper l'électricité du vaisseau mais il peine à accéder au tableau de contrôle, car il faut replonger dans le liquide visqueux.
Finalement, un soldat effectue une sortie et il ceinturé par un assaut conjoint d'Henryck et Baltus. Nina s'introduit dans le vaisseau et poignarde l'homme de relève dans son sommeil.
Baltus appelle le Grand Charisme depuis le téléphone du vaisseau. Il tombe sur le lieutenant Briggs et lui fait comprendre, sans donner de détails inutiles, qu'il est urgent qu'il vienne vérifier l'état de ses deux sentinelles.
Nos héros se dispersent ensuite sur les quais. Naeesh et Lussi éloignent la corvette et la gare sur le côté d'une piste d'atterrissage, dans l'ombre de grands bâtiments. Les autres, restés à quai, s'aplatissent sur la coque d'un vaisseau de transport léger, d'où ils veulent surprendre les arrivants. Nina, à juste titre, pressent que la DIAMS ne viendra pas elle-même en reconnaissance. C'est peut-être son vaisseau, ses protégés qui la trahissent, mais les lieux sont sous la juridiction des forces de la Perception.
Et en effet, nos héros voient débarquer une quinzaine d'agents de l'astroport, après avoir mis près d'une heure à se mobiliser en pleine nuit. Ils fouillent les parages mais ne trouvent rien.
Après leur départ, nos héros décident de couler la corvette en lui les corps inertes des deux soldats assassinés.
Ils sautent sur le vaisseau à demi-immergé, de là retournent sur le muret et dans la cour intérieure, puis gagnent la rue. A la gardienne qui s'affole, ils suggèrent de s'enfermer car de dangereux criminels rôdent dans les environs. En effet, nos héros ont profité de leur accès aux vestiaires de la corvette pour se changer en soldats de la DIAMS. C'est dans ces uniformes qu'ils vont commettre leur dernier forfait.
Le jour n'est pas loin de se lever.
Nos héros traversent les rues en courant, montent dans leurs véhicules, et prennent la direction de l'hôtel Grand Charisme.
A la réception, ils s'annoncent comme des agents de la DIAMS et leurs vêtements servent la confusion.
Il n'y a aucune clé de disponible car personne n'est sorti. Le réceptionniste a vu les soldats bouger si souvent cette nuit qu'il ne sait plus, qui est dehors, et qui est dedans. Quoi qu'il en soit, nos héros ont repéré les numéros des chambres : 11, 12 et 13.
A l'étage, ils se postent devant les portes fermées. Sans sommation, nos héros les forcent en hurlant "police" et en tirant à tout va. La masse des faux policiers attaque la chambre 12 d'où des voix semblaient tenir conférence. En fait, tous les soldats sont ici, recevant leurs instructions pour la journée. Baltus s'occupe de la chambre 11 et Naeesh se charge de la 13. Ils ne rencontrent aucun obstacle et, par des portes communicantes, rejoignent la chambre 12 en pleine fusillade. A son irruption, Baltus tient le dos d'Henryck dans son viseur. Il hésite puis... détourne son arme vers des adversaires plus immédiats. Les hommes de la DIAMS sont sommés de se rendre puis exécutés malgré une reddition partielle.
Nos héros ressortent de l'hôtel, aussi précipitamment qu'ils sont venus. Ils se changent dans une ruelle déserte. Les premiers rayons de soleil percent la brume matinale qui environne Psychopolis.
Motos et véhicule de tourisme arrivent devant la villa d'Hardbutt au point du jour. Les hommes qui en descendent sont plus sereins, moins pressés.
L'Edifiant John les accueille comme des invités de marque de la Perception. On leur sert un petit déjeuner arrosé de rhum et de thé pendant qu'ils échangent sur le futur. Hardbutt entend tenir sa promesse et réunir une nouvelle Armada. Le Gougnafier Noir, dissimulé sur Vanturis, pourra être tiré de l'oubli. Nos héros seront promus Grands Capitaines mais Hardbutt entend leur confier un vaisseau de renom: l'Alpha, le vaisseau légendaire de Lupus Innerus, qui dit-on peut s'effacer jusqu'à devenir invisible.
L'Alpha ! La première fois où Baltus en a entendu parler, il s'est esclaffé: "C'est celui-là qu'on aurait dû chercher !". Seulement voilà, ce prodige de la science est entre les mains de Marcus Innerus, le fils maudit de Lupus, et nul ne dit qu'il le cédera aisément...
Sa quête est une autre histoire.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : +2
Coordonnées temporelles : le jeudi 20 février 2014, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus le Noir, son second Naeesh le Couard et Nina la Rouge.
Nos héros sont dans un vaisseau militaire de type "corvette" qui les emmène vers le lieu d'exil des pirates de l'Armada. Ils semblent toucher à leur but mais on leur a dit sur Irida qu'Hardbutt était mort et que le Gougnafier Noir avait été avalé par le vide inter-galactique. Tous leurs efforts auraient-ils été vains ?
La cohabitation va durer deux semaines entre pirates, corsaires et militaires. Cette durée surprend Naeesh, qui n'est pas habitué à de telles distances pour avoir déjà bien écumé la Ligue. Leur destination, la planète Vanturis, se situe aux confins de celle-ci. Mais la longueur du périple tient à autre chose: les couloirs supra-luminiques ne jouxtent pas ce secteur abandonné de l'espace, il faut donc revenir à la navigation standard.
Baltus est préoccupé. A ses yeux, les militaires sont trop nombreux pour que leur nombre soit anodin. Le colonel Stefan parle d'escorte mais Baltus voit en eux des exécuteurs. Au contraire, Henryck le Fourbe s'est rasséréné: "S'ils voulaient nous tuer, ils ne nous feraient pas faire un déplacement de deux semaines à travers l'espace". De fait, les militaires sont à peine plus nombreux que pirates et corsaires: 11 contre 8, et ils leur ont donné des armes.
Cela ne suffit pas à Baltus. Pour lui, leurs véritables identités sont connues et le DIAMS veut les utiliser sur Vanturis, avant de les éliminer. "Ils nous laisserons sans doute sur la planète" conclut Henryck, décidément plus confiant que son partenaire.
La promiscuité est mère de tous les vices. Lussi finit par céder aux avances de Baltus, dont elle partage la couche. Nina pourrait faire de même avec le superbe lieutenant Briggs, responsable opérationnel de l'escouade. Piqué dans son honneur, Naeesh s'interpose entre eux deux.
La scène se reproduisant, Naeesh invoque l'autorité du colonel Stefan. Celui-ci prend la défense de son hôte et Briggs doit rentrer dans le rang, mais il se vengera, c'est sûr. En privé, Baltus réprimande son second. Pourquoi se faire inutilement un adversaire, alors que Nina n'est que fictivement son épouse ?
Quelques heures avant d'amerrir, Stefan réunit ses hôtes. Il présente les caractéristiques de Vanturis. La planète est pauvre en ressources naturelles et ne dispose d'aucun gouvernement centralisé. Juridiquement, elle appartient au Parlement de la Ligue. Celui-ci en délègue la gestion à de nombreuses communautés immigrées qui n'ont trouvé à s'intégrer dans aucune des nations composant la confédération. C'est donc un espace désolé et livré aux hallucinations de congrégations hérétiques, aux lois de sociétés étranges, aux cavalcades d'individus revenus aux sources de l'existence humaine. Ces extrémistes de tout poil vivent entre des frontières définies par le Parlement. Mais aucune force impartiale ne les fait respecter et la Ligue ne veut pas investir dans cet asile à ciel ouvert. La Perception, secte fondée par d'anciens psychologues ayant mis en commun leurs fantasmes de domination, est devenu l'Etat le plus puissant et le mieux ordonné de la planète. Elle obéit à un système de castes montant avec les niveaux d'initiation. Tout en haut, les Oracles supervisent l'élan créatif depuis leur tour d'ivoire, où ils se croient entourés de fantômes devisant sur le passé et l'avenir.
Vanturis est en vue. Le vaisseau entame sa descente dans l'atmosphère qui révèle bientôt une ville étendue nimbée d'un écran de poussière opaque. L'approche se fait sans formalisme, la tour de contrôle ne prenant pas en charge l'unique arrivant.
Au sol, les démarches d'immigration sont quasi inexistantes. Les officiers de la Perception se contentent de relever les identités. Une sorte de commissaire politique dévisage nos héros depuis un angle de la pièce. Le colonel Stefan s'arrange avec lui pour que les armes entrent sur le territoire, mais il est en principe interdit de les porter. Stefan a averti nos héros que le régime avait des visées totalitaires. Toutefois, celles-ci sont contrecarrées par sa désorganisation et sa mauvaise gestion financière. Ne pouvant rémunérer pour cela un corps de fonctionnaires, il confie la surveillance morale du peuple à des citoyens distingués, les Ames Justes. Elite misérable et envieuse, ces derniers font profession de sycophantes.
A la sortie de l'astroport Charm Curdy, baptisé d'après le fondateur de la Perception, nos héros sont directement en ville. Cette dernière a fait l'objet d'un afflux massif de population et a largement débordé ses formes initiales. Les bâtiments sont à la mesure du nuage qui les surplombe. Leurs silhouettes austères sont chargées d'une pellicule de poussière qui s'infiltre dans les zébrures laissées par le temps et l'absence d'entretien. Les passants avancent d'un pas morne, des vestes unisexes, noires ou grises sur le dos.
La DIAMS a réservé la suite royale au Séjour Internationale, le plus bel hôtel de la vie. Corsaires et pirates vont se la partager. Ils ignorent où sont logés les militaires, le colonel Stefan ayant garanti une protection discrète. A présent livrés à eux-mêmes, nos héros se renseignent auprès d'un homme à la réception. Ils visent les endroits festifs où ils pourraient rencontrer d'anciens équipages de l'Armada. Le réceptionniste, qui est aussi le propriétaire, leur indique le quartier de Rodéo. C'est là que se concentre cette population allogène. L'hôtelier se targue d'avoir lui-même servi sous les ordres du capitaine Hardbutt.
D'après leur interlocuteur, Hardbutt est toujours en vie. Il appartient maintenant à la caste des Directeurs de Conscience, ce qui lui vaut d'être cité comme l'Edifiant John. Le Gougnafier Noir aurait été détruit, mais l'hôtelier admet que nul ne l'a vu flamber de ses yeux. Voilà qui contredit le discours officiel de la DIAMS !
En réponse à cette franchise, Baltus ne cache ni son identité ni son intention de rencontrer le maître de l'Armada. Il se présente comme le porteur d'une nouvelle: il vient annoncer à ceux qui ont été trahi que c'est le capitaine Zuzo qui a vendu l'emplacement secret de l'Armada.
Ensuite, nos héros partent pour Rodéo, le quartier des pirates. Les façades et les personnages y sont animés d'une gaieté très différentes du reste de la ville. Nos héros reconnaissent l'ambiance typique d'Havana. Ils s'arrêtent pour acheter des vêtements qui mettront en lumière leur statut de pirates. Puis, Naeesh suggère de visiter des magasins d'équipement, en pariant qu'ils seront tenus par des mécaniciens de l'Armada.
En effet, si le Gougnafier Noir est ici, seuls des mécaniciens agrées peuvent sans doute l'approcher. Un magasin de motos est le premier visité. Il est tenu par un homme noir à la jambe bionique. Le gérant reconnaît avoir été affecté à la salle des machines du Neutronome, le navire de Jaan Erg. Baltus lui rétorque qu'il y serait probablement toujours sans la trahison de Zuzo, qui a signé la perte de l'Armada. Nouvelle déclaration fracassante ! Le commerçant s'en émeut et prend à un témoin un ami qui passe dans la rue. Le second homme marque la même surprise. Par deux fois, Baltus affirme que les faits sont certains et qu'il en a des preuves. Il est alors invité à parler devant l'Assemblée des Pirates.
Cette assemblée est la poursuite des réunions qui se faisaient à bord du Lupar Kozak pour décider des mouvements de l'Armada. Les enjeux sont à présent moins excitants - on y traite des affaires du quartier - mais Baltus se propose de créer l'événement. Il répétera à tous le nom du félon et, à l'en croire, "même Hardbutt sera présent".
Le soir, la prédiction de Baltus se réalise.
Nos héros se sont rendus à quelques kilomètres à l'est de la vie, dans la lande infertile et rocailleuse. En surface, de nombreux véhicules sont garés dans tous les sens autour d'un passage invisible. Les spectateurs s'enfoncent dans les profondeurs d'un cratère converti en amphithéâtre, vers les pulsations assourdissantes d'enceintes gigantesques. Nos héros s'asseyent dans les gradins. Quelques minutes plus tard, deux objets non identifiés fendent la foule du côté qui leur est opposé. Ce sont les sièges volants de deux célébrités locales, l'Edifiant John et le Sacristain. Ils se placent tous au même rang dans la tribune. Leur apparition a suffit à imposer le silence.
En bas, un orateur harangue les spectateurs. Lorsque toutes les conversations ont cessé, il fait pressentir la teneur des révélations de Baltus le Noir, créant un véritable sentiment de tension collective. Puis il cherche celui-ci du regard. A partir d'un point central, un homme s'élance à petites foulées. C'est Baltus qui dévale les paliers du cratère jusqu'à la scène.
Il s'empare du micro qu'on lui tend.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 13 février 2014, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus le Noir, son second Naeesh le Couard et Nina la Rouge.
Naeesh senior rentre tôt à la maison ce vendredi-là. Il trouve, réunis dans le salon, corsaires et pirates, qui lui ont été présentés comme de simples commerçants. Le maire tient dans sa main des billets de train. Igon arrive ensuite.
Une heure plus tard, deux voitures prennent les voyageurs aux Pétunias et les déposent, après un trajet sur une route verglacée, à la gare-terminus de Ricaud.
Il est 20h quand nos héros embarquent à bord du Trans-Cimes. Par-dessus vallons et étangs, le mono-rail les conduit pendant huit heures, de nuit, jusqu'à la capitale.
Naeesh senior a séparé les groupes pour les rendre moins remarquables. Les Sarri voyagent ensemble. Henryck, alias Gaspar, entouré par les deux nymphes rivales que sont Nina et Zora, joue un jeu pour le moins ambigu. Quant à Baltus, placé à côté du mystérieux Roberto, il profite de l'opportunité pour faire connaissance. Roberto se montre disert quand on s'intéresse à lui. En fait, c'est son sujet de prédilection : homme d'expérience, il énumère ses exploits sans aucune modestie. Roberto apparaît comme un mercenaire, compétent, et sans lien affectif avec l'équipage corsaire. Il s'est bien renseigné sur son nouvel "employeur". Henryck, dit le Fourbe, a la réputation d'un chef retors et ne reculant devant aucune bassesse. Baltus s'amuse d'entendre que, malgré son oncle influent, Jaan Erg, il a postulé en vain pour intégrer l'Armada. En fait, Jaan était son principal détracteur auprès des Grands Capitaines.
Rhodes est atteinte très tôt le samedi matin. Contrairement à l'autre bout de la ligne, ici, nul besoin de prendre un taxi. Nos héros marchent un peu dans la pénombre et s'installent à l'Histoire, hôtel célèbre où Naeesh senior a réservé des chambres cossues.
Le matin se lève sur la capitale. Après avoir vérifié que l'audience fixée la veille était maintenue, Naeesh senior ordonne qu'on se mette en branle jusqu'à la colline présidentielle. Quelques centaines de marche plus haut, nos héros sont face à leur objectif. Il est 10h30.
Les rendez-vous subissant le décalage habituel, ils sont invités, depuis un couloir arborant tentures et portraits officiels, à pénétrer dans le bureau du Président. Et là, surprise, c'est Naeesh senior qui s'avance, accompagné par ses deux fils. Devait-on s'attendre à autre chose ? Baltus le Noir et Henryck le Fourbe, resté à l'extérieur, en sont blêmes de rage. Comme pour faire bisquer ces deux-là, Naeesh senior fait entrer Nina, dont il sait pourtant qu'elle n'est que l'épouse fictive de son fils.
Introduit par son père, Naeesh junior annonce l'objet de sa visite: la vie de Cornélius Pock, le Président de la Communauté, est menacée par des pirates à la solde de Jujo, l'un des anciens Grands Capitaines de l'Armada.
Naeesh junior brode sur un thème convenu et s'en éloigne plus que Baltus ne l'y aurait probablement autorisé. Avant que d'évoquer le lien entre le Président Pock et le Gougnafier Noir, il tente de faire sortir son père et son frère. Ces derniers se rebiffent ouvertement. Mais le président, qui a compris où la discussion va aboutir, procède lui-même à l'expulsion.
Naeesh junior a les mains libres. Aidé par Nina, il dénonce les agissements de Jujo qui chercherait à affréter une nouvelle armada et à s'emparer du Gougnafier Noir. Dans ce scénario, Naeesh et son équipage ne sont que d'honnêtes commerçants qui ont eu vent de ces plans diaboliques au détour d'une rencontre au hasard. Leur informateur n'est autre que Clive Murdoch, l'un des ingénieurs ayant supervisé l'assemblage du Gougnafier Noir.
Cornélius Pokh appelle du renfort en la personne du colonel Stefan, responsable du renseignement auprès de la DIAMS. Stefan interroge nos héros, cherchant à les confondre sur les détails. Mais cela est impossible, car nos héros se basent sur des faits réels, qu'ils réarrangent pour former une vérité nouvelle.
Recourant à son propre soutien, Naeesh fait entrer Baltus. Ce dernier peut heureusement se raccrocher à un résumé fait par Cornélius, car le scénario initial n'a pas été respecté. En dernier ressort, nos héros en appellent à Zora, qui est la fille du gouverneur Tamerlock, lequel accueillait l'Armada en son temps.
Nos héros ne doutent pas qu'ils aient convaincu Cornélius Pock, ni même qu'ils aient éveillé son inquiétude sur la prétendue menace. Toutefois, ce qu'ils n'ont pas, c'est sa confiance. En fin politique, le président cherche leur intérêt dans l'affaire.
L'argent ? Ils seront récompensés.
Le civisme ? Naeesh, le seul citoyen d'un district, est expatrié depuis cinq ans.
La vengeance ? C'est ce que Baltus met en avant, mais Naeesh en a fait un simple commerçant en dissimulant son identité véritable.
Pour ajouter à la confusion, nos héros s'offrent pour protéger Cornélius Pock et pour avertir eux-mêmes le capitane Hardbutt, dont ils ne doutent pas qu'il soit en lien avec lui. Cela achève de rendre le président soupçonneux à leur égard. Il nie farouchement avoir connaissance des agissements d'Hardbutt. Le capitaine pirate est mort pour ce qu'il en sait, ayant sombré corps et âme avec son vaisseau à la bataille de Lupar Kozak.
Au final, nos héros ont brillamment démontré qu'ils en savaient trop. Bien que n'ayant jamais employé le ton du maître-chanteur, ils ont trop insisté sur le fait "qu'avec eux, le secret était bien gardé".
Cornélius Pock s'isole avec le colonel Stefan.
Il ressort du conciliabule que la Ligue ne peut se priver de leurs services, même si l'Etat ne loue pas de mercenaires sur un monde civilisé (dixit, le président). Les faits rapportés seront comparés aux données amoncelées par la DIAMS. Ultime concession: Cornélius admet qu'il existe des survivants de l'Armada, exilés sur une planète fédérée. Afin de pousser plus loin la confrontation des versions, nos héros seront amenés devant eux et soutiendront leur récit.
N'est-ce pas ce que veulent ces étonnants messagers ? Une avance de 5 000 crédits par personne donne un aperçu du règlement final, qui d'ailleurs pas discuté.
Baltus sort préoccupé. Le président est tombé dans leur piège mais nos héros devaient y passer pour des sauveurs. Ils pourraient être des alliés encombrants.
A ce stade, Naeesh senior et Igon, qui ont été tenus à l'écart de tout, à juste titre, tirent leurs révérences. Ils sont servi leur but et souhaite bon courage, qui à un fils, qui à un frère.
La DIAMS et le colonel Stefan tiennent leurs promesses. Les 5 000 crédits sont vite libérés. Nos héros se soumettent, dans les bureaux des services secrets, aux procédures de déclaration. Cela les occupe l'après-midi du samedi et tout le dimanche.
Le lundi midi, Stefan débarque à leur hôtel comme convenu. Seulement, nos héros sont désarçonnés par la tournure inattendue que prennent les événements. Alors que Baltus et Henryck pensaient s'entourer de fidèles, alors que Naeesh cherchaient un moyen de copier toute les coordonnées utilisées dans la corvette, ils se heurtent à la directivité de Stefan. Le colonel les fait monter dans des voitures aux vitres teintées, qui traversent la ville et, à l'Est, rejoignent une base de l'armée. Le transport se fera en vaisseau militaire. Les hommes appelés par Baltus et Henryck sont à Rhodes-même ou non loin de l'astroport civil. Seuls Lussi et deux corsaires arrivent à temps pour l'embarquement.
Sur le tarmac, nos héros sont escortés par dix hommes, qui seront à la fois des gardes et l'équipage du vaisseau. Naeesh s'interroge sur la nécessité d'un tel détachement. "Nous restons dans la Ligue, explique le colonel Stefan, mais sur une planète-membre dont les standards de sécurité sont relativement bas." Baltus ne dit rien mais il se demande comment éliminer ces gêneurs. Quant à Nina, elle cherche à capter le regard du beau Stefan qui, avec ses deux mètres et sa froide détermination, a su la détourner du sulfureux Henryck.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 6 février 2014, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Naeesh le Couard, son frère Igon et Nina la Rouge.
Il y a des années que Naeesh n'a pas vu ses parents. Lorsqu'il a quitté Irida, il venait juste d'être lavé d'accusations de grave négligence, l'ayant conduit devant un jury populaire. Mais le nom des Sarri, fameux dans la région du Haut-Clumpey son usine, était désormais attaché à une catastrophe industrielle.
Aussi, Naeesh se demande comment il sera accueilli chez lui alors qu'il marche, accompagné de Nina, vers la villa des Pétunias.
Le premier visage rencontré est amical : c'est celui de Sidonie. La nourrice du petit Naeesh, qui l'allaitait quand elle avait vingt ans, aborde aujourd'hui la cinquantaine. Est-ce la nostalgie qui lui fait des traits et des formes si aimables ?
Naeesh présente à Sidonie sa fictive épouse, rebaptisée Ninon. Ils sont les premiers des convives à arriver. Sidonie révèle à Naeesh qu'Igon s'est marié et qu'il viendra au dîner avec sa femme, Luisa.
En attendant l'arrivée de ses parents, Naeesh fait avec Ninon le tour des lieux. Sur un bureau, ils aperçoivent une étrange carte de visite : à en croire ses inscriptions, elle aurait été laissée par un officier de la Police de l'Espace.
Quelques temps plus tard, Naeesh et Ninon sont dans le petit salon, quand le premier convive sonne enfin à la porte. Il s'agit d'Igon, son frère aîné. Les deux hommes sont ravis de se retrouver mais leur coutumière rivalité refait aussitôt surface.
Arrive ensuite Luisa, l'épouse d'Igon, une jolie brune. Nos héros apprennent avec malaise qu'elle fait partie des forces de la DIAMS, l'armée de l'alliance continentale.
C'est autour de Marie-Marguerite de se présenter. La mère de Naeesh est une personne joviale et expansive. Sa permanente à l'ancienne lui donne un volume de cheveux extraordinaire, et une allure un peu excentrique.
Elle est tout le contraire de Naeesh senior, qui apparaît ensuite. La bouche sévère, une barbe taillée courte et une crinière grise surplombant de noirs sourcils, l'homme impressionne. Il fait ôter son manteau par un domestique avec le calme indifférent de celui que rien n'émeut. Il accueille froidement Naeesh junior malgré les années d'éloignement.
Pendant l'apéritif, des sujets heureux sont évoqués, comme les deux mariages, la reprise en main de l'ébénisterie par Igon et les ambitions politiques de Naeesh senior, qui vise un poste de Responsable de District dans le Haut-Clumpey.
Mais les femmes s'absentent pour surveiller le travail en cuisine, et la conversation dévie. Naeesh senior prend à parti son fils cadet, qui se serait compromis dans une nouvelle affaire sordide, criminelle cette fois. Naeesh junior n'y comprend rien. Igon raconte alors que les parents ont reçu la visite de la Police de l'Espace. Les officiers recherchaient Naeesh junior, à titre de témoin cependant, comme la pièce-clé d'un procès impliquant le grand banditisme.
En aparté, Igon émet des doutes sur l'identité des officiers. La Police de l'Espace n'existe pas. Sur des forums d'Internet, il a même lu que la supercherie était un recours souvent utilisé par des chasseurs de prime. Elle sert à faire parler les incrédules et les honnêtes gens.
Les parents de Naeesh ont livré aux officiers son adresse sur Barzader et le nom de son employeur sur place, l'Entreprise Générale de Services.
En fait, Naeesh senior a aussi éventé la duperie, mais trop tard. Lui qui se prétend un entrepreneur avisé, a cédé comme un vieillard sénile devant l'insistance de faux policiers.
Mais comment les chasseurs de primes ont-ils pu retrouver la piste de nos héros jusqu'au district du Haut-Clumpey ?
Cela mérite explication :
Le point de départ de la course-poursuite se situe sur Cyrion, où les pirates dérobent le vaisseau cargo. Les Shallow Waters, organisation paramilitaire, retrouvent nos héros sur Jobullan, planète la plus proche et réputée pour son marché noir très actif.
Puis la piste se perd avec la fuite du Desperado. Les industriels de la famille Scott s'attachent alors les services de FujiTrack, compagnie spécialisée dans l'arrestation de fugitifs.
Le Desperado est sans cesse en mouvements et ne laisse aucune prise aux agents nouvellement appointés.
Il finit par s'immobiliser sur Zarada pendant presque deux mois. Remontant sans doute le fil des communications de l'équipage - tous les membres ou presque sont originaires d'une région de Jobullan - les chasseurs de prime retrouvent le vaisseau. Mais ils ne peuvent intervenir sur la planète corsaire.
La trace du Desperado se perd à nouveau alors qu'il parcourt l'espace impérial galactique, où il est finalement détruit.
La suite est moins lisible mais il est probable que les chasseurs de prime se soient intéressés aux passés des différents officiers du Desperado. Naeesh n'avait jamais fait mystère de sa carrière d'ingénieur dans la Ligue, ni de son travail sur des astéroïdes miniers ou du tragique accident qui l'avait conduit à le quitter. L'indiscrétion de quelques membres d'équipage, les articles de journaux publiés sur l'accident minier, les minutes du procès qui suivit, ont fini par confirmer un lien entre ce "Naeesh Sarri accusé de graves négligences" et "Naeesh le Couard, second à bord du Desperado".
Quoi qu'il en soit, nos héros sont inquiets de sentir les chasseurs de primes si proches d'eux. Sont-ils à Alève dans une maison d'hôte ? A Ricaud près du Trans-Cimes ? Les renseignements collectés ont aussi pu les envoyer sur Barzader. Igon est aussi anxieux. Il croit les Pétunias menacés.
Igon convainc Naeesh junior de ne pas dissimuler, plus longtemps, l'objet véritable de sa venue. S'il est venu demander à Naeesh senior d'intercéder pour lui, qu'il le fasse dès le lendemain matin.
C'est ce qui se passe le vendredi très tôt, alors que Naeesh senior déguste seul son ouf à la coque, dans le silence des premières heures du matin. Son fils aîné lui raconte tous les détails de l'histoire qu'il a apprise, tels qu'ils ont été façonnés par les pirates.
Cornélius Pock serait devenu la cible d'un groupe de pirates, pour le rôle qu'il tînt autrefois au Parlement de la Ligue. Un plan d'enlèvement serait en cours d'exécution, qu'il faudrait faire échouer à Rhodes, dans le Palais présidentiel lui-même.
Naeesh senior accepte de jouer son rôle d'entremetteur. Fait-il confiance à Junior ? Pense-t-il trouver, enfin, une raison d'être fier de son fils cadet ? Il exige en tout cas que lui-même et Igon soient du voyage. Un problème qui concerne un membre de la famille regarde tous ses membres.
Vendredi soir, nos héros prendront le Trans-Cimes près de Ricaud, de façon à être à Rhodes dans la matinée du samedi. En attendant, Naeesh est autorisé à faire venir aux Pétunias pirates et corsaires, qu'il a présentés comme des partenaires sur un vaisseau commercial. Il est crucial, si des chasseurs de primes sont en ville, qu'ils soient empêchés d'intervenir jusqu'au départ pour la capitale.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 30 janvier 2014, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus le Noir, son second Naeesh le Couard et Nina la Rouge.
Nos héros arrivent en vue de la planète Irida, sphère bleutée et constellée d'argent, qui présente à ses deux pâles soleils le continent de Nèvéa. La Communauté de Districts du Grand Belvédère, qui est la destination de cette alliance improbable entre pirates et corsaires, se situe non loin de la côte Est. Elle n'a aucun accès à l'océan mais sa position lui permet de bénéficier d'un climat doux et d'un manteau de neige léger en hiver.
La Communauté fait partie d'un grand ensemble politique, globalement riche et industrialisé. Nos héros savent que ce genre de territoire se dote habituellement d'un arsenal législatif et bureaucratique. Elle ne fait pas exception. Naeesh confirme que leurs actions seront sévèrement encadrées. L'atterrissage doit se faire dans l'un des deux astroports de la région et un visa doit être obtenu sur place, pour une somme modique certes, mais il permettra aux autorités d'enregistrer l'identité et le temps de séjour des visiteurs. Le port d'arme est prohibé, y compris les lames de plus de 20 cm de longueur.
En se pliant aux règles locales, nos héros savent qu'ils devront renoncer à leurs recours habituels: batteries de vaisseau et armes de poing.
Avant d'entrer dans l'orbite de la planète, Baltus obtient d'Henryck le Fourbe qu'il limite sa participation aux opérations. Les corsaires, pour la majorité d'entre eux, vont devoir attendre. Cinq corsaires sont transférés à bord de la Dernière Chance : Henryck le Fourbe, qui veut veiller sur son investissement, Zora la Douce et trois inconnus. Mais ils se nommeront pendant la mission : Gaspar, Sonia et Roberto. En effet, Baltus restreint encore leur participation au dernier moment, en obtenant que seuls trois corsaires fassent tout le voyage. Deux de nos héros adoptent aussi des noms d'emprunt pour donner le change sur Irida : Bartholomé et Ninon. Naeesh, quant à lui, devra utiliser sa véritable identité comme moyen de persuasion.
Le commandement de la Dernière Chance, seul vaisseau de l'alliance à se poser, est confié à Lussi. Elle devra veiller sur les deux corsaires qui ont été mis de côté. Baltus veut que son équipage patiente à l'astroport mais Lussi, qui prévoie une longue attente, plaide pour un intermède plus agréable. Baltus lui accorde que l'attente pourra se faire à Rhodes, la capitale.
Pirates et corsaires, à bord de la Dernière Chance, se posent en respectant les consignes de la tour de contrôle puis procèdent aux formalités d'immigration. A la sortie de l'astroport, ils observent le paysage enneigé et le mont sur lequel est posé le Palais Communautaire, sur les bords du Lac Lotti. Ils vont toutefois devoir s'éloigner de leur objectif pour y revenir ensuite, puisqu'ils veulent s'assurer l'aide de Naeesh senior, le père de Naeesh, qui devient junior pour l'occasion.
En bus, nos héros quittent l'astroport pour se rendre dans la ville toute proche de Rhodes. Nina, alias Ninon, n'a pu fournir de documents d'identité puisqu'elle est une ressortissante d'Havana, la Planète Pirate. Elle déclare une fausse identité au Commissariat Central et les policiers se chargent de vérifier, auprès des autorités barzadériannes, que ses déclarations sont véritables. Elle donne aussi comme garants de moralité deux de ses précédents employeurs. Cela prendra des semaines avant que Barzader ne réponde.
Le Trans-Cimes passe à Rhodes. Nos héros patientent trois heures pour en attraper un.
Le monorail les conduit en 10 heures de trajet jusqu'au district du Haut-Clumpey, situé dans l'arrière-pays. Sur le chemin, Naeesh redécouvre les paysages de sa jeunesse. Il faisait une partie du trajet chaque week-end lorsque, étudiant, il avait délaissé sa campagne pour les salles de cours et les dortoirs de l'université Max Pindwick. Les autres dorment ou discutent. Baltus, alias Bartholomé, a pris soin d'installer en face de Zora, alias Sonia.
Vers les 4 heures du matin, le monorail s'immobilise dans un ciel nocturne clair. Nos héros sont arrivés au terminus, la gare de Ricaud. Ils doivent payer cher un taxi qui les conduit à la modeste capitale du Haut-Clumpey.
Ayant déjà bien dormi, ils font halte dans une boulangerie pour se réchauffer et laisser le jour se lever.
Vers dix heures, Naeesh appelle chez lui. C'est son frère Igon qui décroche et les deux hommes semblent aussi étonnés de s'entendre l'un que l'autre. « Nous t'avons cru mort ! s'exclame Igon. Tu n'imagines pas ce qu'ont enduré les parents ! ». Rendez-vous est pris pour dîner au manoir familial. Pendant ce temps, nos héros font l'acquisition de vêtements chauds.
Ils prennent ensuite un taxi qui les conduit, une heure durant, à travers les vallons du Haut-Clumpey. Entre ciel nocturne et tapis de neige, la villa des Sarri (la famille de Naeesh) se déploie tout en largeur. De plain-pied, elle se divise en trois ensembles connectés dont le bâtiment central est le plus imposant. La propriété est baptisée "les Pétunias" pour son jardin fleuri mais, en cette saison, il n'en demeure rien de visible. Cette villa est le joyau de la région, taillé sur la fortune acquise par Naeesh senior, du temps où il dirigeait l'ébénisterie.
De l'autre côté de la route, se situe une bicoque isolée, de taille modeste. C'est la famille des Brassens qui s'est installée ici et perturbe le splendide isolement des lieux. Peuplée d'êtres rustiques et sans gêne, elle a une vue directe sur les Pétunias. Les habitants ne se privent pas d'observer ce qu'il se passe chez leurs riches voisins. Leurs mours indélicates et leur parcelle mal entretenue leur ont valu le surnom de "Barrens" auprès de ceux-ci.
Le taxi dépasse les Pétunias, traverse un petit bois de sapins blancs, et parvient dans la ville d'Alève qui compte environ 2 000 âmes. Toute la vie se concentre autour de la grande route, les voies perpendiculaires étant résidentielles et peu animées. Nos héros prennent des chambres dans une maison d'hôte. Naeesh est aussitôt reconnu par la propriétaire des lieux qui est ostensiblement intimidée par la famille Sarri.
Réservations sont faites pour Bartholomé, Gaspar, Sonia et Roberto. Naeesh et Nina sortent pour se promener. Cette nuit ils dormiront, comme mari et femme, dans le manoir des Pétunias. Quant à Baltus, il tue quelques heures en faisant la connaissance d'Henryck, autour d'une partie d'échecs dont ils sortent également vainqueurs. Henryck, à peine incité, se pare facilement de la gloire de son oncle, Jaan Erg, qui était un des Grands Capitaines de l'Armada. Il n'a pas lui-même démérité puisqu'il fut nommé Haut Défenseur de Zayub City du temps du gouverneur Tamerlock, qui lui fit épouser sa fille Zora la Douce.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 16 janvier 2014, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus le Noir, son second Naeesh le Couard et Nina la Rouge.
Eparpillés parmi les hommes d'Henryck le Fourbe, nos héros voient le volet du Lupar Kozak se lever sur quatre nouveaux corsaires. Le rapport de force est à présent de 18 contre 6, Baltus étant accompagné par Nina, Lussi et trois fusiliers.
Baltus ne dispose que d'un atout dissimulé dans sa manche: c'est Naeesh, qui porte la combinaison d'invisibilité, mais il demeure à l'extérieur. Plutôt que de suivre son capitaine dans la gueule du loup, il préfère s'intéresser aux deux navettes qu'il peut approcher sans risque.
Les pirates avancent en terrain connu, ils sont déjà venus ici. Ils traversent un couloir aux murs recouverts de dorures, entremêlées dans une sorte d'inspiration florale post-Art Déco, et les lumières hautes du plafond jettent de petites ombres mouvantes sur le sol de marbre blanc.
Henryck les conduit jusqu'à une pièce rebaptisée "L'Assemblée des Pirates". C'est un amphithéâtre d'environ 400 places. Lorsque le Lupar Kozak était un vaisseau de croisière, le centre était occupé par un orchestre et des danseurs. A l'époque d'Hardbutt, les Grands Capitaines y exposaient les décisions prises et y écoutaient les doléances de leurs affidés. A présent, pirates et corsaires se retrouvent dans un petit cercle de fauteuils installé à la place de l'ancien orchestre. Henryck n'est descendu qu'avec quelques hommes, les autres sont restés dans les gradins, veillant d'en haut au bon déroulement des pourparlers.
Les émissaires des deux camps découvrent leurs visages.
Du côté d'Henryck, Baltus reconnaît l'un des joueurs de la tablée où il s'était vanté de pouvoir retrouver le Gougnafier Noir. C'est Zoltar le Fuyant, un capitaine zerd, il y a donc une alliance des corsaires ! Les participants au jeu de cartes s'étaient bien gardés d'en informer Baltus, lui qui aurait aimé savoir qu'ils oeuvraient de concert. A côté du Zerd, un casque libère de soyeuses boucles brunes et le nez retroussé d'une jeune femme au teint mat. Il s'agit de Zora la Douce, compagne d'Henryck.
Henryck commence par quelques amabilités. Baltus fait preuve d'une égale courtoisie en écoutant ses griefs, à savoir une rixe à Zayub City, un cambriolage du Lupar Kozak où il entreposait ses prises et la destruction de sa corvette. Baltus nie avoir participé aux deux derniers événements mais, le premier ayant été public, il reconnaît sa faute et prétend avoir châtié le coupable. Attestant de sa bonne foi, un bon signé d'un directeur de la Planète-Prison reconnaît le dépôt d'un prisonnier, le Zerd incriminé, et est échangeable contre 10 000 crédits. Le bon est gracieusement cédé à Henryck qui annonce qu'il en partagera le bénéfice entre ses hommes.
Henryck dévoile alors la véritable raison de son indulgence. Il est prêt à passer sur les conflits passés pour former une alliance à trois capitaines, en vue de retrouver le Gougnafier Noir. Plus spécifiquement, il veut s'attacher les services de Naeesh. Il s'en explique :
"Le Gougnafier Noir II, ce bijou de technologie et de puissance destructrice, a été construit dans la Ligue pour le compte de l'Empire de Sol. Les parlementaires de la Ligue ne l'auraient jamais approuvé: ils avaient à maintes reprises voté la neutralité envers les deux géants qui se déchiraient.
Alors, les Solaires utilisèrent une supercherie pour parvenir à leurs fins. Utilisant à leur avantage le chaos du libre marché démocratique, ils passèrent commande à des industriels du secteur privé. Ces derniers étaient basés sur des mondes différents de la Ligue et n'étaient pas tenus au courant de la mise à contribution de leurs concurrents. Chacun, dans son coin, se mit à construire un module du Gougnafier Noir, des pièces sans destination évidente.
La Ligue comprit trop tard dans quel piège elle était tombée. Pour l'Empire Galactique, la construction du vaisseau amiral de son ennemi juré passerait pour un affront. La neutralité de la Ligue était en péril. Cela devait l'inciter à se rapprocher de l'Empire de Sol. Mais le Parlement de la Ligue s'obstina. Il refusa de se ranger dans le camp de celui qui avait abusé de ses principes de libre concurrence.
Les députés maintinrent officiellement le statu quo. Ils avaient, cependant, pris conscience que les deux géants ne les laisseraient pas à l'écart du conflit. En sous-main, les fonds militaires de la Ligue financèrent partiellement l'Armada des Pirates. En subventionnant cette tierce-partie, la Ligue espérait détourner l'attention des géants. Cela fonctionna pendant des années.
Quand je dis que les industriels de la Ligue, travaillèrent dans l'ignorance les uns des autres et de leur but final, il faut réserver quelques exceptions.
Une vingtaine d'ingénieurs se situaient aux interfaces, pour s'assurer que le travail de chacun s'imbriquerait dans le tout et - à la fin - superviser le montage des éléments.
C'est en recherchant des informations sur le Gougnafier Noir, que j'ai rencontré cet ingénieur, Clive Murdoch, qui prétendait m'en vendre d'exclusives. Il disait avoir été un de ces ingénieurs d'interfaces. Contrairement aux autres, on ne l'avait pas réengagé pour travailler à la maintenance du Gougnafier Noir sur Zarada et il se louait au plus offrant par vengeance autant qu'appât du gain. »
Henryck le Fourbe apprend alors à Baltus que Naeesh avait été en contact avec Clive Murdoch mais c'est pour un autre motif que Naeesh était devenu indispensable à son plan.
Après des années d'enquête, les corsaires étaient parvenus à identifier le parlementaire de la Ligue qui était en charge des négociations avec les pirates. C'était un certain Cornelius Pokh. Les aléas de la vie politique, firent que Monsieur Pock perdit son siège au Parlement. Face aux électeurs, il ne vous pouvait se targuer d'aucun succès puisqu'il avait passé son mandat à présider une commission occulte.
Monsieur Pock repartit dans son fief électoral, la communauté de districts du Grand Belvédère. Or, le père de Naeesh, à la retraite, a été élu maire de Combrand, ville située dans l'un de ces districts, le Haut-Clumpey. Henryck pense que Cornelius Pokh connaît le lieu d'exil du capitaine Hardbutt et du matériel rapatrié après la défaite de l'Armada. Naeesh pourrait organiser une rencontre.
A l'extérieur, Naeesh le Couard ne se doute pas qu'on parle de lui. Vif comme le serpent, il se glisse sous l'une des deux navettes, poussant devant lui un rempart de poussière. Ouvrant discrètement la trappe ventrale de l'appareil, il commence à sectionner des câbles et intercaler une petite bombe improvisée. Ce faisant, il sabote deux choses: non seulement la navette mais aussi toute tentative de réconciliation avec Henryck le Fourbe.
A l'intérieur du Lupar Kozak, Baltus le Noir et Nina la Rouge passe un accord avec les capitaines Henryck le Fourbe et Zoltar le Fuyant.
Baltus prend ensuite congé ainsi que Zoltar, chacun regagnant son vaisseau d'origine. Nina, qui est émoustillé aussi bien par la barbe rousse d'Henryck que par les yeux de biche de Zora la Douce, demande à profiter de l'hospitalité du yacht. Quelques minutes plus tard, ses avances en peignoir provoquent une dispute dans le couple.
Zora quitte le Lupar Kozak et s'enfuit vers la navette. L'une des deux navettes a déjà été emportée par Zoltar le Fuyant. Par bonheur, c'était la navette demeurée indemne. Celle que va prendre la belle Zaradane explosera donc au démarrage !
Naeesh, qui n'ose rien cacher à son capitaine, lui a avoué avoir installé un piège. Il est sommé de le désamorcer. Le malheureux ingénieur redescend sur l'astéroïde et, effectuant l'opération en sens inverse, extrait la charge juste à temps.
Henryck a rejoint Zora dans la navette pour l'assurer de sa parfaite fidélité. Seulement, après les interventions de Naeesh, la navette ne décolle plus. Le couple regagne le Lupar Kozak. Naeesh se glisse une nouvelle fois sous le vaisseau pour terminer ses réparations et refermer la trappe ventrale.
Retrouvant Nina dans sa cabine, Henryck s'offre à elle pendant que Zora est ailleurs.
Après ce vaudeville, pirates et corsaires s'apprêtent pour le départ. Le voyage durera trois semaines.
Puis, il est temps de décoller.
Un interminable voyage commence à travers le couloir dimensionnel, laissant le temps à nos héros d'échafauder et d'affiner un subterfuge.
Seule Nina accorde un peu de crédit à Henryck, Baltus et Naeesh redoutant sa duplicité. Cette différence est d'ailleurs la source d'une querelle. Nina reproche à Baltus sa relation de capitaine à capitaine qui néglige l'opinion de ses officiers. Baltus lui reproche d'en avoir trop dit à Henryck. Comme elle l'a déjà fait, Nina menace de provoquer en duel Baltus. C'est finalement ce qui se produit à l'instigation de celui-ci. Après quelques passes dans le couloir de la corvette, il gagne en prenant soin de ne pas humilier Nina. Celle-ci se soumet à son autorité comme elle l'avait promis.
Nos héros entrent alors dans les détails d'un plan comme ils ne l'avaient jamais fait auparavant. Toutes les options sont explorées et ils finissent par convenir que les moins subtils se révéleraient trop dangereuses, comme le possible enlèvement de Cornélius Pokh. Au lieu de cela, il est décidé de faire parler le Président de la Communauté en utilisant la ruse. Quant à Henryck et Zoltar, nos héros s'entendent pour considérer leur trahison comme un événement probable. Il faudra alors convaincre Cornélius de mobiliser les forces armées contre leurs équipages.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 12 décembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus le Noir, son second Naeesh le Couard et Nina la Rouge.
Le temps s'écoule doucement sur la station orbitale Gondwana 1 de Danynis. La présence des troupes impériales n'a pas suffi à ternir l'humeur constamment festive des autochtones. Nos héros en profitent.
Malgré cette gaieté naturelle, l'occupation a forgé des rancoeurs tenaces et Baltus n'a pas de mal à recruter les déçus du nouveau régime pour en faire de nouveaux pirates. Il embauche un canonnier, formé malgré lui à cette arme, et qui a passé quelques mois sur la Planète-Prison, suite à une première désertion. Il déniche également un mécanicien plus habitué aux vols commerciaux mais refusant de naviguer sous pavillon impérial.
Après cette escale salutaire, nos héros, qui ont baptisé leur corvette "Dernière Chance", mettent le cap sur le lieu-dit de l'espace "Lupar Kozak".
C'est à Naeesh que l'on doit ce changement de direction.
Il s'explique devant Nina, Baltus ayant été préalablement consulté. Le second est parvenu aux conclusions suivantes: l'Armada pirate a probablement été sponsorisée par un grand frère bienveillant, disposant d'une technologie avancée, et ayant intérêt à entretenir la guerre entre les deux Empires. Le rapprochement est aussitôt fait avec la Ligue des Planètes Libres. D'ailleurs, ses ingénieurs avaient été vus travaillant sur Zarada à l'entretien du deuxième Gougnafier Noir.
Ce qui a mis Naeesh sur la piste de cette tierce partie, c'est la combinaison qu'il a ôtée d'une vitrine d'exposition dans une salle à manger du Lupar Kozak. Elle s'est avérée un prototype ingénieux de combinaison de camouflage. Naeesh pense que le Lupar Kozak n'a pas été suffisamment exploré. Il pourrait dissimuler des habitants très discrets, voire invisibles, qui auraient utilisé les immenses quantités de nourriture des soutes.
En sortant du couloir supraluminique, nos héros retrouvent la vision familière des épaves silencieuses, baignés par un faible halo lumineux qui souligne leurs contours dans l'obscurité. La taille de leur corvette le permettant, ils rejoignent rapidement l'astéroïde sur lequel est fixé le Lupar Kozak, flanqué de ses trois annexes, les transports légers.
Des cordes sont jetées depuis la Dernière Chance et Baltus, Naeesh, Nina et Lussi se laissent descendre. Le paysage poussiéreux est étrangement similaire à celui de leur première visite, ce qui signifie qu'il a été remis en ordre. Les champs de mines ont été replantés mais mieux disposés, les portes ont été ressoudées, et l'avertissement d'Henryck le Fourbe recopié. Les robots n'auraient pu si bien faire.
Nos héros se doutent que le réparateur est encore à l'intérieur. Ils font le tour des champs de mines. Repérant des traces de pas entre ces instruments létaux, Nina croit pouvoir se glisser dans le chemin de service emprunté par les piégeurs. Mais la poussière est traîtresse ! Nina déclenche une mine. Elle bondit autant que la mine la propulse dans les airs, la faible pesanteur l'entraînant très haut et non loin des cordes pendantes. Baltus tente de lui venir en aide mais en vain. L'équipage de la Dernière Chance la hisse à bord pour lui prodiguer les premiers soins.
Les vibrations ont attiré les occupants du Lupar Kozak qui viennent aux nouvelles, alors que nos héros sont en train de fuir en remontant le long des cordes. Seul Naeesh est resté en bas, caché à la vue par son brouillage optique. Il voit la porte du Lupar Kozak se lever sur trois paires de jambes, qui deviennent bientôt des torses épais, puis des hommes en scaphandre. Deux robots passent sur leurs côtés et, tournant leurs réacteurs vers le sol, commencent leur ascension vers la corvette.
Au poste de pilotage, Baltus ordonne de faire feu et les deux robots explosent en plein vol avant d'être près. Le volet du Lupar Kozak retombe aussitôt, les trois scaphandriers ayant compris qu'ils avaient affaire à forte partie.
Le radar de la Dernière Chance détecte alors une corvette et deux chasseurs qui, travaillant au milieu des épaves, étaient restées inactives. Elles foncent au secours du Lupar Kozak mais, quand elles arrivent à son niveau, la corvette s'est éclipsée.
La Dernière Chance s'est faufilée entre les épaves pour n'être pas rattrapée par ses poursuivants. Au bout de trois heures d'errance, ceux-ci finissent par renoncer. Ils considèrent apparemment qu'elle a quitté le système stellaire. Baltus fait alors un choix audacieux. Il décide de profiter de son insouciance pour abattre son adversaire. Nina, pourtant, n'est plus capable d'opérer le vaisseau. Elle est remplacée par Naeesh.
L'assaut est fulgurant, la Dernière Chance piquant vers l'autre corvette comme un oiseau de proie, et lui assénant de violents tirs rapprochés. La corvette ennemie riposte mollement. Elle est trop secouée pour être efficace. Son équipage établit le contact Baltus. Ce dernier ne veut pas négocier et il ordonne qu'on achève la corvette endommagée puisqu'elle ne se rend pas immédiatement. Sur l'astéroïde, les chasseurs sont pilonnés. Il ne reste plus que les occupants du Lupar Kozak, calfeutrés dans le géant mort et cloué à la roche poussiéreuse, pour opposer résistance.
Baltus lance des menaces par la radio. Après avoir fait un terrible exemple, il exige à nouveau une soumission sans délai. Les survivants gardent un silence obstiné. Perçoivent-ils même les émissions ?
Quelques heures s'écoulent dans cette tension et cette incertitude oisives, quand Baltus décide d'abandonner le siège qu'il a commencé. Le Desperado n'est pas en état de mener un autre combat et, si un autre adversaire surgissait de l'espace, il serait vaincu.
La Dernière Chance disparaît dans le portail supraluminique et réapparaît, quelques heures plus tard, dans la toute proche Zarada. Nos héros s'y savent recherchés par des chasseurs de prime, aussi demandent-ils à amerrir près d'une ville de taille moyenne et peu visitée. Il s'agit d'al-Zadamiyah dont ils vont découvrent qu'elle est surnommée "la Ville du Hasard" à juste titre. Ses habitants croient à la toute-puissance d'une Fortune aveugle, exagération du caractère versatile de Zûr. Pour se rassurer face à un avenir jugé purement aléatoire, ils s'entourent de statistiques, de recommandations impérieuses, de procédures omnipotentes.
Ce qui aurait pu être une pause relaxante entre deux péripéties devient un Enfer quand Nina, en amerrissant, heurte une bouée qui marque l'entrée du couloir nautique. Baltus est prié de verser environ 300 crédits pour compenser le dommage causé. Le formalisme sentencieux du contrôleur agace le capitaine. Il commence par le mettre au défi de justifier la somme demandée, puis il finit par déraper, critiquer l'administration et évoquer l'abus de pouvoir. Dans un premier temps, Baltus prend l'ascendant sur son interlocuteur qui, habitué à être obéit sans discussion, cède lorsque le ton monte à sa grande surprise. L'amende est divisée par deux. Mais, au lieu de régler celle-ci, Baltus s'échappe et laisse le contrôleur avant d'avoir entamé la procédure d'admission sur le territoire. Outré et en même temps libéré de son tourmenteur, l'homme se braque et exige à présent une amende de plusieurs milliers de crédits ainsi que la mise sous séquestre de la Dernière Chance. Ce n'est qu'en fin d'après-midi que Baltus parvient à revenir au paiement de la seule amende, en démontrant à un responsable de l'astroport que la santé de Nina exigeait une réaction hors norme.
Les mécaniciens prennent ensuite trois jours pour réparer la corvette. Nina a une aventure avec un policier aux frontières qui se termine, pour le malheureux agent, par le vol de sa carte bleue.
Nos héros, à présent en pleine possession de leurs moyens, reprennent le portail supraluminique.
La Fortune à laquelle se soumettent les habitants d'al-Adamiyah les poursuit des avances. Elle va leur jouer un dernier tour pendable.
Lorsqu'ils émergent du portail, les pirates détectent de nombreuses présences massives inattendues: une corvette et deux frégates. Il n'est déjà plus temps de faire machine arrière, la corvette s'interposant sur le chemin du portail.
La voix sinistre d'Henryck le Fourbe résonne dans le cockpit de la Dernière Chance. Il assimile la corvette qui vient d'entrer dans le système à celle qui a attaqué le Lupar Kozak quelques jours plus tôt. Elle a en commun avec lui un signal particulier : un code standard de l'OCG avec une accréditation de l'Empire Galactique. Baltus le Noir s'identifie. Il prétend s'être emparé récemment de la corvette et n'être pas l'auteur de l'assaut que lui reproche Henryck. Le corsaire a la rancune tenace. Il n'a pas non plus oublié l'offense commise par Javier à Zayub City.
Baltus est sommé de se rendre sans condition, de livrer Javier, de restituer une corvette pour une détruite, et de partager avec Henryck ses découvertes sur la Gougnafier Noir. Baltus tente de marchander. Henryck pourrait s'emparer par la force de tout ce qu'il demande, mais le risque est grand que ses prétentions ne soient anéanties dans la bataille.
Henryck propose alors de retrouver Baltus à bord du Lupar Kozak. Ils y chercheront ensemble un terrain d'entente. Le capitaine pirate est autorisé à prendre autant d'hommes qu'il le souhaite pour assurer sa sécurité pendant les pourparlers. Malgré cette licence, la corvette n'a qu'un équipage limité. Lorsque Baltus voit débarquer Henryck avec une escorte trois fois plus nombreuse que la sienne, il perçoit de la raillerie derrière de sa mansuétude.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 12
MF-MJ : 38
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 5 décembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus le Noir, son second Naeesh le Couard et Nina la Rouge.
La dissolution rapide du Desperado, projeté affaibli dans l'hyper-espace, a conduit nos héros à abandonner leur équipage sans un « au revoir ». Dès qu'ils ont eu pris la mesure de ces vibrations qui traversaient la carcasse, ils ont fui en empruntant les vaisseaux disponibles.
Dans sa navette, la première à être sortie de ce piège de métal lancé à grande vitesse, Naeesh retrouve difficilement son calme. Pour ce qu'il en sait, il est peut-être le seul survivant de la catastrophe. Mais le bruit et l'agitation ont réveillé la forme qui s'était assoupie sous une couverture à l'arrière. La tête de Lussi en émerge. Elle est suivie par deux épaules délicates dont les bretelles d'un soutien-gorge bleu pastel rehaussent l'ovale laiteux et pur. Elle s'était dissimulée pour faire la sieste et Naeesh, à son insu, l'a emportée dans sa cavalcade.
Le radar grésille. Il signale la présence d'une autre navette. C'est celle de Nina et des trois fusiliers. Surtout, les haut-parleurs diffusent le signal de détresse émis par un module de sauvetage. Naeesh reconnaît bientôt la voix de son capitaine sur les ondes. Pendant un instant, il a cru que Baltus avait été englouti avec son navire !
Le module de sauvetage possède en quantité ce que tout le monde veut : de la nourriture et de l'eau. Les deux navettes disposent d'une capacité de locomotion qui lui fait défaut. Un arrangement est trouvé et nos héros coopèrent. Il n'est pas aisé ni de s'aborder ni de s'échanger des objets à travers l'espace. Le point d'achoppement de cette dernière opération est l'absence de sas dans les trois vaisseaux. Le seul qui existe, de taille réduite, permet d'expulser excréments et déchets organiques dans le vide intersidéral. Il faut près de sept heures à Baltus pour transférer suffisamment de denrées dans les deux navettes, en les passant par le conduit d'évacuation pendant que les bénéficiaires les tirent depuis l'autre bout.
Le module est abandonné et nos héros, à bord des deux navettes, font route vers le portail supraluminique le plus proche. C'est celui qui jouxte la planète Blattus, dont ils ont cherché à s'échapper ! Un saut en hyperespace de quelques secondes doit toutefois se payer par des jours de traversée en vitesse standard.
Le système est surveillé et dangereux pour les ennemis de l'Empire Galactique.
Nos héros ont un plan tout préparé : ils se feront passés pour les rescapés d'un naufrage, les joueurs d'une équipe de Killball arraisonnée par un vaisseau pirate sur le chemin du prochain match.
Alors qu'ils sont encore à des milliers de kilomètres du portail, nos héros sont interpelés par un vaisseau impérial. C'est un mastodonte, l'équivalent d'une double frégate abritant son escouade personnelle de chasseurs.
Baltus commence à raconter son mensonge par la radio, mais Nina l'interrompt. Elle décèle trop d'hésitations dans sa voix, et l'histoire des joueurs de Killball ne tiendra pas sans preuve à l'appui. Elle évoque une attaque de pirates sur un vaisseau de l'OCG, un vaisseau sur lequel le Desperado a réellement fait feu à l'entrée d'un portail supraluminique, ce qui lui donne de la crédibilité.
Qu'ils soient dubitatifs ou réellement secourables, les militaires impériaux enjoignent aux deux navettes de monter à leur bord via les pistes d'atterrissage dans la soute.
Nos héros s'exécutent et se posent à côté des chasseurs. Une délégation impériale vient à leur rencontre, elle est composée d'un capitaine plutôt affable et d'un lieutenant qui, visiblement jaloux, fait preuve de suspicion et d'acrimonie.
Les impériaux escortent nos héros jusqu'à un petit salon improvisé entre des paravents de verre brouillé, qui sert de salle de réunion dans la soute. Le capitaine est sous le charme des belles Nina et Lussi. Il entretient la conversation. Bien qu'il ait ordonné discrètement une inspection des navettes, il ne semble pas soupçonner nos héros d'être autre chose que ce qu'ils affirment.
Le lieutenant, quant à lui, cherche à détecter des incohérences dans le discours des rescapés. Il les presse de lui fournir des détails. Il s'en prend à Naeesh qui joue le rôle d'un mécanicien bourru et limité à l'environnement de la salle des machines. L'un des fusiliers semble une proie facile au lieutenant mais Baltus, qui veille au grain, s'interpose et détourne la conversation.
Nos héros prennent congés de leurs hôtes après quelques heures, sans avoir voulu bénéficier d'une attention médicale. Le capitaine ne voit pas d'objection à laisser partir ces gens qui s'en sont remis à sa mansuétude et paraissent sincèrement choqués par leur drame qu'ils ont vécu.
Les deux navettes prennent le portail supraluminique et réapparaissent dans le système Varitra. Après réflexion, il ne leur paraît pas judicieux de refaire surface près du Hub de la planète Varitra III, où ils ont déjà endossé de fausses identités et qu'ils ont quitté sans autorisation de décollage.
Ils reprennent alors le couloir et débouche dans le système Colghana, qui accueille la très peuplée planète Danynis, arrachée à l'Empire de Sol par son adversaire Galactique. N'étant que de passage, ils ne descendent pas jusqu'à la planète mais se contentent d'atterrir dans une des deux stations orbitales tenues par l'OCG.
Là, nos héros s'achètent des vêtements neufs et se délassent dans les bains publics. Baltus parvient à revendre sur le marché noir local ses deux navettes pour un excellent prix. Avec l'argent, il fait l'acquisition d'une corvette de grande qualité. Les formalités administratives le retiennent pendant deux jours au-delà du premier. Ne possédant pas de licence de pilotage, il modifie la véritable licence de Naeesh pour réaliser une contrefaçon à son nom.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 12
MF-MJ : 38
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 28 novembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh et Nina la Rouge.
Après avoir empoché le certificat qui leur donnera accès à une prime de 10 000 crédits, nos héros sont reconduits à leur navette.
Dans le dédale des couloirs de la prison, Baltus interroge un garde qui lui semble disert. Ce dernier lui apprend que les cinq centres pénitentiaires composés chacun de cinq pentagones ne sont pas équidistants sur la planète. Ils sont répartis en fonction de particularités géologiques qui les isolent du monde et les préserves de détenus "errants", c'est-à-dire ceux pour qui la planète elle-même fait office de geôle.
La navette des pirates décolle bientôt dans une atmosphère grise. Elle reprend le couloir de l'aller et, prenant de l'altitude, rejoint le Desperado à travers un écran de nuages tumultueux.
A bord, Baltus réunit les officiers pour faire le point.
Il a obtenu les coordonnées précises qui lui manquaient: le centre, l'étage, le couloir et la cellule du célèbre Zender. Seulement, ces informations sont inexploitables en raison d'un présupposé de la communication locale : les navigateurs connaissent les installations planétaires et n'ont pas besoin de les localiser sur le tableau des flux. En revanche, pour un oeil extérieur, les centres sont à peine visibles lors d'un survol et rien ne me permet de les distinguer.
Plusieurs plans sont échafaudés mais leur exécution virtuelle achoppe toujours sur une difficulté. Ils oscillent entre l'infiltration et la franche violence, soutenue par une révolte de l'ensemble des détenus.
Finalement, Baltus le Noir opte pour celui des plans qui lui paraît le meilleur. En se basant sur les flux recensés par la Capitainerie, il détermine qu'un vaisseau de transport de marchandises fera une livraison dans les Centres 2 et 4 dans trois jours. C'est le Centre 2 qui l'intéresse ; il est possible que Javier y soit aussi car il retient des prisonniers politiques et Javier a été déclaré « Ennemi de l'Empire ». Il existe une livraison plus proche mais elle concerne les Centres 3 et 5 ; elle est prévue pour dans deux jours. Nos héros renoncent à l'utiliser.
Les pirates se préparent donc à une attente d'environ trois journées. Pendant ce temps, ils devront se cacher dans le système car leur présence, en tant que Shallow Waters, n'est plus justifiée aux environs de la planète.
Cette cachette, ils vont la trouver à quelques milliers de kilomètres du portail supraluminique. L'endroit n'est pas le moins exposé mais il permet un départ rapide. Sur place, le Desperado réduit ses senseurs à leur activité minimale pour ne pas être détectée.
Quelques heures plus tard, des vaisseaux surgissent du portail. Bien trop tôt !
Nimov, l'un des pilotes aux yeux perçants, se colle à la vitre du cockpit pour observer les nouveaux venus. La faible portée des senseurs pénalise leur identification. Nimov croit reconnaître deux frégates impériales et un vaisseau de transport de troupes. Il peut s'agir d'une relève militaire comme d'un convoi pénitentiaire.
Les vaisseaux s'immobilisent. Les minutes s'étirent sans qu'ils bougent et ils demeurent tout près du portail.
Baltus réalise que quelque chose doit clocher. Un vol militaire ne s'improvise pas, les vaisseaux devraient poursuivre leur route jusqu'à destination. Un brusque arrêt à la sortie du couloir supraluminique est également dangereux pour eux: si un vaisseau en émergeait, ils seraient percutés. Le capitaine devine les radars braqués sur le Desperado. Il ne peut réagir, par crainte de se signaler et de transformer la suspicion en alerte.
Dans le cockpit du Desperado, la tension monte. Les minutes s'égrènent, jusqu'à atteindre quasiment deux heures !
Au milieu de cette indécision anxieuse, Resco débarque dans le cockpit. Lui qui est réputé pour son calme paraît incontrôlable. Il prend Baltus à part et le supplie d'abandonner le vaisseau, de prendre une navette pendant qu'il est encore temps. Baltus est interloqué par la requête de ce conseiller serein et rationnel, devenu méconnaissable. Il est vrai que Resco n'a jamais été confronté à une situation où le Desperado était acculé et en infériorité numérique. Il n'a vu que les attaques surprises et les victoires épiques, même si elles furent parfois douloureuses.
"Non, dit fermement Baltus, je ne laisserai pas à son sort mon équipage."
Au niveau du portail, les vaisseaux impériaux s'ébranlent. Que font-ils ? Ils semblent s'éloigner. Sans doute ont-ils pris une décision commune. Le transport a l'air de s'avancer plus que les autres et il finit par faire demi-tour, prendre une accélération, et disparaître dans le couloir supraluminique.
Le Desperado est à présent face à deux frégates impériales.
Nimov, toujours à l'affût, attire l'attention du capitaine sur de faibles lumières provenant de la direction opposée. Cela pourrait être des débris spatiaux reflétant la pâle lumière du soleil. Mais il est formel: il s'agit d'une escadre ! Les instruments, toujours en fonctionnement minimal, ne peuvent rien confirmer.
Baltus ordonne alors la fuite.
Les pilotes démarrent les moteurs lentement. Le Desperado s'avance. Les frégates impériales près du portail réagissent en se mouvant vers lui. Elles attendaient qu'il se découvre, comme de patients crocodiles guettant la proie qui s'abreuve à leurs eaux.
Les deux frégates impériales ne cherchent pas à engager le Desperado mais à le contourner par ses deux côtés. Veulent-elles le prendre à revers ?
Le Desperado profite de leur séparation pour s'attaquer à l'une d'entre elles. Il décharge une terrible salve avec ses canons avant. La frégate a le temps de riposter et de lui tirer une bordée avant que ses propres batteries ne soient gravement endommagées.
Le Desperado pourrait prendre l'avantage mais il ne le veut pas. L'autre frégate impériale n'est pas loin, intacte, menaçante.
Baltus ordonne un mouvement tournant et un départ immédiat via le couloir supraluminique dont il s'est approché lors de l'assaut.
Les pilotes entament la manoeuvre mais elle est ardue et leurs nerfs sont mis à rude épreuve. Ils doivent faire la boucle la plus courte pour se retourner, s'orienter vers le portail tout en se donnant suffisamment d'espace droit pour permettre l'accélération.
La première frégate les rejoint dans leur course et leur assène un tir de batterie alors que le Desperado est vulnérable.
Persistant dans son mouvement sans la poursuivre, il se trouve enfin dans la ligne d'accélération. Les moteurs rugissent. Le vaisseau fuse à travers l'espace droit vers le portail qui s'ouvre. Une dernière salve vengeresse est tirée in extremis par la frégate ennemie blessée avant qu'il ne s'engouffre dans le portail.
Le Desperado tremble comme s'il était agité de spasmes. Les dégâts sont trop importants pour un saut spatial. La vitesse supraluminique finit de l'achever dans les frictions kaléidoscopiques qui la caractérisent. A l'intérieur de la coque qui s'orne de micro-fissures, l'armature cède dans un merveilleux son et lumière.
Alors qu'un pilote annonce à l'équipage des "turbulences" et l'invite à s'attacher, Baltus court comme un fou à travers les corridors de métal. Il a compris que tout était perdu.
Au même moment, Nina, que son intuition de pilote n'a jamais trompé, a déjà abandonné son poste et se rend à la soute.
Elle est devancée par Naeesh, le plus souple et le plus proche. Il a compris avant les autres en voyant les suffocations du moteur. Dans la panique, il dérape et tombe, puis se relève pour poursuivre sa fuite.
Il n'y a plus de capitaine, plus de second, plus personne pour commander le Desperado qui n'a jamais aussi bien porté son nom qu'en cet instant tragique.
Nina a sorti une arme en courant. Ses matelots sont devenus des obstacles à éliminer. Elle crie à un fusilier qu'elle croise qu'il y a des combats à l'arrière. C'est un homme du Sebor et il est vite rejoint par deux compatriotes silencieux qui forment une escorte autour de Nina.
Naeesh est le premier à parvenir à la soute. En entrant, il la surplombe de la hauteur de plusieurs mètres, car la soute est creusée dans les entrailles du Desperado. En contrebas, la plupart des matelots sont ceinturés sur des strapontins de sécurité, côte à côte le long du mur. Tétanisés d'horreur, ils observent le second descendre l'échelle métallique avec des claquements sonores, jusqu'au niveau du pont d'embarquement, puis disparaître dans une navette.
Nina arrive ensuite. Eventant sa propre ruse, elle dissuade un fusilier de se poster sur la passerelle pour couvrir sa descente. "On part et je vous ai choisi pour m'accompagner" déclare Nina. Les hommes ne se font pas prier pour l'accompagner dans une navette. Peu s'en faut qu'ils ne soient surpris par la décompression. Naeesh vient de faire exploser la porte de la soute, condamnant une centaine de personnes à la mort.
Le sombre instinct de Baltus lui souffle qu'un drame vient de se produire. Il lui dicte de s'échapper par les modules de sauvetage au lieu de chercher à atteindre la soute à tout prix, dont quelques minutes le séparent encore. Aussi coupe-t-il à travers les couloirs perpendiculaires pour les atteindre.
Une navette sort du Desperado, suivie par l'autre. A contresens de la progression du Desperado, elles sortent immédiatement du couloir supraluminique.
La sphère dans laquelle s'est réfugiée Baltus s'éjecte par le côté droit du Desperado. Elle aussi quitte le couloir pour réapparaître, après une brusque embardée, sur un pan de noirceur au milieu des étoiles.
C'est ainsi que Baltus le Noir, qui avait commandé trois vaisseaux en moins d'un an, fut livré au vide insondable de l'espace, et promu capitaine d'un module de sauvetage.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +1000
MF-PJ : 12
MF-MJ : 38
PP : 0
PG : +1 all
Coordonnées temporelles : le jeudi 21 novembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh et Nina la Rouge.
Après avoir envisagé de nombreux plans, soumis à l'appréciation des officiers, Baltus s'arrête sur une infiltration transformée en rendez-vous officiel.
La frégate entre dans l'orbite de la planète en émettant un signal Shallow Waters, afin de se présenter comme un équipage mercenaire. La tour de contrôle de Blattus initie le contact. Le militaire souligne d'emblée que cette présence est importune puisqu'elle n'a pas été pré-approuvée. Baltus joue la surprise. Il ignorait qu'il fallait une pré-approbation et auprès de qui la demander. En fait, la présence des Shallow Waters est due à un événement lui aussi exceptionnel : la capture du célèbre Zender, qui servit à bord du Gougnafier Noir.
La tour de contrôle conteste le bien-fondé de cette déclaration. Zender a été appréhendé il y a des années par la Justice. Il ne peut être capturé une seconde fois. Baltus possède des informations sur cette arrestation. Il les a subtilisées à l'ancien gouverneur de Zarada, Tamerlock. Faisant usage de son savoir sur le mandat de l'époque, il remet en cause l'identification du suspect.
Finalement, sa détermination s'avère payante. Le Desperado est autorisé à envoyer une navette vers la Planète-Prison. A son bord : Baltus le Noir, Naeesh le Couard, Nina la Rouge et un Javier qui a été grimé en Zender.
La navette entame bientôt son approche d'un des centres pénitentiaires, formé par la conjonction de cinq pentagones. Elle est invitée à se diriger dans un véritable canyon de béton. Il se situe entre les côtés de deux pentagones et débouche sur un parking pour vaisseaux là où les côtés s'évasent. Dans ce couloir d'atterrissage, la poussière volatile soulevée du sol oblige à piloter avec les seuls instruments du bord.
Voyant l'environnement propice, Baltus s'écrie : « Naeesh, saute et cache toi ! »
« Mais pourquoi ? » interroge le second, ébranlé par ce soudain revirement.
« Saute, je te dis ! Maintenant ! »
Naeesh refusant de risquer sa vie sans justification, et sans plan d'évasion, la navette finit par se poser dans un nuage de poussière grise.
Lorsque celui-ci se dissipe, les impériaux qui attendent dans l'encadrement lumineux d'une porte ne voit rien qui dérange leurs préjugés : trois personnages en uniformes (appartenant en fait à l'OCG), et un Zerd qui peut bien en valoir un autre.
La délégation pénitentiaire comporte un lieutenant, Chett, qui inspecte le prisonnier. Il ne semble pas décider à remettre en cause l'identification du premier Zerd. Toutefois, face à l'assurance de Baltus devant ses hommes, il est forcé d'en référer à sa hiérarchie.
Il ordonne qu'on conduise les trois mercenaires de Shallow Waters dans une salle adjacente, pendant que Javier est comparé aux données biométriques recensées pour le « véritable » Zender. Ils sont placés sous la surveillance directe d'un sergent qui reste en faction devant la porte.
Baltus projette de visiter les bureaux de la prison. S'il peut accéder à la banque de données, il pourra localiser la cellule de Zender car Chett, dans sa morgue, lui a révélé qu'il était bien retenu sur la planète. Nina et Naeesh se montrent peu coopératifs.
Nina se sent mal à l'aise dans un endroit saturé d'impériaux et ne veut pas courir de risques inconsidérés. Elle libère sa tension dans le dessin, en utilisant un paperboard trouvé dans la salle de réunion. Naeesh, qui est toujours sous le coup de son quasi-parachutage intempestif, a besoin de fumer pour se détendre.
Le sergent qui est charge de leur surveillance fait preuve de beaucoup de compréhension et va jusqu'à aller leur chercher une collation. Il faut dire qu'il n'est pas indifférent aux minauderies de la belle Nina.
Baltus disparaît dans les couloirs, prétendant se rendre aux toilettes. Naeesh fume devant la salle, tout prêt du panneau interdisant formellement de le faire. Nina poursuit ses esquisses et notamment un portrait réaliste du lieutenant Chett.
En se repérant sur un plan d'évacuation, Baltus parvient à des vestiaires. Il y dérobe un uniforme impérial qui est un peu petit par rapport à sa taille.
Sa prestance fait néanmoins illusion. Une dactylographe finit par le conduire, en toute officialité, dans la rotonde où se situe la banque de données. Sous couvert de travailler pour un officier, il obtient la localisation de Zender (dans un autre centre) mais également la preuve d'un passage de sa sour sur la Planète-Prison. Elle en aurait été pensionnaire avant d'en être retirée sur l'ordre spécial d'un certain « général Reid ».
Ayant retrouvé son apparence de mercenaire Shallow Waters, Baltus parvient à rejoindre ses compères sans se faire remarquer. Il ignore que son absence a été signalée entre temps et que les impériaux le cherche.
Le lieutenant Chett est furieux de la trouver dans l'endroit où il aurait dû être.
Finalement, nos héros sont conduits devant le colonel commandant le centre pénitentiaire. C'est un homme d'une quarantaine d'année, plutôt séduisant, que Baltus avait vu jouer un jeu ambigu avec un jeune éphèbe, nus dans les vestiaires.
Heureusement, le colonel ne reconnaît pas Baltus.
Il félicite les Shallow Waters avec une cordialité routinière. En croyant livrer Zender, ils ont en fait amené « Javier, le Guerrier du Sébor » sur la Planète-Prison. La biométrie est formelle. Le colonel leur fait un courrier reconnaissant le dépôt, à faire valoir auprès de la justice impériale contre une rançon de 10 000 crédits.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 12
MF-MJ : 38
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 14 novembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh et Nina la Rouge.
Profitant du tumulte provoqué par l'alarme incendie, Baltus et Naeesh se partagent les ordinateurs de l'OCG. De ceux de McGregor, Roberts et Karen, ils extraient le disque dur afin de s'approprier la totalité de leurs données. Ensuite, Baltus allume un véritable feu à partir de produits de nettoyage.
Ces quelques minutes ont permis aux premiers secours d'arriver. Deux hommes vêtus de cuir noir et casqués entrent avec des haches. Ils appartiennent au service de sécurité interne. Leur réactivité surprend Baltus dans ses préparatifs. Le feu n'a pas bien pris, il va s'éteindre rapidement. L'un des agents est accaparé par Nina qui feint de s'évanouir. L'autre se retrouve seul avec Baltus qui le convainc qu'une personne est enfermée dans son bureau avant de l'assommer par derrière.
L'incendie commence à prendre véritablement. Baltus, qui ne veut pas condamner l'agent de sécurité, le porte lui-même à l'extérieur.
Le parvis est plein d'environ 300 fonctionnaires, civils et militaires, qui ont évacué la capitainerie. Quand Baltus sort avec l'agent sur son dos, il est accueilli par des applaudissements. Karen, qui le reconnaît, salue publiquement le courage de "l'agent Balthazar". C'est trop d'attention pour Baltus qui regrette presque sa bonne action. Au loin, il devine le regard du lieutenant Matheson, qui doit être empêché de le reconnaître par son uniforme et la foule interposée.
Baltus fuit la scène, tirant Karen par le bras pour l'emmener avec lui. Il craint que ce départ précipité ait laissé sur place de précieuses données, et Karen pourrait les avoir en mémoire. La secrétaire refuse de le suivre, ne comprenant pas ce qu'il fait. Il est obligé d'inventer une histoire abracadabrante sur sa nature d'agent double. Elle n'est pas très crédible et la timide Karen ne cède que devant son air déterminé.
Nos héros se retrouvent tous trois sur le chemin des quais. Bientôt, ils poussent Karen à l'intérieur de leur navette alors que celle-ci hurle qu'elle ne supporte pas les voyages spatiaux. Nina prend le siège du pilote. La tour de contrôle lui demande d'attendre cinq minutes avant de décoller. Les pirates sont en panique, ils savent que la supercherie ne va plus tenir longtemps. Prenant la radio, Baltus exige un décollage en urgence au nom de "l'agent Balthazar". L'opérateur de la tour ne peut se contenter d'une simple affirmation orale. Suivant les consignes d'urgence, il requiert de l'agent son matricule. C'est alors que la navette décolle brusquement, tourne le dos à la tour, et file à travers l'espace. "Ciao, les connards !" conclut Nina sur les ondes.
Quelques minutes plus tard, le radar de la navette indique le début d'une course-poursuite. Trois chasseurs impériaux apparaissent en bordure de l'écran. Ils n'ont pour l'instant à reprocher à la navette que son décollage intempestif, ce qui est un délit plutôt bénin. Mais les déclarations faites sur la radio font soupçonner une situation plus grave. L'un des chasseurs somme la navette de revenir en arrière et de poursuivre la procédure d'identification. Celle-ci n'en fait qu'à sa tête. Ignorant obstinément les relances, elle poursuit sa route vers le Desperado. Les chasseurs finissent par adopter la même attitude bornée et silencieuse.
En dépit de ce mutisme apparent, la navette tente de communiquer avec le Desperado. Baltus a chargé Naeesh de trouver une fréquence que les chasseurs impériaux ne pourraient pas intercepter. Le problème, c'est qu'elle est très instable. Baltus parvient néanmoins à entrer en contact avec les pilotes du Desperado et les appelle à l'aide.
Suivent alors 50 minutes d'un inquiétant black-out émaillé de quelques bribes d'échanges confus. "Arrivée... vaisseau... couloir supra... nique...". Le Desperado a-t-il fait machine arrière ? A bord de la navette, on craint que ces communications brouillées n'aient été source d'un malentendu fatal.
Soudain, le Desperado apparaît en visuel, tous feux dehors pour signaler sa présence à la navette. Baltus rétablit la communication et aboie ses ordres: "Abattez les chasseurs impériaux !". Les tirs fusent et le métal vole en éclat. Un chasseur habile se cache dans le sillage de la navette pour échapper au Desperado. Baltus crie à Nina de l'engager mais celle-ci prétend épargner son "escorte" et le laisse partir.
Baltus est furieux de la désobéissance de Nina, mais il n'est pas temps de s'attarder. La soute du Desperado s'ouvre pour accueillir la petite navette.
Karen, en larmes et pleine de reproches envers Baltus, est confiée à la garde de Lussi. Nos héros regagnent leurs postes à bord.
A l'avant, Baltus apprend des pilotes que le couloir supraluminique est surveillé par deux frégates impériales. C'est ce qu'ils essayaient de transmettre à travers la radio. Que faire maintenant ? Le système tout entier est devenu un piège. Le Desperado peut errer pendant des jours dans l'obscurité mais il devra toujours retrouver le chemin du couloir.
Nina en appelle à un passage en force. Baltus convient que le temps joue contre le Desperado, car les codes donnant accès à la planète Blattus risquent d'être désactivés, mais il conçoit un plan tout en subtilité. Il s'agit de forcer le passage mais de n'en laisser rien voir jusqu'au dernier moment.
Exploitant les données volées à l'agent Roberts, Naeesh change la signature du vaisseau pour en faire un vaisseau Shallow Waters. Cette affiliation ne résisterait pas à un examen poussé mais les frégates impériales sont elles-mêmes en mode furtif et cela limite leur visibilité.
Le Desperado se dirige innocemment jusqu'au couloir. Les frégates se dévoilent et, se fondant sur le signal interprété, ordonne aux "mercenaires" de rebrousser chemin. Nos héros apprennent que la planète a interdit tout nouveau décollage pour laisser les vaisseaux militaires sillonner la distance jusqu'au couloir supraluminique. Il est toutefois crédible, chronologiquement, qu'un vaisseau ait pu décoller avant que l'interdiction de vol n'ait été décrétée.
Baltus se plie oralement aux injonctions des frégates mais le Desperado continue à avancer. Agacées, les frégates ouvrent leurs fréquences pour réitérer leurs ordres. C'est à ce moment que le Desperado lâche deux bordées et différents tirs de tourelles contre les frégates. L'une d'elles explose. Le Desperado disparaît dans le couloir supraluminique.
Nos héros ont encore une fois échappé à la Justice (militaire) !
Après cet instant de bravoure qui est salué par tout l'équipage, Baltus réunit les officiers. Les pirates n'ont que deux heures de répit avant que le Desperado ne réapparaisse dans le système pénitentiaire impérial.
L'infiltration de la Planète-Prison Blattus, pour y libérer Zender, promet d'être l'une des plus difficiles que nos héros aient effectuées. Elle compte cinq centres de détention immenses, répartis sur l'ensemble de son territoire. Ces centres prennent chacun la forme de cinq pentagones, qui se touchent par les côtés, formant des étoiles inspirées du drapeau impérial. Chaque pentagone peut contenir jusqu'à 3 000 prisonniers. Malgré ces larges structures, les centres étoilés ne regroupent pas l'essentiel des prisonniers de Blattus. La plupart de ces derniers a été larguée sur un sol stérile et rocailleux, au milieu de nulle part, et on estime entre 250 000 et 500 000 les détenus qui ne sont pas retenus par des murs.
Karen, appelée dans la réunion, apporte un renseignement supplémentaire sur les centres de détention. Ils ont été construits pour abriter des prisonniers importants, que l'Empire Galactique désire garder sous la main pour différentes raisons. Le premier pentagone construit le fut pour des opposants politiques, les deux suivants pour des criminels de droit commun, et les deux derniers pour des autochtones refusant de se soumettre à la conscription.
Baltus avoue à l'assemblée qu'il a aussi l'espoir de retrouver sa soeur sur la Planète-Prison.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 12
MF-MJ : 38
PP : 0
PG : +1 Nina
Coordonnées temporelles : le jeudi 7 novembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh et Nina la Rouge.
Sur la plateforme flottante qui surplombe les continents de Varitra III, nos héros se sont séparés en quête d'informations.
Baltus a repéré la capitainerie, bâtiment rectangulaire blanc d'une taille considérable, dont les trois entrées sont constellées d'impacts de lasers, vestiges de combats sanglants survenus pendant la prise des lieux. Aujourd'hui, la capitainerie est sous le contrôle des troupes impériales qui en ont remis l'exploitation économique entre les mains de l'OCG.
Naeesh et Nina, quant à eux, se sont rendus dans l'un des trois bâtiments festifs de la Grand-Place du Hub. Cet établissement pittoresque, au décor de maison close rose bonbon, offre des services de sexe tarifé. Alors que Naeesh se laisse tenter par un massage sans ambiguïté, au moins au début, Nina se lance, se ravise, puis entame la conversation avec le barman qui lui propose bientôt des services plus personnels que le débit de boisson. De ces instants relaxants, nos héros tirent aussi de précieux renseignements. Ils apprennent que la planète, sous le joug des impériaux, subit un terrible système de conscription. En fait, toutes les planètes conquises et proches de la ligne de front en sont victimes. C'était le cas de la planète Kumulla dont les habitants se sont opposés à l'enrôlement forcé et qui, dit-on, aurait été pulvérisée par une nouvelle arme impériale. Enfin, il semble que la Planète-Prison, Blattus, ait pour principal fonction de « réhabiliter » les personnes fuyant la conscription ou les combats.
De son côté, Baltus cherche un uniforme pour s'infiltrer dans la capitainerie. Il pense le dérober sur un officier de l'OCG, visiblement isolé par son attitude farouche et représentant une cible facile. L'homme semble désespéré et soucieux d'échapper aux regards. Ce comportement étrange pousse Baltus à le suivre loin du centre du Hub, le long de ses murs extérieurs. Il comprend alors, à la vue d'un couteau sorti et d'un couple adossé à une rambarde au loin, que l'homme va commettre un crime. S'interposant, il empêche l'issue fatale de cette filature. L'homme se retourne contre lui. La mêlée est interrompue par un tir de laser qui frappe l'assassin dans le dos. Le tir a fusé depuis la rambarde. C'est l'homme du couple, un officier impérial, qui est intervenu. Baltus fait alors la connaissance du lieutenant Matheson et d'Helena, visiblement deux amants surpris par le mari de celle-ci.
La rencontre intéresse peu Baltus qui s'excuse après avoir volé des cartes d'accès sur le mourant. Il se rend dans un quartier chic du Hub et, grâce à ses cartes magnétiques, s'introduit chez le couple légitime. La penderie du mari bafoué contient deux uniformes standards des services de douanes. Baltus s'empare des deux exemplaires.
Sur la Grand-Place du Hub, il retrouve Nina et Naeesh à qui il expose son plan. Naeesh est habillé en membre de l'OCG mais Nina, à qui l'on a réservé aucun déguisement, exige de porter les vêtements provoquants de la parfaite collaboratrice et maîtresse d'un officier impérial.
Ainsi transformés, nos héros pénètrent dans la capitainerie en remontant les escaliers centraux, ceux de droite semblant réserver aux militaires. Baltus fait passer un à un ses compagnons à travers les portiques de sécurité : il ne dispose que d'un seul badge. Ensuite, au hasard, il les dirige vers le deuxième étage. La chance est de leur côté car nos héros trouvent rapidement le bureau de l'agent Roberts, le mari bafoué et probablement décédé à l'heure qu'il est.
Derrière la porte, ils sont surpris de voir qu'il partage son bureau avec une jeune femme dont le nom n'était pas indiqué sur l'écriteau à l'extérieur. Il s'agit de son assistante, Karen. Baltus utilise son bagout pour l'effrayer et lui faire comprendre qu'une enquête confidentielle est menée contre Roberts et à son insu. Karen se montre au début réticente à donner des informations. Sa croyance en l'histoire de Baltus est ensuite renforcée par la nouvelle de la mort de Roberts qui lui parvient. Alors, pour se désolidariser des charges pesant contre lui, elle apporte à nos héros un soutien inconditionnel. D'elle-même, elle fait le lien avec ce dont on l'accuse et l'attitude nerveuse de Roberts ces dernières semaines, ses absences injustifiées.
Les documents de l'agent Roberts révèlent à nos héros qu'il jouait un rôle clé dans l'approvisionnement en nourriture de certains avant-postes militaires. Mais ce n'est pas lui qui est en charge de l'approvisionnement de la Planète-Prison. Celui qui en est responsable occupe le bureau d'à côté, mais il n'est pas présent aujourd'hui. C'est l'agent Cole McGregor. Nos héros veulent utiliser la naïveté de Karen encore une fois à leur avantage. Le résultat dépasse dangereusement leurs espérances. Pour accéder au bureau et à l'ordinateur de McGregor, ils font venir malgré eux leurs objections un soldat impérial, deux officiers de l'OCG et deux administrateurs réseau. Baltus essaie de limiter le nombre des personnes impliquées mais l'enjeu qu'il a lui-même su mettre en avant attire les curieux.
A la fin, Baltus doit ruser pour s'en sortir. Il feint de trouver dans l'ordinateur de McGregor un message factice, qui a en fait été confectionné dans le bureau d'à côté par Naeesh. Le message annonce une imminente attaque terroriste contre la capitainerie. L'un des spectateurs donne l'alarme avant que Nina elle-même ait eu le temps de le faire./
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 31 octobre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh et Nina la Rouge.
A bord du Lupar Kozak, nos héros ont fait des découvertes intéressantes. Notamment, ils ont trouvé dans une annexe - en fait, un transport léger - un véritable stock d'armement. Ils ont maintenant à disposition : quatre chasseurs-navettes de belle taille avec une capacité de 8 passagers, des fusils et pistolets laser, des mines, des armes blanches.
La question est de savoir où ils vont poursuivre leur enquête sur le Gougnafier Noir. Cette dernière étape leur a appris que Jujo Amstrong avait un rapport étroit avec Hardbutt et l'Armada. Mais sait-il pour autant où est le Gougnafier Noir ?
Il n'y a rien de certain à ce sujet, ni même que Jujo voudrait les renseigner, et nos héros s s'orientent vers une option déjà envisagée, plus concrète et dangereuse : retrouver Glender, alias Zender, l'officier fusilier du Gougnafier Noir.
Le Desperado met donc cap sur la Ligne de Front, un amas de systèmes variés, disputés dans le grand combat qui oppose l'Empire Galactique à l'Empire de Sol.
Ils sont censés se rendre un système intermédiaire d'arrière-garde, protégé du conflit parce que l'avancée de l'Empire Galactique a rendu sa mainmise indiscutable sur ce territoire.
Naeesh a identifié le lieu de détention de Zender. Il s'agit du système Blattus, un système composé d'une étoile blafarde, de deux géantes gazeuses, entourant une planète tellurique habitable. Cette planète est connue sous le sobriquet de Planète-Prison depuis que l'Empire Galactique y a déployé diverses installations pénitentiaires. En fait, ces dernières sont loin de recouvrir l'ensemble de la planète. Elles en occupent même une portion infinitésimale comparée à sa surface totale. Mais la planète elle-même est une « prison » : hostile à l'Homme, aride et froide, obscure, hantée par des insectes géants de la famille des blattoptères ou de celle des arthropodes.
Après cinq jours passés dans le couloir supraluminique, le Desperado fait irruption dans le système Nimbus. Il est aussitôt secoué par des turbulences et heurtés par de petits morceaux de roche de quelques mètres de long. Le plan de vol confirme que nos héros devraient se trouver en orbite autour de la planète Kumulla et apercevoir une station de l'OCG. Rien de tout cela n'est visible. S'il y a eu planète, elle a été pulvérisée et la masse de ses débris flottent à des milliers de kilomètres de là où elle s'étendait.
Naeesh et le géologue du bord, qui fait d'habitude office de canonnier, capturent certains débris tournoyant. Il s'avère que la roche présente les traces d'une forte compression, comme de la roche métamorphique, mais elle se serait produite sur des jours au lieu de centaines de milliers d'années.
Si une arme a causé ces dégâts, elle a probablement utilisé la gravité pour produire ces effets et les distorsions ont été si violentes qu'elles ont disloqué la planète.
Mais qui possèderait une telle arme ?
Le système Nimbus présentait un intérêt pour sa proximité avec le système Blattus. On pouvait imaginer qu'il le fournissait en denrées alimentaires et marchandises diverses. Le capitaine du Desperado ordonne la mise en fonction des machines. Le vaisseau s'engouffre une nouvelle fois dans le couloir supraluminique, et se transporte à plusieurs systèmes de là.
Il refait surface un jour plus tard, dans le système Varitra. La planète Varitra III est une ancienne planète de l'Empire de Sol, une des plus peuplées qui ait été occupée par l'ennemi. Techniquement, elle est sous le contrôle de l'OCG qui l'exploite au sein de l'Empire Galactique. Ce statut de semi-autonomie contente les habitants de Varitra qui se sont rendus aux impériaux après d'âpres batailles. Elle permet à ses derniers de ne pas diluer sa force de frappe en se perdant dans de vaines occupations.
Lorsque nos héros débouchent du couloir supraluminique, ils savent qu'ils sont encore à deux jours de voyage de Varitra III. Ils repèrent aussitôt un convoi de quatre vaisseaux se dirigeant vers le couloir.
Le Desperado tente alors une manoeuvre d'approche furtive à destination du dernier vaisseau de la file, un transport léger. La seule façon de l'isoler est d'attendre que ceux qui le précèdent s'engouffrent dans le couloir. Cela ne laisse que quelques secondes pour agir. C'est Nina qui est aux commandes. Malgré un tir rapide et précis, l'opération échoue. Le transport léger est absorbé par le couloir et part avec sa blessure.
Alors qu'ils s'approchent de Varitra III, nos héros reçoivent les ondes égarées d'émissions télévisuelles et radiophoniques. Au programme, il y a des séries de l'OCG et des scénettes de propagande de l'Empire Galactique. Au journal télévisé, la présentatrice impériale fustige la rébellion de la planète Kumulla, qui a été dûment châtiée pour sa félonie.
A présent dans l'orbite de Varitra III, nos héros font le tour de la planète avec un petit vaisseau-faisceau. C'est Naeesh qui pilote. Il parcourt la distance en deux heures et n'est à aucun moment intercepté. Son repérage signale la présence de plusieurs camps militaires, de patrouilles orbitales, mais pas d'un dispositif de protection invulnérable.
Toutefois, nos héros jouent la carte de la prudence. A bord d'un chasseur qui peut aisément passer pour une navette armée de l'OCG, ils se rendent sur la station orbitale qui connecte la planète à l'espace autour d'elle. Interrogés par la tour de contrôle, ils se présentent comme des marchands en transit, ne cherchant pas d'accréditation mais juste un peu de délassement et du carburant.
Au sol, ils sont interrogés par un fonctionnaire de l'OCG suivi par deux gardes impériaux. Leur navette n'est même pas visitée. Les contrôles sont minimes.
Nos héros traversent alors les quais du Hub pour en découvrir la place centrale et ses principaux édifices. Alors que Naeesh et Nina privilégient une approche culturelle, en interrogeant des visiteurs et des commerçants, Baltus a une autre idée. Il veut se glisser dans un des bâtiments tenus par les impériaux. Son objectif : obtenir rapidement un laisser-passer pour Blattus, la Planète-Prison.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 24 octobre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Esteban et Nina la Rouge.
Nos héros semblent tenir des attitudes très différentes face au volet baissé du Lupar Kozak et à cet avertissement, prétendument rédigé par Henryck le Fourbe: "Pirates, vous êtes prévenus !".
Nina trépigne d'impatience et Baltus lui demande de patienter. En revanche, Naeesh s'avance vers le boîtier commandant l'ouverture du volet. Cela ne peut pas faire de mal, se dit-il, si le danger vient de l'intérieur du vaisseau. Il soulève l'avertissement qui couvre le boîtier mais c'est une légère surélévation au niveau de son pied gauche qui le perturbe. Elle aurait pu appartenir aux aspérités du sol mais la vigilance de Naeesh lui souffle que c'est autre chose: une mine anti-personnel !
Prévenu, Baltus s'enfonce dans le champ de mines au péril de sa vie. Il en évite une, puis deux, et parvient enfin au niveau de son second. Au moment où il va inspecter le mécanisme, ses yeux captent un mouvement inattendu. Le volet du Lupar Kozak se lève ! Une silhouette apparaît, petite et dodue. Ne dépassant pas 1m50, il s'agit d'une forme métallique vaguement humanoïde. Elle n'a pas de tête mais un torse bombé et lisse. Sur le côté, les bras sont remplacés par deux gros cylindres, des réacteurs. Enfin, elle repose sur des sortes de longs patins couverts de tôle sous lequels on devine des chenilles. C'est à ce moment que Baltus, qui est le plus proche après Naeesh, remarque deux canons mobiles émergeant du torse par une trappe ventrale.
Baltus fait feu mais la créature est également rapide. Les tirs se croisent. Celui de Baltus rebondit sur la protection bombée du torse. Naeesh, qui s'interpose malgré lui entre leurs tireurs, reçoit dans le dos deux jets de plasma.
A présent, les tirs fusent des deux côtés. Nina et Esteban se joignent à la fusillade. Dans la semi-obscurité de la carlingue ouverte, les deux réacteurs du robot sont endommagés et fument. Naeesh vient de supporter une décompression explosive due au déchirement de sa combinaison. Toujours rivé sur sa mine, dans un geste de rage impuissante, il jette sur le torse bombé son tournevis fétiche. Celui-ci fait ricochet et atterri dans le vaisseau.
A ce moment, l'improbable se réalise ! Le robot se tourne vers l'intérieur de la carlingue et cherche le tournevis dans le noir en répétant: "PROTEGER-LE-VAISSEAU !".
Nos héros profitent de cette réaction inappropriée pour agir. Naeesh saute de sa mine et courre dans le Lupar Kozak. Par un coup de chance incroyable, celle-ci n'explose pas. Nina, revenue au vaisseau-fuseau qui l'a amenée sur l'astéroïde, tire avec son canon lourd sur le robot.
Le volet se referme.
Le calme est revenu, mais pour quelques secondes seulement. Baltus ouvre le volet à partir du panneau de commande. Au même moment, de l'autre côté, Naeesh suffoque et veut rétablir l'oxygénation du Lupar Kozak qui est coupée. Le robot, parcouru d'inquiétants arcs électriques, lui décharge une nouvelle salve de plasma dans le dos. L'ouverture du volet depuis l'extérieur fait échouer la procédure d'oxygénation. Baltus le referme aussitôt et reprend là où Naeesh, qui vient de s'effondrer au sol, a été interrompu.
On entend les turbines du système d'oxygénation qui démarre. Il mettra trop longtemps à remplir de gaz respirable le Lupar Kozak. N'écoutant que son courage, Baltus transmet l'oxygène de sa réserve autonome à Naeesh, la connectant directement à sa bouche, et lui sauvant la vie.
A l'extérieur, Nina et Esteban ignorent ce qu'il s'est passé, même s'il est clair que Naeesh était en perdition.
Toujours dans le vaisseau-fuseau, Nina vise les mines sous la poussière qui rendent l'accès au volet si périlleux. Les explosions, à quelques secondes d'intervalles, soulèvent un tourbillon noir sur l'astéroïde.
Esteban s'éloigne de la scène. Il commence à faire le tour du Lupar Kozak pour chercher d'autres points d'entrée. Il découvre que celui-ci est raccordé aux transports légers qui le jouxtent. Des passages hermétiques et sans hublot, sans doute réalisé par les pirates de l'Armada, relie les carlingues percées.
Le pilote se met alors en tête de passer par un transport léger pour accéder au Lupar Kozak. Problème: son accès est également miné et le panneau de commande ne répond pas. Esteban tire avec son pistolaser sur les mines. Les déflagrations frappent de plein fouet l'acier tendre de son volet. Il est éventré. Esteban se glisse dans un sas, puis il passe directement dans la soute.
La lumière allumée par Esteban révèle des centaines de caisses empilées, la plupart contenant des denrées alimentaires ou des boissons. Il comprend que le transport léger sert d'entrepôt au Lupar Kozak. Soudain, une alerte se déclenche. L'intrusion n'est pas passée inaperçue. Esteban grimpe sur une échelle mobile et tente de désactiver l'alarme. Il réalise de visu combien le système est décentralisé. Il ne peut en fait que couper un par un les haut-parleurs.
Son instinct lui dit qu'il faut fuir et que des gardiens seront bientôt sur les lieux. Mais trop tard ! Lorsqu'il s'engage dans le passage de quatre mètres qui sépare le transport du Lupar Kozak, il tombe nez-à-nez avec un robot identique au premier. Les deux rayons qui partent de sa trappe ventrale le touchent au ventre. Il fait machine arrière, retournant se cacher dans le transport, derrière les caisses. Le robot semble les contourner avec prudence. Esteban tente de le piéger en en faisant le tour plus vite que lui. Un deuxième robot intervient. Esteban, sautant depuis une caisse, atterrit sur le premier. Dans un incroyable ballet avec le robot, il parvient à caser son arme dans le réacteur et à le faire exploser. Les flammes jaillissent et couvrent les caisses. Une sorte de pluie mousseuse tombe du plafond. Esteban s'éclipse avant l'arrivée de deux autres robots.
Le dévouement d'Esteban permet aux autres de se déplacer librement dans le Lupar Kozak. Ils comprennent rapidement qu'ils sont dans un yacht de luxe, alors qu'ils arpentent les couloirs de service puis les zones réservées aux cabines des passagers. Bientôt, ils rejoignent le couloir de circulation principale, déambulant sur du marbre froid entre deux murs très Art Déco. Le seul indice qui marque l'abandon des lieux, ce sont les pots vides occupés autrefois par des plantes exotiques.
Naeesh s'arrête dans la salle de banquet qui était utilisée par les Grands Capitaines pour tenir leurs réunions. De nombreuses dessertes accolées au mur contiennent l'argenterie la plus diverse, rassemblée au cours de nombreux pillages. Trois combinaisons spatiales anciennes sont en exposition dans des vitrines. L'une, vue sa taille, a nécessairement appartenu à Hardbutt. Elle en porte les armoiries, un crâne avec la langue pendante surplombant une paire de fesses stylisées. Cousue dans la combinaison en blanc sur noir, on retrouve sa devise du moment: "The captain hard-kicks your butt".
Baltus, remontant la piste d'huile laissée par le robot endommagé, parvient au poste de pilotage.
Loin de là, dissimulé l'écran de fumée qui entoure les caisses en feu, Esteban se fraie un chemin à travers une nouvelle équipe de robots, qui crachent de la neige carbonique tout en ânonnant: "PROTEGER-LE-VAISSEAU, PROTEGER-LE-VAISSEAU".
Dans la salle de pilotage, Baltus a pris le contrôle du système de sécurité. Il trompe les détecteurs d'incendie pour maintenir l'alerte 30 minutes de plus, alors que le feu est maintenant éteint. La procédure en cas d'incendie est de mobiliser quatre robots sur les lieux jusqu'à la fin de l'alerte ; c'est exactement le nombre qu'il en reste.
Baltus est bientôt rejoint par Nina et Naeesh, puis par Esteban.
Dans les heures qui suivent, Baltus réarme l'alarme incendie plusieurs fois pour tenir éloigné les robots. Nos héros visitent le yacht et y trouvent un véritable trésor en vêtements, armes et pièces de rechange pour vaisseaux. Ils comprennent qu'ils sont les premiers à avoir mis les pieds ici depuis la dernière bataille de l'Armada. Le Journal de Bord du Lupar Kozak révèle la stupéfaction des Grands Capitaines, qui n'étaient pas préparés pour un tel assaut. Ils étaient apparemment dans l'attente de l'un d'eux, qui tardait à les rejoindre sur place. Il s'agissait de "Papa Zuzo". Baltus en déduit que Jujo Amstrong, aujourd'hui riche entrepreneur, aurait sacrifié l'Armada pour assurer sa réussite personnelle.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 14
MF-MJ : 36
PP : 0
PG : +1 Baltus
Coordonnées temporelles : le jeudi 17 octobre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Esteban et Nina la Rouge.
Après la frayeur de l'irradiation, nos héros se donnent quelques jours de repos ainsi qu'à l'équipage. Naeesh et ses mécaniciens n'en profitent. Les attend, la difficile tâche du démontage d'un sas d'abordage. En effet, celui du Sharing Partner va être remonté sur le Desperado.
Baltus a aussi trouvé une photographie rassemblant Hardbutt et les six grands capitaines qui formaient la direction officieuse de l'Armada. Il réunit ses officiers pour qu'ils mettent en commun leurs connaissances et identifient les personnages représentés.
Au final, sur les six, trois sont reconnus:
Lupus Innerus, alias "Loup Silencieux", un pirate solaire taciturne, commandant un bâtiment furtif, et réputé pouvoir se fondre dans n'importe quel contexte.
Gregorio Oscar, dit "le Balafré", un véritable hidalgo havanais, pointilleux sur l'honneur. Dès qu'il soupçonnait un camarade de lui manquer de respect, il le provoquait en duel et cette manie lui valut quelques inimitiés, ainsi que les balafres qui le caractérisent.
Enfin, le capitaine Zuzo, qui fut le seul d'entre les trois à choisir son propre surnom: "Papa Zuzo". D'une jovialité familière et franche, exigeant d'être tutoyé par ses subordonnés, Zuzo était un capitaine paternaliste. Sa feinte commisération et sa fausse humilité étaient en fait à craindre. Loin d'être le personnage bonhomme qu'il paraissait, il était autoritaire, jaloux et doucereux.
Ce nom de Zuzo provoque un déclic chez nos héros. Soudain, ils reconnaissent Jujo Amstrong, leur ancien patron. Ils le supposaient être l'armateur anonyme de la Marie-Gaillarde. Le puzzle se complète d'une donnée logique. A cet instant, nos héros acquièrent un avantage compétitif sur leurs concurrents dans la recherche du Gougnafier Noir. Personne d'autres qu'eux dans l'univers, ou presque personne, ne pourrait faire le rapprochement entre ce capitaine aux longs cheveux bouclés et à la barbe fournie, et le chauve et bedonnant gérant de l'EGS.
Baltus tempère leur ardeur. Il n'est pas question de se jeter dans la gueule du loup. Les SIOU, les Shallow Waters. et Jujo lui-même précise Nina, rappelant à Baltus qu'il a aussi trahi la confiance de l'armateur. Baltus le Noir, qui est devenu fin politicien, la corrige aussitôt: on ne peut pas s'engager personnellement envers une personne qui souhaite rester anonyme.
A bord du Desperado, Nina entretient le rythme guerrier. Devant témoin, elle offre à Baltus de l'affronter au sabre pour distraire l'équipage. Celui-ci devine le feu qui couve sous la cendre. Afin que le spectacle ne se résume pas à une revanche Nina-contre-Baltus, il le transforme en un véritable tournoi. Plusieurs personnes y participent. Baltus s'en tire avec un score honorable. Nina, parvenue en finale, affronte le terrible Javier. Celui-ci triomphe grâce à sa force brute et, alors qu'il rend un hommage soporifique à la tradition des Zikki-Zerds, elle se jette sur Baltus et transforme, dans un langoureux baiser, sa colère en tension sexuelle.
L'extraction du sas est terminée bien avant les délais. Les opérations ont été rondement menées par Naeesh lui-même. Après l'affaire de l'irradiation, qu'il a su arrêter avant qu'elle ne devienne critique, Naeesh montre le rôle-clé que jouent les mécaniciens dans le vaisseau. Sa popularité en est accrue d'autant.
Après deux jours d'immobilisation, le Desperado reprend ses recherches dans le cimetière spatial. Les senseurs ont détectés un astéroïde qui pourrait retenir les restes du Lupar Kozak.
Il s'en approche et les senseurs alertent aussitôt sur la présence d'une source de chaleur anormale. Celle-ci s'éteint brusquement lorsque l'astéroïde, qui tourne lentement sur lui-même, présente enfin les carcasses serrées de quatre vaisseaux. De gauche à droite, on compte deux transports légers, un cargo, un autre transport léger. L'astéroïde prend environ 1h10 pour faire une révolution complète. Sa surface bénéfice d'une faible pesanteur.
Nos héros s'interrogent sur la nature de cette source de chaleur mystérieuse. Elle a été estimée dans une fourchette allant de 100 à 180 degrés. Les réacteurs d'un vaisseau auraient atteint des températures bien plus élevées et, de plus, elles n'auraient pu chuter aussi vite. Naeesh interroge les bandes vidéo et découvre que la porte principale du Lupar Kozak, un volet métallique, s'est refermée sur source de chaleur au moment où elle allait devenir visible, du fait de la rotation.
Les caméras sondent les quatre carcasses enrobées de poussière et la surface plane devant eux. Nimov croit reconnaître des cadavres de spationautes. Ils seraient enfouis sous une couche de débris rocheux, les rendant méconnaissables. Le zoom fixé sur la grande porte du cargo, il semblerait même qu'une feuille de papier ait été fichée au-dessus du panneau contrôlant l'ouverture de celle-ci.
Par prudence, Baltus ne veut pas amener le Desperado trop prêt de l'astéroïde. Il pourrait entrer dans son attraction, la perturber aussi vu leurs gabarits, et le percuter dans sa course ellipsoïdale.
Il décide alors de s'apprêter en cherchant dans toutes les épaves environnantes des navettes de petite taille qui n'emmèneront que quelques hommes sur place. L'entreprise est difficile car les pillards ont pris tout ce qui les intéressait. Il faut cinq jours au Desperado pour dénicher un vaisseau intact et candidat potentiel.
La Mignonnette est prise d'assaut en utilisant le nouveau sas d'abordage. Son intérieur est bizarrement conservé. Seuls quelques points stratégiques ont fait l'objet de dégradations. Il n'y a pas un seul cadavre hantant ses couloirs. La soute, finalement, révèle deux navettes en forme de fuseaux. Nos héros sont payés de leur attente. Ils enlèvent tout ce qui leur convient, vêtements, armes et matériels. Le Journal de Bord leur apprend bientôt que la Mignonnette n'a pas participé à la bataille de Lupar Kozak. Honte soit sur elle ! Prise dans la confusion des premiers combats, elle s'est réveillée trop tard et a préféré faire la morte devant l'adversaire. Les solaires ne se sont par laissés berner. Après l'avoir vidée de ses habitants, ils ont pris soin de la rendre inutilisable.
Enfin, Baltus dispose des deux navettes qui lui permettront d'aborder l'astéroïde du Lupar Kozak. L'habitacle est exigu et ne peut accueillir que deux passagers. Dans l'un, c'est Baltus et Nina qui se glissent. Dans l'autre, Esteban et Naeesh. Nina fait la course sa navette-fuseau et arrive la première sur l'astéroïde, soulevant un nuage de poussière dans son atterrissage acrobatique. Esteban se pose peu après. Mais Nina est déjà sortie de l'habitacle. Elle et Baltus contemplent une feuille de papier plantée par un clou près de l'énorme volet du cargo. « Pirates, vous êtes prévenus ! dit le message signé par Henryck le Fourbe. D'ici, on voit mieux les formes sous le tapis de poussière. Nimov avait raison. Le sol se compose de déchets mais aussi de combinaisons spatiales crevées, brunies par l'espace, entourant des aventuriers réduits à leur expression la plus... squelettique.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : +1 Naeesh
Coordonnées temporelles : le jeudi 3 octobre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Esteban et Nina la Rouge.
Alors que les officiers du Desperado échangent sur leur futur voyage vers Lupar Kozak, dans un café typique de Zoriman, Baltus est interpellé par une voix de femme.
"Eh bien Baltus, tu ne m'as jamais rappelée !"
C'est Nina la Rouge. Elle a retrouvé son ancien partenaire à des milliards de kilomètres de l'endroit où ils se sont quittés. En effet, Baltus avait laissé Nina sur Jobullan après lui avoir confiée le commandement de la Marie-Gaillarde. Mais les choses ont ensuite mal tourné. Nina n'avait obtenu cette fonction que grâce à l'alliance passée entre Igor, représentant de l'armateur, et Baltus. Baltus n'avait jamais honoré cette alliance, se contentant de transférer Nina et Elstor à bord de l'autre vaisseau. Il était parti sans explication après l'affrontement avec les Shallow Waters.
Nina raconte la suite de cette histoire. Après le départ de Baltus, la Marie-Gaillarde est restée longtemps immobilisée. Les réparations se sont avérées complexes et coûteuses. Lorsque l'armateur a reçu la facture, il est entré dans une colère noire. Limogeant Igor, qui avait mal apprécié la réalité de cette coalition, il a déclaré l'arrangement caduc. Nina et Elstor ont dû quitter le vaisseau.
Lorsqu'ils ont vu que le capitaine Kreuk y reprenait sa place, ils ont compris que celui-ci avait dû intriguer auprès de l'armateur pour obtenir leur destitution.
La requête de Nina est simple: elle veut retrouver la place qui était la sienne dans l'équipage de Baltus. A son habitude, elle s'exprime sans diplomatie, en mêlant les reproches aux revendications.
Baltus est très réticent à l'idée d'accueillir la turbulente Nina. Il faut toute la persuasion de ses officiers pour le convaincre. Ce qui emporte sa décision, c'est l'existence d'une prime de 500 000 crédits, offerts pour sa capture ou celle de Nina.
Cette dernière est venue accompagnée par Kara et ses Glisseurs qui ont fait le choix de l'exil. Baltus donne son assentiment pour leur intégration, se sentant responsable de la mort du frère de Kara.
"Balthazar ! Balthazar Antarus, dit Baltus le Noir ! Où se trouve-t-il ?"
A nouveau hélé sans ménagement, Baltus s'apprête à tirer son arme. Il reconnaît alors cette voix et cette horripilante habitude de déformer son prénom. L'homme qui a investi les lieux est Darius Molistarr. C'est l'ancien mentor de Baltus, à l'époque où celui-ci avait adopté le statut de chasseur de primes. Il est flanqué de deux collègues: le détesté Jarod Crann-Leg et un mutant, Jackpot.
Darius, professionnel honorable, prévient Baltus qu'il le pourchassera sans pitié. Baltus comprend aussi que ses ennemis ont suivi Nina depuis Jobullan et qu'ils sont venus constater sa présence sur Zoriman. A présent, la traque peut commencer. Deux agences sont en compétition: les Shallow Waters, qui ont une revanche personnelle à prendre, et les équipes de FujiTrack, habituées à travailler avec la SIOU.
L'altercation n'a pas lieu car les chasseurs de primes se savent en milieu hostile. Jamais ils ne ressortiraient vivants de Zoriman s'ils y pratiquaient une arrestation.
Les deux groupes se séparent.
Baltus, ses officiers, Nina et les Glisseurs prennent le chemin de l'astroport. Ils sont rapidement dans le Desperado mais Esteban attend plus d'une heure un créneau de décollage.
Le Desperado quitte enfin le ciel bleu éclatant de Zoriman. Baltus sait qu'il faudra 8 heures pour atteindre le portail supra-luminique et, exposé par la lumière de Zûr, il craint une intervention furtive. En fait, nos héros ne distinguent que des vaisseaux tiers, embarcations corsaires ou transports marchands.
Le couloir supra-luminique absorbe le Desperado, programmé pour une destination connue des seuls officiers.
Quelques heures plus tard, dans un lieu proche de Zarada à l'échelle de l'espace, le Desperado s'échappe du couloir, loin de tout point d'entrée. Devant lui s'étalent, carcasses immobiles et sans vie, le désastre incarné de la bataille de Lupar Kozak. Ici, l'Armada pirate du capitaine Hardbutt, surprise par des impériaux bien informés, a été détruite dans son intégralité. Un nuage de débris auréole les vaisseaux et protège jusqu'au plus profond de l'amas qu'ils forment. Le Desperado s'approche prudemment de ces obstacles microscopiques que la moindre pression peut bousculer. Baltus est à la recherche du Lupar Kozak dans lequel se réunissait Hardbutt et les autres capitaines. Naeesh le détourne de cet objectif en lui montrant, sur les écrans, un vaisseau intact sur lequel il pourrait prélever des pièces.
Ce vaisseau, de tonnage moyen, s'appelle le Sharing Partner. Personne à bord du Desperado n'en a entendu parler. Son état d'usure normal semble indiquer qu'il n'a pas participé aux combats, bien qu'il se soit trouvé au milieu de la mêlée.
Une délégation de visiteurs en scaphandre sort du Desperado. On retrouve tous nos héros : Baltus, Naeesh, Esteban et Javier. Kara s'est jointe à l'expédition sur la demande de Baltus, qui veut tester sa loyauté.
Nos héros s'organisent en duos. Baltus, accompagné de Kara, recherche les appartements du capitaine. Il joue gros. Si Kara s'en prend à lui, un seul tir suffira à percer sa combinaison et à le laisser sans oxygène. Naeesh et Nina se rendent au poste de pilotage. Enfin, escorté par Javier en personne, Esteban va explorer la soute.
L'intérieur du vaisseau est intact mais le niveau d'énergie est si faible qu'il n'autorise que le fonctionnement du système de survie. L'atmosphère n'est pas respirable malgré la présence d'oxygène en faible quantité. La pesanteur artificielle est désactivée.
Alors que nos héros font des découvertes intéressantes, Naeesh hurle l'ordre de repli sur les communicateurs. Comme d'habitude, le second n'est pas écouté par les officiers rebelles à son autorité. Seule Nina, qui croise son regard paniqué, le suit à l'extérieur. Les autres terminent ce qu'ils ont commencé à faire.
Une dizaine de minutes plus tard, nos héros pâlissent devant les éclaircissements de Naeesh qui a détecté un fort niveau de radioactivité. Plus tard, le Journal de Bord du capitaine Corrigan, propriétaire du Sharing Partner, expliquera ce qu'il s'est passé.
Le Sharing Partner s'était rendu à une assemblée de l'Armada comme des dizaines de fois auparavant. A peine arrivé, une opération de maintenance avait révélé une avarie dans le système de refroidissement du générateur. L'avarie avait vécu et était restée indécelable jusqu'à jusqu'une fissure la signale par une fuite radioactive. Les mécaniciens avaient bricolé une dérivation à partir du circuit d'air conditionné, obtenant une solution partielle mais créant un dangereux rapprochement entre les deux circuits de refroidissement, entre l'oxygène et le Radix. L'isolement de l'espace avait pourvu au reste. Ne possédant pas les pièces de rechange ni les outils de réparation, les mécaniciens avaient été dépêchés sur d'autres vaisseaux pour demander de l'aide. La plupart n'était jamais revenue, craignant d'opérer dans des conditions si dangereuses et ayant un certain ressenti pour Corrigan qui les avait traités comme des pirates de second ordre. Puis la bataille de Lupar Kozak avait démarré. La vingtaine de personnes qui restait à bord avait décidé de ne pas prendre parti et de s'en remettre à la merci des vainqueurs. Le comte de Malaugurre ignora, ou n'entendit pas, leurs appels.
Au-delà de la leçon de morale, qui profite à tous, nos héros n'ont pas perdu leur temps dans cette mésaventure. Naeesh a remarqué que le sas d'abordage du Sharing Partner n'était pas contaminé outre mesure, du fait même de son principe de cloisonnement. Avec ses mécaniciens, il pense l'extraire en trois jours. Quant à Baltus, il a découvert de nombreuses photographies dans les affaires du capitaine Corrigan. Celui-ci avait fait de cet art son passe-temps et de nombreux capitaines faisaient appel à ses services. Dans un album, Baltus a notamment déniché des portraits d'Hardbutt et des principaux chefs de l'Armada, dont un visage barbu dont la vue le trouble. Mais où l'a-t-il déjà rencontré ?
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : +1
Coordonnées temporelles : le jeudi 26 septembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Esteban et Javier l'homme-lézard.
Pendant que Javier affronte seul un adversaire inconnu, le capitaine Baltus fait quelques emplettes au Marché Technologique. Il acquiert une cinquantaine de talkies-walkies pour l'équipage.
De retour à l'hôtel, il croise Naeesh qui se réjouit de voir que son capitaine va mieux et lui fait part des dernières nouvelles. Arrive Esteban qui raconte comment Javier et lui ont été l'objet d'une filature avant de devenir persécuteurs eux-mêmes pendant toute l'après-midi. Baltus devine la catastrophe derrière le suspens qui conclut ce récit !
Il enjoint les présents de partir immédiatement pour l'hôtel de banlieue où Javier a été laissé par Esteban.
Dans la chambre, l'altercation tourne au vinaigre. L'homme qui menait la filature s'est enfermé dans la salle de bain au motif qu'il voulait se rhabiller. Javier s'est approché de la porte et un tir de laser l'a légèrement blessé. Furieux, il se jette de toutes ses forces contre le bois qui cède en une poussée de sa masse reptilienne. Javier percute l'homme qui dit s'appeler Gustav. Gustav n'a pas le temps de reprendre ses esprits. Javier le ceinture de ses quatre bras musculeux et maintient le canon de son arme à la verticale, inutilement braqué vers le plafond.
L'interrogatoire commence. L'homme résiste mais Javier, avec ses bras multiples, peut le paralyser tout en lui lacérant le dos d'un doigt griffu. Les plaies dessinées sont superficielles. Toutefois, l'homme panique en voyant le sang dégouliner par rubans écarlates le long de ses jambes.
Il confesse être à la solde d'Henryck le Fourbe et avoir été mandaté par celui-ci pour observer les membres du Desperado en visite à Zayub City. Lorsque Javier lui demande à quelle fin cette filature a été organisée, il explique que le capitaine du Desperado se serait vanté auprès d'autres capitaines, parmi eux Henryck le Fourbe, de pouvoir retrouver le Gougnafier Noir. Mais ce capitaine vantard, Gustav l'identifie à Naeesh, qu'il surnomme le Couard (en jouant sur le Noir).
Menant sa froide logique jusqu'au bout, Javier décide de faire comparaître Gustav devant Naeesh dont l'honneur est sali. Gustav termine de s'habiller en détaillant pourquoi c'est une très mauvaise idée selon lui. D'après ses dires, d'autres agents d'Henryck le Fourbe seraient dans les parages. Ils ne tarderont à comprendre ce qu'il s'est passé s'ils voient Gustav marcher aux côtés de Javier. Gustav se propose aimablement de jouer la comédie: il marchera à environ 200 mètres derrière l'homme-lézard, donnant l'illusion que la filature se poursuit.
Javier doute de la parole de son otage. A n'en pas douter, il se retrouvera Grosjean comme devant s'il le laisse trop s'éloigner. Face aux supplications de Gustav, Javier admet tout de même qu'il sorte armé pour défendre sa vie contre ses anciens partenaires.
Un coucher de soleil rouge et or couvre le boulevard. Javier et Gustav s'engagent sur le trottoir de droite. Sur le trottoir de gauche, par-delà un flot ininterrompu de voitures, les agents ennemis commencent à se rassembler. Un, puis deux, puis trois. Sur le trottoir de droite, deux agents supplémentaires emboîtent le pas à notre héros et son otage.
Soudain, la fusillade éclate. Javier arrête Gustav qui sortait son arme et le place devant lui comme un bouclier humain. Les agents ennemis hésitent mais finissent par tirer sans égard pour leur camarade.
A bord du buggy, le reste de nos héros, conduit par Esteban, remonte le boulevard. La fusillade n'échappe pas à leur vision latérale. Javier s'est engagé dans une rue perpendiculaire au boulevard pour se mettre à couvert. Il affronte deux hommes au pistolet. Trois autres, venus de la rive opposée, traversent entre les voitures. Le buggy lancé à une centaine de km/h a dépassé la scène. Esteban cherche un carrefour, puis fait demi-tour. Le buggy revient en sens inverse, arrive en vue des tireurs qui ont encore un pied sur le boulevard. Il s'engouffre dans la rue perpendiculaire et fait volte-face, les pneus crissant et le véhicule stoppant sur le trottoir. Baltus klaxonne. Esteban descend avec son arme dégainée.
Les agents ennemis paniquent à la vue de ces renforts. Le terrible lézard a tué l'un d'entre eux et il n'a pas hésité à se placer au corps-à-corps, là où sa stature imposante lui donne un avantage certain. Ils s'enfuient, Javier sur leurs talons.
Le reste de nos héros retourne dans le buggy, démarre en trombe et boum ! percute une voiture sur le boulevard. Le choc est si violent que le buggy est déplacé d'une dizaine de mètres. La jambe d'Esteban est écrasée dans le buggy, là où le véhicule tiers a tapé. Javier, dont les écailles luisent de sang, abandonne la poursuite. Il raconte à son capitaine ce qu'il s'est passé mais le commanditaire de l'action est restée dissimulée : les derniers hommes se disaient envoyés par Zarria Hock que Baltus avait humilié au jeu.
Nos héros rentrent à l'hôtel. Baltus ordonne une évacuation discrète. Esteban, après son départ, préfère régler la note d'hôtel.
Nos héros passent les contrôles à l'astroport. Les douaniers ne repèrent pas l'état de blessés grâce à des effets de maquillage utilisés par Paola et Zia.
Une fois dans le Desperado, qui est dans la zone internationale de l'astroport, nos héros retrouvent leur sérénité. Ils discutent des futures opérations et, après avoir obtenu un créneau de décollage, quittent Zayub City. Ils ont l'impression d'avoir épuisé les sources de renseignement de la ville. Il est temps de chercher ailleurs le moyen d'avancer dans la quête du Gougnafier Noir.
Une pause est alors décrétée dans les recherches. La principale raison en est que Javier, l'homme-lézard, a décidé d'effectuer le Pèlerinage du Désert qui part de Zoriman. Tout compte fait, il le fera en solitaire. Les autres ne sont pas prêts à l'accompagner pendant un mois dans les dunes brûlantes et les expériences transcendantales zerds. Ce que ce pèlerinage peut apporter à la quête du Gougnafier Noir est incertain.
Pendant un mois, le Desperado reprend sa chasse au trésor à travers l'espace. Il se contente de prises de moindre intérêt mais, dans le même temps, ne se met pas en danger. 25 000 crédits sont collectivement gagnés. Il faut en consacrer 10 000 au renouvellement des vivres, à l'entretien du vaisseau et au carburant. Les taxes de l'astroport ont aussi un coût élevé. Nos héros attendent le retour de Javier sur Zoriman. Comme il a pris du retard - il s'agit d'un mois complet mais ils ne le savent pas - ils se rendent sur Zadir. Cette ville est la grande rivale de Zayub City sur le plan économique. Baltus caresse l'espoir d'approcher la fille de l'émir, Zuli bin Zadiraman al-Zadir. Il entre en contact avec l'intendant du palais, un certain Zerrald, à qui il se présente comme un prince en voyage. Il préfère néanmoins renoncer devant le caractère inaccessible du palais.
Lorsque nos héros retrouvent Javier à Zoriman, la ville sainte de la religion zerd, il se dit ravi de son périple. Gavé aux Graines de la Folie, épuisé par les jeûnes répétés et la chaleur, Javier a atteint la libération mentale autorisant un pèlerin à contempler la Cité d'Emeraude. Il y a admiré des champs de Fleurs de la Folie, touché les murs translucides de pierre verte, et rencontré des prêtres qui l'ont aidé dans son cheminement intellectuel vers ses origines zerds. Il a eu confirmation qu'Hardbutt avait bénéficié du même traitement. En fait, avant sa disparition, il avait proclamé vouloir adopter la religion zerd et demander la main de la princesse Zuli, malgré sa relation coupable avec une de ses otages, la lyra Anistine Propoulos.
On sait aujourd'hui que ce destin n'a pas été celui du capitaine Hardbutt. Un peu avant la bataille de Lupar Kozak, le Sacristain l'aurait convaincu d'abandonner ses projets pour se rapprocher d'une autre religion, la Perception, et d'une autre femme, sa soeur. Ce revirement semble n'avoir pas profité au capitaine. Quelques semaines plus tard, l'Armada pirate disparaissait corps et âme dans le vide glacé de l'espace. Le clergé zerd ne veut plus entendre parler de cet apostat.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 19 septembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Naeesh, Esteban et Javier l'homme-lézard.
Le lendemain, le capitaine Baltus le Noir ne parvient pas à s'extirper de son lit. La Mouche du Sommeil, qui l'a piqué il y a quelques jours, se rappelle à lui par une nouvelle crise de somnolence.
Naeesh prend la direction des opérations. Il incite tous les officiers à se rejoindre dans la salle du petit-déjeuner mais, face à l'indiscipline coutumière des pirates, il peine à se faire obéir.
En bas, Javier n'écoute pas le discours du capitaine en second. Il préfère regarder la télévision. Le journal télévisé, via une diffusion exceptionnelle, finit par gagner l'attention des autres. Les images qui défilent en boucle sont celles de la maison de repos où Baltus et Javier se sont rendus la veille. L'ancien gouverneur Tamerlock a été assassiné. La police recherche deux suspects: un citoyen d'origine et un homme utilisant une fausse accréditation du ministère des Prises et de l'Adjudication.
Naeesh comprend que la position de l'équipage est compromise à Zayub City. Il interroge Javier. Celui-ci dit n'avoir fait que malmener Tamerlock, certainement pas au point de le tuer. Il se porte garant de la maîtrise de soi du capitaine Baltus.
Il s'agit donc d'un traquenard, un meurtre commis par un autre et dont la responsabilité échoit injustement sur nos héros. Mais à quel point la police est-elle proche de les trouver ? Possède-t-elle des photographies des deux visiteurs ? A-t-elle récupéré les données du passeport de Javier ?
Naeesh décide que le Desperado doit quitter l'astroport rapidement. Il se pose toutefois un problème d'ordre pratique. Sur la centaine de membres d'équipage, très peu sont joignables. Il faut attendre des rotations à l'intérieur du vaisseau pour être sûr que tous soient prévenus. Une semaine de délai est donc arrêtée.
De son côté, Javier veut entreprendre le Pèlerinage du Désert. Ce rite initiatique lui permettra s'intégrer à la société zerd dont il est visiblement originaire. Pour ce faire, il appelle au téléphone les deux zélotes qu'il a rencontrés au Zobway. Ceux-ci le dirigent vers Zimmy, un guide de Zoriman. Zimmy lui apprend que le Pèlerinage est réservé aux Zerds et aux Zhommes Purs. Toutefois, Javier s'aperçoit que la notion de "Zhomme Pur" présente une certaine élasticité pour Zimmy, fortement corrélée à la notion de prix du service.
Pour la somme de 1 000 crédits par personne, Zimmy s'engage à passer totalement sur les antécédents de ses clients. Il faudra aussi compter 1 000 crédits supplémentaires en cash pour des dépenses au cours du voyage.
Naeesh s'avère très réticent à dépenser une pareil somme contre un résultat imprévisible. La durée du Pèlerinage est aussi un repoussoir: deux mois pour bien faire et le pèlerin qui ne démontre pas assez de piété, risque de ne pas trouver la Cité d'Emeraude.
Il finit par accepter le marché. Le rendez-vous avec Zimmy sera donc honoré, dans une semaine à Zoriman.
En parallèle du pèlerinage, Naeesh invite Esteban à recontacter Zooman, le chasseur de Zerds et organisateur de safaris. Cette prise de contact augure mal de l'accomplissement de Naeesh en tant que "Zhomme Pur". Toutefois, il espère y gagner quelques précieux renseignements.
Naeesh et Esteban retrouvent Zooman dans un grand hôtel, au milieu d'une foule dense. Il est attablé avec une belle asiatique qu'il présente comme sa partenaire, Azumi. Zooman ne se cache pas d'être un chasseur paranoïaque et de devoir à son obsession la vie sauve. Il a compris qu'Esteban avait menti sur l'identité de ses interlocuteurs.
Naeesh ne nie rien. Quelques questions sont échangées mais nos héros n'osent pas entrer dans le vif du sujet, de crainte de dévoiler tous leurs plans. Au détour d'une phrase, ils apprennent quand même que les plus beaux trophées de Zooman sont des femelles zerds... c'est-à-dire des Vers des Sables !
Zooman se rend compte que la discussion ne mènera nulle part. D'ailleurs ses prix - entre 3 000 et 10 000 crédits par personne - ont aussitôt découragé nos héros de l'employer. En s'en allant, il souligne l'inutilité de venir avec un complice caché. Mais nos héros ne sont accompagnés d'aucun espion: ils en sont la victime.
Les jours qui suivent sont supposés n'être que la préparation au grand départ.
Naeesh et Esteban constatent qu'on les surveille avec une déconcertante régularité. Javier, un jour qu'il est de sortie au marché, s'en aperçoit également. Beaucoup plus nerveux que ses camarades, il aborde l'homme qui s'entête à le suivre. Celui-ci est pris au dépourvu mais il invente une excuse. Amateur de babouches, il demande conseil à Javier sur celles qui lui vont le mieux. L'affaire aurait pu en rester là.
Deux jours plus tard, Javier et Esteban s'agace d'être pris en filature. L'impression est tenace mais les hommes se relayent et il est difficile de prouver quoi que ce soit. Le seul que nos héros ont identifié avec certitude, c'est l'homme aux babouches. Aussi Javier décide-t-il de l'aborder à nouveau. Il se montre faussement attentif à ses besoins et, à son tour, le suit partout. A court de mensonges, l'homme trouve refuge dans un commissariat où il demande à parler seul à seul avec un officier. Las de ses supercheries, Javier et Esteban l'attendent dehors !
L'homme reprend alors sa marche avec Javier à ses côtés qui le harcèle de sa prévenance outrancière. Esteban leur emboîte le pas, un peu gêné.
Pendant ce temps, Naeesh reçoit la visite de ses deux espions, le policier et le mercenaire, lancés à travers la ville dès l'arrivée du Desperado. Ils confirment l'intérêt d'Hardbutt pour la religion zerd, en précisant que le Sacristain ne cessait de le pousser dans une autre voie. Ils ont également entendu parler par des pirates d'une collusion secrète entre Baltus le Noir et d'autres capitaines. Selon les rumeurs, Baltus aurait tout bonnement parié le Desperado ! Les capitaines qu'il a rencontrés se sont montrés très à l'écoute de ses fanfaronnades. Henryck le Fourbe, tout particulièrement, se serait lancé dans l'aventure du Gougnafier Noir.
Dans les boulevards ensoleillés de Zayub City, un bus conduit Javier et Esteban vers la banlieue de la ville. Pris entre nos deux compères se trouve l'homme aux babouches, visiblement apeuré, que Javier a décidé de raccompagné jusqu'à chez lui. Il s'appelle Gustav et a fini par avouer qu'il était de l'équipage d'Henryck le Fourbe, mais sans plus de détails sur ses objectifs. L'homme descend au terminus. Javier et Esteban sont encore derrière lui. Arrivé devant son hôtel, il prétend encore les quitter.
Finalement, nos héros acceptent. En apparence ! En fait, seul Esteban est reparti. Javier entre dans l'hôtel et loue une chambre en face de Gustav. Il a dans l'idée de l'espionner mais, manquant de patience, il va frapper à sa porte. Gustav ouvre en peignoir. Eberlué, il est à nouveau face à face avec cet homme-lézard qui a été son cauchemar de toute l'après-midi. Javier entre sans se y être invité. Gustav, très embarrassé, obtient seulement d'aller se rhabiller dans la salle de bain avant de répondre à ses questions. Notre héros craint que l'homme ne trouve encore une échappatoire. Il se colle à la porte pour écouter. Après un couinement de fermeture éclair, un tir de laser traverse la porte.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 5 septembre 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Esteban et Javier l'homme-lézard.
Le lendemain matin, nos héros conviennent au petit-déjeuner de se partager les tâches de la journée.
Naeesh et Esteban veulent acheter une jeep pour circuler plus facilement en ville, mais aussi dans la perspective d'effectuer le Pèlerinage du Désert. Baltus, qui considère qu'une partie de ses fonds est destinés au bien commun, leur offre 1 000 crédits pour ce faire.
De leur côté, Baltus et Javier, l'homme-lézard, ont décidé de rendre visite à Tamerlock, l'ancien gouverneur de Zayub City. Cette rencontre n'est pas à la portée du tout-venant, car Tamerlock, dont toute raison s'est envolée, est détenu dans une sorte d'asile. Baltus a donc dû contrefaire son apparence et il a aussi émis de faux documents en les tamponnant avec le sceau du Ministère des Prises et de l'Adjudication.
Au Marché Technologique, le second et l'officier pilote dénichent une véritable jeep de collection. Seulement, le moteur réclame une mise à jour importante. Le marchand, qui est homme de ressources, les met en relation avec un chef d'atelier. Il est convenu que la jeep sera mise aux normes de sécurité, se verra doter de plaques d'acier renforcées à l'avant, et subira quelques modifications cosmétiques, comme deux tracés de flammes sur les côtés.
L'asile ressemble plutôt à une maison de retraite pour vieillards richissimes, avec un contrôle à l'entrée. Les faux documents de Baltus font illusion. Le service de sécurité, privatisé, n'est pas aussi tatillon que des fonctionnaires de police. Néanmoins, la présence de Javier choque la réceptionniste. Pourquoi un « citoyen d'origine » visiterait-il l'ancien gouverneur ? Javier doit échanger son passeport contre un badge « Visiteur ».
La cellule de Tamerlock est un véritable appartement, décoré avec goût et surveillé par des caméras. L'ancien gouverneur se trouve affalé dans un canapé, devant plusieurs téléviseurs, et certains écrans diffusent la scène prise par les caméras. Son esprit est dans le même état de délabrement que son corps à la peau rebondi et flasque. Il a une attitude irrationnelle et craint particulièrement de potentiels assassins, envoyés par Zarr ou Hardbutt. Nos héros s'emparent du disque dur de son ordinateur, en espérant y trouver des dossiers datant de l'époque de sa toute-puissance.
Les deux groupes étant de retour à l'hôtel, l'après-midi se passe en consultation de dossiers électroniques. L'ordinateur contient essentiellement des films pornographiques, où figurent Tamerlock et Hardbutt en savantes postures, entourés de jolies femmes. Grâce à un logiciel édité par la Ligue des Planètes Libres, Naeesh parvient à restaurer des fichiers effacés. Ces fichiers retracent les dernières années de la vie du gouverneur. Les Services Secrets avaient alerté celui-ci sur la dégradation de ses relations avec l'Armada des Pirates, devenue trop querelleuse, trop encombrante, et le rapprochement suspect entre Zarr, un homme d'affaires véreux, et le capitaine Hardbutt. Après la disparition d'Hardbutt, Zarr est soupçonné d'avoir mis en circulation un faux testament pour s'emparer des biens du pirate.
Esteban n'a aucune curiosité pour l'informatique, il préfère le pilotage et l'ivresse des grands espaces. Il se rend au marché en bus pour voir si les travaux de maintenance sur la jeep sont en bonne voie. Parmi les passagers, il lui semble reconnaître le Zerd accusé de terrorisme, encapuchonné, mais il descend à la station du Marché et le bus s'éloigne en emportant son mystérieux passager.
Le vendeur arrangeant accepte de conduire Esteban jusqu'à l'atelier de réparation, dans la banlieue de Zayub City. Parmi différentes pièces de rechange, Esteban se laisse tenter par des jantes argentées, ornées d'un tigre stylisé comme une ombre bondissante. Le chef d'atelier lui propose aussi, pour couvrir ses sièges, du cuir en peau de Zerd. Esteban est offusqué mais il se prétend néanmoins intéressé. Il demande à rencontrer le « chasseur de Zerds » car il voudrait organiser un safari.
Javier, quant à lui, s'intéresse de près au Pèlerinage du Désert. Il cherche à rencontrer les deux zélotes qu'il avait croisés au Zobway le jour de son arrivée. Le barman lui confirme que ce sont des clients irréguliers mais, marchands nomades, ils logent sans doute au Karavanzérail, un hôtel communautaire. Un peu plus tard, l'hôtelier accepte de transmettre la requête de Javier à ses hôtes, qui louent bien une chambre chez lui, mais sont de sortie à cette heure.
Le soir, Baltus préside à une revue de la journée pendant le dîner. Les informations sont mises en commun mais l'équipage ne parvient pas à une décision concertée. Faut-il faire le Pèlerinage du Désert ? Ou bien abandonner Zayub City et tenter de retrouver Glender, qui est retenu prisonnier dans l'Empire Galactique ? Ou, enfin, aller visiter Lupar Kozak dont Baltus a récupéré les coordonnées dans l'ordinateur de Tamerlock ?
En fin de journée, Esteban et Javier reçoivent les appels attendus dans leurs chambres respectives.
Esteban est contacté par Zooman, l'organisateur de safari. Celui-ci lui promet une promenade dans le désert, une escapade virile et musclée, à la recherche de trophées sanguinolents zerds. Esteban ne s'engage qu'à y réfléchir. Il déclare faire partie d'un équipage pirate en goguette, venu de Havana pour explorer la planète corsaire : celui du capitaine Herrero Laguardia, dont il a vraiment fait partie.
Quant à Javier, il est contacté par les deux zélotes qui sont toujours en quête de moutons égarés à ramener vers le troupeau de la vraie foi, celle de la Religion Zerd et de la Lumière de Zûr. Le pèlerinage est présenté comme durant un voire deux mois, et seuls les plus méritants parviennent à son but ultime : le merveilleuse Cité d'Emeraude. Les deux Zerds connaissent un guide qui n'est lié à aucune tribu (cadre naturel du pèlerinage) et accepte les paiements en espèces, un certain Zimmy qui est sur Zoriman, la ville pieuse d'où part le Pèlerinage.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 29 août 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Esteban et Javier l'homme-lézard.
Dans le palais du gouverneur, nos héros ont provoqué un esclandre pour s'autoriser une fouille clandestine des lieux.
Au sous-sol, Esteban s'interroge sur ses possibilités d'action devant une porte fermée. Il ne doute plus, à présent, que ce soit un terroriste zerd qu'il ait suivi jusque-là et qui ce soit isolé dans la salle bruissant de serveurs. Malheureusement, l'endroit est très surveillé. Esteban est interrompu dans ses réflexions par l'arrivée d'une patrouille. Il n'oppose aucune résistance aux gardes qui l'inspectent, ne voulant pas être assimilé au terroriste qu'il dénonce.
En haut, le petit groupe de touristes se reforme, alors que le mystère de la disparition du portefeuille n'a pas été résolu. La bagarre déclenchée par Gâchette a monopolisé l'attention des gardes. Suite à cela, même la victime du larcin a jugé préférable de ne pas insister, afin de ne pas passer pour une fauteuse de trouble. Le guide conduit donc Naeesh, Javier et les autres à travers les anciens appartements d'Hardbutt. Ils passent par son harem où les attendent des mannequins de cire mais aussi par une chapelle multiconfessionnelle. Encore une facette de l'insaisissable capitaine : malgré ses vices, il était d'une religiosité craintive. Cela explique l'ascendant que le Sacristain avait sur lui. Des tableaux suggèrent aussi qu'Hardbutt s'était lié aux autorités religieuses de l'ancien Empire Zerd et avait effectué le fameux Pèlerinage du Désert.
Le capitaine Baltus venait de renoncer à forcer la porte d'un haut fonctionnaire, quand il a vu tous les gardes rappelés une seconde fois : ils partent tous en direction du sous-sol. Le voilà donc qui reprend son petit manège et la serrure finit par céder. Il se faufile à l'intérieur et peut se livrer à sa curiosité sans dérangement. Le bureau est celui d'un officier de la Sécurité Intérieure. Baltus consulte de grands classeurs d'archives mais aussi des dossiers électroniques puisque l'équipement du palais est très sophistiqué. Il copie les fichiers qui l'intéressent et apprend, notamment, que le célèbre Glender serait retenu par l'Empire Galactique et sur quelle planète.
Au sous-sol, les gardes du palais ont fait exploser la porte de la salle des serveurs. Ils échangent des tirs avec l'intérieur, sans doute retournés par le terroriste Zerd. Esteban se dit qu'il a autant de chance de passer pour un complice de celui-ci que pour un sauveur complètement fortuit. Il préfère donc s'éclipser et retrouver le groupe de touristes.
Celui-ci approche de la fin de sa visite. Sur les conseils de Naeesh, Zia a délesté le guide de son portefeuille. Il s'avérera contenir de précieux laissez-passer pour des lieux touristiques, notamment des ministères. Le groupe va quitter le palais quand le guide s'aperçoit qu'il a été victime d'un pickpocket. Un nouvel esclandre s'ensuit et les gardes, très énervés, procèdent à une fouille complète des touristes avant de les laisser partir.
Il ne reste plus qu'à retrouver Baltus mais celui-ci a trop tenté le Diable pour s'en sortir à bon compte. Il est surpris par un homme en civil en sortant du bureau. Questionné sur sa présence, il panique et répond qu'il cherchait simplement les toilettes. Baltus comprend qu'il s'est trahi lorsque l'homme va le signaler aux gardes. Le capitaine pirate disparaît alors dans la foule à la recherche d'un déguisement. Dans une poubelle, il remarque une sorte de robe de bure gigantesque : il s'agit du vêtement cérémoniel zerd avec lequel le terroriste s'est introduit dans le palais. Baltus ignore ce qu'il se passe au sous-sol et, ayant ajusté la robe monastique, il parvient à sortir du palais par la grande porte.
Il est plus de 18h. Le minibus ramène nos héros jusqu'à l'hôtel. Le guide est atterré : la visite a été un désastre et il a perdu toutes ses accréditations officielles. Les pirates, qui ne reculent devant aucune infamie, le blâme personnellement pour les vexations qu'ils ont subies et prétendent demander le remboursement de leurs frais.
Devant un copieux dîner, ils se font à l'hôtel le récit de leurs aventures respectives. Le bilan est très positif. Trois nouvelles pistes s'offrent à eux pour retrouver le Gougnafier Noir :
1) Exploiter leurs accréditations officielles pour explorer les coins les plus inaccessibles de Zayub City
2) Entrer en contact avec le haut clergé de l'Empire Zerd avec qui Hardbutt aurait tissé des liens étroits
3) Tenter de retrouver Glender, sur une planète de l'Empire Galactique, pour lui demander ce qu'il est advenu du Gougnafier après la bataille de Lupar Kozak
En deuxième partie de soirée, Javier et Esteban se rendent au Zobway. Ils sont accompagnés par Zia qui reproche à Baltus de la traiter comme une domestique parce qu'elle est une femme pirate. Il l'a notamment pour lui acheter des vêtements. Dépitée d'être réduite à des activités de shopping, lourdement alcoolisée, Zia se console auprès de Javier, l'homme-lézard, qui n'en demandait pas tant.
Quant à Baltus et Naeesh, ils profitent de la vie nocturne de Zayub City en sillonnant la rue des bars et discothèques. Baltus, que sa quête obsède, fait la rencontre de plusieurs capitaines pirates autour d'une partie de cartes. Tous ont à un moment recherché le Gougnafier Noir et abandonné l'idée de le trouver. Zloki, un Zikki-Zerd, le sait caché sous les sables de l'ancien Empire Zerd.
Pendant ce temps, Naeesh se rapproche de Paola, la jumelle de Zia, la sulfureuse asiatique callipyge. Si Zia aime s'emparer de la propriété d'autrui, Paola est fascinée par le pouvoir. Naeesh la comprend trop bien. Lui qui n'est « que » le second, prédit la chute prochaine de Baltus, un capitaine incapable de tenir son équipage. Paola se laisse tenter par cette probabilité...
Il est tard quand Baltus quitte la table de jeu, laissant les autres capitaines impressionnés par son adaptation à des règles qu'il ne connaissait pas. Lorsqu'il se retourne, Henryck le Fourbe, l'un des joueurs les plus habiles, lui propose un étrange pari : miser sur le fait qu'il retrouvera, ou non, le Gougnafier Noir.
Henryck parie contre sa réussite et est prêt à lui livrer son vaisseau s'il se trompe. Il attend la même mise en retour. Baltus commence par accepter sur la base de deux mois de délai, puis recule en s'apercevant qu'il ne sait combien il lui en faudra. Il promet de revenir s'engager quand il aura estimé la durée nécessaire à l'accomplissement de sa quête.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 22 août 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Esteban et Javier l'homme-lézard.
La nuit tombe sur Zayub City mais le crépuscule vient à peine tempérer la chaleur torride d'une journée finissante.
Dans les premières heures du jour, Baltus débarque à l'hôtel où se trouvent Naeesh et les autres. Il est resté assez longtemps alité à bord du Despeado. Plein d'une énergie renouvelée, il brûle d'explorer la ville. Il est venu avec l'une des jumelles, Zia, mais elle va se coucher alors qu'il s'attable au bar de l'hôtel.
Des petits fascicules présentent les diverses attractions de la ville, mais aussi de ces deux voisines, Zadir et Zoriman. Un énorme encart est consacré au « Hardbutt's Tour ». Zayub City a transformé la légende du célèbre pirate en une entreprise touristique.
Le lendemain matin, nos héros sont réveillés par la Réception de l'hôtel. Ils se retrouvent un peu avant 8h autour d'un petit-déjeuner et Baltus, qui les a fait tirer du lit, leur annonce qu'ils vont participer au fameux périple dédié à Hardbutt à travers la ville.
Nos héros sont déjà nombreux car les deux jumelles, la professeure de mathématiques et son mari les accompagnent. Ils montent à bord d'un minibus où les attendent des touristes sans gêne, répartis sur tous les sièges, qui prennent Javier en photo.
Le guide s'appelle Zack et c'est un autochtone humain.
Le parcours commence par une visite du marché principal. C'est un véritable quartier circulaire entouré de murailles, composé d'étals et de boutiques colorés. On y vend du matériel technologique qui est souvent de seconde main, et donc difficile à évaluer. Hardbutt y écoulait ses prises aux débuts de l'Armada. Une dérogation accordée par le gouverneur Tamerlock lui permettait d'échapper à la procédure administrative, lourde et incertaine, de l'adjudication. Toutefois, l'Armada ne fut plus la bienvenue lorsqu'elle eut enflée au-delà du nombre de plusieurs dizaines de vaisseaux : ses ventes déstabilisaient l'économie locale.
En deuxième lieu, nos héros se rendent dans un « quartier chaud », plutôt désert et triste le jour, où les pirates de l'Armada passaient leurs nuits dans des bars enfumés. C'était un lieu de plaisir mais aussi de réunion et les opérations s'y décidaient. Encore une fois, ceci ne fut valable qu'au premier temps de l'Armada. Lorsqu'elle eut atteint la taille d'une véritable flotte de guerre, elle fut contrainte de s'exiler dans un lieu-dit éloigné du système stellaire : la carcasse du Lupar Kozak et ses environs. C'est dans cette zone qu'elle rencontra sa fin tragique, lorsque le comte de Malaugurre y conduisit une véritable contre-Armada financée par l'Empire de Sol.
Ensuite, nos héros visitent le Ministère des Prises et de l'Adjudication. Ce joli bâtiment aux colonnades blanches était autrefois le palais du gouverneur Tamerlock. Le nouveau gouverneur, Zarr, a déménagé depuis. Il vît dans ce qui fut l'hôtel particulier d'Hardbutt, la fameuse Villa d'Emeraude, dont il fut le légataire. Baltus dérobe un tampon d'accréditation du ministère, à tout hasard. Javier fait connaissance avec deux représentants de la Garde Zerd, troupe d'élite qui se recrute uniquement dans la tribu des Zikki-Zerds. Les deux sentinelles lui offrent de le retrouver en fin de journée.
Après cela, le minibus conduit nos héros jusqu'à la cale sèche qui accueillait le Gougnafier Noir entre deux missions. Le « premier » Gougnafier était tout à fait ordinaire. Mais, lorsqu'on parle du Gougnafier Noir, on fait implicitement référence au second : prototype de vaisseau militaire arraché à l'Empire de Sol par les pirates, il aurait été un bijou technologique confectionné par les ingénieurs de la Ligue. La cale sèche qui l'accueillait a été adaptée à ses dimensions spectaculaires.
Enfin, le parcours se termine par la magnifique Villa d'Emeraude. Cette dernière aurait été taillée dans du marbre vert, matière précieuse symbolique de l'Empire Zerd qui régnait autrefois sur la planète. Les couloirs sont balisés de gardes arborant les insignes dorés du Lézard. Néanmoins, Baltus et Esteban parviennent à quitter le groupe sans se faire remarquer. Cela se fait aux dépens des autres. Javier a pris sur lui de détourner l'attention des gardes, en se jetant sur l'ancien lit d'Hardbutt et en y invitant les autres touristes. Les événements dérapent quand un pickpocket abuse de la situation pour voler un portefeuille. Mais ce malandrin n'est autre que Paola, l'une des jumelles. Naeesh trouve à son tour le moyen de créer la confusion. Javier le frappe et Naeeh, l'arcade sourcilière droite abîmée, désigne au hasard un colosse dans la foule. Ce colosse, il ne l'a pas reconnu, mais il s'agit de Gâchette ! Gâchette ne réalise pas tout de suite ce qu'il se passe et, avant qu'il ne devine, il est déjà trop tard pour s'expliquer. Les gardes sur lesquels il a fait pleuvoir ses coups puissants le ceinturent déjà.
Baltus n'a rien trouvé d'intéressant dans le palais du gouverneur mais, au moins, il a su rester discret. Afin d'obtenir de meilleurs résultats, il tente d'ouvrir la porte du bureau d'un haut fonctionnaire. La serrure résiste et, après de dangereuses tentatives, Baltus renonce.
Esteban, quant à lui, pense avoir repéré quelque chose mais il ignore la valeur de sa découverte. Il a suivi jusqu'au sous-sol un Zerd qui porte un épais sac à dos. Le Zerd pénètre dans une salle bruissant au rythme d'énormes ventilateurs, qui contient apparemment des appareils perfectionnés. Dans le couloir devant la porte, Esteban observe sans se dévoiler. Le Zerd s'attaque à une victime rencontrée dans la salle ; une interjection de cette dernière le trahit. Esteban sort son arme. Le Zerd se dirige vers la porte, qui est restée entr'ouverte. Depuis sa cachette dans l'ombre, Esteban va tirer. Il croit tenir un criminel. Mais le Zerd ne venait vers la porte que pour la fermer, et voilà qu'après l'avoir claquée, il en enclenche les verrous.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 25 juillet 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Naeesh, Esteban et Javier l'homme-lézard.
L'expédition sur la planète Cursi s'est achevée sans perte chez les pirates, notamment grâce à l'effet de surprise et à la violence débridée qui l'a accompagnée, causant des dizaines de mort chez les civils.
En revanche, elle n'a pas été très fructueuse. Nos héros se sont emparés d'un petit vaisseau de transport et de cinq caisses de lithium de 200 kg chacune. Ils ont aussi abandonné leur char de combat. Ce départ précipité leur a en tout cas permis d'échapper à la puissante flotte de guerre de la planète.
Suite à cette prise facile, le moral est remonté à bord du Desperado. D'autres prises ont été faites, s'étalant sur une période de trois mois. L'équipage a été grassement payé et les débuts difficiles sont oubliés.
Baltus repense alors à son rêve premier qui était de se mettre à la recherche du Gougnafier Noir. Ce géant de l'espace, extension mécanique d'un pirate caricatural - le capitaine Hardbutt - a disparu corps et âme dans le vide interstellaire, lors d'une bataille mémorable opposant une armada pirate à l'Empire Galactique.
L'objectif de Baltus est de mettre suffisamment de force de son côté pour s'attaquer à l'Empire et sauver sa soeur, qui croupit dans une prison inconnue. Mais le Gougnafier Noir représente bien plus: un idéal de liberté et une fortune en butin collecté.
Par malchance, Baltus tombe malade peu avant la réunion prévue avec ses officiers. Un moustique qui était prisonnier d'une cargaison de fruits exotiques lui a transmis une fièvre tenace. Depuis son lit, il dicte à son second, Naeesh, le discours à tenir.
Naeesh s'approprie parfaitement le sujet et préside la réunion des officiers qui s'ensuit. Il y a autour de la table: Esteban pour la navigation, Gâchette pour les canonniers, Thiram et Javier pour les fusiliers, mais aussi Resco Moore, le conseiller de Baltus et Lussi qui parle pour l'équipage.
Naeesh expose le projet du capitaine de se lancer dans une quête pour retrouver le Gougnafier Noir. Cette quête suscite l'adhésion mais des réserves sont émises sur ses chances de succès: depuis deux ans que le Gougnafier a disparu, de nombreux pirates se sont mis à sa recherche ; pourquoi l'équipage du Desperado y réussirait-il plutôt qu'un autre ?
Naeesh répond à ces objections en rappelant aux officiers quel destin exceptionnel a été le leur jusqu'ici. Parti de rien, un équipage s'est constitué de la volonté de quelques hommes, qui ont défié une entreprise multi-planétaire sur son propre terrain, la Scott's.
Un tour de table révèle que les officiers ont tous entendu parler du Gougnafier Noir mais que leurs souvenirs sont vagues quant aux détails de son histoire. Les connaissances de Resco Moore se suppléent aux leurs et il énonce brièvement les différentes étapes de cette aventure: les débuts du premier Gougnafier, le vol du vaisseau expérimental qui allait devenir le second Gougnafier, les prises audacieuses et le lien avec les corsaires de Zarada, la création de l'Armada, enfin la chute dans une bataille mémorable contre l'Empire Galactique.
Ces épisodes offrent à nos héros deux pistes: la première se trouve sur Zarada, la planète corsaire, ancien refuge du Gougnafier Noir ; la deuxième est au point de l'espace où il a disparu, dans les ténèbres et les flammes d'un affrontement titanesque.
Cap est mis sur Zarada.
Environ une semaine s'écoule dans le couloir hyperspatial et, à sa sortie, la planète est immédiatement visible. Il faut à peine une demi-journée au Desperado pour entrer dans son atmosphère.
La planète apparaît comme une masse sablonneuse divisée en deux hémisphères de teintes différentes, la première étant exposée à un ensoleillement plutôt vif, et la seconde, sans cesse orientée vers son soleil, étant composée de roches cuite et recuite.
Le contact établi avec une tour de contrôle marque aussitôt le décalage avec la folklorique population havanaise. Contrairement aux pirates, les corsaires sont disciplinés et se sont dotés d'un véritable gouvernement. Un contrôleur en uniforme, chemise blanche ornée d'écussons dorés à l'effigie du Lézard, pantalon noir, donne à Esteban un créneau d'atterrissage.
Au sol, les formalités administratives d'enregistrement à Zayub City sont rigoureuses. Un officier s'enquiert notamment des prises à écouler en ville, celles-ci étant soumises à un système de légitimation et d'adjudication.
Javier, l'homme-lézard, a été très perturbé par ces premiers contacts avec la culture zaradienne. Dans l'espace déjà, le Desperado captait des émissions radio de la planète qui traitaient d'un certain Empire Zerd, anéanti dans un proche passé par les colons humains. Cette civilisation extra-terrestre, autrefois dominante sur Zarada, aurait été composé de lézards bipèdes.
Les officiers d'immigration s'adressent à Javier en l'appelant "Zerd" et en se conduisant avec lui comme s'il était un ressortissant indigène de Zarada.
Javier serait-il un extra-terrestre et non pas un mutant ? La nouvelle serait sensationnelle. En tout cas, Naeesh exploite cette possibilité en demandant à Javier d'infiltrer les Zerds de Zayub City. Il se rend lui-même en ville avec Esteban, les deux jumelles et la professeure de mathématiques - son mari, méfiant, se greffe sur l'équipe au dernier moment. A part de ce détachement, deux autres membres d'équipage sont chargés de se fondre dans la population locale, l'ex-policier (Danni) et un mercenaire (Fresno).
Dans le trajet qui les conduit de l'astroport à la ville, un chauffeur de taxi loquace met en garde Naeesh contre les "pièges à zozos". Apparemment, les visiteurs sont nombreux qui, montrant un intérêt trop aveugle au Gougnafier Noir, sont victimes d'arnaques ou, pire, d'enlèvements dans le désert.
Il est déjà tard lorsque les deux taxis déposent nos héros au centre de Zayub City.
Naeesh et Esteban se rendent à l'hôtel où, après avoir fait un passage dans leurs chambres, ils vont profiter du bar où se presse une foule cosmopolite. Naeesh tente de séduire la jolie mathématicienne à la moindre absence de son mari, ce qui rend jaloux celui-ci et appesantit l'ambiance à la table. Esteban la quitte bien à propos.
Quant à Javier, pressentant le bouleversement de son univers personnel qui se dessine, il se rend directement au Zobway. Ce bar de nuit est un repère de Zerds et, dans les volutes de fumée émises par les narguilés, il devine la présence de deux de ses congénères. Le barman, Zerd lui-même, l'invite à se joindre à la table de deux clients, Ziro et Zok. Au cours d'une conversation animée, Javier part à la découverte de son passé. Il réalise à cette occasion à quel point ses ancêtres ont été maltraités par les Humains et à quel point ses interlocuteurs en sont devenus aigris. Ce sont de pieux lézards, proches du fanatisme, sans le sou, et sympathisant avec des terroristes de l'Action Zerd.
Bien que Javier ne se trouve aucune connivence avec ses semblables, la conversation ne le désespère pas. Il sait à présent qu'il n'est plus un être unique, sans origine et sans avenir communs avec d'autres. Il a aussi appris, incidemment, que l'officier fusilier du capitaine Hardbutt était un Zerd. Surnommé "Glender" pour ses glandes ostensibles, son véritable nom était "Zender".
Quant à Esteban, à la recherche d'un bar fréquenté par les mutants, il est dirigé vers le Zobway où les minorités se côtoient dans une ambiance conviviale.
En entrant, il remarque Javier qui discute avec deux de ses congénères et le laisse profiter de cette rencontre qui changera à jamais sa vie.
Enfin, nos héros se retrouvent à l'hôtel où ils regagnent leurs chambres pour le coucher. La journée du lendemain sera consacrée aux prémices d'une mission diplomatique: approcher le gouverneur de Zayub City qui semble avoir bien connu Hardbutt.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 20 juin 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Gâchette et Javier l'homme-lézard.
Le couloir supraluminique a absorbé nos héros qui se sont enfuis juste après avoir accompli leur forfait. Si au début ils envisageaient d'aller vendre la cargaison à sa destination d'origine, ils se ravisent et prennent la direction d'Havana.
Havana est la patrie de tous les pirates. Comme elle n'obéit à aucun gouvernement, un grand désordre y règne en permanence et, hormis quelques coutumes, c'est la loi du plus fort qui prévaut.
Le Desperado doit tourner un moment avant de trouver une place où amerrir. Nos héros ont visé un endroit très fréquenté: la Costa Verde et l'un de ses trois plus grands centres urbains, Sol-y-Mar. L'absence de tour de contrôle se fait durement sentir et Esteban improvise sa plage horaire pour la descente vers les eaux de l'astroport.
Nos héros vont passer cinq jours à Sol-y-Mar.
Baltus le Noir organise d'abord la vente du butin. Sur Havana, il n'y a pas de traçabilité, pas de taxe et pas de contrôle d'inspecteurs de l'hygiène. Les 25 tonnes de céréales sont écoulées en deux jours mais le prix de vente est plutôt bas. La concurrence est rude !
Cette vente est suivie par le partage du butin et un inoubliable banquet, au cours duquel Gâchette incite chacun à payer sa tournée, jusqu'à plus soif.
Le partage est très généreux par rapport à ce qu'impose le Code des Pirates. Baltus souligne toutefois le caractère exceptionnel de cette répartition. Elle ne vise qu'à célébrer une première prise et fidéliser les indécis.
A ce sujet, le capitaine entreprend de nouveaux recrutements. Il est accompagné par Gâchette et Javier. Havana est un vivier de pirates expérimentés mais, avec toutes les propositions qu'ils ont, ils peuvent se montrer difficiles. Les nouveaux venus annoncent d'emblée qu'ils ne resteront que s'ils sont satisfaits des premières prises. La réserve va de soi mais Baltus n'apprécie pas d'entendre qu'ils tergiversent déjà. Sont embauchés: 10 fusiliers, 7 mécaniciens et un médecin douteux, qui se dit meilleur praticien que théoricien.
Javier, l'homme-lézard, profite du séjour pour visiter un autre médecin dont la spécialité est de soigner les mutants. L'homme de sciences le soumet à un traitement de médecine expérimentale, qui lui réussit parfaitement puisque toute trace de ses blessures s'évanouit en une nuit de sommeil. En le quittant, le médecin lui souhaite une bonne convalescence en ajoutant « à bientôt, Zerd ». Javier, qui pensait s'être fait une réputation sur Havana, ne pensait pas être démasqué d'une façon aussi inattendue.
Naeesh se concentre sur les dernières réparations nécessitées par le vaisseau. Il a accès à des installations qui lui permettent de les effectuer en toute sérénité.
Baltus profite de la halte pour se renseigner sur le Gougnafier Noir mais les ragots colportés ne le satisfont pas. Ceux qui l'aident dans cette mission, Gâchette et Javier, n'ont pas de meilleurs résultats.
Baltus décide alors d'emprunter, pour ses investigations, un chemin plus indirect. Il sait que le Gougnafier Noir se rendait souvent sur Zarada et que le capitaine Hardbutt, accompagné de ses pirates, s'était placé sous la protection du gouverneur de Zayoub City quand il résidait sur cette planète.
Zarada est une planète de corsaires. Sa philosophie diffère de celle d'Havana en ce que ses habitants se sont dotés d'une administration, à laquelle ils paient des taxes lors de l'adjudication de leurs prises, et de plus plusieurs gouvernements locaux, dont ils acceptent les décisions politiques. Néanmoins, la planète est un refuge de forbans courant l'aventure et cherchant une fortune rapide, tout comme les havanais. Il y a beaucoup de transfuges et, certainement, des pilotes d'Havana doivent avoir dans leurs archives les coordonnées de Zarada.
Partant de ce postulat, Baltus le Noir s'offre une soirée de débauche dans un célèbre bar de Sol-y-Mar. Il ne participe aux festivités qu'en apparence, gardant toute sa tête et faisant boire les autres. Dans un recoin de la salle, Gâchette observe et veille sur lui. Baltus finit par trouver un groupe de buveurs qui affichent des connaissances sur Zarada. Les heures s'écoulant, il isole l'un d'entre eux, un pilote, qu'il abreuve en faisant resservir son alcool favori. Bientôt, l'homme lui lâche qu'il possède les coordonnées de Zarada. Il lui livre les algorithmes qui permettent de reconstituer la carte, en perpétuel mouvement, du trajet depuis Havana.
Baltus veut pousser sa chance plus loin. Il est miraculeux d'être tombé sur un pilote qui avait appris par coeur, pour la destination qui l'intéressait, les algorithmes de déplacement des différents corps célestes. Seulement, il n'en est pas de même des autres coordonnées qu'il détient. Baltus décide de le conduire chez lui et de les recopier à domicile. Il passe le bras de l'homme par-dessus ses épaules et l'aide à marcher.
La traversée des boulevards est éreintante. L'homme pèse son poids, s'endort régulièrement et, sur la fin, doit s'arrêter pour vomir. Baltus regrette presque de l'avoir fait boire mais il arrive devant le numéro 152 du boulevard Aloeima, où sa victime est domiciliée.
Gâchette l'a suivi à bonne distance. Lorsque Baltus passe la porte de l'immeuble, il le rejoint.
Dans les escaliers qui mènent aux ascenseurs, un junky, avec une seringue plantée dans le bras, gît dans un état comateux. Baltus l'enjambe sans s'attarder. Gâchette, quant à lui, brise la nuque de l'homme en deux-trois coups de talon. Il n'aime pas les drogués.
Au 40e étage, Baltus et Gâchette se livrent à la fouille du studio que loue leur victime. Le pilote alcoolisé, rapidement déshabillé, ronfle dans son lit à quelques mètres d'eux. Les recherches ne donnent pas grand-chose: il s'agit d'un pauvre hère qui ne possède que l'essentiel. Les souvenirs d'une vie de piraterie défilent en revanche sur l'écran d'un ordinateur portable, dont Baltus passe le système de sécurité après une heure d'acharnement. La mémoire contient les algorithmes permettant de calculer les coordonnées de cinq systèmes stellaires, dont le système Zur, celui de Zarada. Gâchette est sorti pour acheter un disque dur externe afin d'enregistrer les programmes. Bien que ce soit la pleine nuit dehors, il trouve un petit magasin ouvert.
Le lendemain, Baltus propose à ses officiers de se rendre sur Zarada. Javier se montre enthousiaste, autant que le permet son visage reptilien, à cette idée. Toutefois, d'autres font valoir qu'une seconde prise devrait d'abord être faite pour améliorer l'armement du vaisseau.
Il est brutalement décidé d'aller dans le système de Cursi qui appartient à la Ligue des Planètes Libres. La planète d'Asiri est l'un de ses membres les plus riches, grâce à des ressources en minerai et à la vente de matériel militaire. Le secteur est surveillé mais nos héros ont un atout dans leur manche: Naeesh a travaillé dans les mines des satellites naturels d'Asiri.
Le voyage, dans l'hyperespace, dure cinq jours. Il faut ensuite deux jours depuis le point de chute pour rejoindre Asiri. C'est la partie la plus périlleuse du voyage car, si le Desperado était pris en chasse, il aurait bien du mal à s'extirper de ce nid de guêpes.
Esteban, qui est aux commandes, démontre une expertise bienvenue. Nos héros arrivent enfin en vue d'Asiri. Autour de la planète lumineuse, qui reflète le vif éclat de son soleil, les astéroïdes de son anneau semblent des brûlures de cigarettes en mouvement.
Le Desperado est à présent à quelques centaines de milliers de kilomètres de la planète. Il croise des vaisseaux qui arrivent en sens inverse. Esteban est forcé de couper les senseurs pour se rendre invisible. Ce faisant, il courre aussi de gros risques. D'abord, il doit naviguer au jugé, d'après les images que lui renvoient les caméras extérieures. Ensuite, il peut très bien être percuté par un autre véhicule qui ne le verrait pas ou au contraire attirer l'attention par son silence.
A nouveau, les exploits de l'officier pilote sont à la hauteur des espérances de son capitaine. Il descend vers l'astéroïde recommandé par Naeesh et, rasant le sol à petite vitesse, largue un char de combat d'un côté de l'astéroïde et cinq fusiliers de l'autre. Le char, malgré ses quelques tonnes, tombe comme une voiture de tourisme. C'est la faible pesanteur qui l'a sauvé.
L'objectif du char est de faire diversion en attaquant certains entrepôts éloignés de la véritable cible. Naeesh a averti qu'il y aurait environ deux cent militaires pour les protéger, cent d'un côté, et cent de l'autre, mais seulement quelques-uns par entrepôt.
Le char se dirige vers les entrepôts qui font l'objet de la diversion. Il en compte vingt-cinq alignés, plus que du temps de Naeesh. Il ouvre alors le feu sur deux sentinelles de passage, qui sont réduites à l'état de vapeur brune. Il entreprend d'ouvrir une brèche dans chacun des entrepôts. La tactique a déjà été utilisée sur Cyrion: faire des dommages collatéraux si graves que défendre la prise n'est plus l'objectif prioritaire des défenseurs. Chaque ouverture se traduit par un "bang" sonore. A chaque fois, la dépressurisation fait vibrer tout l'entrepôt. Les dégâts à l'intérieur doivent être considérables.
De l'autre côté de l'astéroïde, donc invisibles pour la zone attaquée, Javier et quatre fusiliers s'introduisent dans un des entrepôts. Il n'y aucun contrôle au niveau du sas. A l'intérieur du bâtiment, des rangées de containers recèlent un précieux chargement de lithium. Les intrus s'emparent de chariots élévateurs. Ceux-ci sont équipés de cabines pressurisées, non pas pour circuler dans l'entrepôt qui a sa propre pressurisation, mais pour les déplacements à l'extérieur. Les manutentionnaires sont malmenés et extraits de leurs véhicules. Il y a quelques gardes mais, après quelques coups de feu, ils préfèrent se mettre à couvert derrière des containers.
Javier ordonne le départ avec des chariots élévateurs. Ses hommes et lui-même sont protégés par des combinaisons spatiales. Ils peuvent donc sortir même en ayant abîmé la cabine des chariots. Afin de se débarrasser d'ennemis potentiels, il fait tirer dans la paroi de l'entrepôt. La dépressurisation créé un immense appel d'air. L'un des chariots élévateurs se renverse. Les personnes ne portant pas de protection vont rapidement mourir si elles ont survécu au choc.
Un des fusiliers ouvre le sas. Il faut maintenant profiter de l'effet de surprise pour s'échapper.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : All fuel up
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 13 juin 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh et Javier l'homme-lézard.
Le Desperado a disparu dans le couloir supraliminique. Il ne ressortira de ce monde irréel que dans trois semaines. Les astres et autres corps célestes sont comme des fantômes qui oscilleraient sur son passage. Ils sont pourtant bien tangibles.
Au milieu de la traversée, une collision frontale est évitée par l'habileté de Nimov. L'astéroïde heurte néanmoins la coque du vaisseau, sur ce qui est identifié comme "le dessus" lorsqu'il est soumis à la pesanteur.
Pendant le reste du voyage, Baltus le Noir, Gâchette et Javier organisent l'entraînement des nouvelles recrues. Baltus a dans l'idée de former une troupe de choc mais il n'est pas d'accord avec Javier, l'homme-serpent, sur ce qu'elle devrait être.
Nos héros débouchent finalement à quelques centaines de milliers de kilomètres de la planète Food Stock dans l'OCG. Autant dire qu'ils sont tout près.
Baltus ordonne une période d'observation. Cette semaine passée à capter les mouvements et les communications lui apprend que le secteur est le lieu d'un important transit. Les convois sont nombreux et très irrégulièrement protégés. La plupart d'entre eux effectue un trajet de la planète vers une station orbitale puis se rend au point d'entrée du couloir supraluminique ou fait le trajet inverse.
Naeesh et ses mécaniciens profitent de la halte pour réparer le vaisseau. Les dégâts sont superficiels mais le remodelage de la coque, sur plusieurs épaisseurs, est long et pénible. L'astéroïde a laissé un champ de débris incrustés, dont la teneur en métaux rares est assez élevée. Une sorte de mousse est décelée sur les minéraux. Les analyses révèlent un organisme extrêmophile que, malheureusement, toute vie a quitté.
Les réparations achevées, le Desperado est prêt à effectuer sa première prise.
La proie n'est pas longue à venir. Il s'agit d'un transport de taille moyenne accompagné par une corvette insouciante.
Le Desperado se tapit dans l'ombre de l'espace interstellaire, l'activité de ses machines réduite aux fonctions vitales pour passer inaperçu. Tout en commençant le brouillage des senseurs, il bondit hors de sa cache et fait feu de tout bois. La corvette explose avant d'avoir localisé son assaillant.
Baltus révèle sa présence en coupant le brouillage radar. Il intime au transport l'ordre de se rendre et annonce que le code des pirates sera respecté.
Le transport s'arrête dans sa course, même si cela signifie quelques kilomètres de dérive.
Baltus sait qu'il doit agir vite. Il est, après tout, sur une voie de circulation fréquentée.
Le Desperado se place à côté du transport qu'il domine de toute sa taille. Baltus, interrompant à nouveau le brouillage, dicte au transport la conduite à tenir: ouvrir le sas, détourner son unique tourelle et pour l'équipage, déposer les armes. Javier, l'homme-lézard, a enfilé sa combinaison spatiale. Avec douze fusiliers d'élite, sa "troupe de choc", il s'élance vers le vaisseau arraisonné qui n'est qu'à quelques mètres. Des filins continuent de retenir les pilotes qui passent à l'abordage.
Le transport n'a pas ouvert son sas. Malgré les admonestations de Baltus, il reste désespérément clos. Tout le monde comprend que le vaisseau est en train de "jouer la montre". Sur une voie aussi passante, il a des chances d'être repéré avant que les pirates n'aient pu forcer le sas.
Un mercenaire équipé d'un chalumeau s'attaque à La coque. Il se tourne rapidement vers Javier, le visage fermé: "J'en ai pour un moment", lâche-t-il sombrement. La coque est épaisse et, en apesanteur, la situation est très inconfortable. Le chalumeau doit injecter de l'oxygène pour assurer la combustion de sa flamme car il n'y en a pas dans l'espace.
L'homme-lézard s'attend à une bonne heure d'immobilisation. Malgré son sang-froid, il réagit de façon impulsive. Il retourne à bord du Desperado à la recherche d'explosifs. Ce n'est pas la première fois qu'il y aura recours. Sauf qu'il n'en trouve pas.
Il y substitue des batteries laser qu'il enlève aux canonniers et qui servent à alimenter leurs armes embarquées.
Javier en porte une lui-même et il se fait aider, pour une seconde, par les bras d'un autre.
L'homme-lézard retourne dans l'espace entre les deux vaisseaux. Il écarte ses hommes qui se répartissent le long de la coque du transport. Laissant ensuite flotter une batterie près du sas à défoncer - il n'a aucun moyen de la fixer -, il fait feu avec son arme.
L'effet est totalement inattendu. Depuis le poste de pilotage, on voit un flash lumineux suivi d'une détonation. Du point de vue de l'escouade d'élite, l'ouverture de la batterie produit une multitude d'arcs électriques qui se répartissent dans l'espace comme un ballon qui gonfle d'un coup. Il n'y pas d'oxygène dans l'espace et la sphère se résorbe aussitôt, laissant les combinaisons fondues autour d'elle. A ce moment, une véritable explosion se produit: c'est la bombonne de gaz du chalumeau qui agit comme un explosif plus classique. Elle est suivie d'une deuxième sphère électrique: c'est la seconde batterie dont l'enrobage a cédé.
Lorsque Javier, l'homme-lézard, recouvre la vue après ces deux aveuglements successifs, il ne peut que constater le drame. Autour de lui flottent douze hommes en combinaison blanche, retenus par les filins qui proviennent du Desperado, et dont on voit bien qu'ils ont subi de graves brûlures. Leurs casques ont souvent été aplatis par la chaleur sur leurs visages.
Baltus le Noir, depuis le poste de pilotage, s'inquiète. Il n'a aucune vision sur la zone du sas adverse car les caméras ne donnent pas sur lui. En revanche, il a vu les flashs lumineux et il observe le trou béant dans la carlingue du vaisseau de transport, là où se trouvait la deuxième batterie.
Obéissant à ses directives mal informées, l'homme-lézard, qui souffre dans sa chair, reprend l'abordage. Quatre fusiliers le suivent en empruntant les dernières combinaisons des mécaniciens. Baltus a eu son premier contact avec l'équipage du vaisseau de transport: "Vous avez tué tous mes hommes. Nous n'opposerons pas de résistance. Faites ce que vous avez à faire." Concède, amer, l'homme qui lui répond.
Les fusiliers se rendent à bord du transport. Tout son côté gauche est ravagé et dépressurisé. La coursive principale les emmène le long de couloirs perpendiculaires, dont les portes sont hermétiquement fermées. Elle débouche sur le poste de pilotage, dont la porte est seule ouverte. Un homme en combinaison spatiale les attend sur un fauteuil. Il confirme qu'il reste des survivants mais dans la partie droite du vaisseau. Il est impossible de s'y rendre parce que, en cas de dépressurisation, le système en scelle les accès. La soute est pleine d'une cargaison de céréales. Les hommes de Javier s'emparent de deux combinaisons de secours. Les pilotes, dont les corps inertes sont en suspension au-dessus d'eux, n'en auront plus besoin.
Baltus, qui peut parler avec Javier via le filin qui le relie au Desperado, lui demande de transférer l'homme à qui il a parlé. Toutefois, Javier lui ment en prétendant que c'est le seul survivant.
Pendant que les fusiliers attaquent la porte intérieure de la soute avec un chalumeau, Baltus interroge l'homme qui vient d'être amené devant lui. Ce dernier se montre particulièrement cynique. Baltus s'excuse pour les pertes de l'équipage adverse mais, dit-il, ils sont le résultat d'un manque de coopération. "Pleurez vos hommes lui répond l'autre, vos pertes sont plus nombreuses."
Baltus veut déposer l'homme sur Food Stock afin d'assurer sa survie mais, au final, ce dernier préfère rester à bord du cargo avec les autres. C'est là que Baltus comprend qu'il n'est pas le seul rescapé.
La soute contient environ 50 tonnes de céréales, de plusieurs variétés. En apesanteur, transporter une telle masse est faisable avec quelques hommes et des cordages. Au bout d'heure, la soute du Desperado est déjà chargée de 15 tonnes de produits. Les senseurs annoncent l'arrivée d'un convoi. Le vaisseau de transport est aussitôt abandonné et, après avoir habilement louvoyé pour éviter d'être surpris, le Desperado disparaît à nouveau dans le couloir supraluminique.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 6 juin 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh et Javier l'homme-lézard.
Pendant que Baltus recrute en Sylandrie, Naeesh organise la vie à bord du Desperado.
Il confie l'entraînement physique des matelots à Gâchette, qui leur a préparé un véritable parcours du combattant à travers les coursives du vaisseau.
Il fait également examiner la coque par ses mécaniciens. Les dégâts n'ayant pas fait l'objet de réparations se situent à l'extérieur. Il s'agit essentiellement de plaques de métal à souder de façon à garantir l'étanchéité de la coque. Naeesh recule devant l'ampleur de la tâche. Pour être effectuée correctement, elle nécessiterait des échafaudages et un petit engin de levage, la plus grosse plaque à poser pesant une cinquantaine de kilos.
Deux semaines s'écoulent ainsi quand Baltus appelle et signifie à son lieutenant qu'il s'accorde une semaine de plus pour recruter des profils qualifiés.
Sur l'île Lointaine, la Marie-Gaillarde est en train de subir d'importantes réparations, bénéficiant de l'équipement spécialisé de l'île et de la complicité du propriétaire des lieux, qui avance des fonds à la requête d'Igor.
Nina a bon espoir de parvenir au bout des opérations de maintenance, car des débris de la frégate Shallow Waters ont été remontés de l'eau tumultueuse des chutes de Mayara.
Elstor est aux aguets. Il a entendu que le capitaine Kreuk était toujours sur l'île et tramait quelque chose contre son ancien équipage. C'est lui, croit-on, qui aurait monté les différents capitaines pirates contre le Desperado.
Enfin, Nina reçoit des nouvelles du Ressedo. Les Shallow Waters y seraient revenus triomphalement en présentant leur mission comme un succès total, ramenant intact le cargo dérobé. Nina se fait remettre les enregistrements du combat avec Shallow Waters pris par les caméras de la Marie-Gaillarde. Elle transmet ensuite une vidéo à un journal indépendant, qui montre comment les mercenaires ont souffert pendant l'affrontement. Sur un autre sujet, Nina envoie aussi une vidéo des otages pris à la famille Mardetta à un journal populaire de Barzader afin de médiatiser leur détention.
A la fin de la troisième semaine, un matelot annonce à Naeesh que le yacht de Resco Moore est en vue. Celui-ci est dans la salle de pilotage et il peut suivre l'approche du bâtiment avec les caméras du Desperado.
La première réaction de Naeesh est d'armer les canons en vue d'une éventuelle attaque. Le yacht est tellement chargé qu'on dirait une embarcation de réfugiés. De nombreuses personnes se pressent sur le pont, observant la frégate depuis leur point de vue.
Le capitaine Baltus le Noir se fait annoncer.
Malgré son premier réflexe de prudence, Naeesh fait ouvrir le sas du Desperado. C'est alors un défilé militaire qui se produit sous ses yeux. La plupart des passagers du yacht sont en treillis, parfois dépenaillés ou complétés par des vêtements civils. En queue de défilé, les accoutrements changent. Il s'agit d'hommes jeunes en habits ordinaires, puis de femmes et il y a même deux adolescents.
Baltus réunit ses officiers peu après être rentré à bord. Ceux-ci sont encore stupéfaits du nouvel afflux de membres d'équipage. Ils réalisent qu'ils ne pourront plus se contenter d'une gestion familiale et approximative. A présent, l'équipage du Desperado a dépassé celui de la Marie-Gaillarde.
Baltus a volontairement exclu Lussi de la conversation. En son absence, personne n'en fait la remarque mais la question est sur toutes les lèvres: comment intégrer toutes ces personnes, dont plus de la moitié est habituée à une structure militaire ?
Baltus est confiant sur leurs capacités d'intégration. Il a convoqué ses officiers pour aborder un sujet bien plus prosaïque: la population du Desperado a augmenté, il faut donc la nourrir et la rémunérer.
Le capitaine propose un objectif à court et un objectif à moyen terme. D'abord, il faut s'emparer de butin en faisant des prises. Ensuite, il projette de se mettre sur la piste du Gougnafier Noir. Baltus réserve aussi un objectif à long terme, qui est de se venger de l'Empire Galactique, mais il sait que celui-ci ne peut pas fédérer.
Globalement, les officiers se rallient à ses arguments.
Plus tard, Baltus se tourne vers Naeesh pour explorer les possibilités de voyage. Son lieutenant a déniché cinq coordonnées spatiales très éclectiques dans le répertoire du Desperado.
Baltus aimerait aussi se rendre sur Havana pour terminer son action de recrutement. Il contacte Nina pour apprendre d'elle les coordonnées d'Havana. Dans la salle de visio-communication, elle apparaît en peignoir, les cheveux mouillés. Elle sort de la douche et semble contrariée d'avoir été dérangée par Baltus. Il finit par venir à bout de ses réticences en jouant de ses charmes. A la fin, Nina prend une pose lascive et trace les coordonnées d'Havana sur son corps dénudé.
Le lendemain, Baltus ordonne le décollage. Destination : la planète Food Stock, un agrimonde du système Arrender, dans l'OCG.
C'est Esteban, fraîchement promu officier, qui est à la barre. Il prévoit une traversée d'environ trois semaines dans l'hyperespace, le point d'arrivée étant situé à l'autre bout de la galaxie.
Après deux jours de voyage au ralenti, le vaisseau atteint le point du saut supraliminique. Il s'enfonce alors dans un décor incroyable, sorte de reflet astral du monde tangible.
Il faut occuper l'équipage pendant ce long trajet et le préparer à ce qui va suivre. Baltus a divisé les fusiliers en deux, l'unité Fuegos sous le commandement de Javier, promu officier, et l'unité Desperados sous celui de Thiram. Celui-ci doit partager le commandement des fusiliers avec un autre mutant, mais l'effectif qu'il gère s'est néanmoins accru. Les deux unités comptent chacune 21 hommes expérimentés.
Le capitaine a souhaité que les différents groupes soient mêlés dans les unités pour favoriser la cohésion globale.
Les mercenaires se plaignent à Javier, l'homme-lézard, qu'ils sont "ralentis" par les autres fusiliers et seraient plus efficaces s'ils étaient ensemble. Javier, lui-même mercenaire, s'en fait le porte-parole auprès de Baltus.
Mais le capitaine sait qu'il doit voir plus loin que ces dissensions. Il cède néanmoins à son officier qui, rusé, propose soumettre les fusiliers à des épreuves d'endurance et de combat pour former une petite troupe de choc.
A la fin des épreuves, il ne reste quasiment que des mercenaires sur les huit sélectionnés et Javier est parvenu au résultat escompté, même si cela n'inclut pas tous les mercenaires, loin de là.
Baltus n'est pas satisfait du résultat. Il pense que les épreuves sont trop orientées sur la force brute. Il voudrait que sa troupe d'élite inclut des personnes formées aux techniques d'infiltration ou au maniement d'armes complexes.
En fait, Baltus et Javier ont deux visions très différentes de ce que doit être cette unité spéciale. Pour l'un, il s'agit de combattants aguerris, envoyés en tête d'un abordage. Pour l'autre, il s'agit d'une équipe polyvalente, alliant des compétences techniques et sociales au développement physique.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 39
MF-MJ : 11
PP : 0
PG : 0
Baltus le Noir se trouve en Sylandrie, un petit état marécageux du Conglomérat de Dooan, qui a une frontière avec la vaste étendue d'eau dans laquelle se trouve l'île Lointaine. La Sylandrie est la première marche vers la civilisation et le capitaine Baltus voudrait y recruter des forbans.
Il ne s'est fait accompagner que de quelques membres de l'équipage, qui sont entrés dans le territoire sylandrin à bord du yacht de Resco Moore. Le Desperado, quant à lui, s'est dissimulé à 200 kilomètres de là. Le second du bâtiment, Naeesh, a mis les machines en pause.
Baltus s'aperçoit vite qu'il est dans une situation très favorable à un recrutement massif. En temps normal, la Sylandrie compte environ 50% de chômeurs.
Il y a deux semaines, son puissant voisin, la République Démocratique du Sébor, a été secoué par un coup d'Etat.
Ce retournement de situation a mis sur le marché de l'emploi de nombreux hommes d'armes, quelques mercenaires aguerris, et une multitude de militaires loyalistes, ou emporté par une vague loyaliste malgré eux.
La plupart d'entre eux n'ont rien de mieux à espérer qu'une interminable fuite et des postes de vigile à l'entrée d'une banque ou d'un supermarché.
Les militaires et les mercenaires préemptent les emplois proposés par Baltus sur des fonctions de fusiliers, allant jusqu'à complètement éclipser la main-d'oeuvre locale qu'ils ont probablement menacée.
Sur les postes plus spécialisés, ce sont les militaires qui triomphent mais ils partagent leur succès avec les sylandrins. Quatre mécaniciens, par exemple, abandonnent un garage pour se joindre à l'équipage du Desperado. Ce dernier va même devoir accueillir un char de l'armée du Sébor, puisque quatre soldats l'ont emporté dans leurs bagages.
Au final, ce recrutement massif pourvoit de nombreux postes mais il change aussi le visage du Desperado. A présent, plus de la moitié de l'équipage se compose de militaires démobilisés. Les fusiliers devront compter sur un gros noyau de mercenaires, avec un fort esprit de corps malgré leur individualisme.
Tous ces nouveaux partenaires, issus de milieux très différents, se sont engagés à respecter la discipline à bord du Desperado et le Code des Pirates.
+15 mercenaires (tous expérimentés)
+15 fantassins de l'armée loyaliste du Sébor (tous expérimentés)
+5 pilotes de l'armée loyaliste (4 considérés comme novices et 1 expérimenté sur la frégate ; toutefois, ils sont tous expérimentés lorsqu'ils pilotent des avions de chasse)
+9 mécaniciens (4 militaires novices, 3 sylandrins novices et 1 expérimenté, 1 mécanicien novice provenant de l'équipage de Resco Moore)
+11 canonniers (4 de l'armée loyaliste, jugés expérimentés ; 7 sylandrins, dont 2 seulement sont expérimentés)
C'est donc 55 membres d'équipage que Baltus recrute en deux semaines, dont de nombreux profils aux compétences démontrées.
Considérant qu'il lui manque encore du personnel sur les postes de navigation et de mécanique, Baltus se donne une semaine supplémentaire pour chercher.
En surface, il a épuisé les ressources de la Sylandrie dans les domaines qui l'intéressent. Les autochtones sont souvent des pêcheurs ou des brigands, voire un peu des deux. Par contre, peu d'entre eux sont éduqués et Baltus prend donc la direction du Sébor où les universités produisent des ingénieurs et des pilotes de qualité.
Le pays est en proie à la guerre civile suite au violent coup d'Etat. A bord de véhicules tout-terrain, parfois des chars de l'armée, les rebelles et leurs alliés parcourent les routes de campagne et y font régner la terreur. Les villes sont mieux traitées eu égard dangers que représenterait une émeute populaire, mais leur accès est verrouillé et les axes principaux sont occupés par les forces révolutionnaires.
Baltus est à son aise dans le chaos ambiant mais peu de ses hommes l'accompagnent. Les loyalistes et les mercenaires ont tout à perdre à un retour au pays, aussi bref soit-il.
Cette incursion dans la République Démocratique du Sébor impressionne beaucoup Baltus. Elle est aussi périlleuse car les troupes rebelles sont une menace constante, surgissant de l'horizon sous la forme de convois dépareillés. Avec ses quelques compagnons, Baltus est forcé de se terrer dans une cave toute une après-midi pour échapper à des miliciens qui les ont pris en chasse.
Le petit groupe atteint finalement la capitale, Sambala. Il y rencontre différentes personnes intéressés à le rejoindre, des connaissances des militaires:
+ 1 professeur de dermatologie
+ 4 étudiants en dernière année d'école d'ingénieur (3 ingénieurs "mécanique" et 1 ingénieur "propriétés de matériaux")
+ 1 professeure de mathématiques
+ 1 boulangère
+ 1 cordonnier
+ 2 adolescents
+ 3 pilotes de vaisseaux cargo
+ 1 policier
+ 1 étudiante en musicologie
Les militaires pressent Baltus d'accepter toutes ces personnes à bord. Apparemment, ce sont tous des proches à eux.
Sur le chemin de retour, Baltus croise en Sylandrie deux Havanais dont il savait qu'ils s'étaient installés dans une ferme près des marécages. Les deux hommes se disent embourgeoisés par des années de flemmardise. Ils se sont définitivement retirés du milieu de la piraterie après avoir amassé un petit pécule. Ils souhaitent à Baltus la même fortune et "de savoir s'arrêter à temps".
Coordonnées temporelles : le jeudi 30 mai 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Naeesh, Gâchette, Esteban et Javier l'homme-lézard.
Nos héros sont de retour sur l'île Lointaine. Ils détiennent enfin les deux frégates dont ils rêvaient, mais cet accomplissement s'est payé de lourdes contreparties. La Marie-Gaillarde a souffert dans sa carcasse de métal mais, plus grave, l'équipage du Desperado a été meurtri dans sa chair.
Les officiers du Desperado déplorent onze disparitions :
- L'officier navigation/senseurs
- 1 pilote
- 2 mécaniciens dont l'expert
- 2 canonniers
- 4 fusiliers
- 1 infirmier
La moitié de ces personnes a été engloutie par l'eau des marécages. Pour l'autre part, elle s'est perdue dans une entreprise désespérée: prendre le contrôle d'une navette qui appartenait à Billio, le receleur, et à bord de laquelle une dizaine d'hommes tentaient de s'échapper.
Baltus a signé l'arrêt de mort de ces hommes lorsqu'il a constaté l'échec de sa tentative. En ordonnant des tirs de canon sur la navette, il s'est assuré que personne ne triomphe, ni dans un camp, ni dans l'autre. Roméro lui-même était peut-être dans l'appareil pulvérisé.
Les deux vaisseaux pirates ont des plaies à panser, même si elles sont de natures différentes.
Baltus n'a jamais autant mérité son surnom de "le Noir" se généralise dans les discours de ses hommes, y compris Naeesh en public ! Le Desperado justifie également son nom de baptême. Baltus a néanmoins fait preuve de courage en organisant lui-même le sauvetage de ses hommes, et il faut combiner cette qualité avec son génie politique, reconnu par tous.
Nina s'est montrée sous un jour à la fois humain et flamboyant. Une rumeur malveillante circule à son encontre parmi les buveurs de rhum: elle aurait inutilement pactisé avec Shallow Waters, alors que la victoire était sienne. La rumeur s'éteint rapidement d'elle-même, éclipsée par sa popularité grandissante.
La première décision de Baltus le Noir et Nina la Rouge, en revenant sur l'île Lointaine est de donner quartier libre à l'équipage et de célébrer l'obtention du Desperado.
Il est déjà tard et, dans l'atmosphère dorée du soleil couchant, nos héros et leurs deux équipages apportent avec eux l'esprit de la fête. Nombreux étaient leurs voisins pirates qui leur étaient hostiles et se dérident le temps d'une soirée.
Tout le monde n'est pas entraîné par cet élan de légèreté. Il reste quelques mines sinistres, notamment parmi les « Desperados », de jeunes recrues qui pleurent des camarades trop tôt disparus.
Ce soir-là, le renom de Baltus lui vaut d'être approché par un mercenaire atypique. Il s'agit de Javier, un mutant mi-homme mi-lézard. Il est sans emploi depuis que le président de la République Démocratique du Sébor, qui s'opposait à la contrebande d'ivoire, a été renversé par ses ennemis et par ses généraux.
Nina, de son côté, envoie un courrier électronique à Igor pour l'informer de l'issue du combat avec Shallow Waters. Elle omet de préciser que Baltus a fait liquider Billio. Igor n'est apparemment pas très loin ; sa réponse est immédiate: il est forcément resté sur Jobullan.
Sa missive réjouit Nina parce qu'il la confirme dans ses fonctions. Ce n'est ni la première, ni la dernière fois, que la Marie-Gaillarde aura à subir pareils dommages. Une autre bonne nouvelle est jointe à cette confirmation: sur Barzader, Kara et son équipe se sont enfuis de leur prison, aidé en cela par l'armateur, qui a décidément le bras long.
Le lendemain de cette soirée festive, Baltus se remet à pied d'oeuvre. Il sait qu'il doit lancer une nouvelle campagne de recrutement, étant donné les carences repérées dans de nombreux postes, notamment celui de navigation/pilotage.
Le capitaine sait que ce nouveau projet sera semé d'embûches. Il ne s'agit plus de fournir un emploi à des candidats qui en recherchent un, mais plutôt de débaucher des pirates d'autres équipages en leur proposant de meilleures conditions. Baltus va même se montrer plus agressif que cela: il cible des profils qui l'intéressent, sans attendre que ces derniers se présentent à lui.
Pour commencer la journée, le capitaine reçoit Javier dans sa frégate, l'homme-lézard. Ce dernier est victime d'une mise en scène d'un goût douteux: un oeuf du petit-déjeuner a été disposé sur une chaise, et celle-ci est en évidence au milieu du passage. Heureusement, Gâchette intercepte l'oeuf litigieux. Il s'agit d'un acte de racisme anti-mutant auquel il réagit vivement. Une enquête sommaire le conduit à soupçonner deux mécaniciens. C'est alors Naeesh qui prend les choses en main et, réfrénant la violence de Gâchette, épargne à ses subalternes un « chafouinage » en règle.
Dans sa mission de chasse de tête, Baltus est secondée par deux experts: Naeesh pour les compétences techniques et Gâchette pour les compétences martiales.
Baltus n'a pas de conditions mirobolantes à offrir aux éventuels transfuges, mais il peut compter sur quelques pirates déçus de leur capitaine, à la promotion bloquée, et d'autres qui veulent vivre de nouvelles aventures.
La pêche est plutôt bonne:
+ 2 pilotes
+ 3 mécaniciens
+ 2 canonniers
+ 2 fusiliers
Ce sont tous des matelots expérimentés et qui feront cruellement défaut à ceux qu'ils abandonnent.
Il faut soustraite à l'effectif total du Desperado deux désertions, des canonniers sans envergure qui n'ont pas tenu le choc des premiers cas de conscience.
Les transferts s'étalent sur cinq jours.
Le matin du sixième jour, une délégation se fait annoncer. Il s'agit de cinq capitaines, en uniforme d'apparat, qui demandent à être reçus par Baltus le Noir.
Celui-ci organise un accueil entouré des honneurs qui leur sont dus, mais leurs visages fermés indiquent que les échanges seront tout juste polis.
La délégation est conduite par le capitaine John Mantaleptis, un officier disposant d'une certaine notoriété. Nina la Rouge a été avertie par ses hommes et elle s'est invitée à bord du Desperado pour participer aux discussions.
Mantaleptis se montre ferme: il n'est venu que dans un seul objectif, qui est de faire cesser le débauchage organisé par Baltus le Noir.
Baltus fait preuve, au début, de beaucoup de diplomatie. Il défend l'idée de liberté de circulation et de juste concurrence entre les différents vaisseaux. Les pirates sont peut-être libertaires, mais ce ne sont pas des libéraux. Mantaleptis refuse d'entendre ces arguments. Selon lui, le débauchage est une pratique déloyale, très différente d'un simple recrutement. Il se fait aussi le porte-parole d'un mécontentement plus général en reprochant à Baltus d'avoir attiré les Shallow Waters aux environs de l'île Lointaine.
Heureusement, l'émissaire ne semble rien savoir du meurtre de Billio, qui tenait un rôle essentiel dans l'économie pirate en écoulant les marchandises confisquées dans l'espace.
C'est Nina qui met le feu aux poudres. Ciblant un capitaine au physique de jeune premier, elle précise que les recruteurs sont aussi ouverts aux candidatures des capitaines !
La rencontre s'envenime et se maintient avec peine dans les limites de la courtoisie. Baltus change de ton et se moque gentiment des capitaines. Lorsque ces derniers annoncent leur départ, il leur déclare: "ne vous attendez pas à trouver en partant les honneurs que nous vous avons gratifiés à votre arrivée".
Mantaleptis impose un ultimatum: le Desperado dispose de deux jours pour quitter l'île Lointaine. La Marie-Gaillarde n'est pas concernée.
Lorsque le dernier de la délégation ouvre la porte qui donne sur le couloir, ses yeux tombent sur Gâchette et une dizaine d'hommes en armes postés contre le mur. Baltus a la vision d'un bain de sang. Heureusement, Gâchette retient ses hommes et ne viole pas la trêve sacrée des pourparlers.
Les cinq capitaines, qui ont compris que leurs rivaux ne plaisantaient pas malgré les apparences, s'en retournent vers l'île sans se retourner.
Peu après, Baltus donne l'ordre du départ. Il est plus sage de ne pas s'attarder.
La Marie-Gaillarde est immobilisée quelques jours encore pour des réparations. Nina en profite pour retrouver, sur l'île, celui des cinq capitaines qui l'avait séduite par son regard ténébreux. Il écourte la conversation à peine entamée. Son attirance l'incite quand même à faire une révélation à Nina: les capitaines pirates se sont ligués contre le Desperado et la Marie-Gaillarde à l'appel de deux d'entre eux. Ils ne l'ont pas fait que sur la base de quelques débauchages, mais aussi parce qu'ils savent comment Billio, le receleur, a été assassiné.
Quant à Baltus, il a dissimulé le Desperado a une centaine de kilomètres de l'île. Avec le yacht de Resco Moore, dont le nom a disparu sous une couche de peinture fraîche, il passe les frontières de la proche Sylandrie.
Par fortune de mer, il débarque dans un tripot où Javier, l'homme-lézard qui l'accompagne, est aussitôt reconnu. Les huit hommes qui sont là sont des mercenaires. Comme Javier, ils servaient dans le palais présidentiel du Sebor avant qu'il ne soit envahi par la junte militaire. Ce sont des individus patibulaires et âpres au gain, mais Baltus voit tout le parti qu'il pourrait tirer de leur expertise au combat. Il les convainc de se joindre à l'équipage du Desperado.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 40
MF-MJ : 10
PP : All fuel up
PG : 0
Après son speech sur la victoire et sur le trajet du retour, elle convoque les officiers pour un débriefing. Pour info, Gâchette et Grynn Falkar se partagent pour l'instant le grade d'officier canonnier (un à tribord et un à bâbord). Une fois tous les officiers présents, elle demande :
- A Ivan Ivanovitch Tropkin de lui préparer un rapport complet des avaries du vaisseau, des matériaux dont nous aurons besoin pour les réparations, du délai de réparation nécessaire et de leur coût. Nina lui laisse 1h30 pour réaliser ce rapport
=> Les dommages subis sont de diverses gravités. Les plus inquiétants concernent un morceau de la coque qui s'est désolidarisé du tout et le système de refroidissement des réacteurs qui fonctionne par intermittence. Le coût des réparations est estimé à 10 000 crédits et une vingtaine de jours de travail en extérieur.
- A Grynn Falkar et Gâchette, elle leur demande de faire le compte des munitions, de voir comment il serait possible d'améliorer l'armement du vaisseau (est-il possible de remplacer les lasers légers par des lasers moyens ? coût ? délais pour améliorer ?) et de désigner un ou deux canonniers qui a brillé dans la bataille pour en faire un héro
=> Munitions ok. Il est possible de remplacer les lasers légers par des lasers moyens pour un coût de 5 000 crédits par canon, hors frais d'installation. A noter qu'un laser moyen occupe l'espace et pèse deux fois autant qu'un léger. Il faudrait donc repenser l'espace et sans doute renforcer la structure porteuse. La durée d'immobilisation serait d'au moins un mois. A noter que ce genre de modifications se fait en cale sèche avec des machines-outil.
A Judicaël, Nina lui demande combien elle a de fusiliers aguerris et combien de fusiliers, il nous faudrait pour réaliser des Stella Bells et si elle peut préparer avec Marcus Lorica l'organisation de la fête de ce soir
=> Judicaël et Marcus organisent la fête. Les fusiliers sur la Marie-Gaillarde sont de 4 en comptant Judicaël. Leur nombre a été drastiquement réduit par le fiasco du kidnapping des Mardetta. Judicaël espère récupérer Kara et les « Glisseurs », ses meilleurs agents mais de fortes têtes. Des sas-ventouses peuvent être installés pour effectuer des abordages de type « Stella Special ».
A Crazy Jasp, Stella Bell, coût matériel? Délais?
=> C'est Ivan Ivanovitch qui répond. Les modifications à apporter aux sas pour y ajouter un système de ventouses pour l'abordage sont de 3000 crédits par sas, soit 12 000 au total pour les deux flancs du vaisseau.
Elle finit son briefing, par la phrase suivante :
« Dans 3 heures, nous allons fêter la Victoire au Symbiote, je compte sur vous pour faire acte de présence et promouvoir notre gloire à tous ! si vous n'avez pas de questions, vous pouvez disposer, je vais moi-même aller avertir Igor de nos récentes pérégrinations et l'avertir de l'état actuel de la Marie - Gaillarde. Pour ma part, je vais investir tout ce que j'ai actuellement pour réparer le vaisseau et je vous engage à faire de même. A tout à l'heure, madame, messieurs et bon courage ! » ( je ne sais pas si le trésor de guerre de la MG est conséquent ou si Nina a récupéré un peu de thunes du fait du départ de Kreuk, mais sinon elle va vendre un maximum pour générer des soussous)
Une fois, le débriefing réalisé, Nina prend l'interphone :
« Equipage de la Marie - Gaillarde, ici Nina la Rouge, comme vous le savez nous avons une victoire à célébrer, mais nous devons aussi lécher nos plaies, car notre illustre vaisseau a été grièvement touché. C'est pourquoi, je vais investir tout ce que j'ai et tout ce qui est en mon pouvoir pour aider à réparer le vaisseau et je vous encourage tous à faire de même, au nom de l'idéal de l'Union des Raiders Socialistes Sauvages ! »
Après cette brève allocution, Nina fait une quête pendant 1h30 puis quitte le vaisseau pour rejoindre le Symbiote et tenter de contacter Igor et lui envoyer le message suivant :
« A Igor Représentant de l'armateur
Je vous prie de présenter mes hommages à l'armateur et je vous informe que lors de la récupération du second vaisseau, nous avons dû affronter une flotte importante de 2 frégates et 3 corvettes. Suite à une manouvre offensive osée, la Marie - Gaillarde a réussi à scinder l'adversaire en deux, puis à annihiler une des frégates et à endommager grièvement une des corvettes. Chacun des partis a alors accepté de cessez-le-feu. A la suite de la bataille, la MG a été assez grièvement endommagé et va nécessiter (là Nina inscrit les éléments fournis par Ivan Ivanovitch Tropkin). Je m'engage personnellement à fournir tout ce que j'ai pour réduire la note, soit (tout ce Nina a pu rassembler en 1h30 de quête).
En attendant un retour de votre part pour savoir si je suis reconduite dans mon poste, malgré cet incident, nous allons entamer les réparations.
Bien à vous,
(Formule de politesse Tellulovienne apprise auprès d'Ivan Ivanovitch)
Nina la Rouge »
=> La réponse d'Igor, apparemment connecté quelque part sur la planète, est immédiate. Il confirme Nina dans son poste. Il n'est pas question pour lui de revenir sur une décision fraîchement prise.
Igor s'attendait à un affrontement avec Shallow Waters à court terme. Le vol du cargo ne pouvait pas rester impuni. Espérons que les Shallow Waters, qui ont récupéré le cargo, ne reviendront pas.
Igor déplore les dégâts subis par la Marie-Gaillarde mais ils font partie de la vie d'un vaisseau pirate. Nina devra se présenter au Symbiote où le patron a une « ardoise » au nom d'Igor. A titre exceptionnel, les réparations pourront être mises sur son compte. A charge de revanche.
Igor demande à Nina de transmettre ses cordiales salutations au capitaine Baltus. Il félicite Baltus pour sa victoire sur Shallow Waters et espère que les prochaines seront aussi brillantes mais plus intéressantes pécuniairement.
Enfin, Igor apporte une bonne nouvelle. Kara et d'autres ont réussi à s'évader de leur prison sur Barzader, lors d'un transfert vers un centre pénitentiaire spécialisé. Actuellement en cavale, ils devraient être capables de rejoindre la Marie-Gaillarde dans un futur proche.
Pour la fête, il y aura un discours de Nina pour conter la victoire.
Avec l'aimable autorisation de Nina la Rouge.
Coordonnées temporelles : le jeudi 23 mai 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Nina la Rouge, le capitaine Baltus, Naeesh et Esteban.
Nos héros sont parvenus à la croisée des chemins. Par ruse, ils se sont emparés de la Marie-Gaillarde en concluant un accord avec le représentant de l'armateur. A présent, ils s'apprêtent à échanger contre une frégate armée l'immense cargo qu'ils ont subtilisé à la famille Scott.
Toutefois, leurs tribulations ne se sont pas faites sans drame. Ce cargo remarquable ne leur a attiré que des ennuis. Notamment, il leur a valu l'inimitié des autres pirates, que la présence d'un tel monstre d'acier, recherché partout, met en danger sur l'île Lointaine.
A cet instant, nos héros se sont éloignés de leurs congénères pour procéder à l'échange. A la demande de Billio, le receleur, ils se sont rendus aux chutes de Mayara.
Le capitaine Baltus est fébrile. Il a tellement rêvé de cette frégate qu'il n'ose y croire. La Marie-Gaillarde survole la scène de l'échange et en protège les parties contractantes. Baltus a vu grand. Il a rassemblé tout son équipage sur une petite île bordée de marécages, que dérangent à peine les remous lointains des cascades. Le capitaine a préparé une bouteille de rhum qu'il veut solennellement briser contre la coque de la frégate. Il oblige Naeesh, qui s'est déjà installé aux commandes, à revenir pour l'assister en tant que son premier lieutenant. Tous les regards sont levés vers ce nouveau vaisseau, promesse d'aventure et de fortune à venir.
La bouteille de rhum explose dans les « hourras ». Le vaisseau prend le nom de « Desperado » et la prestance du capitaine est saluée.
Soudain, des points lumineux apparaissent aux frontières des radars de la Marie-Gaillarde. Nina la Rouge, secondée par Gâchette et Elstor, transmet aussitôt l'alerte.
Baltus est en contrebas, entouré d'une quarantaine de personnes dont les mouvements sont restreints par la petitesse de l'île. Les canots pneumatiques sont tous amarrés à l'île, mais il faut les charger, les gens sont venus avec leurs bagages.
Nina, Gâchette, Baltus, Naeesh, Esteban, tout le monde comprend que l'île du rendez-vous s'est transformée en un piège redoutable.
La panique gagne la foule amassée qui tangue comme des algues secouées par la marée. Certains descendent méthodiquement dans les canots mais d'autres, qui perdent leur sang-froid, bondissent depuis la berge. L'équipage de Baltus est jeune. Beaucoup de ses recrues sont inexpérimentées.
Le capitaine est au milieu du gué. Il est resté debout sur le canot, tout près de la frégate, d'où il faisait sa harangue. Il n'est pas question qu'il abandonne ses hommes et il revient sur l'île pour ordonner le sauve-qui-peut.
Naeesh est à bord et commence, seul, à lancer les moteurs pour un décollage en urgence.
A bord de la Marie-Gaillarde, on prend les choses différemment. Le ciel est plus calme que le sol mais des nuages s'amoncellent qui annoncent la tempête.
En quelques secondes, les points lumineux se sont changés en menaces visuelles. Il s'agit de l'escouade envoyée par la famille Scott pour venger le vandalisme dont elle a fait les frais sur Cyrion : quatre cargos gigantesques, coulés pour en dérober un seul.
L'affaire a fait grand bruit et les mercenaires de Shallow Waters, inquiétants spécialistes de la guerre, sont après nos héros. Cette fois, la confrontation est inévitable.
Sur les écrans vidéo, nos héros reconnaissent les silhouettes acérées de deux frégates et de trois corvettes.
Nina établit le contact avec la flotte des Shallow Waters ; elle veut des pourparlers. La seule réponse de l'officier commandant est que tous les pirates peuvent déposer les armes et se considérer en état d'arrestation.
Sur l'île, Baltus organisent le départ des canots avec le soutien de ses officiers.
A côté d'eux, Billio et ses hommes tentent aussi de sauver leurs vies. Ils disposent de deux canots pneumatiques et certains parmi les pirates veulent s'y inviter. Si l'hospitalité prévaut au début, elles ne résistent pas à la bousculade. Les hommes du receleur se mettent à tirer en l'air pour dissuader les passagers clandestins.
Roméro fait remarquer à Baltus que Billio pourrait très bien avoir invité les Shallow Waters. Il serait étonnant qu'ils aient d'eux-mêmes trouvé aussi vite. Baltus se méfie du caractère emporté de Roméro. En fait, ce dernier se contente de transmettre une opinion générale : derrière lui, des pirates s'apprêtent à assassiner Billio avec un poignard.
Baltus réagit très vite. Il commande à Roméro de suivre le receleur et d'empêcher qu'il lui soit fait du mal. En parallèle, il crie à tous ses hommes de « prendre la navette » qui vient d'accoster tout contre l'île. C'est la navette de Billio et un moyen de fuite bien meilleur que les canots.
D'autres malchanceux sont tombés à l'eau, à moins qu'ils ne s'y soient jetés eux-mêmes. Le marécage est agité. Les témoins, impuissants, aperçoivent les formes de créatures timides mais opportunistes qui tirent parti du désastre et entraînent des malheureux vers le fond.
La Marie-Gaillarde fait mine de quitter la scène. C'est Nina qui veut attirer à elle les Shallow Waters, quitte à décourager les rescapés qui, sur l'île, voient s'évanouir leur couverture aérienne.
Elle se rend vite compte que l'effet escompté ne se produit pas. L'escouade poursuit son avancée vers l'île.
Nina effectue un virage la conduisant à prendre l'ennemi à revers. Une frégate et deux corvettes se détachent du groupe, pour l'intercepter.
Baltus a terminé d'organiser les transferts de l'île vers la frégate. Avec des hommes de confiance, il a changé le chaos en un processus rationnel mais, dans la panique des premières minutes, a perdu un nombre indéterminé de partenaires.
Le capitaine fait lui-même le dernier voyage jusqu'à l'île. En embarquant les derniers à passer, il récupère aussi quelques bagages. Il ne peut constater, toutefois, la quantité impressionnante de matériel qui restera sur l'île.
De retour à bord, Baltus signale la fin des opérations et permet le décollage.
C'est Esteban qui se trouve au poste de pilotage avec, à côté de lui, le telulovien Nimov. Naeesh se tient debout derrière eux.
A ce moment, les regards se tournent vers la navette qui semble en proie à une lutte interne pour la domination. Elle tournoie dans les airs de manière erratique, comme un hélicoptère touché dans ses rotors. Puis, elle finit par se poser dans l'eau et se diriger, en mode « hydroglisseur », vers le cargo.
Baltus comprend que ses hommes n'ont pas eu le dessus. Il ne veut pas que Billio et ses hommes s'en tirent à si bon compte. Ses premiers coups de canon, il les fait donner contre une navette de tourisme. Trois faisceaux lasers parties des tourelles du Desperado fauchent le fragile esquif, qui est vaporisé comme une libellule prise dans l'explosion d'une mine.
Pendant ce temps, à quelques kilomètres au-dessus d'eux, la Marie-Gaillarde affronte seule les Shallow Waters.
Elle reçoit quelques tirs qui la mettent en difficulté mais l'une de ses bordées, savamment distribuée, touche les machines de la frégate.
Le Desperado décolle aussi prestement qu'il était possible de le faire.
La Marie-Gaillarde effectue une nouvelle approche. Elle subit de nouveaux tirs de deux corvettes mais sa seconde attaque ciblée fait exploser la frégate adverse. L'engagement vient à peine de commencer et l'escouade Shallow Waters déplore déjà une énorme perte.
Le Desperado est lui aussi sous le feu nourri d'une frégate et d'une corvette.
Il se voit infligé des dégâts légers au décollage mais le pilote, Esteban, utilise la situation a son avantage en faisant un brusque demi-tour. Il parvient sous la corvette Shallow Waters et son rayon plasma en fend la coque comme du beurre.
La Marie-Gaillarde poursuit les hostilités de son côté. Elle endommage gravement l'une des deux corvettes qui s'opposent à elle mais la seconde, intacte, lui fait beaucoup de mal.
Nina apprécie à sa juste valeur l'avantage pris dès le début du combat mais, également, la diminution des capacités de son vaisseau. Si l'une des corvettes ennemies se désengage, il en reste une face à elle.
Quant au Desperado, malgré son succès contre une corvette, il affronte encore une frégate de son tonnage.
La Rouge initie une nouvelle communication vers les mercenaires. Ceux-ci voient leur intérêt à lui répondre. Nina propose un cessez-le-feu. Le commandant des Shallow Waters sait qu'il n'a aucun atout pour négocier. Il se contente de demander ce pour quoi il est venu : le cargo.
Baltus, interrogé par Nina, accepte ces termes. De toute façon, ce n'est pas Billio, sans doute réduit à l'état de particules destinées au plancton des marécages, qui s'en plaindra.
Les deux flottes éventrées et fumantes se tournent autour pendant un moment avant de quitter les lieux.
Le Desperado et la Marie-Gaillarde font le trajet jusqu'à l'île Lointaine. Ils vont devoir s'accommoder à nouveau de la compagnie d'autres pirates qui leur sont hostiles.
Cela reste un endroit pratique pour bénéficier de la protection « fraternelle » de leurs congénères, volontaire ou pas, et de réparer quelques-unes de leurs avaries.
Les deux vaisseaux se posent avec une égale aisance, synchronisés comme dans un ballet, sous le regard des curieux. Ils n'étaient partis que depuis quelques heures mais leurs carcasses criblées d'impact trahissent la férocité des événements survenus entre temps.
Cette apparente communion rend-t-elle compte de la dynamique propre à la coalition ?
Nina la Rouge, dans les haut-parleurs du vaisseau le plus abîmé, fait proclamer sa victoire personnelle et celle du collectivisme.
Baltus a le triomphe plus modeste. Recensement fait, les dégâts matériels sont bénins sur le Desperado mais il a perdu douze membres d'équipage. Parmi les disparus comptent un mécanicien de qualité et. Roméro Jukan, l'un des officiers. Roméro était probablement à bord de la navette dont Baltus a prononcé l'exécution, car Billio devait y être aussi. Si l'équipage du Desperado n'a pas forcément suivi Roméro des yeux, l'ordre de Baltus a été entendu. L'équipage sait que le capitaine, qui n'a pu s'emparer complètement de la navette, a sacrifié tous ceux engagés dans la mission.
Nos héros auront besoin de l'aide des occupants de l'île. La bienveillance de leur accueil, toutefois, n'est pas assurée.
Il faudra peut-être s'expliquer sur le compromis avec Shallow Waters et sur l'assassinat de Billio, en tenant compte du fait qu'il y a peut-être un espion sur cette île qui a révélé aux mercenaires le lieu de la transaction.
L'effectif de la coalition est plus réduit que jamais. On peut légitimement se demander s'il peut opérer plus d'un vaisseau. Pourtant, l'accord avec l'armateur repose sur ce fait et se limiter à un seul supposerait de le revoir.
A cet enjeu général, s'ajoutent des ambitions individuelles. Certains, comme Nina la Rouge, Naeesh ou Elstor ont été promus. Quelle serait leur place dans un équipage unique ? D'autres, par exemple Esteban, rêvent de la même ascension. Esteban a largement prouvé ses talents de pilote mais Baltus hésite encore à le nommer au poste d'officier « navigation ».
Ces difficultés ne vont pas manquer de sourdre dans un futur proche. Dans l'immédiat, la remise en était des deux vaisseaux est la plus préoccupante.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +1000
MF-PJ : 40
MF-MJ : 10
PP : 0
PG : +2 Nina, +1 les autres
Coordonnées temporelles : le jeudi 16 mai 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, le capitaine Nina la Rouge, Naeesh, Gâchette et Esteban.
Interrogé sur son opinion quant au meilleur capitaine, Igor s'est exprimé en faveur de Nina. Il ne veut ni d'un capitaine partisan (Kreuk-iste ou anti-Kreuk), ni d'un capitaine fantoche pour la Marie-Gaillarde.
Nina, bien que surprise, accepte humblement cette charge.
Elle réunit lors d'une rapide réunion ses principaux alliés dans l'exercice de ses nouvelles fonctions : l'autre capitaine, Baltus ; Igor, le représentant de l'armateur ; Neptune, qui parle pour l'équipage de la Marie-Gaillarde.
Les débats portent sur les échanges de personnel entre l'équipage de Baltus et celui de Nina. Igor insiste pour qu'ils aient lieu. Cela fait partie de l'accord et les raisons en sont simples : d'une part, il faut créer une véritable coalition qui reposera sur une compréhension réciproque ; d'autre part, les tensions existant au sein de la Marie-Gaillarde ne peuvent s'apaiser que par l'éloignement de certains de ses membres.
Il est convenu que les officiers seront reconduits dans leurs fonctions et que seuls les hommes d'équipage feront l'objet de mobilités. A ce sujet, Neptune révèle que, de bosco, il a récemment été promu au rang de capitaine en second. Kreuk voulait acheter à prix d'or son soutien mais, tout bien réfléchi, cette fonction met une barrière à la communication entre Neptune et les hommes. Il démissionne, préférant retrouver la confiance des petits plutôt que d'être l'égal des grands.
Suite à cette réunion, Baltus propose à Lussi le poste de second dans son équipage. Avec le départ de Nina, le poste s'est libéré. Mais Lussi, qui tient à son rôle de bosco comme Neptune valorise le sien, se montre hésitante. Elle doit y réfléchir.
A bord du cargo, Baltus convoque tout son équipage pour lui annoncer la nouvelle. Il s'est emparé de la Marie-Gaillarde sans coup férir et son second, Nina la Rouge, a été élevé au rang de capitaine de ce second vaisseau. Les voilà tous membres d'une petite escouade de pirates !
Après un silence stupéfait, ces matelots poussent des « hourras » en tapant sur la table et trinquant au nom de « Baltus le Grand ».
Sans céder à l'euphorie générale, celui-ci convoque ses officiers pour obtenir d'eux des conseils. Tout d'abord, il faut nommer un second car Lussi a décliné la proposition, suivant en cela l'exemple de Neptune. Roméro s'offre pour ce poste mais ses prises de position extrêmes et personnelles en font un personnage controversé. Baltus préfère retenir la candidature de Naeesh, plus avisé et raisonnable. Ensuite, se pose le problème des transferts : qui faut-il envoyer à ou accueillir de la Marie-Gaillarde ? Baltus veut que les mouvements se fassent sur la base du volontariat.
Sur la Marie-Gaillarde, Nina fait la connaissance de ses nouveaux officiers :
Judicaëlle Treadmill, une femme hommasse aux bras comme des troncs d'arbre et à la poignée de main virile, mène les assauts en compagnie de ses fusiliers. Son groupe a subi de lourdes pertes lors du kidnapping des Mardetta : neuf disparition, en incluant Kara et deux hommes retenus sur Barzader.
Ivan Ivanovitch Tropkin est un personnage malsain, grand mais voûté, au teint olivâtre. Il régule le travail des mécaniciens et semble de connivence avec Igor. C'était le plus fidèle des kreuk-istes.
Jasper Coriscus Lexmeyer, dit « Crazy Jasp », est le seul pilote originel de la Marie-Gaillarde. Il est aussi l'officier navigateur. Bien que compétent, Jasper doit sa promotion récente au départ de son supérieur, dont le capitaine Kreuk ne tolérait plus la neutralité. C'est un vieillard efflanqué, aux pommettes saillantes et blanchies comme de l'os. Quand Nina prend sa main décatie dans la sienne, elle a l'impression de le retenir de tomber.
Grynn Falkar est tout son opposé. Epais, plein de vie, la moustache rigolarde mais la rigueur d'un ancien militaire, il s'opposait sans arrêt à Kreuk. C'est un des plus anciens membres du bord et il coordonne les actions des canonniers.
Enfin, il y a peu à dire au sujet du médecin, Marcus Lorica, recruté il y a peu de temps.
Nina est aussi approchée par Esteban, lui aussi embauché récemment. Il devait seconder Crazy Jasp, mais Esteban est plein d'ambition et demande à ce que de plus grandes responsabilités lui soient confiées. En clair, il est prêt à remplacer son tuteur.
Nina prend en grippe ce fieffé opportuniste. Un tel carriérisme n'est pas conciliable avec l'esprit collectiviste qu'elle aimerait voir régner à bord. Esteban persévère et Nina doit le rabrouer, lui conseillant de se présenter au capitaine Baltus. Son objectif, moins glorieux, est de garder pour elle-même les fonctions de pilotage.
Ce succès inattendu et ces choix de gestion, qui accaparent nos héros, ne doivent pas occulter la situation dans laquelle ils sont.
A l'heure actuelle, ils ne disposent que d'un seul vaisseau pirate dont Nina est le capitaine. Baltus, malgré son prestige, est à la tête d'un équipage composé de personnel inexpérimenté et sans l'embarcation qui lui permettra de développer ses compétences. Le cargo ne peut être considéré comme un vaisseau utilisable, malgré son immense valeur marchande ; c'est un bien à troquer.
Outre ces débuts difficiles, la menace constituée par la flotte des mercenaires de Shallow Waters n'a pas diminué d'intensité. Tout ce que nos héros savent, c'est qu'elle a été accueillie en alliée par le Ressedo, avant de le quitter. Elle a depuis disparu des écrans radar. Là où la menace se concrétise, c'est sur les écrans de télévision. L'île Lointaine capte les émissions du très proche Conglomérat de Dooan. Les images de la flotte, des images d'archives, y défilent en boucle.
Sur l'île, l'ambiance avinée a tourné au vinaigre. La légèreté qui lui est coutumière s'est teintée de soupçon et de frustration. Les pirates de l'île ont réalisé le péril que leur faisait courir un cargo volé à la Scott's amarré près de leurs vaisseaux. A juste titre, ils pourraient reprocher à nos héros de leur causer un grave embarras.
Nos héros adoptent diverses réactions à cette soudaine hostilité. Il y a ceux qui s'en moquent et font la tête sur l'île. Il y en a d'autres, plus judicieux ou plus craintifs, qui se cantonnent dans leur vaisseau.
Nina, capitaine de la Marie-Gaillarde, est parfaitement consciente de son abus d'hospitalité. En demeurant aux alentours de l'île, nos héros acquièrent sans frais la protection de leurs frères pirates. Shallow Waters aurait affaire à forte partie si ses mercenaires s'en prenaient à l'île Lointaine.
Neuf jours s'écoulent dans ce climat perturbé.
Les transferts attendus se limitent à peu de choses. Quatre matelots, du parti des kreuk-istes, quittent la Marie-Gaillarde pour venir s'installer à bord du cargo. Esteban s'offre comme pilote et Baltus l'intègre à l'équipe. Gâchette enfin, par amitié pour Nina la Rouge, la rejoint à bord de la Marie-Gaillarde. Il n'a pas de poste officiel car celui de second a été donné à Elstor, et le poste d'officier canonnier est depuis toujours entre les mains de Grynn Falkar.
Un matin, Baltus est interpelé par un inconnu, alors qu'il se promène sur la plage. L'homme dit s'appeler Sedreno. Surtout, il se prétend l'envoyé du receleur Billio. La frégate tant espérée a été découverte sur le marché noir jobullanais. Elle attend nos héros à une centaine de kilomètres de là, près des chutes de Mayara. Le receleur n'a pas voulu la livrer près de l'île. Il juge qu'un troc à proximité serait trop risqué.
Nina, avertie, se montre suspicieuse. Elle pressent un guet-apens et prévient Baltus avec ces mots qui sonnent comme une prophétie venue de l'ancien temps : « On va tous se retrouver Grosjean comme devant ».
Baltus a déjà trop attendu cette frégate dont il rêve pour lui donner la stature d'un vrai capitaine. Il ordonne le décollage avec certaines précautions.
Sedreno est prié de monter à bord du cargo et de gagner le poste de pilotage. Il donnera la direction. Par la même occasion, Baltus pourra le surveiller. Gâchette l'a fouillé et n'a trouvé sur lui que deux pistolets et un coutelas : l'attirail d'un honnête homme vivant dans un monde sans foi ni loi.
Baltus a demandé à Nina de l'escorter avec la Marie-Gaillarde, mais tout en gardant ses distances. Cette dernière se gausse de cette recommandation de prudence alors qu'elle pense filer vers la gueule du loup : elle navigue côte à côte avec le cargo.
Toutefois, les deux équipages sont sur le qui-vive. Naeesh, - à son habitude - scanne l'orbite en tripotant les senseurs du cargo. Il cherche les traces d'un ennemi invisible. Nina fait de même à bord de son homologue.
Les Chutes de Mayara sont un ensemble magnifique de cascades juxtaposées ou échelonnées. Elles s'étendent sur des centaines de kilomètres, tout le long d'un bloc continental qui en chevauche un autre. Sur cette ligne qui s'étend sur l'horizon, l'impact de l'eau forme un filet de brouillard permanent qui rappelle un banc de nuages. Nos héros ont rendez-vous à 20 km au sud des chutes, là où la violence du courant est modérée et où s'égrène un chapelet d'îlots.
A côté d'une frégate - sans doute la leur -, ils aperçoivent trois silhouettes, des points noirs, sur un îlot. En s'approchant par la voie des airs, ils voient se déployer le paysage et, tout contre la frégate, devinent un vaisseau de gabarit plus réduit.
L'îlot est le nouveau point de rencontre. Un petit canot pneumatique s'en approche avec une dizaine d'hommes à son bord : probablement les futurs opérateurs du cargo.
Baltus ordonne l'amerrissage de son bâtiment puis, après cela, la mise à l'eau de leurs propres esquifs. La Marie-Gaillarde est restée en vol. Elle tourne, à basse altitude, au-dessus de la scène. Sur la terre ferme, le capitaine Baltus s'approche de Billio qu'il reconnaît malgré son masque à gaz. Les relents méphitiques qui s'échappent de l'eau obligent tous les présents à porter ce genre d'équipement.
Après de rapides salutations, Baltus, Naeesh et quelques autres reprennent leurs canots pneumatiques. Ils ont hâte de visiter la frégate. Ce qu'ils voient, de l'extérieur ou dans les coursives, les enthousiasme. Les yeux experts de Naeesh décèlent quelques imperfections, dus aux outrages du temps, mais rien de majeur pour un appareil qui a vécu.
Baltus est ravi. Il demande à tout l'équipage du cargo de débarquer avec armes et bagages mais, au lieu de se rendre directement dans la frégate qui sera leur nouveau séjour, il les fait se concentrer sur l'îlot.
Il lui importe de rendre cet instant mémorable et de baptiser le vaisseau selon le rite consacré.
Naeesh est l'un des protagonistes de cet événement. Repoussé sur sa bordure par la foule qui se presse sur l'îlot, il perçoit un mouvement sous le courant verdâtre. Un dos rond vient d'affleurer à la surface avant de replonger.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 34
MF-MJ : 16
PP : 0
PG : +1 Baltus, +1 Nina
Coordonnées temporelles : le jeudi 2 mai 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Nina la Rouge, Naeesh et un fusilier anonyme.
A l'extérieur, un nouveau jour se lève et, à l'intérieur, les échos de joyeuses voix se répercutent dans les couloirs. L'immense cargo qui était autrefois une armature silencieuse et sans vie, bruit des bourdonnements d'une ruche effervescente.
Nos héros se retrouvent pour petit-déjeuner à une grande tablée. Ils font leur plan pour la journée.
Baltus, matinal, est le premier à sortir. Sa première apparition en tant que capitaine doit être une démonstration de force. Pour ce faire, il demande à trois fusiliers de l'accompagner ; parmi eux, les deux jumelles asiatiques callipyges.
Le petit bateau pneumatique a tôt fait de les transporter, à travers les brumes méphitiques montant de l'eau, jusqu'au sable doré de l'île Lointaine.
Le petit groupe se dirige vers un appontement précis en longeant la plage. Il s'arrête devant un yacht blanc et bleu de belle taille, mais qui paraît un moustique à côté du gigantesque cargo. Baltus, seul, s'engage sur la passerelle. Son ami, l'écrivain Resco Moore - le seul être au monde à qui il se confie -, l'a vu arriver et vient l'accueillir à bras ouverts.
Moore s'étonne de voir Baltus se présenter en force alors que ses visites avaient toujours été discrètes par le passé.
Les choses ont changées: Baltus a recruté un véritable équipage. C'est d'ailleurs pour cela qu'il est ici. Il propose à Moore de le rejoindre en tant que conseiller. L'écrivain est surpris par cette proposition. Il doit y songer pour mûrir sa décision. Comme il veut savoir à quoi il s'engagerait, s'il venait à accepter, Baltus lui parle de ses projets à court terme.
Son premier objectif, lorsqu'il aura troqué son cargo contre une frégate, sera de libérer des pirates emprisonnés sur Barzader. Cela, il entend le faire sans verser de sang. Son plan est de les échanger contre les otages de la famille Mardetta. Evidemment, ces otages ne sont pas encore sous son contrôle, mais sous celui du capitaine Kreuk...
Baltus n'est pas venu pour en discuter. Il aborde aussitôt le second point qui justifie sa visite. Il demande à l'écrivain si son yacht, en cas de crise, pourrait accueillir quelques membres de son équipage.
Moore accepte sans poser trop de questions, après avoir noté qu'il s'agissait d'héberger une dizaine de personnes. La demande doit bien sûr rester confidentielle.
Cette potentialité d'évacuation incite Moore à enchaîner sur une information qu'il voulait partager. Une petite flotte de vaisseaux de Shallow Waters vient de se poser au Ressedo. Nos héros le savent : le Ressedo est l'âme damnée des gouvernements de Barzader sur Jobullan. Cet état, officiellement indépendant, a en réalité été colonisé par des émigrés barzadérians.
L'auberge du Symbiote se situe très loin du Ressedo. Pour la rejoindre, la flotte aura à opérer un contournement des frontières du Conglomérat de Dooan, à moins qu'elle prenne le parti de les ignorer. A vol d'oiseau, les mercenaires de Shallow Waters représentent une menace imminente. Estimer la rapidité de leur intervention achoppe sur une seule question : savent-ils où se cache le vaisseau-cargo ou ne le savent-ils pas ?
S'ils le savent, et si les fonctionnaires du Ressedo se montrent conciliants, ils n'auront pas de difficulté à trouver l'auberge du Symbiote. Son emplacement est un secret de polichinelle pour les autochtones.
Baltus regagne le vaisseau-cargo d'un pas anxieux, suivi par sa nouvelle escorte. La plage est peuplée de pirates inconnus qui bavardent avec une insouciance horripilante. Le cargo, ce monstre d'acier dont la silhouette massive se découpe sur l'horizon, représentait toute la fierté de Baltus. Il est devenu une cible. Il signale la présence de nos héros pour le ciel. Il attise les convoitises au sol.
D'après l'écrivain Resco Moore, le détachement de Shallow Waters serait assez conséquent : deux frégates et trois corvettes.
Baltus est face à un véritable dilemme. S'il part, il perd le moyen d'être contacté par Billio, le receleur, qui devait lui échanger le cargo contre une belle frégate. S'il reste, il court le risque de voir le cargo bombardé, son bien coulé dans les eaux marécageuses, et de s'attirer l'inimitié des pirates voisins pour qui l'île est un refuge.
Dans la salle de réunion du cargo, Baltus rassemble les officiers et le bosco : Nina, Naeesh, Gâchette, Thiram, Roméro, Elstor, et enfin Lussi. Ils sont d'abord briefés sur l'arrivée de Shallow Waters sur Jobullan avant que leurs avis ne soient recueillis. Le débat est vif, comme d'habitude, mais à la fin un consensus se dégage : nos héros patienteront dans l'attente de Billio et ne feront rien pour avertir la communauté des pirates du danger qui se profile.
Il est midi passé et nos héros, à l'exception de Naaesh qui travaille sur les senseurs, retournent sur l'île. Ils veulent laisser traîner leurs oreilles dans les différents bâtiments du Symbiote, espérant en apprendre plus sur ce qui se dit à leur propos. Comment les pirates réagissent-ils à leur campagne de recrutement massive ? L'irruption des mercenaires de Shallow Waters est-elle déjà connue de certains ?
Nina marche d'un pas décidé vers le restaurant préféré de Kreuk. Elle l'y trouve attablé avec la moitié de son équipage, plaisantant, buvant et décortiquant ses tapas.
Lorsqu'ils parviennent sur l'île, Baltus et son escorte assistent à l'amerrissage d'un petit vaisseau de tourisme. La carlingue ne contient pas plus de 3 ou 4 places. Cet appareil réduit est destiné à des voyages planétaires ; il n'a pas pu, seul, faire un long trajet depuis l'espace.
Baltus se réjouit en songeant qu'il peut s'agir de Billio, mais il doit le vérifier de visu.
Il se dirige là où l'aéronef a dû se poser. Quatre hommes avancent dans sa direction sans le voir, mais il ne s'agit pas du receleur. Le premier d'entre eux est de grande taille, avec le torse large et des bras musculeux. Un crâne rasé et des yeux bleu acier, surmontant des sourcils quasiment invisibles, le caractérisent. Baltus reconnaît Igor. La panique se saisit de lui. Il ordonne à son escorte de regagner le vaisseau cargo et transmet le même message sur les communicateurs.
Nina se trouve à côté de Kreuk. Malgré le tumulte causé par l'ébriété des convives, l'alerte lui parvient. Elle s'éclipse alors sous un faux prétexte en s'extirpant de la banquette. Kreuk fait mine de la retenir mais il ne veut qu'un baiser avant de la laisser s'envoler. C'est déjà trop tard, Igor est à la porte de l'établissement !
Il n'a pas repéré Nina. Son regard s'est posé sur Kreuk qui vît ses dernières secondes de légèreté. Nina pourrait disparaître dans les toilettes mais, soudain, une folle envie s'empare d'elle. Elle veut assister à l'altercation qui va s'ensuivre.
Igor commence par imposer le silence en balayant l'assistance de son regard glacial. Soudain, le coin de son oil droit accroche Nina, qui est revenue vers la table. Sa surprise n'est pas feinte : « Nina Ortega !, laisse-t-il échapper, que faites-vous ici ? »
Nina se contente d'une réponse laconique mais Igor a l'esprit aussi acéré que ses yeux sont clairs. Il comprend vite que Baltus et Roméro sont dans les parages.
Le capitaine Kreuk, dont les circonstances ont fait de Roméro l'ennemi juré, sursaute à ces mots.
Lui si gouailleur, peine à se défendre quand Igor l'accule de quelques phrases courtes et incisives. La scène va se poursuivre en privé. Arraché à sa compagnie, Kreuk se lève avec toute la dignité dont il est encore capable. Il accompagne Igor et ses trois sbires dans une salle isolée. Nina y voit l'opportunité de s'enfuir mais, lorsqu'Igor croise sa chaise, il dépose une main sur son épaule en l'assurant : « Nous nous reverrons Nina. J'espère que ni vous ni Baltus n'avez prévu de quitter l'île Lointaine prochainement. »
Baltus ne formait aucun projet dans ce genre.
Sitôt Nina rentrée au bateau, le capitaine convoque un nouveau conseil de guerre. La venue d'Igor, loin de le décourager, a ravivé en lui un rêve tenace : s'emparer de la Marie-Gaillarde et devenir le chef d'une petite flotte pirate.
Depuis les dernières discussions sur le sujet, les avis ont un peu évolué. L'ombre d'une fin tragique s'appesantit sur nos héros et assombrit leur humeur ; que ce soit entre les mains de pirates jaloux ou de mercenaires de Shallow Waters, la Faucheuse les guette.
Le capitaine Baltus est déterminé. Gâchette et Lussi sont tous les deux farouchement opposés à son idée ; Elstor se montre aussi défavorable, contrairement à ce qu'il prêchait auparavant. Mais Baltus a un argument de poids : en récupérant la Marie-Gaillarde, ils récupéreront aussi les otages pris dans la famille Mardetta. Ces otages sont le meilleur moyen de faire libérer Kara et les autres pirates prisonniers de la SIOU. Dans ces conditions, les réticences ne tiennent pas.
Revêtant leurs plus beaux atours, nos héros se rendent sur l'île, sous la forme d'une élégante ambassade. Baltus porte fièrement son uniforme de capitaine, fermé de boutons d'or. Nina et Lussi ont enfilé d'élégants pantalons noirs de cuir moulant.
Sur l'île, ils tentent de retrouver Neptune, afin de clarifier avec lui le moment le plus propice à une intervention. Ils ne croisent personne de la Marie-Gaillarde.
Resco Moore, qui les voit serpenter le long des bâtiments du Symbiote, descend saluer Baltus. La situation a empiré depuis le matin : il a appris, à travers un de ses contacts au Bureau de l'Immigration du Ressedo, que les mercenaires de Shallow Waters venaient de redécoller.
Il n'est plus temps de tergiverser. Baltus déclare qu'il se rendra avec ses hommes à bord de la Marie-Gaillarde.
Le vaisseau a jeté l'ancre de l'autre côté de l'île. Vue depuis elle, il ne semble pas gardé.
Nos héros n'ont aucune peine à la rejoindre avec leur canot pneumatique puis, escaladant une échelle de corde, à grimper sur son sommet.
Aucune sentinelle ne le patrouille. Nos héros descendent un escalier de métal sonore et s'enfonce dans la Marie-Gaillarde, s'annonçant à haute voix en même temps qu'ils avancent. Tout l'équipage était en grande discussion dans la salle commune.
Deux hommes, alertés par les voix, interceptent nos héros et les précèdent par pure formalité.
Les pirates de la Marie-Gaillarde sont groupés autour d'une longue table rectangulaire, plongés dans un silence inhabituelle. En bout de table, nos héros identifient le capitaine Kreuk, malgré son visage défait, ses épaules voûtés, qui lui donne un air inhabituellement fragile. La silhouette massive d'Igor, présentant son dos, se dresse entre nos héros et l'assemblée.
Igor se retourne.
« Baltus, marque-t-il de sa voix grave ». « Ou plutôt, capitaine Baltus, corrige-t-il en détaillant ses habits et sa suite. »
La scène parle d'elle-même : Kreuk était sur le point d'entendre la sentence d'Igor. Ce dernier la réserve. Il offre à Baltus de s'exprimer d'abord.
Le discours de Baltus est bien rôdé. Il revient en premier lieu sur l'épisode de la fuite sur Cyrion. Cet aparté ne concerne qu'Igor et vise à le convaincre qu'il n'a été neutralisé que pour exfiltrer Roméro, auquel il s'en prenait violemment. Toutefois, l'évocation de Roméro interpelle bien sûr les pirates.
En deuxième lieu, Baltus expose le motif général de sa venue. Il réclame la destitution du capitaine Kreuk, qui s'est rendu indigne de son poste de commandement, et propose de prendre sous sa direction l'équipage de la Marie-Gaillarde, en joignant son destin à celui de son propre équipage.
Igor n'est qu'à moitié surpris. Un coup d'oil de connivence échangé entre Baltus et Neptune semble expliquer pourquoi.
Toutefois, Igor ne veut pas prendre une décision qui n'aurait pas l'assentiment du plus grand nombre. Il se tourne vers la salle et scrute les visages. C'est à ce moment que Baltus peut jouer son va-tout. Il a emmené avec lui Roméro et Elstor, que Kreuk a lâchement abandonnés sur la lune Cyrion. Avec véhémence, Roméro plaide à son tour pour la destitution immédiate de Kreuk.
Une partie de l'équipage, d'un seul côté de la table, pousse des hourras. Les partisans de Kreuk, afin d'échapper au pire, se taisent et laissent triompher ceux qu'ils ont trop longtemps brimé.
Igor entérine cette décision populaire et se tourne vers Baltus, pour sceller un accord :
« Capitaine Baltus, je confie la Marie-Gaillarde à vos bons soins. Vous nous serez redevable pour les gains faits avec elle mais libre quant à ceux que nous ferez avec votre second vaisseau.
Je mets à cette collaboration deux conditions :
La première est que vous nommerez parmi vos hommes un capitaine, qui devra être votre égal. Il aura les mêmes prérogatives que vous pour ce qui concerne la Marie-Gaillarde et vous devrez prendre avec lui des décisions conjointes. Je connais vos capacités de capitaine, Baltus, mais aussi votre goût de la violence et votre impulsivité. Sur Cyrion, c'est Nina qui a su vous modérer. Je voudrais pour votre contrepartie une forte personnalité qui jouera le même rôle.
La seconde est que vous transfériez certains des hommes de votre vaisseau à bord de la Marie-Gaillarde et réciproquement. L'autorité de Kreuk - qui il fut un temps s'avéra utile - a dérivé en un despotisme pernicieux, fondé sur une ségrégation des matelots de la Marie-Gaillarde. Vous devrez veiller à ce que les deux groupes se fondent en un et que les inimitiés partisanes disparaissent. »
Officiellement investi des pouvoirs de réorganisation, Baltus expose ses intentions. D'abord, il veut l'exclusion de Kreuk et non pas sa simple destitution du poste de capitaine. Ensuite, il propose Roméro - comme initialement convenu - pour le remplacer.
Igor ne donne son aval qu'à la première mesure. Même s'il considère que Kreuk n'a pas mérité une telle humiliation, il convient qu'elle évitera bien des ressentiments. En fait, il ordonne même à Kreuk, dont le visage est devenu livide, de quitter immédiatement la Marie-Gaillarde. Ce qui suit ne devra pas être connu de lui.
Igor met son veto à la nomination de Roméro. La raison en est évidente : Roméro incarne la désunion, la haine de Kreuk et de ses affidés. Sa colère l'aveugle au point qu'il ne saura faire la part des choses.
« Dans ce cas, quelle personne recommandez-vous pour ce poste ?, s'enquiert innocemment Nina »
« Mais, c'est bien évident ! Je pensais à vous, Nina la Rouge ! »
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +1000
MF-PJ : 35
MF-MJ : 15
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 18 avril 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : le capitaine Baltus, Nina la Rouge et Naeesh.
Baltus regagne le cargo, la mine défaite. Naeesh, qui l'accompagnait, est resté sur l'île.
En voyant la triste mine de leur "capitaine", les autres lui demandent ce qu'il s'est passé. Baltus explique alors comment il a rencontré par hasard le bosco de la Marie-Gaillarde dès qu'il a eu mis un pied sur la terre ferme.
Une longue discussion s'en est suivie. Pour la résumer brièvement, Neptune n'est pas très coopératif tout en n'étant pas non plus récalcitrant. Simplement, il ne pense pas que l'équipage ou lui-même aurait quelque chose à gagner à la déchéance de Kreuk. Leur capitaine est probablement un personnage sinistre et autoritaire, sous des dehors tout à fait charmants, mais il sait mener sa barque. Il a aussi promis d'aller libérer les pirates retenus sur Barzader.
Neptune a fait une suggestion qui était d'attendre que tombe l'épée de Damoclès qui pendait au-dessus de Kreuk. Le désastre du kidnapping des Mardetta lui a valu la colère de son armateur. Un représentant de celui-ci est attendu sous peu. Kreuk pourrait être évincé, sans coup férir.
Entendant cela, les autres sont aussi dépités que Baltus. On parlait d'organiser une mutinerie flamboyante, pendant laquelle Kreuk aurait été chassé sous les quolibets et les coups de fusils laser. Aujourd'hui, il s'agit de négocier avec un homme d'affaires compromis dans la piraterie dont nos héros supposent qu'il s'agit de Jujo Amstrong.
Elstor déclare le premier qu'il a changé d'opinion. Non seulement le plan ne peut plus fonctionner mais, sans considération de cela, nos héros risquent gros. Si Igor est l'émissaire de Jujo, il pourrait vouloir exercer une vengeance sur eux. Pour cela, pas besoin d'un entretien avec lui. Igor fera sans doute le rapprochement entre le cargo volé, amarré ici même, et le fait que nos héros aient disparu près d'une gare sur le trajet de la gare Grand Sud. Il sait peut-être déjà ce qu'ils ont fait.
Nina et Gâchette prennent le relais d'Elstor. Ils sont farouchement opposés à une prise de contact avec l'envoyé de l'armateur.
A l'heure actuelle, cet événement est encore incertain. On ne sait pas qui va arriver le premier, du receleur Billio avec la frégate tant attendue, ou de l'émissaire qui scellera le destin du capitaine Kreuk.
"Si notre vaisseau arrive en premier, conclut Balthus, nous partirons à son bord. En revanche, si c'est l'émissaire, je verrai mais il se peut que je le rencontre."
En attendant, Nina et Lussi ont rendez-vous avec Kreuk pour déjeuner. Celui-ci veut mieux connaître l'équipage du cargo ; il n'en rencontrera que les deux belles ambassadrices.
Comme à son habitude, Kreuk joue de son charme avec ces demoiselles. Les échanges sont plaisants mais Nina a l'impression que les attentions de Kreuk ne sont pas partagées équitablement: il préfère Lussi. Elle le provoque mais les réponses de celui-ci restent très proportionnées et courtoises.
A la fin du repas, malgré la volubilité de Lussi, Kreuk n'en sait pas vraiment plus sur l'équipage du cargo.
Les deux jeunes femmes lui font payer cette interrogatoire par une après-midi de shopping entièrement à ses frais.
Pendant le repas, Naeesh s'était placé à une table voisine de façon à photographier Kreuk et Nina. Il a eu Lussi par-dessus le marché ! Fier de ses prises et des contrastes lumineux qui mettent en valeur le moindre baiser, il va livrer son travail à Elstor.
L'après-midi, il la passe dans le vaisseau cargo, à rassembler quelques outils qu'il s'approprie et à faire de menues réparations.
Baltus est de sortie sur l'île. Il est plus que jamais conscient de la menace qui pèse sur nos héros depuis qu'il a entendu parler du vaisseau cargo ont journal télévisé. L'information a fait le buzz sur Barzader. Elle revient d'être diffusée sur Jobullan où, compte tenu des retombées économiques négatives, elle a le même potentiel d'audience.
Baltus cherche un bateau de tourisme anonyme qui leur permettrait, à lui et à ses amis, de fuir l'île en cas de danger. Il en repère un aux capacités intéressantes. Son objectif est plus de trouver un allié à bord que de le voler. Il va faire mieux que cela: il se trouve un admirateur.
Le propriétaire du bateau est un certain Resco Moore. L'homme est cultivé, perspicace et ne fait pas de manière malgré son éducation.
Il s'attire aussitôt la confiance de Baltus, ce qui n'est d'ordinaire pas aisé. En fait, Moore affiche un intérêt non voilé pour ce jeune capitaine qui lui révèle d'emblée qu'il part de rien et veut monter un nouvel équipage. Cette sincérité surprenante incite l'écrivain à prendre des notes et, de fil en aiguille, à entamer une biographie de Baltus. Ce dernier ne passe sous silence que le seul cargo arraché à la famille Scott et, en général, les mésaventures récentes de nos héros.
Dans les jours qui suivent, nos héros prennent leurs habitudes sur l'île Lointaine.
Nina et Lussi fréquentent le capitaine Kreuk. Lorsqu'elles ne sont pas avec lui, elles s'entretiennent avec des personnes qui cherchent un vaisseau pirate en partance. Il n'est pas toujours aisé, entre l'incompétence crasse et les velléités jamais poursuivies, de repérer de potentiels marins. C'est encore plus dur de trouver des partenaires qualifiés.
Cette initiative qui vient de Nina, est rapidement reprise par les autres.
Baltus se met à chercher aussi, lorsqu'il n'est pas sur le bateau de Moore à siroter des cocktails et à relater les péripéties de sa vie passée. Naeesh délaisse un peu ses réparations, qu'il ne peut pas mener bien loin faute de matériel, pour auditionner des candidats au départ.
Le soir, nos héros font la fête. Baltus parvient à retrouver la jolie asiatique, à la peau dorée et à la chute de reins callipyge, qu'il avait d'abord fait fuir. Elle a une soeur jumelle. En bon capitaine, il s'entremet pour obtenir une synergie entre les soeurs et Naeesh.
La journée, nos héros mènent une véritable campagne de recrutement.
Et puis, soudain, ils s'aperçoivent que cinq jours pleins se sont écoulés.
C'était le délai qu'avait avancé Billio, le receleur, pour leur fournir un frégate toute équipée en échange de leur cargo. Il aurait été bien surprenant qu'il le tienne. En tout cas, il n'y a nulle trace de Billio sur l'île.
La survenue de cette échéance symbolique fait son effet sur nos héros.
L'ombre vengeresse des frères Scott semble planer sur eux, armée du poignard aiguisé des mercenaires de Shallow Waters.
Projections dans l'avenir, les recrutements se confirment. Ce qui n'était autrefois que discussions de comptoir, et intérêts entretenus à demi-mots, devient un véritable projet. Il est spécialement important de retenir cinq postulants qualifiés qui ont été identifiés.
En violation des consignes de Baltus, Nina fait venir un candidat pilote à bord du vaisseau cargo. C'est un telulovien du nom de Grigori Alexandrevitch Nimov. Il constate aussitôt à quel point celui-ci est vide et mal défendu.
Nina improvise un mensonge qui ne tient pas la route. Elle bafouille. Nimov sourit.
Il inspire de la froideur et ce sourire mécanique n'a pas la légèreté qu'il voudrait lui conférer. Nimov est un introverti. Toutefois, il est d'un calme rassurant.
"Je ne voulais pas vous sembler menaçant, Nina. Le vaisseau cargo est là depuis quelques jours. Les pirates présents sur l'île se posaient des questions. Maintenant, ils ont leurs réponses. Ils savent d'où vient le vaisseau et qu'il y a peu de monde pour le garder. Certains ont l'envie de s'en emparer par la force."
Les nouvelles sont inquiétantes. Au départ de Nimov, des voix s'élèvent dans la salle commune.
Baltus parle de cacher le vaisseau cargo dans les marécages et de s'installer sur l'île. Roméro l'en dissuade. D'abord, il n'est pas possible de camoufler un pareil monstre d'acier. Ensuite, si l'on en croit Roméro, c'est l'honneur des pirates qui est le meilleur garant de leur sécurité. Jamais un équipage n'en attaquera un autre avec ses confrères pour témoin. Dès lors, si le vaisseau cargo échappe aux regards, l'assaut ne sera plus retenu par la morale publique.
A l'occasion du plan de recrutement, des postes ont été définis et celui de capitaine a été attribué à Baltus par les membres fondateurs. Il prend sa première décision de commandement.
Prenant le contre-pied de la politique précédente, il demande à tous les candidats intéressés de passer à bord du vaisseau cargo. Ce mastodonte de l'espace fait forte impression sur les impétrants. Ils sont soumis à divers tests. Les cinq pirates chevronnés les passent haut la main. En revanche, sur trente profils présélectionnés, seul quinze sont finalement retenus, les plus aptes à se développer.
Roméro s'enquiert d'un poste pour Kara, lorsqu'elle aura rejoint le groupe. Baltus promet de lui en trouver un, mais ce ne sera pas un poste d'officier.
L'équipage du cargo s'est gonflé de vingt membres en quelques jours. Ce sont aussi des défenseurs qui vont surveiller les mouvements sur l'île avec l'aide des caméras extérieures, patrouiller la surface émergée du vaisseau, et qui devront être prêts à se battre jusque dans les coursives en cas d'invasion.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 36
MF-MJ : 14
PP : All fuel up
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 4 avril 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Nina la Rouge, Naeesh et Baltus.
Billio, le receleur, vient à peine de quitter le cargo que nos héros laissent libre cours à leur joie. Enfin, ils vont avoir leur propre vaisseau pirate ! Ils s'imaginent déjà récupérant une frégate et écumant l'espace à son bord. Il ne reste plus qu'à lui trouver un nom.
Cependant, Baltus les rappelle à la réalité. Rien n'est encore fait.
Et ce n'est pas tout d'avoir une frégate, encore faut-il peupler ses couloirs et ses tourelles. Roméro propose de débaucher une partie de l'équipage de la Marie-Gaillarde. Baltus se montre plus ambitieux. Son désir consiste en la destitution pure et simple du capitaine Kreuk, à qui on subtiliserait vaisseau, équipage et honneurs.
Ainsi, c'est avec une flotte que nos héros commenceraient leur carrière de forban, au lieu d'une seule frégate.
La détermination du « capitaine » Baltus plaît mais reste la question de savoir comment et quand agir.
Sur le court terme, le temps est une menace aussi pressante qu'impalpable. Billio a promis d'arranger le troc en quelques jours. En fait, il s'est ravisé à la dernière minute pour satisfaire Baltus. Nos héros se demandent comment concilier cette position finale avec le fait que, au début, il estimait à quelques semaines la durée nécessaire.
Si le receleur tarde, quels risques nos héros encourront-ils ?
D'autres pirates, sachant le cargo mal défendu, pourraient leur enlever par les armes avant que la transaction ne se fasse.
La SIOU pourrait les surprendre dans leur cache et les pilonner depuis le ciel.
Sur ce point, Naeesh est formel. La SIOU est une police barzadériane et elle n'interviendra pas sur Jobullan.
Nina débarque à ce moment-là. Elle est vêtue d'une petite robe d'été et a chaussé sur son nez des lunettes noires stylisées. Le tout lui donne des airs de starlette. Elle exhibe ses présents du capitaine Kreuk.
Roméro est outré qu'elle se soit laissée "acheter". Il exige de savoir si Nina a eu un rapport sexuel avec Kreuk. Sa question paraît déplacée aux autres mais Nina confirme sans gêne. Roméro est alors ignoré et la conversation revient sur la SIOU.
Lussi interroge Baltus "en tant qu'ancien flic" sur la stratégie et les limites d'action de la police orbitale. Sur un ton sec, il répond qu'il n'a jamais été flic. Il s'agit d'un malentendu. Les autres le rassurent : le passé est le passé. Agacé, Baltus leur confie qu'il était un simple chasseur de primes.
Alors qu'il pensait se dédouaner, cela sonne comme une confession. Dans les esprits, une analogie se fait entre la police et leurs alliés indépendants.
"Quelle différence entre un flic et un chasseur de primes ?" s'exclame Nina. "N'étais-tu pas rémunéré par la police ?"
Baltus, habitué aux distinctions de jésuite, la contredit à plaisir: "J'étais payé par le gouvernement". L'apogée de la discussion est atteinte lorsqu'il précise qu'il a pourchassé un pirate dans l'exercice de ses fonctions, avant de se rendre compte qu'il avait été mal guidé. Son véritable ennemi était l'Empire Galactique, responsable de l'enlèvement de sa soeur.
L'historique de Baltus est évacué. Lussi propose de se concentrer sur sa proposition.
Nina est farouchement opposée à une intervention dans la Marie-Gaillarde. Son attirance pour Kreuk, s'enthousiasme-t-elle, pourrait virer à la passion amoureuse. Baltus et Naeesh, eux, veulent appeler à la mutinerie l'équipage de son bellâtre. Roméro va dans leur sens, sous réserve que le nouvel équipage participe à la libération de sa demi-soeur Kara. En fait, Baltus est prêt à donner le commandement de la Marie-Gaillarde à Roméro.
Le projet d'exportation de la mutinerie finit par emporter l'adhésion des autres.
Voilà le plan qui est établi:
1) Nina étant proche du capitaine Kreuk, elle le tiendra autant que possible éloigné de ses hommes. Ses sentiments partagés sont connus et Lussi la prie de faire ce sacrifice par amitié. Elstor, qui paraît séduit par ses théories collectivistes, lui rappelle que l'intérêt du groupe doit passer avant les siens.
2) Pendant l'éloignement de Kreuk, des personnes inconnues de lui prendront contact avec son équipage. Ce sera Baltus et Naeesh. Il est prévu qu'ils approcheront un certain "Neptune" qui joue le rôle de bosco à bord de la Marie-Gaillarde. Elstor recommande de le manier avec précaution. Le dénommé Neptune a l'apparence archétypale du pirate: corps épais et ramassé sur lui-même, jambe de bois traînante, barbe sale et foulard noué sur la tête. Mais, sous ce masque de béotien se cache un homme sensible et cultivé. Rien ne le séduirait plus que de discourir sur sa lubie, la mythologie fantasque des "Grekouroumains".
3) Enfin, Roméro et Elstor dévoileront leur présence devant l'équipage de la Marie-Gaillarde. A eux deux, ils représentent la part de l'équipage que Kreuk a plus ou moins abandonnée à son sort sur Cyrion. Les déçus de Kreuk devraient se rebeller. Malgré tout, il y aura sans doute quelques réticences invincibles à la mutinerie et elles seront maîtrisées par les armes.
Baltus a une très mauvaise opinion du capitaine Kreuk. Il en déduit que beaucoup de ses hommes seront prêts à le trahir. Le plan paraît donc réalisable. Intéressé, il interroge Roméro sur la façon dont Kreuk s'est emparé de son vaisseau.
_ Le vaisseau n'est pas la propriété de Kreuk, corrige Roméro. Il y a un armateur derrière lui, qui possède une petite flotte de vaisseaux pirates.
Qui est cet armateur ? Roméro ne le sait pas, mais son regard en biais trahi des informations cachées. Baltus le met en confiance. S'ils doivent former une coterie, il est important de partir sur des bases saines.
_ Je ne connais pas l'armateur, c'est la stricte vérité. Mais je ne vous ai pas tout dit lorsque nous étions dans la villa des Scott.
Réinterprétant les événements, Roméro se place au moment où il était dans le garage de la villa des Scott, ligoté à une chaise. Il ne s'était pas infiltré au hasard dans la petite fête. L'armateur, par téléphone, lui avait dit d'y chercher du secours. Puis, Igor est entré dans le garage. Roméro ne l'avait jamais vu mais il a reconnu sa voix. Cette voix, il l'avait déjà entendue. Elle parlait au nom de l'armateur. Voilà pourquoi Igor, en frappant Roméro, avait cherché à faire pression sur lui. Sous aucun prétexte, il ne devait évoquer cette voix.
La discussion arrive à son terme. Il est l'heure du dîner et Nina s'éclipse pour honorer son rendez-vous galant.
De retour sur la plage, elle cherche un moyen de gagner la Marie-Gaillarde où Kreuk l'a invitée. Tout a été prévu. Dans la douceur du soleil couchant, elle aperçoit un pirate à la mine patibulaire et portant une rose rouge à la boutonnière qui attend, les bras croisés. Cette fleur inattendue, c'est bien sûr le signe de reconnaissance qu'espérait Nina la Rouge. Elle rejoint le pirate qui l'accueille avec un sourire timide. Il lui propose de monter dans sa barque et, en quelques coups de rame, la conduit en bas de la Marie-Gaillarde. Là, Nina n'a plus qu'à utiliser une échelle de cordes.
Le pirate se propose de conserver la fleur coupée pour qu'elle n'en soit pas embarrassée. Sur ce, Nina grimpe contre le mur métallique avec l'échelle. Elle porte une jupe légère et devine le regard qui la suit d'en bas.
_ La vue est-elle plaisante ? demande Nina sans se retourner.
_ J'observe seulement votre rose, dément le pirate.
_ C'est ce que j'ai senti, rétorque Nina, malicieuse.
Dans sa large cabine, le capitaine Kreuk attend Nina devant une table chargée en mets délicats. Il l'invite à s'asseoir en tirant une chaise. Les bougies d'un candélabre éclairent la scène romantique.
L'entrevue se déroule à merveille ; Kreuk sait y faire lorsqu'il veut charmer. Installés sur le canapé, il fait preuve de curiosité quant aux amis de Nina et à leur cargo gigantesque. La jeune femme, bien que sous l'effet de l'alcool, ment pour dissimuler leur infériorité numérique.
Baltus et Naeesh passent leur soirée sur la plage, avec d'autres pirates. Ils cherchent plus ou moins le vieux Neptune mais il n'est pas là. Le "capitaine" Baltus s'offre les attributs du pouvoir: il troque un pistolet paralysant contre un tricorne et un joli sabre ouvragé. Naeesh se pique au jeu de la séduction. Il a un certain succès avec une jeune femme aux traits asiatiques et à la peau dorée. Baltus s'immisce dans leur conversation. Il dispute à Naeesh sa prise mais, voyant que la jeune femme hésite, préfère saboter l'abordage commun.
Le lendemain matin.
Nina se réveille dans les bras tièdes du capitaine Kreuk. Après un câlin matinal, elle part à la découverte de la Marie-Gaillarde où nul ne lui interdit de se promener. Les pirates qu'elle croise posent sur elle un regard farouche et gourmand. A la table du petit-déjeuner, plusieurs marins mangent en silence. Nina remarque quatre passagers dont les habits sobres contrastent avec les défroques colorées des pirates. Une belle jeune femme, à la peau claire et aux cheveux noirs divisés par une raie centrale, sirote son café avec un air morose. Ses voisins pourraient être des domestiques, même s'il existe une ressemblance physique avec la femme plus âgée qui est installée à côté d'elle.
Après un échange de regards complices, Nina prend l'initiative du dialogue. Elle parle avec la jeune femme dont elle apprend qu'il s'agit de Nala Mardetta. Nala et ses "gens" sont des otages, capturés par Kreuk lors de sa tentative à demi-manquée sur Cyrion. Nala est prête à tout pour retrouver son monde. Nina comprend qu'elle en tirerait beaucoup d'argent si elle rendait possible sa fuite.
Il est temps de partir et Nina retrouve Kreuk pour un dernier baiser. Elle lui propose un déjeuner commun au Symbiote. Kreuk s'en dit ravi mais aimerait rencontrer quelques amis de Nina à l'occasion. Cette dernière promet de leur en parler.
Quelques minutes plus tard, elle est déposée en bas du vaisseau cargo. Elle grimpe l'échelle de cordes qu'elle a elle-même disposée contre sa paroi. Aucune sentinelle ne veille sur le géant de métal. Nina tape contre le sas et une Lussi peu réveillée lui ouvre sans même la regarder.
Quelques personnes sont rassemblées autour de viennoiseries pour le petit-déjeuner. Nina constate à quel point cette tablée clairsemée paraît fragile à côté de celle de la Marie-Gaillarde.
Roméro fait une moue ironique en voyant arriver Nina avec ses habits de la veille. Il va faire une remarque mais Baltus intervient. Il ne veut plus de commentaire sur le sujet, d'autant que Nina travaille pour le groupe. Furieux, Roméro jette sa serviette et s'en va.
Naeesh est frustré. Il ressasse son échec de la veille.
Lussi est grincheuse. Elle a rêvé que le vaisseau-cargo était attaqué par des silhouettes furtives pendant une nuit sans lune. Il ne faut pas critiquer ses rêves prémonitoires ; elle est aussi susceptible sur ce thème que sur ses prédictions astrologiques.
Baltus et Naeesh se lèvent ensemble.
_ Nous allons tenter notre chance sur l'île. Peut-être Neptune sera-t-il de sortie.
_ Hé, les garçons, c'est votre tour de faire la vaisselle ! Vous ne croyez pas que les filles vont tout faire ! s'emporte la belle Lussi.
Naeesh se moque gentiment d'elle. D'après lui, il n'est pas utile de faire la vaisselle quand on a assez d'assiettes et de couverts pour en changer à chaque repas sans épuiser le stock. Baltus surenchérit: "Nous aurons vendu ce vaisseau dans quelques jours. Je n'ai jamais dit que je vendais une cuisine propre."
Lussi est furieuse. le temps d'une demi-seconde. Juste après, Nina lui parle du déjeuner ouvert que propose le capitaine Kreuk et elle annonce qu'elle en sera.
A la fin du repas, Elstor prend Baltus et Naeesh à part. Il veut développer sur le comportement outrancier de Roméro.
Kara, la demi-soeur de ce dernier, était aussi la maîtresse du capitaine Kreuk. Celui-ci n'a pas mis longtemps à la remplacer dans son lit. L'embarras du demi-frère est à la proportion de l'offense.
Baltus, en bon officier, s'inquiète de la loyauté de Kara envers le capitaine Kreuk. Elstor pense que celle-ci ne survivra pas à son infidélité. Toutefois, Kara a "la tête dure" et il juge que dénoncer la tromperie ne suffira pas. Il faut une preuve visuelle. Par égard pour Nina, nos héros sont peu enclins à l'apporter. Elstor finit par convaincre Naeesh de photographier Nina et Kreuk dans une posture sans ambiguïté.
Délaissant ces histoires de bonnes femmes, inutilement compliquées d'après eux, Baltus et Naeesh se rendent en barque sur l'île.
Un coup de chance fait qu'ils tombent presque nez à nez avec le vieux Neptune, qui vient de se séparer de deux compères.
Nos héros l'abordent poliment. Comme l'avait préconisé Elstor, ils l'entraînent d'abord sur le terrain culturel et échangent quelques banalités en lui proposant de marcher le long de la plage.
Neptune se prête au jeu mais, comme il dit, nos héros ne l'ont pas abordé pour débattre des dieux de "Grekouroumains"
Baltus ne nie pas ce fait et en vient au coeur de ses préoccupations. En quelques phrases habiles, il déplore l'inconséquence de Kreuk et les dommages qu'elle a causés à l'équipage de la Marie-Gaillarde.
Neptune croire comprendre le rôle qu'a joué Nina la Rouge dans cette rencontre. Il surestime en fait son investissement car il ne peut imaginer que Roméro et Elstor soient ici.
Ce que suggère Baltus, c'est un changement de direction. Il s'exprime avec éloquence et son interlocuteur montre tous les signes d'une profonde réflexion.
L'ennui, c'est que ses arguments sonnent creux. Baltus se voit comme le sauveur d'un équipage négligé par son capitaine. En fait, Kreuk n'est pas aussi impopulaire. Certes, il a fui le combat avec la SIOU, mais la Marie-Gaillarde était à la peine. Certes, il est revenu sur Jobullan, mais les réparations requises devaient se faire ici. Et Kreuk a juré qu'il retournerait sur Cyrion.
Les positions de Baltus s'affaissent à mesure que Neptune les enfoncent avec son flegme de briscard malicieux. S'affiche le côté lumineux de Kreuk, qui a fait son aura et que nos héros ont sous-estimé, à l'exception de Nina.
Enfin, Neptune emmène Baltus sur le terrain où il est le moins à même de se défendre. Si l'on admet que le changement serait positif, quelle force Baltus pourrait-il mettre dans la mutinerie ?
A-t-il avec lui des hommes en nombre et bien armés ?
Le "capitaine" Baltus n'a aucune garantie à apporter.
Malgré sa défaite intellectuelle, Baltus s'est rendu sympathique auprès du bosco.
Celui-ci l'invite à jouer son va-tout: le vaisseau-cargo. En dérobant ce monstre de métal, Baltus et ses compagnons ont accompli un dangereux tour de force.
De son côté, la Marie-Gaillarde appartient à un armateur puissant. Il ne serait pas bon de se le mettre à dos. Au lieu de cela, il est possible de s'en faire un allié.
A l'heure actuelle, le capitaine Kreuk s'est placé dans une situation détestable. Son patron, l'armateur, lui a ordonné de s'immobiliser sur Jobullan en attendant la venue d'un "intermédiaire".
Il n'est pas certain que Kreuk restera en poste. La disgrâce est probable. Il suffirait de peu pour qu'elle devienne une évidence. Neptune pourrait faire en sorte que Baltus et l'intermédiaire se rencontrent.
A titre amical, il lui conseille vivement de prendre cette option. Les voleurs du cargo sont dans un grand péril. Il ne viendra pas de la SIOU, qui n'a de puissance que sur Barzader. L'ennemi véritable c'est la famille Scott, des industriels si puissants que leur empire s'étend sur tous les quadrants de la galaxie. Ils paieront pour avoir la tête de leurs voleurs, si ceux-ci sont identifiés. Les sociétés militaires privées se chargeront du travail.
Baltus réalise comme leur avenir est précaire. Le receleur avec qui ils sont en affaire, les dégâts subis par la Marie-Gaillard, leur cargo reconnaissable: tout les retient ici.
La solution peut venir l'intermédiaire envoyé par l'armateur. Baltus doit le convaincre de lui faire confiance. Seulement voilà, il se peut bien qu'il ait Igor en face de lui.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 36
MF-MJ : 14
PP : Nina fuels up
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 28 mars 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Gâchette, Nina, Naeesh et Baltus.
Le dernier chasseur Ir-Man pulvérisé, nos héros attendent fébrilement une autre vague. Le radar adopte un rythme de pulsation normale. Aucun grésillement ne vient le troubler, aucun point clignotant n'apparaît dans sa bordure. Le danger est passé.
L'apaisement confirmé, le vaisseau-cargo s'oriente vers Jobullan. Avec les dégâts subis, il ne pourra guère sortir du système stellaire de toute façon.
Naeesh et son équipe s'active pour effectuer des réparations d'urgence. Le vaisseau tiendra le temps du voyage ; Naeesh est formel à 90%. Un élément blindé de la structure s'est envolé et il n'est plus possible de tenter un saut en hyper-espace.
Après les frictions avec Nina, la dureté des échanges pendant l'assaut, Baltus se croit obligé de jouer cartes sur table. Toute l'équipe se retrouve au poste de pilotage.
Baltus, qui sait que les corps des trois gardes exécutés vont être découverts, commence par confesser la tuerie. C'est Nina et Lussi, les deux femmes, qui sont les plus vindicatives. Baltus n'avait pas le droit de prendre une telle décision tout seul. Il l'avoue et s'excuse pour son impulsivité. A sa décharge, il évoque la disparition de sa soeur, enlevée par les sbires de l'Empire Galactique.
Cela ne justifie peut-être pas toute la violence de Baltus, contre Igor qu'il voulait tuer, contre les agents de Shallow Waters dont les liens avec l'Empire restaient à démontrer. Pourtant, la discussion en reste. Les fuyards savent qu'ils ont plus que jamais besoin d'unité. Baltus a aussi les soutiens de Thiram et Gâchette.
Afin de rassembler les autres, il parle d'avenir. Quelles sont leurs ambitions ? A quoi sont-ils tous prêts ? Baltus parle de son rêve de monter un équipage pirate et de sauver sa soeur.
Roméro saisit cette opportunité. Il se dit prêt à quitter le capitaine Kreuk si le nouvel équipage participe à la libération de sa propre demi-soeur, Kara, qui est prisonnière de la SIOU. Baltus l'assure qu'il l'y aidera si c'est en son pouvoir.
Pendant les quatre jours qui suivent, nos héros font route vers Jobullan.
Il existe plusieurs possibilités d'amerrissage. La plus grande part de ce monde est aquatique, un vaste océan d'eau douce mais non potable, parsemé de marais, en proie à des désastres climatiques ou à l'arbitraire de bandes menées par des seigneurs de guerre. Trois grands états structurés existent: le Conglomérat Dooan, le Ressedo qui est une sorte de colonie barzadériane officieuse, et la République Démocratique d'Ashora.
Nos héros décident de se poser près du bar du Symbiote, à quelques centaines de kilomètres des frontières du Conglomérat. Cette suite de bâtiments hôteliers occupe le centre d'une île perdue dans les marécages. Une barrière de gaz nocif, du H2S né de la décomposition d'algues gigantesques sur des hauts-fonds, en limite l'accès. Elle est en fait un repère de pirates. Des édifices colorés, fait de bric et de broc, s'y sont élevés pour fournir des services aux visiteurs. Tout autour de l'île sont amarrés, en permanence, les vaisseaux des forbans de l'espace qui désirent la compagnie de leurs semblables.
C'est un endroit idéal pour le recrutement de matelots ou la revente de marchandises illégalement acquises.
L'amerrissage se fait sans heurt à quelques kilomètres de l'auberge du Symbiote, que le vaisseau rejoint en filant sur l'eau.
La masse des vaisseaux agglutinés autour de la petite île est impressionnante mais le vaisseau-cargo est le plus gros d'entre eux. Nos héros vont devoir veiller à le défendre. Il attirera vite curiosité et convoitise.
La première action de nos héros est de libérer les prisonniers du bord. Baltus n'est pas trop inquiet de les laisser ici. Il leur faudra des jours de navigation avant de retrouver les avant-postes d'une police respectable. Quant aux pirates de l'île, pourquoi les prendraient-ils en pitié ?
Un canot pneumatique leur est donné, ainsi que des vivres pour une semaine. Leur destin est entre leurs mains.
Nos héros prennent ensuite le chemin de l'île en se laissant glisser le long d'une corde jetée depuis le haut du vaisseau. Avec leur propre canot pneumatique, ils rament entre les vaisseaux de leurs concurrents qui abritent de leurs ombres le passage du fragile esquif, comme des arches de métal.
Sur l'île, nos héros se dirigent vers l'auberge du Symbiote. Ils pénètrent dans le premier bâtiment qui est un bar enfumé avec, dans une arrière salle, un espace "discothèque" bruyant.
A peine attablés, nos héros reconnaissent des visages, certains sont de leur connaissance - pour ceux qui ont un passé dans la piraterie -, d'autres qui sont des écumeurs célèbres de la galaxie.
Elstor désigne du doigt le capitaine Kreuk. Nos héros savaient pouvoir le croiser ici. Heureusement, Roméro est resté dans le vaisseau-cargo pour y monter la garde et l'altercation n'aura pas lieu. Faut-il en déduire que Kreuk a abandonné ceux de son équipage qui étaient restés sur Cyrion ? En tout cas, il est bien loin de ses parages.
Baltus a repéré Billio, un acheteur célèbre sur le marché noir. Il entraîne Nina avec lui pour tenter de lui vendre le vaisseau-cargo.
Il aurait aimé y aller avec Lussi mais, depuis sa dispute avec Baltus, elle est convoitée par Naeesh. Celui-ci l'a emmenée sur la piste de danse où ses mains baladeuses profitent d'une jeune femme enjouée et qui n'aime pas dire "non".
Gâchette, Thiram et Elstor, restés à table, passent commande auprès d'une serveuse mutante, au corps voluptueux, dont les cheveux sont des tentacules de kératine mouvante. Gâchette se joue de la timidité de Thiram qui n'ose exprimer son attirance.
Lorsque Baltus parvient à Billio, il s'aperçoit qu'il a perdu Nina. Cette dernière a happé de son regard le beau capitaine Kreuk. Elle connaît l'interdit mais ne peut s'empêcher de le braver.
Baltus mentionne à Billio le vaisseau-cargo qu'il voudrait troquer contre un vaisseau plus léger et mieux armé. Il se montre relativement élusif. Roméro l'a averti que de nombreux jobullanais travaillaient dans le traitement de l'uranium envoyé depuis Cyrion. Ils sont pour les barzadérians une main-d'oeuvre bon marché et les normes locales sont peu contraignantes en matière de radioprotection. Malgré le scandale sanitaire qui couve, ces jobullanais ont un emploi et les prix du Radix sont relativement bas. Le vol du vaisseau-cargo et les destructions causées sur ces jumeaux de l'exploitation minière vont bouleverser cet équilibre.
Toutefois, Baltus ne peut cacher longtemps la vérité. Billio demande à voir le vaisseau-cargo, il ne peut travailler sur de simples affirmations. Rendez-vous est pris pour une visite à 17h.
"Vous verrez l'endroit depuis la plage", annonce Baltus. Il est vrai que le cargo n'est pas discret et tous les pirates connaissent les couleurs qui sont celles de la Scott, une super-compagnie minière inter-galactique.
Baltus retournent au vaisseau avec les autres. Nina est introuvable. Elle s'est laissée conduire, par le capitaine Kreuk, dans une des chambres de l'hôtel. A peine arrivés, nos héros sont questionnés par Roméro qui pressent que Kreuk était sur l'île. Ils confirment ce fait. Pour lui, c'est la preuve ultime de sa trahison. Si seulement il se doutait de ce que fait Kreuk en ce moment-même...
Nos héros s'organisent pour la visite de l'acheteur qui doit se présenter avec un expert technique. Un peu de nettoyage est requis et, pour commencer, il faut se débarrasser des corps des trois exécutés. Gâchette flaire une possible entourloupe de l'acheteur. Il ordonne à Elstor de se mettre à une tourelle, ce que fait ce dernier de mauvaise grâce.
Rapidement, nos héros doivent remonter à bord de leur canot pneumatique. Sur la plage, quatre hommes les attendent. Billio est là, avec son expert, et probablement deux gardes du corps.
L'inspection du vaisseau dure une bonne heure. Naeesh est là pour répondre aux questions techniques.
A la fin, Billio est satisfait et ne le cache pas. Il insiste lourdement sur le fait que nos héros sont pressés par le temps et que cela doit entrer en considération dans les termes du marchandage. Lui-même ne dispose d'aucun vaisseau en stock. Pour satisfaire les exigences de Baltus, il va devoir trouver rapidement un vendeur. Il aura aussi à organiser le démontage pièce par pièce du vaisseau-cargo, ce qui réclame des efforts supplémentaires de notre part et une sous-traitance spécialisée.
A la fin de l'entrevue, nos héros sont donc persuadés d'avoir trouvé un acheteur mais le temps, qu'ils considèrent comme leur principal ennemi, joue en leur défaveur dans la négociation. Billio parlait de semaines pour réaliser l'opération. Baltus l'a convaincu de saisir cette opportunité et de régler l'affaire en quelques jours. Reste à voir, au final, ce que Billio pourra apporter dans le troc.
La question de compléter l'équipage est aussi un problème sous-jacent. Nos héros ne sont pas très nombreux. Roméro, qui prendrait n'importe quel prétexte pour tourner ses alliés contre Kreuk, propose de l'évincer et de piocher dans l'équipage de la Marie-Gaillarde. Baltus juge son projet trop dangereux. Il peut accepter quelques membres, mais il n'ira pas jusqu'à faire un débauchage massif.
Pendant ce temps, Nina, qui s'est faite offrir des vêtements, est invitée par le capitaine Kreuk à bord de la Marie-Gaillarde...
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 36
MF-MJ : 14
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 21 mars 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Gâchette, Nina, Naeesh et Baltus.
Le vaisseau-cargo dans lequel nos héros se trouvent est quasiment désert mais quelques voix sonores résonnent dans les couloirs, indiquant que le pouvoir ne se prendra pas si facilement.
La première action de l'équipe est de se faufiler jusqu'au poste de pilotage. C'est une vaste salle emplie de tableaux de bord et de consoles de commande. La jauge de Radix montre un réservoir quasiment plein. La chance est avec les pirates ! Avec de telles réserves, il serait possible de relier Barzader avec l'autre bout de la galaxie. Toutefois, les plans de vol réduisent ces possibilités à presque rien. Le vaisseau connaît les coordonnées de Jobullan, des mondes de Telulov et de quelques points de l'Empire de Sol.
L'objectif de nos héros, de toute façon, n'est autre que Jobullan. Cette planète est un havre de paix pour les aventuriers qu'ils sont.
Baltus a pris de fait le commandement. Il affecte Nina et Roméro au pilotage, ce dernier ayant quelques notions sur le sujet. Lussi et Elstor leur apporteront un soutien général.
C'est donc Naeesh, Thiram et Gâchette qui suivront Baltus à travers les couloirs, en quête de prisonniers. D'après une première reconnaissance du terrain, le vaisseau est parcouru par une dizaine de personnes qu'il va falloir capturer. Ce ne sont pas toutes des soldats entraînés, loin de là.
Il faut toutefois compter sur la vigilance de trois sentinelles de Shallow Waters qui se promènent de concert. Ce sont les trois premières silhouettes que nos héros aperçoivent. Les pirates approchent des dos exposés mais, au dernier moment, se font entendre. Un garde se retourne. Un tir de pistolet paralysant fuse, puis un autre. Il ne reste qu'un garde qui est frappé à son tour par le rayon vert. Le danger s'est évanoui. Il se résume à présent à trois formes immobiles sur le sol dont nos héros prennent les armes et déshabillent. Avec les uniformes de Shallow Waters, ils pourront jouer l'effet de surprise sur presque toutes les futures rencontres. Il faudra juste empêcher les cris qui donneraient l'alerte et Thiram, pour qui il n'y a pas d'uniforme, prend ses distances avec le groupe.
Nos héros s'apprêtent à cacher les gardes dans une remise quand Baltus interrompt le mouvement. Se penchant sur une des sentinelles, il la soulève au niveau de son torse, saisit son menton d'une main en la maintenant droite, et lui brise la nuque dans un craquement sonore. La manipulation se répète, méthodique et horrible, avec les deux autres gardes.
Ses alliés restent bouche bée. Thiram et "Gâchette" ne sont pas des enfants de choeur ; ils ont déjà pris des vies humaines dans le feu de l'action, mais cette froide exécution ne ressemble en rien à un assaut honorable. Naeesh, qui n'a pas connu leurs turpitudes dans sa vie d'ingénieur, tait son émotion.
Baltus se rend à moitié compte du spectacle qu'il offre aux regards médusés. Il se contente d'une précision: "On ne tue pas les civils". Cette remarque décalée ferait presque rire.
Après cela, déguisés en gardes de Shallow Waters, nos héros font deux autres prisonniers. Ce sont des mécaniciens qui sirotaient une boisson dans la cafétéria du bord.
Au total, onze personnes sont repérées puis neutralisées à bord, avec l'aide des pistolets paralysants. Si l'on excepte les trois exécutions, il y a donc huit prisonniers.
Le vaisseau appartient aux pirates, mais il va falloir l'arracher à son point d'ancrage.
Le détachement revenu dans le poste de pilotage, nos héros sont tous rassemblés et peuvent discuter.
Le décollage du vaisseau, avec activation de toutes les unités requises, prend environ dix minutes. Il faut en compter vingt de plus pour déplacer le vaisseau de son emplacement de garage et le placer sur la piste de décollage.
Baltus est un bon tacticien. Il visualise les obstacles qui pourraient se mettre sur la voie d'une ascension vers l'espace. A ses yeux, la tour de contrôle de la base représente le plus immédiat. C'est elle qui pourrait sonner l'alerte et, à travers ses antennes, appeler la SIOU. Nos héros ont appris des prisonniers que la SIOU surveillait l'exploitation minière. On peut le comprendre, vu l'enjeu économique et sanitaire de ces installations. L'exploitation dispose également d'une forme de DCA pour contrer un éventuel bombardement aérien.
Le vaisseau-cargo dispose de trois tourelles latérales sur chacun de ses deux flancs. Au-dessus et en-dessous, se déploient deux paires de mini-tourelles qui ne seraient utiles que dans un espace en trois dimensions.
Baltus ordonne qu'on dirige un des canons latéraux vers la tour de contrôle pour abattre de danger.
Gâchette, à qui l'instruction est destinée, hésite à s'y plier. Il se demande combien d'êtres vivants doivent périr dans ce décollage.
Nina, qui n'a pas assisté à la tuerie des couloirs, s'offusque de cette attaque contre un bâtiment civil.
Baltus s'avère aussi fin tacticien qu'il est un meneur d'hommes intransigeant. Il parle en officier, avisé, clair et direct dans ses propos. Il néglige totalement les sentiments et la conscience morale de son équipage.
Nina se rebiffe mais Gâchette finit par obtempérer. En fait, il le fait en détournant les ordres. Gâchette cible les fines antennes, qui s'élèvent comme des arbres minces dans l'obscurité. Il pourrait manquer toute la tour et signaler la prise du vaisseau. Au lieu de cela, son tir réussit. Une vague lumineuse emporte le toit de la tour, jetant ses antennes au sol, basculées dans le vide depuis une hauteur de dix mètres.
Le décollage s'amorce. Dans un vrombissement de moteurs, Nina prend de la vitesse.
Naeesh se rend à l'arrière du vaisseau avec les deux mécaniciens.
Baltus, dans le poste de pilotage, avale une gorgée de sa flasque de rhum. Roméro fait défiler les vues des caméras extérieures, qu'il va bientôt falloir replier.
C'est Gâchette qui dénote un incident potentiel. Depuis le viseur de la tourelle, il voit défiler les canons des vaisseaux-cargos qui sont garés en file indienne. Sur une soudaine inspiration, il lâche de nombreux tirs au passage, criblant de trous les monstres d'acier.
La vitesse au sol rend le paysage fuyant. Le nez du vaisseau pointe enfin vers le haut et, soulevant sa carcasse mètre par mètre, il prend son envol.
La trajectoire oblique tend vers la perpendiculaire et lui fait rapidement gravir les échelons de la basse atmosphère. Les pirates, anxieux, attendent des tirs de DCA qui ne viennent pas. En fait, aucun tir n'est venu des systèmes de défense au sol.
Nina peut enfin souffler. Le désastre est derrière eux.
Le cargo traverse en flèche les différentes strates de l'atmosphère. Les passagers originels ont été enfermés dans le réfectoire, à l'exception des deux mécaniciens qui accompagnent Naeesh. Baltus s'attend à une poursuite. Sur les radars, aucun mouvement suspect n'est détecté.
Une heure s'écoule, puis deux.
Pourquoi la SIOU n'attaque-t-elle pas ?
Lorsque le vaisseau-cargo voit surgir des points clignotants sur son radar, il a depuis longtemps quitté l'atmosphère de Barzader. La zone n'est pas très fréquentée et les dommages collatéraux peu probables. De plus, les policiers ne risquent plus, s'ils détruisent le cargo, de retombées radioactives vers les habitations...
Une escouade de six chasseurs Ir-Man arrive par la gauche. Alors qu'elle n'est pas encore dans le champ visuel des pirates, une autre escouade s'annonce vers la droite.
Thiram, Gâchette et Elstor rejoignent les tourelles de gros calibre. Le personnel n'est pas suffisant pour utiliser toutes les tourelles. C'est Nina, au poste de pilotage, qui va devoir manoeuvrer pour être sûre que les tourelles seront utilisées de façon optimale. Du côté gauche, une tourelle n'a déjà plus de munition.
L'escouade de chasseurs fait un premier passage qui grève le cargo de petites crevasses brûlantes.
Puis un véritable manège s'enclenche, les chasseurs multipliant les passages près du cargo et les tourelles les arrosant de rayons laser.
Depuis le poste de pilotage, Baltus dirige les opérations. En parallèle, il entame le brouillage des communications entre les chasseurs. A proximité du vaisseau, ils ne peuvent plus se coordonner, et ils doivent atteindre d'être sorti d'un rayon d'un kilomètre du vaisseau pour que leurs échanges soient rétablis.
L'habileté du pilote, combinée à la précision des tireurs, fait que le vaisseau-cargo prend un léger avantage. Les chasseurs Ir-Man sont moins nombreux à chaque retour.
Malgré cela, le cargo souffre des coups reçus. A certains moments, les chasseurs parviennent à bombarder un point sensible. Naeesh traîne ses deux assistants, pas vraiment enthousiastes, d'un bout à l'autre du vaisseau pour maîtriser les avaries.
Dans le poste de pilotage, la situation se tend à l'extrême. Baltus ordonne à Nina de reprendre le combat. Celle-ci préfère se désengager. "Les chasseurs n'iront pas loin, dit-elle, il suffit de les entraîner hors de leur zone de viabilité". Mais, pour Baltus, c'est déjà trop loin. Il voit la seconde escouade arriver et il faut en finir avec la première.
"Tu n'es pas le chef" s'emporte Nina. "Personne ne t'a élu".
Revenue à son premier élan collectiviste, Nina veut que les décisions soient prises en commun. Elle parle du "camarade Baltus" comme d'un simple collègue.
Baltus s'échauffe lui aussi. Il démet Nina la Rouge de ses fonctions en intimant l'ordre à Roméro de faire lui-même la manoeuvre d'attaque.
Celui-ci, un peu embarrassé, répond qu'il ne peut pas ôter le gouvernail des mains de Nina. Allié de circonstance, il ne veut pas prendre parti. Après tout, Nina ne lui a pas fait de mal, tandis que le reste de l'équipe l'a rossé et volé. Ses bijoux ne lui ont jamais été restitués.
Pendant que le capitaine s'oppose à son pilote, les tireurs sont à la peine. Ils sautent de tourelle en tourelle, ne sachant jamais où le vaisseau va s'orienter.
Ils ont largement entamé l'escouade dont il ne reste plus qu'un représentant. Le petit chasseur, à peine visible dans la noirceur de l'espace, attend la seconde escouade qui est en vue.
Les tireurs reprennent leur balayage de l'espace avec efficacité. Plusieurs chasseurs sont détruits. Leurs piquées causent néanmoins de gros dommages. Après avoir obtenu l'isolement d'un circuit d'aération, ils ont rendu inopérantes plusieurs tourelles. L'une d'elle, finalement, se désolidarise du vaisseau. L'appel d'air provoqué par la dépressurisation est immense. Thiram est attaché au siège de la tourelle. Il a juste le temps de vider l'air de ses poumons pour échapper à une décompression personnelle et explosive. La tourelle, seulement retenue par ses câblages, est devenue une protubérance flottant dans le vide.
Nina doit diminuer brutalement la vitesse.
Naeesh arrive avec ses mécaniciens. Un circuit de thermorégulation s'est arrêté. Il parvient à sauver Thiram après avoir condamné une partie du vaisseau. Enfin, les chasseurs Ir-Man font un dernier passage, au cours duquel les derniers d'entre eux sont éparpillés dans l'espace en débris tournoyant. Ils ont eu le temps de détacher un panneau blindé qui protège la structure du vaisseau en cas d'hyper-propulsion.
Le calme revient. Naeesh déplore de profondes avaries. Baltus, dans le poste de pilotage, constate que la moitié des voyants clignotent en manière d'alarme. Nina la Rouge pose sur lui un regard furieux.
Les pirates ne semblent d'accord ni sur leurs objectifs, ni sur les moyens acceptables pour les atteindre. Quand les corps des trois gardes assassinés seront découverts, ce sera sans doute encore pire.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 14 mars 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Nina, Naeesh et Baltus.
Le camion se gare dans une file de véhicules en épi qui tracent un parking invisible au milieu du no man's land lunaire.
Les routiers de passage sont tous concentrés auprès des trois bâtiments octogonaux blancs qui proposent des services d'hôtellerie, de restauration, de maintenance et de vente d'équipements divers.
Les portières du camion s'ouvrent sur l'extérieur sombre et glacial. Roméro met pied à terre le premier. Il doit rencontrer un représentant de la Marie-Gaillarde qui l'a contacté sur sa montre Diagrammes. Le hasard fait-il bien les choses ? Nos héros se méfient encore de Roméro et demandent à Nina de l'accompagner.
Baltus, quant à lui, s'aventure dans un des trois bâtiments en suivant la foule. Fidèle à ses manies d'aigrefin, il pénètre dans une chambre pour jouir sans payer d'une bonne douche bien chaude.
Pendant ce temps, les autres demeurent dans le camion ; ils vérifient que le routier qu'ils ont capturé est toujours sous l'effet du rayon paralysant. Une petite dose supplémentaire, pensent-ils, ne peut faire de mal à cet homme dont ils entretiennent l'état comateux depuis deux jours. Ce traitement prolongé n'est bien sûr pas dans les recommandations du fabricant... Et les réserves des pistolets baissent à vue d'oeil !
Nina et Roméro font la rencontre d'un homme habillé en officier de la SIOU, alors qu'eux-mêmes portent des uniformes militaires volés dans le train. Cette rencontre surréaliste a lieu sous les yeux de leurs compères, restés dans le camion. Les deux pirates, déguisés en leurs pires ennemis, tombent dans les bras l'un de l'autre.
Il se trouve que, par hasard, Baltus a utilisé la douche du faux SIOU. Tous nos héros se retrouvent dans la chambre et le défilé commence dans la salle de bain.
Au fur et à mesure que nos héros en sortent, propres et souriants, une conversation commune se construit.
Le nouveau venu, Elstor, n'est en rien le sauveur providentiel espéré.
C'est un pirate de Marie-Gaillarde qui, comme Roméro, a participé au kidnapping raté de la villa des Mardetta. Il s'est rendu au point de rendez-vous convenu en cas d'incident, à savoir la Halte Routière 1S.
Elstor a tenté, depuis dix jours que l'incident a eu lieu, d'appeler ses partenaires à plusieurs reprises. Il a essayé de contacter Roméro, sa demi-soeur Kara et surtout la Marie-Gaillarde sans aucun succès.
Naeesh propose d'inspecter l'antenne-relais de la Halte Routière pour voir s'il peut en améliorer la portée. Au dehors, il ne peut que constater la triste réalité. L'antenne ne pourra servir à projeter un appel vers la Marie-Gaillarde que si celle-ci est dans la basse atmosphère. En fait, la montre Diagrammes de Roméro porte plus loin, en se connectant directement aux satellites, et elle ne donne rien.
Ce n'est pas tant la possibilité de communication qui inquiète Elstor, que le résultat si elle fonctionnait. Plus ouvert que le taciturne Roméro, il n'hésite pas à désavouer le maître de la Marie-Gaillarde, le capitaine Kreuk.
"Kreuk a beaucoup de qualité, dit-il, mais pas celle d'être absolument loyal envers ses hommes. Et il s'est souvent chamaillé avec Roméro qui n'apprécie pas ses méthodes de commandement."
En fait, Elstor doute que le capitaine Kreuk ordonne à la Marie-Gaillarde de revenir sur Cyrion. La première défaite a été suffisamment cuisante. De plus, il pourrait être tenté d'abandonner Roméro à son sort.
Elstor détient une autre information essentielle: trois ou quatre pirates, dont sans doute Kara, la demi-soeur de Roméro, ont été pris vivants par la SIOU. Tous ces prisonniers connaissent le point de rendez-vous et il est dangereux de s'y éterniser.
Jusqu'ici, Baltus s'était abstenu de parler d'une potentielle entrée dans l'équipage de la Marie-Gaillarde. Saisissant l'occasion, il explique à Roméro et Elstor qu'il ne veut pas intégrer l'équipage d'un autre mais devenir capitaine de son propre vaisseau. D'ailleurs, si les deux pirates sont mécontents, ils peuvent se joindre à lui.
Les deux pirates promettent de réfléchir. Par dépit en tout cas, ils se pourraient bien qu'ils acceptent, mais Roméro voudra intervenir sur Barzader pour sauver sa demi-soeur.
Nina taquine Baltus en lui demandant avec quel argent il financera l'acquisition de son futur vaisseau. Elle semble partisane d'une gestion collective du vaisseau mais, à choisir, son attirance pour Baltus en fait le moins mauvais des capitaines.
La décision est finalement prise de ne pas attendre l'apparition éventuelle de la Marie-Gaillarde.
Elstor a eu un peu de temps pour repérer les lieux et il a imaginé un autre moyen de quitter la lune Cyrion. Il existe à environ un jour de route une exploitation minière appartenant à la famille Scott. Si l'on en croit les cartes, cette exploitation posséderait un petit astroport permettant le décollage de quelques vaisseaux cargos. Quant à leurs destinations, elles sont essentiellement locales, en divers endroits de Barzader, mais il y a aussi des vols pour Jobullan, la parente pauvre du système.
Nos héros conviennent d'utiliser ce moyen pour échapper à la SIOU. Jobullan la rebelle ne possède pas de système de gouvernance efficace et n'applique pas les conventions d'extradition conclues avec Barzader. A l'auberge du Symbiote, Baltus espère recruter des pirates de l'espace. C'est aussi là que la Marie-Gaillarde pourrait se trouver.
La petite troupe de forbans grimpent à bord du camion à l'arrière duquel le routier paralysé attend sagement son verre d'eau. Naeesh a eu le temps de bricoler la radio pour espionner les transmissions de la SIOU. Il balaye les fréquences mais n'en trouve aucune. La montre Diagrammes de Roméro servira à guider le camion de la Halte Routière 1S jusqu'à l'exploitation minière.
Le voyage se déroule merveilleusement bien. En une longue nuit de conduite - ici, c'est toujours la nuit -, nos héros arrivent en vue de l'exploitation minière.
Ses occupants n'ont pas l'air de plaisanter avec la sécurité. La zone est entourée de grillages et de barbelés que grèvent de hauts miradors. Deux drones Veilleurs, des sphères armées de tentacules d'où jaillissent des raies lumineuses, viennent aux nouvelles.
Baltus a préparé à la va-vite un formulaire de récupération de marchandise en étant le moins disert possible. Naeesh a intercepté des appels du service de sécurité privé de la station. Il s'agit des mercenaires de Shallow Waters, d'anciens soldats de l'Empire Galactique, réputés pour leurs exactions.
Baltus serre les dents au contrôle. Il déteste ces gens-là.
L'agent sorti de sa guérite reste perplexe devant les numéros de container accompagnés d'aucune description. Il ne retrouve pas les visiteurs sur sa liste des mouvements et ceux-ci ne trouvent plus leur laisser-passer.
La ficelle est grosse mais le jeu des acteurs est convainquant. Baltus est prêt à s'expliquer avec le PC Sécurité que le garde va appeler. Nina a envie de faire pipi. Ils suivent l'homme dans sa guérite et Baltus tire avec le pistolet paralysant.
Baltus lève la barrière de sécurité et la fait retomber lui-même après le passage du camion.
Nos héros sont dans la gueule du loup, mais c'est peut-être aussi leur porte de sortie.
Autour d'eux, s'étend un paysage lunaire et silencieux. Les tranchées minières sont trop loin pour être visibles. Le côté gauche de la voie est bordé de bâtiments pré-fabriqués, à toits plats. Des arroseurs d'eau intriguent nos héros. Il y en a partout autour de la route et des bâtiments, alors que rien ne pousse. Nina comprend qu'ils ont pour fonction de plaquer la poussière au sol.
Un peu plus loin, sur la droite, se trouve de sombres bâtiments sur lesquels est écrit en rouge "Décontamination". Il devient alors évident que les mineurs extraient de l'uranium. La poussière doit être chargée en particules radioactives.
« On reviendra pour faire tout sauter », lâche Baltus entre ses dents. Sa haine pour l'Empire Galactique perce dans son regard et, tout à elle, il oublie les millions de barzadérians qui périraient avec quelques soudards de Shallow Waters.
Beaucoup plus loin, nos héros trouvent une série de bâtiments anonymes sur leur gauche. A l'agitation, on comprend qu'il s'agit d'un complexe d'habitations.
Enfin, après quelques kilomètres, voici l'astroport. En fait, il s'agit d'une sorte d'embarcadère où cinq vaisseaux cargo sont amarrés les uns à la suite des autres. Il y a une seule piste de décollage et il faut d'abord se désenclaver pour y parvenir.
Le camion revient en arrière, vers les habitations.
Pas de chance ! Ce camion non uniformisé et son manège intrigue deux gardes de Shallow Waters qui transfèrent leurs interrogations sur le réseau radio. Naeesh répond en lieu et place du PC Sécurité dont il devance la réaction mais il bafouille et n'est pas crédible.
Arrivé au niveau des habitations, Baltus descend seul dans le noir et se mêle aux passants qui vont et viennent depuis une sorte de cantine. Il fouille deux chambres et vole une dizaine de combinaisons de travail, ainsi que trois badges.
Revenu au camion, il demande à ses compères d'abandonner le véhicule en y laissant le routier toujours engourdi.
La petite bande revêt les combinaisons de travail, s'empare d'un pick-up dont Naeesh actionne le démarreur, et prend la direction du quai. Elle fait les quelques kilomètres qui l'en sépare sans être importunée mais, loin de la radio du camion, comment savoir ce qui se prépare sur les ondes ?
L'eau de l'astroport fait un léger bruit de clapotis. Rien ne bouge sur le quai mal éclairé, hormis nos héros qui avancent, l'air de rien, et examinent les vaisseaux amarrées.
Leurs énormes ventres sont ouverts et des volets métalliques rétractés béent sur des cales entièrement vides, à l'exception d'un seul vaisseau qui est un peu chargé. Nos héros choisissent celui-là. Impossible d'en connaître la destination.
Y entrent-ils en tant que passagers clandestins ou futurs preneurs d'otages ?
La seconde option semble retenue mais Baltus, qui se rappelle du réservoir à moitié plein du camion, veut s'assurer que le vaisseau cargo a assez de carburant pour entreprendre un long voyage.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 29
MF-MJ : 21
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 7 mars 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Nina, Naeesh et Baltus.
Isolés de la fête par la porte du garage, dont ils entendent le tempo battre comme un coeur emballé, nos héros sont en train de jouer à pile ou face avec leur destin. Attaché une chaise, le pirate anonyme les observe d'un oeil unique et inquisiteur. Le représentant de leur employeur, le musculeux Igor, gît inanimé sur le sol. Thiram a utilisé son rayon paralysant contre lui.
Nina, qui vient de rejoindre le groupe, se désolidarise de ses actions. Elle redresse Igor et l'assoie contre le mur. En utilisant le réseau des talkies walkies, elle révèle que le personnage infiltré est un pirate blessé. Sur la ligne, Lussi pousse un petit cri: "Fantastique ! J'arrive ! " lâche-t-elle spontanément.
Nos héros, y compris Nina, ont rapidement compris que le pirate pourrait être un moyen d'entrer en contact avec un équipage.
Baltus parle de liquider Igor car il risquerait de donner l'alerte. Les autres s'opposent à lui et il semble sincèrement s'étonner de leur réticence :
_ Naeesh, tu n'as jamais tué personne ?
_ Pas de sang-froid, en tout cas, rétorque ce dernier.
Nina fait remarquer que tuer un prisonnier est contraire au code des pirates.
Baltus, qui a l'esprit d'un véritable juriste, n'en démord pas. Il fait l'exégèse du texte. Ses conclusions dénient à Igor le statut de prisonnier et les garanties qui vont avec. Ses arguments de jésuite laissent pantois ses collègues.
A la fin, il est demandé au pirate son avis sur la question. Celui-ci, qu'on a tabassé et ficelé sur une chaise, a une opinion nouvelle et très tranchée sur les crimes de guerre. Il craint peut-être que son propre statut de prisonnier ne soit remis en cause. Prenant position, il déclare les garanties applicables.
Ce point de droit tranché, nos héros interrogent le pirate, qui dit s'appeler Roméro, sur la façon dont il espérait rejoindre la Marie-Gaillarde.
Roméro répond qu'il marchait depuis des jours en direction de la gare routière Grand Sud, où il pensait s'embarquer clandestinement à bord d'un camion de marchandises. La Marie-Gaillarde ne peut pas approcher des abords de la ville, car son espace aérien est consciencieusement patrouillé par des chasseurs de la SIOU. En revanche, elle pourrait le récupérer au-delà de la zone habitée.
Il est convenu que la meilleure façon de sortir le pirate de la villa des Scott, est de simuler une urgence médicale. Igor, qui n'a pas son mot à dire, sera du voyage. Lussi sera également présente. Elle est très enthousiaste à la pensée de rencontrer des pirates. Elle continue à se méfier de Baltus qu'elle prend pour un ancien policier mais Nina lui explique qu'il a été "retourné".
Nina, qui avait commencé à faire un suivi de la situation sur le réseau des talkies walkies, annonce qu'il y a maintenant deux blessés, Igor et le pirate, qui vont être conduits à l'hôpital. Cet avertissement vise à donner le change et baliser le chemin jusqu'à la sortie. Malheureusement, le second d'Igor réagit en disant qu'il accompagnera les partants.
Entourant Igor et Roméro, nos héros traversent le jardin en direction du portail où, dans l'obscurité, ils devinent une foule de véhicules stationnés. Les invités sont rassemblés au centre du jardin, l'esprit occupé par l'alcool et la musique. Le garde à l'entrée de la propriété s'écarte pour laisser passer le petit groupe.
Nos héros s'installent dans le minibus des Services d'Exception, dont ils ont logiquement trouvé une clé sur Igor. Son second traverse le parking en courant. Pour ne pas éveiller les soupçons, ils doivent le laisser monter à bord. Les deux blessés ont l'air de ce qu'ils sont : rien à redouter de ce côté-là. L'homme appelle à son tour Tigo, le conducteur habituel du bus. Nos héros auraient préféré ne pas s'encombrer d'un nouvel intervenant mais ils n'ont pas d'autre choix que d'accepter.
Le véhicule démarre en trombe. Les allées arborées du compound défilent sous les yeux des passagers inquiets. Bientôt, nos héros ont dépassé le poste de sécurité dont la barrière s'est levée sans question.
Le second d'Igor s'est posté à l'avant, le regard braqué sur la route qu'éclairent des lampadaires s'élevant entre les branches touffues des arbres. Presqu'aucune villa n'est allumée. Cyrion est un havre de paix pour les riches de la galaxie mais ils n'y sont qu'en villégiature. Un rayon paralysant touche le second à la nuque et il s'effondre aussitôt dans son siège, pesant sur sa ceinture de sécurité.
Tigo a surpris le mouvement d'un coup d'oeil en arrière. L'air de rien, il poursuit sa conduite.
Baltus s'avance derrière lui.
_ Nous n'allons plus à l'hôpital, explique-t-il. Vous prenez en direction de la gare Grand Sud.
Tigo ne répond rien mais s'exécute en activant son clignotant gauche.
_ Depuis combien de temps travaillez-vous pour cette compagnie, Tigo ?
_ Je suis chauffeur de bus depuis 17 ans. Je travaille pour les Services d'Exception depuis 5. J'ai l'habitude de ne pas m'occuper des histoires à l'arrière.
_ Très bien. Tout peut très bien se passer si vous coopérez, assure Baltus.
Les heures s'égrènent et les rues silencieuses de Cyrion, ses parcs vert sombre, ses quartiers privés cernés de murs en béton, se suivent et se ressemblent. Baltus s'enquière de savoir quand ils arriveront. Ce qu'il ne savait pas, c'est que la gare routière Grand Sud est très éloignée. Seule une des faces de Cyrion est complètement terraformée et recouverte d'aménagements urbains luxueux. L'essentiel de la lune est une étendue désertique, faite d'une terre argileuse et brune. La gare routière Grand Sud est l'un des cinq centres frontaliers d'où partent les camions qui sillonnent cet immense no-man's land. Il faudra deux jours au minibus pour l'atteindre.
Ce délai est inacceptable et Baltus ordonne à Tigo de se diriger vers la gare ferroviaire la plus proche.
La zone habitée de Cyrion est divisée par un réseau de chemin de fer disposé en étoile. Tigo emmène nos héros jusqu'à une gare anonyme le long du tronçon dont le terminus est la gare Grand Sud. Le parking est désert ; le jour ne s'est pas encore levé. Un rayon paralysant est appliqué sur Igor et son second pour prolonger leur anesthésie. Baltus remercie Tigo pour son service, lui fait cadeau d'un collier pris au pirate, puis Nina le paralyse à son tour.
Nos héros entrent dans la gare. Une lumière derrière la vitre du guichet indique une possible présence, mais personne n'est visible.
Sur le quai, le panneau lumineux indique le passage d'un train de personnes dans 8h. Il n'y a quasiment aucun transport de passager pour la gare Grand Sud. Ils sont réservés aux employés du secteur logistique qui s'y rendent pour des raisons professionnelles. En revanche, les trains de fret sont fréquents: un toutes les heures ou heures et demi.
_ Les trains ralentissent en arrivant en gare, détaille Baltus, il suffira de s'y accrocher s'il ne s'arrête pas.
Gâchette, le plus costaud de la bande, est chargé de porter Roméro, ce qui rend l'escalade un peu compliquée pour lui.
Vingt-cinq minutes plus tard, un sifflement d'air marque l'approche d'un air. C'est un monstrueux serpent de métal, anguleux et noir, à la tête carrée percée de deux phares étincelants.
Nos héros courent en parallèle de son avancée.
Nina, Lussi et Thiram parviennent à s'agripper à des excroissances métalliques. Leurs frêles silhouettes sont absorbées par la nuit. Le silence revient.
Les autres, dont Baltus, arrêtent leur course au bout du quai, épuisés et pantelants.
Il faut attendre l'arrivée d'un deuxième train pour que, grâce au ralentissement provoqué par une erreur de signal, ils puissent enfin saisir chacun un élément de la coque.
Le voyage est rendu très pénible par la vitesse, tant que les passagers clandestins ne parviennent à se glisser entre deux wagons, ou à pénétrer dans un espace clos. Nina n'y parvient qu'au ralentissement précédant l'arrivée dans une nouvelle gare, après trois heures d'efforts. Soûlée par la vitesse et le vent, les muscles endoloris et les oreilles bourdonnantes, elle a failli se laisser choir sur la voie.
Un jour plus tard, les deux trains ont couvert toute la distance qui les séparait de la gare Grand Sud. Un ralentissement prolongé, finalement, s'épuise en un arrêt total dans un crissement sonore. Nos héros se sont déjà jetés hors du train et ils se retrouvent à l'abri de fourrés pour de molles congratulations.
La gare Grand Sud est un vaste dépôt. En plein air, elle est faite de couloirs de circulation marqués par des plots, imbriqués autour d'entrepôts colorés et de parking organisés pour accueillir des armées de camions. Le décor contraste fortement avec ce que nos héros ont croisé jusque-là. La civilisation prend fin avec la gare Grand Sud dont le sol, de terre battue, est jonché de buissons secs et autres plantes indigènes.
Baltus et Nina s'emparent d'un camion en utilisant le rayon paralysant contre son chauffeur, qu'ils placent à l'arrière, dans le container. Ils récupèrent aussitôt les autres et quittent le secteur de la gare, sans s'être vraiment souciés du niveau du réservoir.
La voie qu'ils suivent est inexistante, mais elle a été tamisée par le roulement des pneus de milliers de camions géants, que nos héros croisent parfois selon les hasards de la circulation. A un moment, ils se trouvent en convoi avec un autre camion. Son conducteur a cru reconnaître en Baltus, qui s'est déguisé, un de ses vieux amis.
Deux jours plus tard, nos héros ont passé un cap de luminosité sur la lune. Là où ils sont, l'éclairage fourni par le soleil Barzader est négligeable et il fait constamment froid. Devant eux, ils aperçoivent trois bâtiments blancs et octogonaux, éclairés par des spots plantés dans la terre brune. De nombreux camions sont massés autour de ces repères livides. C'est la première station-relais pour les routiers.
Le moteur tire sur ses dernières gouttes de carburant, mais elles sont suffisantes pour permettre à Baltus de l'arrêter à la pompe et faire un nouveau plein.
Roméro cherche depuis un moment à contacter la Marie-Gaillarde avec sa montre perfectionnée, une véritable "Diagrammes". Il n'y parvient pas parce que la portée de son appareil ne dépasse pas la basse atmosphère. Le vaisseau n'y est pas. Toutefois, il capte un signal à la station, un simple coup de téléphone : c'est un membre de son équipage qui appelle.
Roméro prend rapidement rendez-vous, sans s'attarder sur la présence inattendue de nos héros.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 31
MF-MJ : 19
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 21 février 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Nina, Naeesh, Baltus, Thiram et « Gâchette ».
Le minibus des Services d'Exception traverse les allées boisées de la lune Cyrion, paisibles et bordées de riches villas dont l'intimité se dissimule derrière un rideau d'arbres et de plantes exotiques.
Il finit par s'arrêter devant un portail de grillage noir et doré qui ouvre un encadrement de murs épais. Ces remparts modernes abritent les habitations spacieuses d'un quartier privé. Le garde à l'entrée du compound sort de sa guérite. Il fait un passage à l'intérieur du mini-bus et ausculte les documents d'identité des passagers.
Le mini-bus est autorisé à pénétrer dans le quartier privé et disparaît bientôt entre ses murs.
Après une fontaine à jets d'eau, il s'avance dans un boulevard propret. Tout au bout de celui-ci, de nombreux véhicules garés marquent l'emplacement de la villa des Scott.
La propriété des Scott sur Cyrion est un espace de verdure et de détente sublime. La nature y est entretenue et ordonnée juste ce qu'il faut pour obtenir un décor sauvage mais accueillant. Deux bâtiments de grande taille dominent le tout: une maison de deux étages pour le séjour et une plus petite, ouverte sur le jardin et destinée à des jeux ou des séances de cinéma domestique. Le parc comporte un petit bois de sapins, un étang entourant une île artificielle et une piscine. Près de la maison principale se trouve un kiosque blanc enserré par un chemin de gravier. Il est destiné aux danseuses, parmi lesquelles compte Nina.
Gâchette va se poster sous un arbre. Soucieux du fonctionnement de son arme, il décale le cran sur "niveau moyen" et se tire dans la cuisse. La perte de sensibilité est immédiate et sa chair lui semble un poids grossier pendant au reste de sa personne.
Thiram et Balthus prennent la sûreté plus au sérieux. Ils font le tour du parc et s'intéressent tout particulièrement à l'île artificielle. Sous un rocher factice, leur semble amarré un navire pirate de l'ancien temps. Balthus appelle Igor à la rescousse. Celui-ci lui confie les clés de la maison principale, dans le garage duquel il trouvera une barque. Avec elle, Thiram et Balthus peuvent rejoindre le centre du lac. Ils constatent alors que le navire est une sorte de manège monté sur des rails avec, sur le pont, un dispositif de petits tubes lançant des feux d'artifice.
Naeesh s'intéresse aux caméras de surveillance, qui ne sont pas assez nombreuses pour couvrir le parc. Ce sont les lieux les plus fréquentés qui sont leur seul champ de vision. Après cela, il s'intéresse aux danseuses qui répètent leur spectacle sous le kiosque.
A un moment, Lussi approche de Gâchette qui est resté, l'air constipé, à l'abri de ses branchages. Gâchette pense à son ami Balthus qui a montré de l'intérêt pour Lussi, intérêt auquel elle semble réceptive. Il s'emploie alors à en faire l'éloge. Pour l'impressionner, il enjolive un peu les faits et va jusqu'à déclarer que Balthus, au lieu d'agent de sécurité, aurait fait un excellent policier. Cette comparaison met Lussi de mauvaise humeur. Elle n'osait en parler de prime abord, mais elle croit que la réception est infiltrée par des officiers de la SIOU. C'est avec ce stratagème, dit-elle, "qu'ils ont fait échouer le kidnapping des Mardetta".
Dédaignant ce fervent défenseur de l'Etat répressif, Lussi quitte Gâchette pour retrouver Nina, qui fait quelques pas de danse maladroits. Nina est toute prête à l'écouter et Lussi confie son impression que de nombreux SIOUs parasitent la soirée. Parmi ses suspects: Balthus, un danseur et un "faux" invité.
Un homme armé est effectivement repéré par Thiram. Il signale sa présence par talkie-walkie et Igor lui demande de l'intercepter. Pris entre Igor et Thiram, le malheureux ne peut dérober à leurs yeux sont arme de service. Si l'on en croit la carte magnétique qu'il porte sur lui, c'est effectivement un agent de la SIOU. Avec quelques réticences, il admet qu'il protège les invités contre une éventuelle tentative d'enlèvement. Il s'éloigne ensuite en rappelant aux agents des Services d'Exception qu'ils jouent tous dans le même camp.
De nouveaux invités surgissent, costumés, tirant en l'air avec des tromblons qui pétaradent. Ils sont accoutrés d'une drôle de façon, mais que certains identifient comme étant les habits des pirates de l'ancien temps. Il s'agit des deux jumeaux de la famille Scott, Harbury et Fitch. Ils ont opté pour une soirée "Pirates" en l'honneur de leurs amis de la famille Mardetta. C'est de très mauvais goût mais certains convives apprécient. Le thème, en tout cas, est imposé. Deux camions derrière la grille d'entrée s'ouvrent en révélant plusieurs rangées de costumes. Les convives se plient sans rechigner à la volonté des jumeaux.
Thiram, Gâchette et Balthus n'apprécient pas la police plus que Lussi. Ils importunent les deux hommes qu'ils soupçonnent d'être de la SIOU. Le danseur est suivi par Gâchette qui, en prenant une voix d'autorité, exige d'entendre son rapport dans la file d'attente. Balthus note que le policier armé a choisi un costume relativement passe-partout, qui risque de le faire disparaître dans la foule. Il renverse sur lui une tartine de ketchup et utilise le talkie-walkie pour décrire sa nouvelle apparence. Le policier est furieux. Gâchette s'amuse ensuite à colporter des rumeurs sur les talkie-walkies.
La soirée se déroule ensuite « normalement » pour ce standard bourgeois, dans la confusion des masques, au rythme des danses endiablées et des animations spectaculaires.
C'est là que Nina remarque un imposteur près du garage. La soirée est bien avancée et la sécurité s'est relâchée. Il est très difficile de suivre les mouvements des invités qui entrent et sortent. Un homme, apparemment, a trompé leur vigilance et se tient à présent derrière un rhododendron. Sa cible: l'intérieur de la maison, qu'il espère sans doute atteindre en passant par le garage. Ce dernier est bien éclairé et l'homme perd du sang au niveau de la jambe.
A l'appel de Nina sur les talkies, Igor dépêche Gâchette et Naeesh. Le premier arrive rapidement sur les lieux. Il lâche un "bouh !" qui vise à déstabiliser son adversaire. L'autre dégaine une arme et menace de s'en servir. Il est affaibli par sa blessure. Gâchette le désarme en un rien de temps et le frappe. Se rendant à l'évidence, l'homme propose de le payer pour le laisser partir.
Gâchette le fait prisonnier et appelle du renfort sur le talkie-walkie. C'est à ce moment que Naeesh arrive. Il ne peut que constater la situation.
Thiram et Balthus suivent. Igor est sur leurs talons.
Nina sait que toute cette agitation autour du garage va attirer du monde. Avec une collègue, elle entreprend une danse particulièrement osée qui vise à détourner l'attention des convives. Une fois celle-ci captée, elle les emmène à pas chassés en dehors de la zone dangereuse.
Naeesh fouille le prisonnier qui possède, sur son pantalon bleu nuit, de nombreuses poches latérales. Elles recèlent d'impressionnants bijoux mêlés en boules.
Après qu'Igor soit entré dans le garage, Baltus rabat la porte basculante qui les coupe de l'extérieur.
Machinalement, Igor se tourne vers lui quand le volet métallique heurte le sol. Son regard, qui revient du prisonnier, porte une impression qui interpelle Baltus: des signes de reconnaissance !
Mais où Igor aurait-il connu le prisonnier ?
Sans laisser le temps à Baltus d'y réfléchir, Igor s'empare d'un téléphone à la mode "rétro", objet de collection posé sur une étagère du garage. Il en frappe violemment le prisonnier.
"Qu'est-ce que tu faisais ici ?" se met-il à hurler.
Puis il lance un nouveau coup: "Comment es-tu entré ?".
Baltus s'interpose pour l'empêcher de cogner. Igor, tout à sa colère, le repousse violemment. Baltus ne se laisse pas faire. Défiant le représentant de son employeur, il crie à ses collègues: "Arrêtez Igor, il veut empêcher le prisonnier de parler !"
Dans la reconnaissance qui s'est faite entre Igor et le prisonnier, Baltus a deviné une forme de complicité. Aussitôt, nos héros se tournent contre Igor. Révolte contre son autorité ? Foi invincible en Baltus ?
Gachette, à qui il a souvent été recommandé de ne pas faire le malin, est pourtant le premier à attaquer. Mais Igor est un homme entraîné, qu'on ne blesse pas si facilement. Thiram dégaine son pistolet paralysant et fait feu. Le rayon bleuté touche le dos d'Igor. Dans les gaines de myéline qui traversent ses muscles, il vient dérouter certains neuromédiateurs. Le cerveau du colosse n'est soudain plus aux commandes de son corps. Il s'effondre.
A l'extérieur, Nina est parvenue à se débarrasser des invités qui l'importunaient. A présent seule derrière le panneau métallique qui la sépare de ses collègues, elle tape quelques coups et on la fait se glisser dans l'entrebâillement de la porte.
Elle voit Igor sur le sol, son corps insensible étendu de tout son long. Elle pousse un juron. Les choses sont en train de dégénérer.
L'interrogatoire du prisonnier peut reprendre.
Nos héros, qui se sont compromis en paralysant Igor, veulent justifier leur insubordination. La réponse du prisonnier ne satisfait que certains d'entre eux. D'après ses dires, Igor l'aurait rencontré au cours d'une rixe, dans une boîte de nuit de Barzader. Igor était responsable de la sécurité. Le prisonnier était avec une bande de pirates saouls qui cherchaient la bagarre.
Cette anecdote ne fait pas l'affaire de nos héros. Ils doivent prouver qu'il existait une complicité entre Igor et le prisonnier.
Ils sont néanmoins curieux d'entendre la suite des révélations.
Le prisonnier se présente volontiers comme un pirate. Il dit faire partie de la Marie-Gaillarde, le vaisseau bien connu pour sa tentative de kidnapping manqué. Selon lui, il serait le seul rescapé du commando au sol. Il aurait erré sur la lune Cyrion, espérant le retour de son équipage, avant de faire la rencontre d'un policier il y a quelques heures. Il aurait alors été blessé à la jambe. Craignant les alarmes des villas alentour, il aurait profité de la fête pour se faufiler dans le jardin des Scott. Approchant de leur demeure, il aurait espéré trouver des médicaments pour calmer sa douleur.
Gâchette, qui brutalisait sans scrupule le prisonnier, voit dans la présence du pirate une opportunité. Nos héros notent que l'homme connaît le nom du capitaine de la Marie-Gaillarde : Kreuk. Son récit est-il pour autant plausible ?
Nos héros, sous leurs dehors d'assurance, sont un peu interloqués. En une seule soirée, ils se sont aliéné les agents de la SIOU, le représentant de leur employeur, et un pirate de la Marie-Gaillarde.
Pour que toutes ces opportunités de carrière ne se ferment pas à eux avec la porte du garage, il va falloir qu'ils tournent la situation à leur avantage.
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 40
MF-MJ : 10
PP : 0
PG : 0
Coordonnées temporelles : le jeudi 14 février 2013, de 19h30 à 22h. Personnel de quart : Nina, Naeesh, Baltus, et « Gâchette ».
Sur la frange de la galaxie, dans le système de Barzader, se situe Barzader II, une planète recouverte de gratte-ciels et parcourue par des réseaux enchevêtrés de transport. C'est le milieu de l'après-midi dans la banlieue Sud de la mégapole Dunnix.
Les locaux de l'Entreprise Générale de Services se trouvent au 4e étage d'un petit immeuble miteux, encadré par une haie de petits conifères mal entretenue.
Nos héros commencent leurs aventures dans le petit salon gris qui jouxte le bureau de leur employeur, Jujo Amstrong.
Côte à côte sur un canapé, Nina de la planète Havana et Baltus, de l'Empire de Sol, sont en train de discuter. La jeune femme essaie de séduire son voisin qui refuse, lui, de s'afficher avec une fille trop légère. En face d'eux, « Gâchette », le butor, lui aussi solaire, tente de convaincre Naeesh, l'ingénieur venu de la Ligue, de recruter avec lui un équipage pirate.
Nos héros sont tous des immigrés ayant fui une situation difficile, ailleurs, loin dans la galaxie. Le poste d'agent de sécurité qu'ils ont déniché à l'EGS n'est qu'un petit boulot d'appoint. Leurs talents ne sont pas vraiment mis à contribution par cette société de services à la personne. Répondant aux doléances de son époque, elle utilise ses agents pour traquer des personnes âgées, qu'une maladie neuro-dégénérative a fait quitter leur lit en profitant d'une fenêtre laissée ouverte. A l'occasion, ils chaperonnent aussi des goûters d'anniversaire, repêchant les gamins qui finissent ivres dans la piscine. Ils rêvent de mieux. Ils rêvent d'être ou de redevenir des pirates de l'espace.
La secrétaire de Jujo Amstrong, qui feignait jusque-là de les ignorer derrière son ordinateur, leur fait signe qu'ils peuvent entrer dans le bureau.
A l'intérieur, nos héros rejoignent Jujo, un jobullanais un peu gras, posé comme un pacha dans son fauteuil en cuir noir. Planté derrière lui, les bras croisés, un colosse musculeux détaille nos héros de son regard d'acier. Sa peau blanche, ses yeux bleus froids, et les pointes claires émergeant de son crâne rasé trahissent un telulovien.
« Je vous présente Igor. » dit Jujo.
Jujo a fait venir nos héros pour leur proposer une mission originale, qu'il expose tout de go. Peu de collaborateurs le savent, mais les prestations de l'EGS se déclinent à un niveau supérieur, celui de la Jet Set et de la bourgeoisie barzadériane. Au sein de cette sphère dorée, la morne EGS fait sa promotion sous une enseigne plus alléchante : « Services d'Exception ».
La semaine dernière, un vaisseau pirate a attaqué la lune de Barzader, Cyrion, lieu de villégiature pour les riches. Même si la télévision officielle présente la tentative de kidnapping comme un échec retentissant, déjoué par la police orbitale - la SIOU -, les sociétés de services ont revalorisé leurs tarifs pour toute intervention sur Cyrion.
Les fils jumeaux de l'industriel Scott's s'apprêtaient à y célébrer le mariage de l'un d'entre eux. Ils s'en sont trouvés incommodés bien qu'ils n'aient jamais connu la valeur de l'argent. Par principe, leur majordome a rompu les contrats qui les liaient avec ces prestataires devenus trop exigeants. Le marché a été récupéré par Jujo via les Services d'Exception. Aujourd'hui, il est bien en peine pour trouver assez de personnel et puise donc dans la société-mère, l'EGS.
Nos héros acceptent avec plaisir cette expédition, non sans avoir extorqué à Jujo des avances sur salaire.
Le lendemain matin, l'impressionnant Igor les attend au pied de l'Ascenseur Orbital. Il est 6h du matin. Igor, le responsable des opérations, a flairé la nonchalance parmi cette bande de bras cassés et leur a donné un rendez-vous dès potron-minet. La navette décolle en fait à 9h ; une arrivée à partir de 8h aurait été suffisante.
Devant la barrière blanche encerclant les eaux de décollage, nos héros retrouvent des têtes croisées dans les couloirs de l'EGS : la belle Lussi Magnat, le mutant Tête de Pioche, Jago Pan, Larana Edmer, et Kody Pootch. Les autres sont inconnues mais les Services d'Exception sont présents en force.
Des fonctionnaires de la Surveillance Intra-Orbitale Unifiée (SIOU) contrôlent les documents d'identité des passagers.
Nos héros embarquent ensuite à bord de la navette qui contient une centaine de places, réparties sur trois rangées.
Baltus se débrouille pour être à côté de Lussi, dont il a visiblement capté l'attention à l'extérieur. Nina, jalouse, doit se contenter d'une place à côté du facétieux « Gâchette », dont la libido explosive le pousse à importuner les hôtesses du vol. Naeesh, quant à lui, est placé à côté d'Igor ; le voyage ravive chez lui des souvenirs nostalgiques et il s'épanche sur le bras viril du telulovien.
L'arrivée sur Cyrion se fait sans encombre. A la sortie du second Ascenseur Orbital, qui est le pendant du premier de ce côté, nos héros aperçoivent le mini-bus blanc des Services d'Exception. La vingtaine d'employés prend place sur les sièges. Igor distribue des pistolets paralysants en adjoignant un petit conseil pratique aux porteurs ravis : « Toi, fais pas l'malin ».
Pour ce qui concerne la prise, et selon les règles de la chasse-partie, elle a été partagée comme suit entre les présents :
XP : +600
MF-PJ : 44
MF-MJ : 6
PP : 0
PG : 0
Les oeuvres suivantes, relevant du domaine public, sont entrées dans la composition de cette page: un tableau d'Albert Bierstadt intitulé Yosemite Valley, Yosemite Park (1868) ; une photographie de SR-71 Blackbird prise par la NASA (1990), modifiée avec un écusson de piraterie.
La citation ouvrant la page est un article de la chasse-partie du pirate Bartolomeu Português (XVIe siècle).
Les crânes disposés latéralement sont issus du tableau Vanitas de Philippe de Champaigne (1644) et ont été modifiés pour faire disparaître leur inclinaison d'origine.
Les éléments séparant les différentes sections de texte sont le Voyager Golden Record, qui fut envoyé en 1977 avec les deux sondes Voyager, et un trésor dessiné par Edward Pyle (1853-1911) et tiré d'une illustration de l'Edward Pyle's Book of pirates